jeudi 31 mai 2012

Journal du 31 mai 1906

Honorine a tant vécu que sa mort a passé inaperçue. Parfois, je crois entendre encore son pas dans le jardin.

Effets de lune

Le soir, si je sens que la lune monte derrière moi, à pas de loup, vite je me retourne  et je la regarde en face. C'est plus prudent. Et je voudrais, comme je la regarde, que quelqu'un me lût, dans l'ombre, des détails précis sur elle. Au cœur d'un ignorant, le mystère de la lune fait mal. elle est le désespoir du poète qui ne peut en dire quelque chose de neuf.
Jules Renard, Bucoliques.

mercredi 30 mai 2012

Journal du 30 mai 1901

Cheveux gris, poussière du temps.

Votre soirée du lundi 4 juin avec Emile Zola et Jacques Perrin

Martine Le Blond-Zola
Daniel Repoux, directeur des éditions Sous la Lime
et Jacques Perrin, 
à l’occasion de la sortie du CD

Émile Zola - Des bêtes et des hommes


vous invitent à une soirée lectures & échanges à la

Brasserie Le François Coppée, 1 Boulevard du Montparnasse, Paris 6e (M° Duroc)

le lundi 4 juin à partir de 18H*

Il y a 110 ans, Émile Zola nous quittait.
Si nous connaissons tous la volonté première du créateur des Rougon-Macquart : peindre « naturellement » la société et les mœurs de son temps, combien, parmi ses lecteurs, savent qu’il fut un fervent défenseur de la cause des bêtes et que cette passion, à la fois ardente et lucide, nous fait entrer dans une conception résolument nouvelle de l’animal et de ses rapports avec l’homme à l’aube du XXe siècle ?
Au cours de la soirée qui se terminera vers 20H15, Martine Le Blond-Zola, arrière petite-fille de l’écrivain et Jacques Perrin, concepteur du CD et du livret qui l’accompagne, évoqueront ce que fut l’engagement de Zola pour la défense des bêtes. Un combat inséparable de ses luttes pour l’amélioration de la condition humaine.
Des extraits d’un article du Figaro, des Nouveaux contes à Ninon et des Rougon-Macquart seront lus par les comédiens Claude Aufaure et Philippe Lejour qui ont mis en voix ces textes repris dans le CD. Nous souhaitons aussi que la sortie de cet album soit l’occasion d’un fructueux dialogue entre les participants sur ce thème cher à l’un de nos plus grands écrivains.
D’avance, un grand merci pour votre présence !
Daniel Repoux
Contact : drepoux@free.fr / 06.87.13.79.83

* une participation de 6€ par personne, incluant une consommation, vous sera demandée.

mardi 29 mai 2012

Journal du 29 mai 1894

Levant la tête, on voyait là-haut, entre les plus hautes branches des arbres, couler une rivière du ciel.

2ème interview de Patrice Fay

Diffusé en avril 2012 sur Galigalang, magazine culturel de la chaîne Réunion 1ère. Patrice Fay a donné 14 représentations à la Réunion de son spectacle  "J'ai le cœur plein de feuilles mortes" d'après le journal et l’œuvre de Jules Renard.

lundi 28 mai 2012

Journal du 28 mai 1891

Un mot d'Allais: la nuit tombait. Je me penchait pour la ramasser.

Lettre au Préfet

République française
Département de la Nièvre - Arrondissement de Clamecy 
 Mairie de Chity-les-Mines

Chitry-les-Mines  le 28 mai 1910
Monsieur le Préfet,
Monsieur Jules Renard, maire de Chitry-les-Mines, étant décédé le 22 mai je vous prie de vouloir bien prendre un arrêté convoquant les électeurs de la commune à l'effet de nommer un conseiller municipal à sa place.
Je convoque le Conseil municipal pour le dimanche 6 juin pour le vote du budget de 1911.
signé: l'adjoint, Robin
(Source: Archives départementales de la Nièvre).

dimanche 27 mai 2012

Journal du 27 mai 1893

Il faudrait renaître une vie pour la peinture, une autre pour la musique, etc. En trois ou quatre cents ans, on pourrait peut-être se compléter.

Jules Renard vu par Maurice Pottecher 2/2

Suite.
J'ai eu l'occasion de séjourner chez lui, et j'ai pu constater, dès le premier soir, sa peur maladive de l'orage, et la nervosité extraordinaire que l'orage provoquait en lui. Il y avait en lui un côté de malade - et l'ascendance...
On le trouvait assis dans sa robe de chambre. Il prenait quelques notes, découragé. On lui demandait des pièces, des articles. Il se sentait vidé. Et il le disait. Facilement ému.
"Il avait de l'esprit. Quelquefois lent à venir, le trait sortait toujours. Je me rappelle qu'à Bussang était venue une actrice extrêmement brillante, la maîtresse de Porto-Riche. On lui avait présenté Jules Renard, et pendant une demi-heure, il y avait eu entre elle et Jules Renard une escarmouche étincelante.
Il n'attacha aucune importance à la pièce que Jules Princet avait tirée des Bucoliques.
(Cité par Léon Guichard, Dans la vigne de Jules Renard)

samedi 26 mai 2012

Journal du 26 mai 1902

Les bêtes me font rougir de mes plaisanteries sur elles.

