dimanche 30 décembre 2012

Journal du 30 décembre 1908

Est-ce que je vais m'endormir tout-à-fait? Découragement, torpeur. Puis une lettre avec un compliment me donne un peu de vie passagère.

samedi 29 décembre 2012

Journal du 29 décembre 1903

Maman a fait le voyage avec un soldat qui venait de Nice et qu'elle a présenté à Marinette, à la gare.
J'avais préparé: "Bonjour, maman. Ça va bien? Bon voyage? Installe-toi." Je n'ai pu lui dire que bonjour et lui donner deux baisers avec des lèvres jointes, desséchées.
Dans son "Oh! ce Paris!" il y a quelque chose de familier et d'attendri que Poil de Carotte n'a jamais eu.

vendredi 28 décembre 2012

Journal du 28 décembre 1903

On parle croix.
- Et Guitry? dis-je à Capus.
- Ce n'est pas le moment. Au ministère, ils ne veulent pas le décorer avant Féraudy, et puis à cause de quelque chose pour moi.
- Tu va avoir la rosette?
- Oui, c'est promis. Ils m'ont dit: "Vous nous avez rendu un fier service."
- Ah?
- Oui. "Quand on vient nous solliciter pour une rosette, nous répondons que nous vous l'avons promise.
- Oh! à Capus, très bien!"  Tout le monde est content.

lundi 24 décembre 2012

Journal du 24 décembre 1896

Dîner Veber.
- Ma femme, raconte Capus, me dit: "J'ai rêvé de mort, cette nuit, et je n'aime pas ça." Je me moque, et, par hasard, lui demande où elle va aujourd’hui.  Elle me répond qu'elle va faire une course rue Notre-Dame-des-Victoires. Je pars. Au Gaulois je vois arriver un garçon qui me dit: " Je viens de voir écraser une femme rue Notre-Dame-des-Victoires."  Je crois que c'est elle. Je cours chez le commissaire de police, qui m'envoie à l'hôpital, d'où l'on me renvoie à un autre hôpital. J'ai enfin l'idée de rentrer chez moi, et je trouve ma femme, à qui je fais une scène.

dimanche 23 décembre 2012

Journal du 23 décembre 1903

Je viens de lire la Souris, et je ne me crois pas digne de dénouer les cordons des souliers de Pailleron. Et je ne t'en crois pas digne non plus, Capus, ni vous, Hervieu.

samedi 22 décembre 2012

Journal du 22 décembre 1896

Cette forme de dialogue intermittent que je croyais avoir inventé pour l'Écornifleur, voilà que je la retrouve dans les livres de la comtesse de Ségur.

Jules Renard vu par André Antoine

Mesdames et Messieurs,
Il y a une dizaine d'années, M. Guist'hau, alors ministre de l'Instruction publique, et sous les ordres duquel je me trouvais placé comme directeur de l'Odéon, ayant à m'accorder je ne sais quoi, m'avait dit: "Antoine, c'est entendu, mais à la condition que vous viendriez à Nantes faire une conférence!" Il ne se doutait guère de ce qui l'attendait, et ni moi non plus du reste. Au jour convenu, je me rendis là-bas pour parler du théâtre contemporain; et pris d'un bel accès de fanatisme, je fis, paraît-il, une causerie dont la vivacité eut des échos à Paris.[...]
Pour aujourd'hui, et pour terminer, je ne voudrais retenir que l'un des auteurs qui allaient sortir de la scène de Strasbourg, et c'est Jules Renard. Jules Renard a peu produit; nous n'avons de lui que trois ou quatre pièces, il a disparu trop tôt; mais, après avoir esquissé un théâtre qui allait laisser des traces profondes.
Jules Renard, au début, s'était consacré à des croquis de son pays et de son entourage; puis, un jour, il en a tiré Poil de Carotte. Je le connaissais peu, il vivait à l'écart. On lui avait dit que sa pièce n'était pas du théâtre, qu'elle était longue, sans action, sans mouvement, et qu'il aurait tort de la faire jouer. Je ne veux pas dire le nom du camarade célèbre qui lui donnait ce conseil  et je ne conte cette histoire que pour montrer combien, en ces matières, les plus experts peuvent se tromper. De sorte que Renard vint me trouver.
- Je suis très perplexe, me dit-elle. Cet ami a peut-être raison...
Après la lecture, mon opinion était nette.
- Vous venez de faire un chef d’œuvre, lui dis-je, en lui sautant au cou.
Et, en effet, c'était un chef d-œuvre, un chef d’œuvre que la Comédie-Française a pu accueillir plus tard, et encadrer dans ses lambris dorés cette petite cour de province où vivent ces humbles êtres, personnages désormais classés à côté des figures les plus solides du répertoire. C'est pourquoi j'ai voulu terminer cette causerie en vous faisant entendre une des scènes principales de Poil de Carotte.
Mon ami Léon Bernard a bien voulu se charger de ce rôle du père Lepic, qu'il tient à la Comédie-Française avec Mme Bovy, le Poil de Carotte le plus complet que j'ai jamais vu. Et chaque fois que je la vois dans ce personnage, je pense au pauvre Renard, en me disant:
- Quel dommage qu'il n'ait pas pu voir ce Poil de Carotte-là!
(André Antoine, Conférencia, journal de l'université des annales, n°2, 1er janvier 1923.)

