samedi 24 novembre 2012

Jules Renard vu par Jean Viollis 1/2

Jules Renard
Un ami résumait ainsi l'autre matin, son opinion sur l'auteur de Poil de Carotte: "Pas d'argent. Peu de gloire. Mort à quarante-six ans. Quel guignard!"
Confrère, il est fâcheux que le guignard ne fût plus là pour vous entendre. C'eût été sa dernière joie. Lui, n'eût pas voulu, ne pouvant changer  ses guignes contre une de ces veines qui vous laissent, sans doute, extasié. Pas d'argent, c'est vrai: mais une vie propre. Peu de gloire, l'estime passionnée de ses égaux.
Et si Jules Renard est parti jeune (Molière aussi), c'est avec la juste fierté de voir autour de lui, muets, anxieux, déchirés, tous ceux qui savent admirer un honnête homme et un littérateur parfait. Confrère, ça vaut bien l'encens dont on enveloppe tels autres, vivants ou morts.
Jules Renard, s'il fut un modèle de discrétion connaissait la valeur durable de son œuvre. Il possédait assez de simplicité forte et vraie pour s'avouer qu'il travaillait pour un long avenir. Ce sentiment, tenu caché, le payait de tous les mécomptes par une sincérité sans défaut. Renard avait cette assurance contre laquelle rien ne prévaut, même l'approche de sa mort.
Suite demain.
Jean Viollis, Les Marges, juillet 1910.)

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