Jules Renard vu par Maurice Pottecher 1/2

Je l'ai connu par Marcel Schwob...Les rapports avec lui étaient très difficiles. Tenez! Il était venu passer un mois à Gérardmer. Et je me rappelle que, le soir même de son arrivée, lui, ou moi, ou les enfants, prenaient des photographies. Une plaque vint à se casser. J'en donnai une explication que je croyais la bonne. Renard en donna une autre. Nous en vînmes à une discussion extrêmement pénible. Je m'en aperçus et lui dis: "Voyons! Renard, c'est stupide de discuter de cette façon pour si peu de choses...". Il n'en démordait pas et voulait repartir immédiatement. Alors, je me décidai à lui faire des excuses. Ma femme me disait: "Mais tu n'as aucune excuse à lui faire. Ce serait plutôt à lui..." En effet, il était évident que j'avais raison. Enfin, pour arranger les choses, il fallut les lui faire, et je vous assure qu'il ne me facilita nullement.
Il resta un mois à Gérardmer. C'est là qu'il conçut le Pain de ménage, qu'il écrivit à Gérardmer, ou immédiatement après Gérardmer. Le décor et la situation du Pain de ménage sont empruntés à Gérardmer. Il était dans la maison de campagne d'un ami, chez moi, et la situation des deux couples était la même: celle d'un double ménage d'amis. Je dis cela pour vous montrer comment il se servait toujours d'éléments réels, et transposait dans un décor observé des sentiments ou des situations ressentis ou observés ailleurs.
Suite demain.
(Cité par Léon Guichard, Dans la vigne de Jules Renard)

vendredi 25 mai 2012

Journal du 25 mai 1897

C'est une grande preuve de noblesse que l'admiration survive à l'amitié.

Au soleil de Lucette

Céline étant mort, les visiteurs, soudain rétrécis d'admiration, voudraient continuer à le faire vivre pour le rencontrer enfin; en lieu et place du génie, on s'assied face à sa femme. Lucette a 100 ans, mais en chronologie célinienne elle n'en a que 76: ils se sont rencontré en 1936. A Meudon, la visite au 25 ter route des Gardes est devenue un pélerinage. Les céliniens, automatiquement lucettiens, se font croire que leur Dieu, qui est le Diable des autres, est bel et bien là...
Tout le monde est là sauf celui qu'on est venu voir. C'est un cimetière où ce sont les vivants qui sont morts et où le seul à être vraiment vivant est le mort qu'on célèbre; un Père Lachaise inversé...
L'infréquentable Céline aura finalement eu la veuve la plus fréquentée. Je ne le déplore pas, et ce petit livre hommage est sans doute un beau cadeau pour la vieille dame: pourtant toutes les danses autour et dedans une maison, fût-elle visitée de son fantôme principal, n'ont strictement aucun rapport avec l’œuvre, pas plus que de la tombe de Schubert ne s'échappe la moindre note de la moindre sonate. Brûlé au soleil de Lucette, on s'éloigne étonnamment, infiniment de la littérature. Que croyait-on?
(Yann Moix, Le Figaro littéraire, jeudi 24 mai 2012) A propos de Madame Céline, route des Gardes, ouvrage collectif dirigé par David Alliot, Éditions Pierre-Guillaume Roux, 140 p., mai 2012.)

jeudi 24 mai 2012

Journal du 24 mai 1904

Ils voudraient un corbillard à Chitry.
- Pourquoi faire?
- Pour promener les morts.

Chitry-les-Mines et son curé

Ce post fait suite à celui du 19 mai. Quatre ans plus tard, François Renard (père de J.R.) revient avec force détail sur cette querelle de village dans un tract éléctoral:
...Il y a quatre ans, le conseil actuel a jugé qu'il était nécessaire de refuser une subvention à M. le curé. A-t-il eu raison? Nous estimons que oui: car il n'est vraiment pas besoin d'un examen bien attentif pour voir que M. le curé est, sous tous les rapports, le plus fortuné des hommes de Chitry, puisqu'il possède cheval et voiture, chien de luxe, etc., etc. Pourquoi la commune lui donnerait-elle de l'argent lorsqu'il y a tant de malheureux qui ont si grand besoin de secours? On prétend que M. le curé dépense pour se parfumer de quoi nourrir un modeste ménage; on dit aussi que ce grand électeur préfère de beaucoup la politique à l'eau bénite.
A un moment donné, on a jugé à propos d'ajouter à la toute petite et modeste église un clocher monumental, qui a coûté une somme considérable, dix-neuf mille francs environ. Cela ne prouve-t-il pas que l'orgueil et la vanité passent souvent avant l'humanité, car enfin, en admettent que le clocher était un peu, mais un tout petit peu utile (ce qui serait difficile à prouver), on pouvait bien en construire un qui aurait coûté six fois moins; et avec la différence on aurait pu faire une foule de choses très nécessaires, notamment le lavoir dont nous avons déjà parler...
(Tract électoral, 22 avril 1896, ancienne collection de Mme Capponi, nièce de Jules Renard).