vendredi 21 décembre 2012

Journal du 21 décembre 1891

C'est une erreur commune de prendre pour des amis deux personnes qui se tutoient.

Anniversaire

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jeudi 20 décembre 2012

Journal du 20 décembre 1900

Capus me dit qu'il va mettre de l'ordre dans ses affaires, prendre une assurance pour sa femme, etc., que, d'ailleurs, il n'est pas inquiet, car, s'il venait à mourir, nous, ses amis, nous nous mettrions en quatre pour arranger son héritage de pièces.
- Sois tranquille, lui dis-je. Tu peux mourir.
Il projette d'aller rejoindre Guitry à Sienne et à Florence. Ils ne savent pas où ça se trouve. Pas d'atlas.
- Moi, dit Capus, je mets Florence au bord de la mer, pas loin de Rome. Ça donnera ce que ça donnera.

Les amis de Jules Renard

Agnès Perrin, secrétaire de l'association "Les amis de Jules Renard, professeur agrégée de lettres, a soutenu avec succès devant l'Université de Grenoble une thèse intitulée:
Apprentissage de la lecture et construction d’une identité de lecteur au cours préparatoire... 
et a obtenu les félicitations unanimes du jury. Directeur de thèse: Jean-François Massol.
Pour féliciter Agnès Perrin:  amisjulesrenard@gmail.com

mercredi 19 décembre 2012

Journal du 19 décembre 1904

Fête familiale des Nivernais socialistes.
Salle Jules. La dame du comptoir me dit: "C'est au premier." Il y a un socialiste et sa petite fille. Pauvre salle, où passent tous les gens du bas pour aller aux cabinets. Je m'assieds dans un coin à une table de marbre, très gêné. Roblin arrive après d'autres. On lui dit: 
- Il y a là un citoyen qui te demande.
Tout de suite je vois que nous resterons étrangers.
Comment les appeler? Citoyens? Compatriotes? Camarades? Messieurs? 
- Qu'est-ce que vous buvez? du vin blanc?
- Oui.
Des hommes, avec leurs femmes et les mioches. Très peu, d'ailleurs, sont de vrais Nivernais.
Le conseiller municipal Paris, de la Villette, je crois, a le premier la parole. L'air d'un Jules Lemaître gros et gras. La nature se répète. Il parle gros, sans intérêt.
Le citoyen Fribourg, autre conseiller de Paris, refuse d'abord, fait des manières, puis devient intarissable. Il parle bien, non sans esprit et netteté, mais il a une si petite taille, une figure de petit juif tellement inexpressive!...
Je n'ose pas tirer mon bout de papier. Je débite ma petite affaire. Ça n'est pas fort, mais c'est mieux, parce que  c'est tout de même personnel.
Une femme me vend un journal féministe, un programme de revendications. 
Un rédacteur de L'Aurore est venu pour m'entendre. Très étonné que je ne lise pas mon discours, qu'il voulait me demander, il me dit:
- Il paraît que vous avez été dur pour Jaurès, la veille de son duel?
On chante. Des enfants crient. Le garçon passe, récolte des pièces de dix sous. On ne veut pas que je paie: je suis invité. J'ai l'air d'un étranger, avec ma décoration, avec mon air modeste d'homme qui se croit connu.

Jules Renard à Autun

À la découverte de Jules Renard
Une dizaine d’enfants et quelques adultes ont activement participé à cette intéressante redécouverte de Jules Renard.
Mercredi 12 décembre après-midi, la bibliothèque d’Autun proposait, à l’espace jeunesse, une animation lecture autour de textes de Jules Renard.
Cette activité pour jeunes et adultes, animée par Jean-Pierre Lamy, animateur culturel pendant près de quarante ans, avait pour objectif, à travers des lectures, jeux, devinettes et charades, autour des histoires naturelles et d’extraits de théâtre et du journal de Jules Renard, de redécouvrir cet auteur, dont l’œuvre romanesque, le théâtre et le journal restent beaucoup moins connus.
Jean-Pierre Lamy, en rappelant que la notoriété de Jules Renard n’était pas réduite au seul Poil de carotte, s’est attaché, après une rapide biographie de l’écrivain, à décrire un homme aux multiples facettes, à la fois auteur à succès (l’Écornifleur), critique, prosateur, rédacteur en chef, mais aussi militant républicain.
Dans un autre registre, Jean-Pierre Lamy a évoqué ses relations avec Rostand, Zola et le milieu artistique et littéraire de la fin du XIX e et du début du XX e siècle.

mardi 18 décembre 2012

Journal du 18 décembre 1888

Quand (sic) au sceptique "pourquoi" le "parce que" crédule a répondu, la discussion est close.