mercredi 23 mai 2012

Journal du 23 mai 1902

Cerveau. L'homme porte ses racines dans sa tête.

Ceux qui s'en vont - Jules Renard

Les lettres françaises n'ont pas fait de perte plus grave depuis Goncourt et Verlaine. Ce n'est pas seulement un grand artiste qui vient de mourir, c'est un maître.
Son œuvre, qui touche à la perfection d’aussi près qu'une production littéraire de ce temps, ne fut nullement une œuvre close, figée, confinée en elle même. Ce fut une œuvre féconde, agissante. Elle ne durera pas seulement par sa solidité intérieure, par l'entière originalité et l'incomparable fini du travail, mais par son importance, par la valeur d'exemple qu'elle représentait, par la force d'influence qu'elle contient.
Venu après les romantiques et les grands naturalistes, tenant aux uns par la puissance imaginative et la richesse d'invention verbale, aux autres par l'amour et le courage de la vérité, Jules Renard fut le premier à nous montrer que la plus minutieuse réalité est susceptible d'une interprétation poétique. Il fut l'initiateur de ce qu'on pourrait appeler le réalisme lyrique.
Dans l'observation de la nature ou des hommes, son art parvint à créer comme une poésie de l'exactitude. Il sut prêter aux détails les plus frustes, aux traits les plus menus, une force émouvante, une valeur évocatrice. 
Il fut tout à la fois l'inventeur d'une manière nouvelle et le plus sûr adaptateur des méthodes naturalistes. Par là, tous les écrivains qui sont entrés dans les lettres après lui restent ses débiteurs ou ses disciples, même ceux qui l'ont ignoré ou méconnu[...]
(Léon Blum, Comoedia, 23 mai 1910)
On pourra lire la suite de cette article dans le volume 13, année 2006, de l'association "Les amis de Jules Renard", p. 105, Jules Renard vu par Léon Blum.

mardi 22 mai 2012

Journal du 22 mai 1897

Les arbres sont peut-être seuls à connaître à fond le mystère de l'eau.

État désespéré de Jules Renard

M. Jules Renard, le talentueux écrivain, l'auteur attendri de l'universel Poil de Carotte, est dans un état désespéré.
Ses parents et ses amis sont à son chevet, 44 rue du Rocher.
Tout fait redouter pour cette nuit même, une issue fatale.
(Le Petit parisien, 22 mai 1910, entrefilet en 3ème page).

Jules Renard à l'agonie

Nous avons appris, dans la journée, la terrible nouvelle: Jules Renard est à l'agonie.
Nous savions bien que le grand écrivain était, depuis quelques semaines, la proie de la neurasthénie. Mais nous ignorions que sa vie fût menacée. Hier, même, nous avions voulu lui prouver notre fervente admiration et lui apporter, s'il était possible, un peu d'espoir. 
À l'heure où nous mettons sous presse, Jules Renard vit encore, mais on désespère de le sauver.
(Comoedia, 22 mai 1910).

lundi 21 mai 2012

Journal du 21 mai 1898

Bêtise humaine. "Humaine" est de trop: il n'y a que les hommes qui soient bêtes.

À propos de Berthe

Elle avait un petit chat qui toussait tant qu'il est mort.
On lui en donne un autre, et voilà qu'il se met encore à tousser.
"C'est peut-être le même", dit Berthe.
(Jules Renard, Bucoliques).

dimanche 20 mai 2012

Journal du 20 mai 1898

Le cœur d'une femme  est un noyau de pêche. On la mord à pleine bouche, et tout à coup, on se casse les dents.

Les coquelicots

Ils éclatent dans le blé, comme une armée de petits soldats; mais d'un bien plus beau rouge, ils sont inoffensifs.
Leur épée, c'est un épi.
C'est le vent qui les fait courir, et chaque coquelicot s'attarde, quand il veut, au bord du sillon, avec le bleuet, sa payse.
Jules Renard, Histoires naturelles.

samedi 19 mai 2012

Journal du 19 mai 1904

Une montre qui "fait la vie" comme une horloge.

Chitry-les-Mines

Lettre de François Renard (père de J.R.), maire de Chitry, au sous-préfet de Clamecy
(Le Conseil municipal vient de supprimer l'allocation de 200 fr. versée au curé de Chitry) 
2 juillet 1892
D'abord la commune de Chitry est aussi pauvre que possible, de plus M. le curé dessert actuellement la commune de Pazy en même temps que celle de Chitry, ce qui lui procure des ressources plus que suffisantes. 
À la suite  de cette décision du conseil municipal, M. le curé m'a fait écrire par l'évêque; il a fait aussi colporter dans la commune une pétition ayant pour but d'inviter le Conseil à rétablir au budget de la commune la subvention supprimée; j'ajouterai même que le porteur de cette pétition menaçait ceux qui hésitaient à la signer. Le Conseil municipal n'a tenu aucun compte de la pétition qui d'ailleurs n'est pas l'expression de la vérité. 
Sur ces entrefaites, Madame la Comtesse de Nadaillac, qui depuis de longues années faisait distribuer du pain chaque semaine aux veuves pauvres de la commune, a supprimé radicalement cette distribution. J'estime, sans crainte de me tromper, que cette mesure a été inspirée à Madame de Nadaillac par M. le Curé.
(Source: Archives départementales de la Nièvre.)

vendredi 18 mai 2012

Journal du 18 mai 1904

Maman dit:
- le plus beau jour de ma vie: le 15 mai 1904, où mon fils a été élu maire de Chitry.

La famille Renard

La famille Renard vue par Madeleine Capponi nièce de Jules Renard.

Mon grand-père (le père de J.R.) était entrepreneur de travaux du chemin de fer et c'est lui qui a construit, avec son frère, avant la guerre de 70, le fameux tunnel de Tavannes dont il a été tant parlé au sujet de la bataille de Verdun. 
Je savais que mon grand père était Franc-Maçon, mais je suis bien étonnée qu'il l'ait été aussi jeune, car à 30 ans il s'est marié à l'église, ce qui est, il me semble, incompatible. 
Mon grand-père était, quoique d'origine paysanne, un homme très bien, intelligent et distingué, pas du tout sectaire, et quand on le présente dans la Bigote comme un homme veule, cela donne vraiment envie de rire. Il faut, du reste, que Jules Renard n'ait jamais su ce qu'était une bigote puisqu'il affuble sa mère de ce défaut.
il avait tout simplement envie de faire une pièce contre les curés, laquelle pièce n'a eu d'ailleurs aucun succès, et il faut bien avouer qu'elle ne le méritait pas.
(Lettre de Madeleine Capponi à Léon Guichard, 18 décembre 1957, extrait, Dans la vigne de Jules Renard).

mercredi 16 mai 2012

Journal du 16 mai 1894

Il ne suffit pas d'être heureux: il faut encore que les autres ne le soient pas.

Portrait graphologique 3/3

Depuis le mois de décembre 1912, Édouard de Rougemont publiait des portraits graphologiques dans le Mercure de France. En décembre 1913, il fit le portrait de Jules Renard.
Suite.
Il a un caractère d'une grande loyauté, une sensibilité morale très vive, il est demeuré spontané, sincère, vif et généreux, s'efforçant au cours de la vie d'atteindre, par le naturel développement de son être, une harmonie toujours plus complète de ses facultés. Néanmoins, la maladie ou les soucis de l'existence l'ont parfois incité à un exclusivisme mitigé de tendances autoritaires, d'ailleurs vaines, susceptibles seulement d'influencer les faibles ou ceux qu'une hiérarchie aurait mis sous ses ordres. Sa volonté est en effet très faible et capricieuse, subissant les contrecoups d'une sensibilité trop vive. Heureusement les idées se succèdent rapidement et une curiosité intellectuelle très alerte le pousse à agir. Il en est ainsi souvent d'ailleurs chez les hommes supérieurs par l'intelligence; l'activité cérébrale remplace chez eux la capacité volontaire. L'intelligence de Jules Renard est remarquablement lucide, logique, extrêmement fine et minutieuse. Il a l'esprit très attentif, soigneux, bien ordonné, prudent et réfléchi. Il  est cultivé, chercheur et sait trouver dans ses lectures ce qui peut contribuer à enrichir sa personnalité. C'est une nature intéressante, vivement sympathique, dont la santé délicate semble avoir contrarié l'épanouissement; il n'a pas de vues étendues ou profondes, mais des aperçus minutieux et d'une grande fraîcheur de sensations et de sentiments.
Fin.
(Mercure de France, 1er novembre 1913).

mardi 15 mai 2012

Journal du 15 mai 1899

Je suis le monsieur qui a toujours, hélas! le petit mot pour rire.