Et si le monde allait finir... Que feriez-vous?

La réponse de Marcel Proust a paru dans L’intransigeant du 14 août 1922. 
Je crois que la vie nous paraîtrait brusquement délicieuse, si nous étions menacés de mourir comme vous le dites. Songez, en effet, combien de projets, de voyages, d'amours, d'études, elle - notre vie - tient en dissolution, invisibles à notre paresse qui, sûre de l'avenir, les ajourne sans cesse.
Mais que tout cela risque d'être à jamais impossible, comme cela redeviendra beau! Ah! si seulement le cataclysme n'a pas lieu cette fois, nous ne manquerons pas de visiter les nouvelles salles du Louvre, de nous jeter au pied de Mlle X..., de visiter les Indes. Le cataclysme n'a pas lieu, nous ne faisons rien de tout cela, car nous nous trouvons replacés au sein de la vie normale, où la négligence émousse le désir.
Et pourtant nous n'aurions pas dû avoir besoin du cataclysme pour aimer aujourd'hui la vie. Il aurait suffi de penser que nous sommes des humains et que ce soir peut venir la mort.
(Marcel Proust, Essais et articles, Après la guerre, La Pléiade, p. 645.)

lundi 17 décembre 2012

Journal du 17 décembre 1900

- Belle femme, jolie
- Oui, mais ça ne vaut pas un petit garçon

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vendredi 14 décembre 2012

Journal du 14 décembre 1892

Zola n'écrit pas une phrase, dit Claudel, mais une page.

Jules Renard chez Christie's

Description d’un lot vendu le 12 décembre chez Christie’s, 9 rue Matignon, Paris  :
Lot comprenant trois catalogues de bibliothèque:
1 -  Catalogue d'une petite collection de livres précieux appartenant à M. E. Q. B. Paris: Adolphe Labitte, 1881. In-8. Maroquin rouge signé Marius Michel, dos à nerfs. Catalogue de livres de la collection d'Ernest Quentin-Bauchart et dont la vente eut lieu le 4 février 1881. Exemplaire annoté avec les prix d'adjudication et le nom des acheteurs.
2 -  Catalogue de la bibliothèque de feu M. Lortic relieur-doreur. Paris: Paul, Huard et Guillemin, 1894. Portrait-frontispice. 2 parties en un volume in-8. Demi-maroquin bleu ardoise à coins de l'époque, dos à nerfs, couvertures conservées (frottements). Provenance: Léon Gruel (ex-libris). Catalogue de la vente tenue les 19 et 20 janvier 1894. Exemplaire annoté avec les prix d'adjudication et le nom des acheteurs, et enrichi in fine de deux articles de presse.
3 -  Catalogue  d'ouvrages  d'auteurs  du  XIXe siècle  et  contemporains  en  éditions  originales provenant  de  la bibliothèque  de feu  M. Jules Renard... Paris: Librairie  Henri Leclerc, 1921.  In-8.  Bradel  papier   marbré  (reliure   frottée   avec   manques,  choc  à  une  coupe). Catalogue   de   la  vente   tenue  le  12  février  1921.   Exemplaire   annoté   avec   les    prix d'adjudication et enrichi d'une coupure de presse en tête.

MARIUS MICHEL, Henri. Petits décors pour les éditions originales modernes.] Réunion de 31 maquettes et 7 photographies de reliures. In-8. Maroquin bleu nuit signé Marius Michel, dos lisse. Provenance: Henri Marius Michel (ex-libris). 31 dessins à la plume de décors pour des plats de reliure.

Lot adjugé 875 €.

jeudi 13 décembre 2012

Journal du 13 décembre 1908

- Qu'est-ce que Dieu?
- Vous m'en demandez trop.