Portrait graphologique 2/3

Depuis le mois de décembre 1912, Édouard de Rougemont publiait des portraits graphologiques dans le Mercure de France. En décembre 1913, il fit le portrait de Jules Renard.
Suite.
Il appartient à cette catégorie de poètes qui chantent par besoin, par suite de l'excès de vibrations de leur âme, et qui disent leurs émotions sans autre désir que de mieux vivre à l'unisson des êtres. D'autres sont d'impénitents vaniteux qui se drapent dans leur souffrance. 
Il en est enfin, et ce sont les plus hauts, qui sont réellement torturés par un démon tyrannique et dont la vocation est de faire triompher, au milieu des avanies, des humiliations, un idéal nouveau. 
Jules Renard n'a pas la puissance ni l'étendue de vision qui permet d'atteindre ces hauteurs. Il chante dans la nature sa modeste chanson, doutant parfois s'il n'est pas vain de la dire, et poursuivant tout de même parce que c'est pour lui tout à fait naturel. 
II a peut-être eu des ennemis, on en a quoi qu'on fasse, et si noble soit-on, mais s'il a très vivement ressentI les blessures de leur hostilité, il ne s'est pas soucié d'en tirer vengeance. En tous cas il n'en méritait pas, et rien dans sa personnalité ne pouvait inciter à la malveillance. Il a d'ailleurs conservé une parfaite confiance et une franchise absolue. 
Suite demain.
(Mercure de France, 1er novembre 1913).

lundi 14 mai 2012

Journal du 14 mai

Élections. Le pays s'amuse. À l'église, les femmes ont le frisson: c'est délicieux.
L'église, c'est un peu leur Guignol.

Portrait graphologique 1/3

Depuis le mois de décembre 1912, Édouard de Rougemont publiait des portraits graphologiques dans le Mercure de France. En décembre 1913, il fit le portrait de Jules Renard.
L'écriture de Jules Renard donne de son caractère une impression éminemment sympathique dès le premier abord. Elle l'évoque cordial, aimable, et, s'il n'est plus gêné par sa timidité parfois excessive, il se montre d'une humeur charmante, gai, séduisant, spirituel, facétieux.
C'est avant tout un sensitif; tout retentit, d'une façon presque douloureuse, mais sans rien de malsain, sur ses nerfs affinés. Sa santé n'était sans doute pas très robuste; ce devait être un homme délicat, obligé à mille précaution; mais capable de montrer malgré cela une grande activité. Il a besoin de se dépenser et, au lieu de s'attarder à de moroses réflexions sur lui-même, il est au contraire tout occupé du monde extérieur. 
Observateur minutieux, attentif, prompt à saisir le reflet bigarré d'un insecte qui passe, l'arôme évanescent d'une fleur que la tiédeur de l'air exalte, ces mille choses de la nature qui pénètrent d'une si profonde et captivante ivresse ceux qui savent écouter, sentir, voir, respirer, sans autre souci que de se laisser pénétrer par les sensations.
Jules Renard ne saurait garder pour lui seul tous ces émois. Il éprouve un besoin impérieux de les dire. Sa confiance naturelle, sa tendresse et son besoin de sympathie l'incitent à faire part aux autres de ses sentiments, sans nulle arrière-pensée de vanité et aussi simplement que la fleur  épand son parfum. 
Suite demain.
(Mercure de France, 1er novembre 1913).

dimanche 13 mai 2012

Journal du 13 mai 1901

Nul n'est censé ignorer la Loi. Il y a plus de deux cent mille lois.

L'humour au temps de Jules Renard

Question embarrassante
Un pasteur protestant commentait la bible dans un pensionnat de jeune filles.
- Il faut apprendre à souffrir sans se plaindre, disait-il à ses jolies disciples. Ayez toujours présentes ces paroles des Saintes Écritures: "Si l'on vous donne un soufflet sur la joue droite, présentez aussitôt la joue gauche."
- Mais, fit à mi-voix une espiègle de quinze ans, si c'est un baiser qu'on vous donne?
Le pasteur sourit et ne répondit pas.
(Agenda du Printemps (magasins), mai 1895).

samedi 12 mai 2012

Journal du 12 mai 1892

Oh! ces retours de courses au bois de Boulogne, ces tristes figures, ces cochers blêmes, ces gens qui se dévisagent sérieusement, sans un mot, enfoncés dans leur voitures, la main du cocher qui se lève pour prévenir le cocher qui suit! Les chevaux sont les plus gais en agitant la tête.
Les vieux qui ont leurs filles pour maîtresses. et ces grues! Ces gens reviennent de s'amuser.