Jules Renard vu par Lucien Descaves 2/2

Suite d'hier.
Le dîner de janvier 1910 fut le dernier auquel participa Jules Renard. Il avait vendu "la Gloriette", (1) sa maison de Chaumot, dans la Nièvre, où sa mère était morte l'année précédente. (En fait, Jules Renard avait rendu la maison dont il était locataire.) La santé de Jules Renard était devenu inquiétante et j'avais accompagné chez lui le docteur Crépel, mon beau-frère. Il ne parut pas plus inquiet qu'un de ses confrères, consulté précédemment. Ni l'un ni l'autre n'avaient diagnostiqué l'artério-sclérose à laquelle le malade succomba trois mois après. A ce dernier dîner Goncourt, Renard avait approuvé l'intention de Geffroy et la mienne, de publier les inédits de Vallès, aux frais de l'Académie Goncourt. C'était sa réponse au badinage de Léon Daudet qui appelait Jules Renard Poil de Vallès, en souvenir de Jacques Vingtras enfant. Autant en emporte le vent...
Vers 1901, alors que je passais mes vacances à Gérardmer, je me rendis à Bussang avec ma femme pour assister à une représentation de Poil de Carotte, au théâtre de Bussang. J'y retrouvai Jules Renard et Maurice Pottecher, fondateur et animateur de ce théâtre. Maurice Pottecher devint aussitôt mon ami et je fus heureux, une quinzaine d'années plus tard, lorsque le hasard le fit habiter rue de la Santé, à deux pas de chez moi. Ce voisinage nous permit de fortifier une affection que le temps ni l'éloignement de Paris n'ont diminuée.
La version que Jules Renard donne de la mort de sa mère dans son Journal, m'apparaît aussi incertaine qu'à Antoine notre ami commun. Celui-ci reçut un jour une lettre de Renard, terminée par ce post-scriptum: "La vieille a encore fait des siennes;  elle s'est f... dans le puits." j'en aurais douté si Antoine ne m'avait dit: - Je voulais t'offrir une lettre de Jules Renard, mais elle a disparu avec toute ma correspondance lors de mon dernier déménagement, quand j'ai quitté Paris. Cette lettre n'avait d'ailleurs d'intéressant que le post-scriptum.
Et il m'en répéta les termes qu'il savait par cœur.
Renard laisse planer le doute sur la mort de sa mère: accident ou suicide. Il ne s'apparentait à Jules Vallès, si féroce pour ses parents, que pour amplifier. Je me suis souvent demandé si, possédant cette lettre de Jules Renard, je ne l'aurais pas brûlée; décision que ne prendra jamais l'amateur d'autographes qui l'aura achetée. L'obsession peut très bien avoir conduit Poil de Vallès à exagérer.
(1)  La "Gloriette" ne lui appartenant pas, il avait seulement cesser la location.
Fin
(Lucien Descaves, Mémoires d'un ours, p. 237)

mercredi 12 décembre 2012

Journal du 12 décembre 1898

Un âne, c'est un cheval qui ne va pas vite, dit Baïe.

Jules Renard vu par Lucien Descaves 1/2

Heureux de l'élection de Jules Renard (à l'Académie Goncourt), nous eûmes hâte de la lui annoncer. Par malchance, il n'était pas chez lui, rue du Rocher; il dînait avec sa femme chez Marthe Brandès et ce ne fut qu'à minuit, à leur retour, qu'il trouva notre carte de visite avec ces seuls mots: "Cette fois, vous l'êtes!"
En réalité il fut très sensible à son élection.
Son Journal intime et ses Sourires pincés qui lui étaient bien personnels et qu'il essayait dans la glace avant de les traduire en prose, portent la trace d'un évènement qui lui tenait à cœur. Quand il se montre aimable et reconnaissant, c'est parce qu'il ne peut faire autrement. Il a recueilli tous les échos de son succès et s'en amuse. Il a ruminé ce qu'il appelle des mots de théâtre, compté les voix qui lui semblent assurées, celles qu'il n'a pas et qu'il aura. On dirait qu'il procède  à des réussites. Au fond, il ne pense qu'à cela... Et c'est l'histoire de presque toutes les élections. 
"La réclame de cette histoire m'amuse", avoue-t-il. Et de conclure gentiment: "l'Académie me paraît malade; ça a l'air d'une maison de retraite pour vieux amis. La littérature s'en désintéresse. " nommé, il nous remercie du bout des lèvres et de la plume et s'empresse de noter, sans changer de gamme: " Je proposerai une augmentation de traitement. Il faudrait maintenant acquérir une juste obscurité."
Le souvenir de Huysmans le préoccupe: "Je suis moins tranquille en ce qui le concerne. Je sens tout le poids de cette lourde succession. J’imagine la figure géométrique, pointue pour de bon, que feraient les traits de son visage. Il me regarderait avec bienveillance, mais aussi avec son sourire énigmatique."
Puis, il se demande s'il ne devrait pas envoyer toute cette Académie à la balançoire... A quoi il répond: -Oui si j'étais riche.
Or, sans être riche, son aisance pouvait lui permettre ce luxe.
Suite demain.
(Lucien Descaves, Mémoires d'un ours, p. 235)

lundi 10 décembre 2012

Journal du 10 décembre 1906

Poil de Carotte. Tout de même, je n'ai pas osé tout écrire. Je n'ai pas dit ceci: M. Lepic envoyant Poil de Carotte demander à Mme Lepic si elle voulait divorcer, et l'accueil de Mme Lepic. Quelle scène!