Jules Renard vu par Maurice Le Blond

Il y avait deux hommes en Jules Renard. Il y avait le Jules Renard parisien, et le Jules Renard des champs.
Le Jules Renard "parisien" est le plus célèbre. c'est celui dont Henri Bataille nous a laissé un portrait si vivant d'expression et de caractère. C'était le monsieur peu causeur, promenant son sourire pincé, les soirs de première ou de répétitions générales, "écoutant par l’œil", 'un œil a écrit Georges d'Esparbès, dilaté comme certains yeux de reptile".
C'était encore l'auteur dramatique applaudi, fêté dès ses débuts, le joaillier minutieux de l'humour, le styliste impeccable, à qui, tout jeune, l'Académie Goncourt avait ouvert ses portes.
Le Jules Renard des champs est moins connu, encore qu'il fut, peut-être, plus singulier et plus pittoresque. Cette silhouette de poète villageois, de bucolique nivernais, semble, cependant, intéressante à évoquer, au moment où nous nous apprêtons à inaugurer, sur la petite place du village de Chitry, le monument de l'écrivain.

vendredi 11 mai 2012

Journal du 11 mai 1902

- Comme vous avez la peau blanche!
- Oui, mais c'est bien salissant.

Lucienne et Robert unis depuis 75 ans

Lucienne et Robert Malitte, nés tous les deux en 1913, ont réuni famille et amis pour célébrer leurs noces d'albâtre, soit soixante-quinze ans de mariage.
Claude Rouzeau, maire, qui a succédé à Robert Malitte, son prédécesseur dans le fauteuil autrefois occupé par Jules Renard, a lu l'acte de mariage daté du 24 avril 1937, en mairie de Colombes.
De cette union, sont nées Françoise et Annie, qui leur ont donné quatre petits-enfants et huit arrière-petits-enfants. Lucienne Malitte, native de Chitry et parente de Jules Renard, a communiqué son amour du pays à son conjoint : ils se sont retirés à Chitry pour leur retraite.
Lucienne a travaillé aux assurances sociales, Robert a été ingénieur à la direction du matériel d'Air-France, puis à la Snecma, à Toulouse : il s'est occupé, en autres, de l'aménagement intérieur des avions Caravelle.
À Chitry, ils se sont investis au comité des fêtes. Lucienne Malitte s'adonne au piano. Son mari, joue au bridge, a été président des Anciens combattants et a siégé au conseil d'administration du collège Noël-Berrier. Élu au conseil municipal en 1975, il a été adjoint, puis maire en 1992, au décès de Bertrand de Nadaillac.
En 2009, les époux Malitte ont quitté la maison familiale de Chitry pour la maison de retraite de Corbigny. Malgré leur âge, ils sont restés toujours aussi élégants et attentifs l'un à l'autre. Leur émotion a été vive, lorsque leurs arrière-petits-enfants leur ont offert un discours plein de grâce et d'amour. Une répétition pour 2013, pour les 100 ans de Lucienne et Robert Malitte ?
Source: LeJDC.fr, Le Journal du Centre, 5 mai 2012.

jeudi 10 mai 2012

Journal du 10 mai 1904.

(Le 15 mai suivant, Jules Renard sera élu maire de Chitry au terme d'une campagne particulèrement polémique.) T.J.
Marinette ne comprend plus.  Elle dit que j'ai l'air  illuminé. Elle pleure.
- Il me semble, dit-elle, que tu n'es plus littérateur.
- Je suis le même, développé, élargi.
La petite flamme que je voudrais voir dans ses yeux ne s'allume toujours pas.
- Tant d'efforts pour un si petite résutat! poursuit-elle. Ces gens qui ne te comprennent pas, qui se croient supérieurs à toi, c'est d'un grotesque!
- Rien ne se perd. Si j'ébranle un seul cerveau, ça me suffit.
Et puis, il ne faut jamais se préoccuper du résultat.
- Tout ce que tu risques!
- Quoi? Des insultes, un coup d'épée...Mais, si je ne faisais pas ce qu'il faut que je fasse, je mourrais d'ennui, d'écoeurement.
- Oui, oui, tu parles comme un apôtre. Tu finiras par être un saint.
- Pourquoi pas?
- Un saint laïc.
- Si c'est ma destinée...Mon intelligence coule claire comme un ruisseau qui ne s'arrêtera plus.

mercredi 9 mai 2012

Journal du 9 mai 1899

J'ai beaucoup entendu parler des cyprès; je ne sais pas ce que c'est.

L'homme ligoté

Suite du blog du 4 mai.
Il [Jules Renard] a derrière lui des générations de mutisme; sa mère parlait par courtes phrases paysannes, pleines et rares. Son père était un de ces originaux de village, dont fut aussi mon grand-père paternel qui, déçu par son contrat de mariage, n'adressa pas trois mots à ma grand'mère en quarante cinq ans et qu'elle appelait "mon pensionnaire". Il a passé son enfance au milieu de paysans qui, chacun à sa manière, proclamaient l'inutilité de la parole.
"Rentré chez lui, écrit-il, le paysan n'a guère plus de mouvement que l'aï et le tardigrade. Il aime les ténèbres, non seulement par économie, mais aussi par goût. Ses yeux brûlés se reposent."
Voyez le portrait du père Bulot. Une nouvelle servante se présente:
"le premier jour elle demanda:
- Qu'est-ce que je vas donc faire cuire, pour votre goûter?
- Je te l'ai dit: une soupe aux pommes de terre.
Alors elle comprit et elle fit désormais chaque jour, de son propre mouvement, sa soupe aux pommes de terre."
(Jean-Paul Sartre, situations I, Gallimard, 1947).

mardi 8 mai 2012

Journal du 8 mai 1901

Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe.