Le porc

Je peindrai ici l’image du Porc.
C’est une bête solide et tout d’une pièce ; sans jointure et sans cou, ça fonce en avant comme un soc. Cahotant sur ses quatre jambons trapus, c’est une trompe en marche qui quête, et toute odeur qu’il sent, y appliquant son corps de pompe, il l’ingurgite. Que s’il a trouvé le trou qu’il faut, il s’y vautre avec énormité. Ce n’est point le frétillement du canard qui entre à l’eau, ce n’est point l’allégresse sociable du chien ; c’est une jouissance profonde, solitaire, consciente, intégrale.
Il renifle, il sirotte, il déguste, et l’on ne sait s’il boit ou s’il mange ; tout rond, avec un petit tressaillement, il s’avance et s’enfonce au gras sein de la boue fraîche ; il grogne, il jouit jusque dans le recès de sa triperie, il cligne de l’œil. Amateur profond, bien que l’appareil toujours en action de son odorat ne laisse rien perdre, ses goûts ne vont point aux parfums passagers des fleurs ou de fruits frivoles ; en tout il cherche la nourriture : il l’aime riche, puissante, mûrie, et son instinct l’attache à ces deux choses, fondamental : la terre, l’ordure.
Gourmand, paillard, si je vous présente ce modèle, avouez-le : quelque chose manque à votre satisfaction. Ni le corps ne se suffit à lui-même, ni la doctrine qu’il nous enseigne n’est vaine. « N’applique point à la vérité l’œil seul, mais tout cela sans réserve qui est toi-même. » Le bonheur est notre devoir et notre patrimoine. Une certaine possession parfaite est donnée.
Mais telle que celle qui fournit à Enée des présages, la rencontre d’une truie me paraît toujours augurale, un emblème politique. Son flanc est plus obscur que les collines qu’on voit au travers de la pluie, et quand elle se couche, donnant à boire au bataillon de marcassins qui lui marche entre les jambes, elle me paraît l’image même de ces monts que traient les grappes de villages attachées à leurs torrents, non moins massive et non moins difforme.
Je n’omets pas que le sang de cochon sert à fixer l’or.
(Paul Claudel, Connaissance de l’est, Larousse, 1920)

dimanche 9 décembre 2012

Journal du 9 décembre 1893

Le suisse avec sa chaîne de sureté.

La mode au temps de Jules Renard 2/2

Suite d'hier.
Le chapeau se plaît dans les excès: grand feutre, aux grands panaches, obstruant l'horizon, désobligeant le voisin au spectacle! capote microscopique; encore un peu, et elle ne sera plus qu'une figurante sur la facture; mais votre tête n'en portera pas trace. N'importe! pour l'instant, l'oiseau fabuleux, couleur émeraude, ou bleu d'azur, déploie avec délice ses longues ailes au milieu d'un fouillis de tulle perlé.
La capote en chenille noire, toute parsemée de pierres sombres, retroussée derrière par une agrafe en diamants noirs, laisse échapper les frisons de la coiffure, rivales triomphantes de la touffe de petites plumes, tant portées déjà. Un simple petit choux, de couleur tendre, bleu de ciel de préférence, jeté dans cet ensemble sévère comme une pensée plus alerte, plus égayante, au milieu d'une dissertation grave: voilà pour le chapeau.
Question importante avant toutes, le vêtement! Grand émoi: la jaquette courte abandonnée. Où voulez-vous que les grandes basques se réfugient, sinon sous un vêtement long, forme rotonde ou grande jaquette genre Louis XV? Vous soupirez Madame; vous avez de l'an passé une jaquette en loutre; elle vous a coûté les yeux de la tête! et voilà que cette vilaine mode vous forcerait à y renoncer!  La jaquette courte bannie, Roméo banni! Non, ma chère Juliette, rassurez-vous. La situation n'est pas aussi grave que vous le pensez; "il est avec le Ciel des accommodements; " On est convenu  de laisser aux aristocrates de la matière à la loutre, à l'astrakan, leur coupe habituelle et leur longueur relative. 
La grande pelisse en drap fait fureur; elle est garnie de passementeries d'or; de jais; collerette Médicis, ornée de plumes, ainsi que le bord du vêtement qui est doublé de soie chatoyante, rappelant ainsi ces insectes fabuleux aux couleurs ternes qui, déployant leurs ailes, vous frappent tout à coup de reflets étincelants. Ce vêtement est donc à la fois sobre et grave; mais la manière de le porter en change le caractère, l’effet; et si j'osais donner un conseil au pêcheur imprudent qui aborde cette Lorely, je dirais...
Rien aujourd'hui; la prochaine fois nous y reviendrons, et nous aborderons ensuite la robe de bal; c'est-à-dire l'infini!
(Étoile filante, alias Marcel Proust, 19 ans, Le Mensuel, décembre 1890. Cité dans: Marcel Proust Le Mensuel retrouvé, Éditions des Busclats, p. 99.)

samedi 8 décembre 2012

Journal du 8 décembre 1898

Ses parents de province lui écrivent pour lui offrir une jeune fille, orpheline, très bien, avec fortune. Il répond en demandant: 1.sa photographie faite par un amateur, c'est-à-dire sans retouches; 2. son opinion sur l'affaire Dreyfus. Les parents lui écrivent une lettre de sottises.

La mode au temps de Jules Renard 1/2

La mode, dans toute sa tyrannie, a fait son apparition; si vous le voulez bien, nous allons lui consacrer quelques instants de nos loisirs, tâcher de l'expliquer de notre mieux. Au premier abord, on se laisserait aisément persuader que les modifications qu'elle apporte cette année sont de minime importance; que la robe de l'année dernière pourrait à la rigueur tenir tête à celle fraîchement éclose de la saison. Ah! s'il n'y avait pas les nuances! Mais il y en a tant! Vous devez les voir; en être touchée; renier le passé; ouvrir votre esprit, et plus encore votre bourse, à qui nos créatrices font appel avec tant de malices.
La robe en drap, ou vigogne pour le jour; le vert foncé, le violet, le bleu marin, sont bien portés. Le sombre et la façon simple de cette toilette en justifieraient le nom, La trotteuse, si la longueur de la jupe n'y mettait pas quelque entrave. Je la désignerais plus volontiers La balayeuse.
La jupe plate se maintient, mais elle a encore augmenté son ampleur, tout en biaisant de plus en plus vers la taille. L'ampleur, ainsi refoulée dans ses derniers retranchements, devient un problème que seules nos grandes faiseuses savent résoudre.
Le corsage est en pleine révolution. Il ne veut se laisser limiter aux hanches; il s'est souvenu d'un sort meilleur sous les glorieux règnes de Louis XII et Louis XV. La grande basque n'est plus une vision fugitive, mais bien une adaptation très heureuse de nos corsages, un refuge pour hanches critiquables. La dissimulation ainsi autorisée est un grand progrès.
Le corsage même est sujet à toutes les variantes possibles; mais il est avant tout appelé à épouser la forme du buste, au besoin à en augmenter la grâce et en diminuer le volume.
La mousseline de soie - non la sainte mousseline de nos mères - est toujours à l'ordre du jour, ainsi que la dentelle haute et précieuse autour du décolletage, plus carré que pointu.
Ne vous refusez pas les ornements en pierreries fines: émeraudes, rubis, opales turquoises;  et n'allez pas vous égarer dans de fausses conclusions morales; votre sincérité ne se trouvera pas atteinte, vos parures ne risqueront rien à côtoyer leurs fausses-sœurs.
Suite demain.
(Étoile filante, alias Marcel Proust, 19 ans, Le Mensuel, décembre 1890. Cité dans: Marcel Proust Le Mensuel retrouvé, Éditions des Busclats, p. 99.)

vendredi 7 décembre 2012

Journal du 7 décembre 1891

Il n'y a qu'une façon d'être un peu moins égoïste que les autres: c'est d'avouer son égoïsme.

Le théâtre vu par Jules Renard 2/2

Suite d'hier.
À notre questionnaire, M. Jules Renard répond : 
Cher monsieur, 
Au théâtre, le public (le public, c’est moi) accepte tout, sauf l’ennui. Je dirais à chaque auteur dramatique « Je sais rire et pleurer, me passionner et même écouter; donne-moi donc ce que tu voudras, mais ne m’embête pas voilà mon goût.» 
Si la comédie dramatique est moribonde, Paul Hervieu, pour ne citer que Paul Hervieu, en vit joliment bien. 
Quant au mélodrame, il n’attend peut-être que son Cyrano. Que Rostand écrive le chef-d’œuvre du drame en prose, avec toutes ses horreurs, et ce sera le genre neuf.
J’ai ri comme un fou à des vaudevilles dont, par ingratitude, je ne me rappelle plus les titres. Je ne déteste dans le vaudeville que la scène de comédie, vous savez, la scène où l’auteur semble dire Ah! ils veulent de la comédie! Vaudevillistes, restez-le, c’est votre salut. 
Dans les auteurs morts ayant eu un prix dans votre enquête, je voudrais, si c’est permis, donner le mien à Labiche. Je ne préfère pas Labiche à Victor Hugo, mais je le place fort au-dessus de Becque. Je ne peux vous dire combien Becque me déplaît. 
J’ai beaucoup lu Scribe. Je me souviens du Verre d’eau d’une chaîne. C’était très bien. Pourquoi ce mépris? Il a été le roi de son temps. Rien ne prouve qu’il ne serait pas le roi du nôtre. Il s’appliquerait, il apprendrait son métier, il se mettrait vite à la mode et tel auteur en vogue n’en mènerait pas large. 
Pour finir par le numéro 1 (il faut bien), Lucien Guitry vous a dit qu’il avait reçu (il ne manquerait plus que ça) deux actes de moi. C’est vrai, mais j’ai une telle affection pour cet homme, et une telle admiration pour ce merveilleux artiste, que j’aime autant qu’il ne joue jamais ma pièce. A bientôt, cher monsieur, au théâtre, chez les fous. 
(Jules Renard, le Figaro, 24 septembre 1904.)