Deux maîtres ès aphorismes

Le titre et le texte qui suivent sont extraits de Rebut de presse, blog de Didier Jacob daté du 8 mai 2010.

Oscar Wilde, Jules Renard, arrêtez le massacre
 
oscarwilde-jpg.jpgDeux parutions simultanées permettent de mesurer, au poids, au poing, l'art de deux géants du minuscule. Maîtres ès aphorismes, Jules Renard et Oscar Wilde voient en effet quelques unes de leurs «meilleures» phrases publiées, une fois de plus (c'est chez Horay pour Renard, au Cherche midi pour Wilde). C'est qu'on ne compte plus le nombre d'éditions de ce genre. On charcute, on tripatouille, on secoue le tout et ça fait une nouveauté.
Pauvres Wilde et Renard. Les deux dans le même panier d'une même postérité de brèves de comptoir. Chacun condamné, comme les éléphants, à servir de pâture aux trafiquants de toutes sortes, à donner éternellement leur ivoire. Oui, c'est comme le thon rouge, cette histoire. Même après extinction de ces deux espèces d'esprits menacés par leur exploitation imbécile, il faut croire qu'on leur cherchera encore et toujours des aphorismes dans la tête.
(Rebut de Presse, blog de Didier Jacob, 8 mai 2010, extrait).

lundi 7 mai 2012

Journal du 7 mai 1902

Première communion: les petits sont tous blessés au bras gauche.

Réservez votre soirée du lundi 4 juin, 18 h.

Jacques Perrin n'est pas seulement le brillant président de l'association des Amis de Jules Renard que nous ne saurions trop vous conseiller de rejoindre, il est aussi un zoliste émérite. À ce titre il est le concepteur du CD et du livret
" Émile Zola - Des bêtes et des hommes
qui sera présenté le lundi 4 juin à partir de 18 h. en présence de Madame Martine Le Blond-Zola, arrière petite-fille de l'écrivain
à la Brasserie Le François Coppée
1 Boulevard du Montparnasse, Paris 6e (M° Duroc)
Mme Le Blond-Zola et Jacques Perrin évoqueront ce que fut l'engagement de Zola pour la défense des bêtes. Des extraits d'un article du Figaro, des Nouveaux contes à Ninon et des Rougon-Macquart seront lus par les comédiens Claude Aufaure et Philippe Lejour qui ont mis en voix ces textes repris dans le CD.
Participation de 6€ incluant une consommation.

dimanche 6 mai 2012

Journal, un jour de mai 1896

Les roses ont le sang à la tête

Poil de Carotte au Théâtre du Nord-Ouest

À partir du 8 mai 2012.
Mise en scène: Françoise Dupré. Assistante: Sophie Stefanaggi. Avec: Morgane Walther (Poil de Carotte), Michel Pilorgé (M. Lepic), Annie Monange (Mme Lepic), Marie-Dominique Dessez (Annette).

Mardi 8 mai, 17h. - dimanche 20 mai, 17h. - dimanche 27 mai, 20h45. - mardi 29 mai, 19h. - mardi 5 juin, 19h. - jeudi 7 juin, 20h45. - dimanche 17 juin, 20h45. - mardi 26 juin, 19h. - dimanche 1er juillet,17h. - dimanche 8 juillet, 14h30. - jeudi 12 juillet, 21h. 
Théâtre du Nord-Ouest, 13 rue du Faubourg-Montmartre, Paris 9e

samedi 5 mai 2012

Journal du 5 mai 1901

Dix heures du soir, hier. Paysage. La lune toute seule dans un ciel pur comme de l'eau. Étoiles rares. Au fond, le Morvan bleu clair à peine indiqué, comme la ligne courbe de la mer à l'horizon.
Un large chemin de brumes blanches sur la rivière, de la lune jusqu'au château dont la masse sombre dort. Chants de rainettes, d'oiseaux, qui se répondent. Et la goutte sonore du crapaud.
Des peupliers comme des ombres, des chevaux dans les prés comme des ombres aussi. Une longue raie noire: c'est un mur de pré.
Il semble que, sur le tapis léger de brume blanche, la lune va venir au château.
Ce qu'il y a de mieux, c'est que, ces notes, je les ai prises sur le mur de mon jardin, à la clarté de ma lanterne.

vendredi 4 mai 2012

Journal du 4 mai 1901

L'action, au théâtre, ils croient que c'est de faire entrer et sortir des gens.