jeudi 6 décembre 2012

Journal du 6 décembre 1906

Petit curé prêchant, moineau au bord d'une gouttière.

Le théâtre vu par Jules Renard 1/2

Question posée : 
Nous avons adressé à la plupart des auteurs dramatiques un questionnaire dont les principaux numéros sont les suivants : 
1° Quel est l'emploi de vos vacances et quels sont vos projets pour la rentrée ? 
2° On dit partout que le public ne songe plus qu'à "s'amuser" au théâtre, et surtout qu'a rire. Est-ce votre avis ? Et voyez-vous dans le théâtre une tribune où l'on peut exposer des idées, ou simplement le cadre d'un divertissement pour "les honnêtes gens"? 
3° Le drame sous ses deux formes (mélodrame à formule ancienne ou comédie dramatique poussée au noir et au violent) est-il « moribond», comme on l'imprime un peu partout? Croyez- vous que, par l'introduction de nouveaux ressorts dramatiques et lesquels ? on pourrait donner un regain de vie à cet « agonisant » ? ̃ 
4° L'échec ou la médiocre fortune des neuf dixièmes des vaudevilles représentés depuis deux ans vous font-ils croire que le vaudeville, du moins dans sa forme classique, a fini sa carrière? 
5° Quelle est la forme d'art dramatique qui vous paraît la plus en faveur aujourd'hui, et, dans l'évolution des genres, quelle est celle à qui vous paraît devoir aller le succès de demain? 
6° A votre sens, quel est l'auteur dramatique qui, parmi les écrivains morts du dix-neuvième siècle, a été le plus grand, celui qui a laissé la trace la plus considérable ? Et quelle est votre opinion sur Scribe ? Quelle place, à votre avis, tiendra-t-il parmi les auteurs du dix-neuvième siècle ? 
 (Le Figaro, samedi 23 juillet, 1904.) 
Réponse de Jules Renard demain.

mercredi 5 décembre 2012

Journal du 5 décembre 1890

M. Julien Leclercq est venu me demander d'être son témoin contre M. R. Darzens. Il veut en finir. Il demande un duel féroce, quinze mètres, puis vingt, puis vingt-cinq, à trois balles, puis deux, au visé, puis comme on voudra. - Romanesque, non, mais il a aimé toute sa vie. Son futur beau-père exige qu'il lui apporte un certificat de médecin constatant qu'il n'est pas pédéraste.

Poil de Carotte à Autun le 12 décembre

Hôtel de ville d'AUTUN, 12 décembre 2012

mardi 4 décembre 2012

Journal du 4 décembre 1904

Cette femme avait tant aimé que, lorsqu'on s'approchait trop d'elle, on écoutait, au fond de son oreille, ce délicat coquillage, bruire une rumeur d'amour.

Poil de Carotte vu par François de Nion 2/2

Suite d'hier.
Le dialogue, effroyablement vulgaire, se complique d'essais de "phrases médailles", comme on les aimait sous le premier Empire, et, ça et là, de préciosités surprenantes.  Mais, je le répète, la pièce est bien accueillie à l'étranger, parce qu'elle y colporte un mensonge de plus contre notre pays. On peut s'étonner et s'attrister que la Comédie-Française ait donné l'hospitalité à cette œuvre mauvaise et à cette mauvaise œuvre.
Cette pièce offre aux comédiennes un rôle qui les attire autant par les ressorts comiques et pathétiques qu'il fait jouer que par la faculté, toujours tentante, d'un travestissement. Mlle Marie Leconte sait  esquiver les pires dangers, rien qu'avec sa bonne grâce souriante et saine. Elle a présenté l’insupportable petit drôle comme un bébé souriant et rose, et nous avons échappé ainsi à l'ennui angoissant de ce faux enfant martyr. 
Mme Fayolle imprime, ce me semble, un cachet de distinction un peu exagéré à Mme Lepic, et Mme Dussane est une très gentille Annette. M. Bernard a tiré du personnage du père tout ce qu'on peut en tirer; son succès a été très réel.
(François de Nion, alias François Doré, L'Écho de Paris, 23 mai 1912.)

lundi 3 décembre 2012

Journal du 3 décembre 1897

Mettre les points sur tous les i de l'infini.

Poil de Carotte vu par François de Nion 1/2

Les Premières
COMÉDIE-FRANÇAISE- POIL DE CAROTTE, comédie en un acte de M. Jules Renard.
"La mort n'est pas une excuse," disait, je crois, Vallès. Cette dure mais juste parole s'applique plus particulièrement aux morts littéraires dont l’œuvre survit et doit être jugée sans que notre sensibilité intervienne. Je me sens donc à l'aise pour parler du spectacle que la Comédie-Française vient de nous donner hier, et cela d'autant plus que, du vivant de l'auteur qu'on a tenté de ressusciter, j'ai dit, ici même mon impression. Elle ne s'est guère modifiée.
Poil de Carotte, que des amis ingénieux s'entendirent pour faire "passer chef-d’œuvre", est une pièce de l'époque du "dénigrement", époque curieuse de notre littérature et pendant laquelle tous, à l'envi, s'attachèrent à essayer de démontrer notre irrémédiable faiblesse et nos tares. C'est de ce sentiment qu'est né tout le genre théâtrale qui fait, en ce moment, un fiasco si heureux et si complet.
Le petit acte de M. Jules Renard se ressent intimement de cette tendance et sa réussite à l'étranger vient surtout du jour odieux sous lequel il présente la famille française, cette famille, en réalité, si tendre, peut-être trop tendre pour ses enfants.  Mes lecteurs savent que je n'aime guère les grands mots, ni les indignations faciles, mais je n'hésite pas à dire qu'un telle pièce est une insulte à l'âme nationale, une venimeuse et calomnieuse insulte. Où Jules Renard avait-il vu l'ignoble mégère que son fils appelle si obstinément Mme Lepic? Ou a-t-il rencontré ce père indifférent et lâche, cet enfant auquel on veut nous intéresser, mais qui apparaît, en dernière analyse, comme un être sournois et révolté?
Suite demain.
(François de Nion, alias François Doré, L'Écho de Paris, 23 mai 1912.)

dimanche 2 décembre 2012

Journal du 2 décembre 1887

Ses doigts noueux comme un cou de poule.

Poil de Carotte aux enchères le 11 décembre

422 — RENARD, Jules. - Poil de carotte. Compositions et gravure originale de Lobel-Riche.
Paris, A. Romagnol, Librairie de la Collection des Dix, (1911).
In-4° Relié par Flammarion-Vaillant : plein maroquin lavallière, plats sertis d'un triple filet doré, dos à nerfs et caissons fleuronnés dorés avec petites mosaïques de cuir orange et caisson central avec visage de Poil de Carotte peint sur cuir coupé en losange, double filet doré sur les coupes, doublures de soie marbrée dans des tons automnaux sertie de maroq. lavallière, de filets et roulette fleuronnée dorés, gardes de même soie marbrée, doubles gardes de papier marbré, tranches dorées sur témoins, couv. et dos cons. Sous étui bordé.
Est. 400/ 500 €
52 eaux-fortes en noir à pleines pages ou en bandeaux. Tirage à 350 ex., un des 150 de
tête en in-8° jésus sur Japon ou vélin Van Gelder (n° 103), sur vélin accompagnés de :
- 1 suite à l'eau-forte pure,
Expert Henri GODTS  www.GODTS.com
Hôtel de ventes HORTA
70/74 av. de roodebeek-laan
Bruxelles
Mardi 11 décembre 13 h 30.

samedi 1 décembre 2012

Journal du 1er décembre 1905

Suicide. On ne voit rien du tombeau, des horreurs de la mort, mais on a le désir infini de se mêler à la tristesse attirante des choses.

Poil de Carotte au Lucernaire

Du 28 novembre au 2 février, le théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e,  joue Poil de Carotte. Mise en scène de Michel Pilorgé et Jean-Philippe Ancelle. Avec Morgane Walther, Michel Pilorgé, Annie Monange ou Brigitte Aubry, Alexia Papineschi.
"François Lepic, surnommé Poil de Carotte, vit entre un père indifférent et une mère qu'il craint. Une crise couve depuis longtemps entre la mère et le fils.  Mais l'arrivée d'Annette, la nouvelle servante, va tout bouleverser.
Durée 1 h 10.