L'homme ligoté

Notes sur le Journal de Jules Renard. Extrait.
Il a créé la littérature du silence. On sait quelle fortune elle a connue depuis. Nous avons eu le théâtre  du silence, et aussi ces énormes consommations de mots qu'étaient les poèmes surréalistes: le rideau des mots s'enflammait; derrière ce voile en feu, il était permis d'entrevoir une grande présence muette: L'Esprit.
Aujourd'hui Blanchot s'efforce de construire de singulières machines de précision - qu'on pourrait nommer des "silencieux" comme ces pistolets qui lâchent leurs balles sans faire de bruit - où les mots sont soigneusement choisis pour s'annuler entre eux et qui ressemblent à ces opérations algébriques compliquées, dont le résultat doit être zéro. 
Formes exquises du terrorisme. Mais Jules Renard n'est pas terroriste. Il ne vise pas à conquérir un silence inconnu par delà la parole; son but n'est pas d'inventer le silence. Le silence, il s'imagine le posséder d'abord. Il est en lui, il est lui. C'est une chose. Il ne s'agit plus que de le fixer sur le papier, que de le copier avec des mots. C'est un réalisme du silence.
(Jean-Paul Sartre, Situations I, Gallimard, 1947).

jeudi 3 mai 2012

Journal du 3 mai 1905

Maupassant. Le vraisemblable lui a trop suffi.

Jules Renard / Louis-Ferdinand Céline

On a fait des études sur Renard et Gide, Renard et Daudet, Renard et Barrès, Renard et Proust, etc. 
Personne n'a pas encore fait le parallèle entre l'imaginaire dans les ouvrages autobiographiques de Jules Renard et dans ceux de Louis-Ferdinand Céline. Entre Poil de Carotte et Mort à crédit. Quelles sources d'inspiration communes, quelle part faite à l'affabulation chez chacun? 
Cela viendra, comme viendra aussi une étude sur leurs veuves respectives: "Lucette (Mme Céline) est une veuve assez exemplaire, qui a toujours défendu son mari et son œuvre;" "elle n'a rien de la veuve abusive qui ne laisse rien passer." (François Gibault et David Alliot, Le Journal du dimanche, 29 avril 2012, p.20).
En attendant, les curieux liront Madame Céline, route des Gardes, par David Alliot, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 144 p., en librairie le 15 mai 2012.
T.J.

mercredi 2 mai 2012

Journal du 2 mai 1897

Seul, je pense à Marinette comme à une petite femme toute neuve à qui je ferai la cour. Et je pense aussi à toutes les autres. 
Hier, en la quittant, j'ai fait quelques pas à pied avec l'espoir de quelques frôlements. Aucune femme ne m'a raccroché. Quelques-unes m'ont seulement regardé avec des yeux qui faisaient baisser les miens. On dit que la sensibilité s'use. La mienne est plus que jamais à vif. 
Et puis, on ne naît pas avec une sensibilité toute faite. On la fait. On lui donne une perfection extraordinaire.
Si, pourtant, toutes les femmes qui m'admirent, si ces quelques femmes savaient que je suis seul, ne viendraient-elles pas me voir? J'aurais dû faire une annonce.
Il fait un dimanche ensoleillé qui me rappelle les dimanches de lycée où j'étais privé de sortie. D'ailleurs, sorti, je m'ennuyais davantage.
Et voilà! Moi qui appelle du fond du cœur les aventures, je me demande où je vais aller dîner.

mardi 1 mai 2012

Journal du 1er mai 1891

Qu'est-ce que notre imagination, comparée à celle d'un enfant qui veut faire un chemin de fer avec des asperges?

Le vieux dans sa vigne

Il la pioche, la pioche tout le jour, toute l'année. Il s'est rapetissé à la taille des échalas. Entre les ceps, il courbe son dos vêtu de poils roux que grille encore le soleil. Il met son nez dans l'aisselle de chaque feuille et regarde longuement pleurer l'écorce.
Les merles n'ont plus peur. Ils écoutent venir la pioche infatigable frappant les mauvaises herbes et l'évitent sans hâte, l'aile à peine ouverte.
Un instant, le vieux s'assied et mange son pain et ses oignons, l’œil fixé sur un raisin qui pousse près de lui. Il ne lève la tête que pour deviner s'il fera beau demain.
Il rentre à la maison si tard que sa femme est couchée. Quand il quitte le lit, elle dort toujours,. Il ne la voit jamais; il l'oublie.
Il n'aime que sa vigne et, ma foi, c'est une bonne vigne, car, malgré les gelées, la grêle qui tue, la pluie qui noie, l'insecte qui ronge, elle rapporte fidèlement au vieux des poires sauvages, de petites pêches aigres, des noisettes, des groseilles blanches ou rouges, et même quelques asperges.
(Jules Renard, La Lanterne sourde).