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vendredi 19 avril 2013

On aura tout lu, même du Thierry Clermont

Le journal intime a-t-il un avenir ?
Évoquer aujourd'hui le journal intime, c'est remonter une tradition littéraire que l'historiographie fait naître au début du XIXe siècle avec les écrits de Maine de Biran et de Benjamin Constant. c'est également pointer un vaste corpus d'où émergent les grands diaristes tels que Vigny, Stendhal, les Goncourt, Bloy, Gide, Claudel, Léautaud, Morand, Julien Green, Cocteau, Bauchau ou Calaferte (seize volumes de Carnets entre 1956 et 1994), sans oublier Matthieu Galey, l'excentrique Philippe Julian, ou la grande réfractaire des années folles, Mireille Havet, récemment exhumée.
(Thierry Clermont, tclermont@lefigaro.fr,  Le Figaro littéraire, jeudi 18 avril 2013, p. 2)

Comme tout le monde ne le sait pas, mais c'est l'occasion de l'apprendre, Jules Renard a, lui aussi, écrit un Journal. Il est même publié dans la Bibliothèque de la Pléiade.
T.J.

samedi 16 février 2013

Jules Renard vu par Han Ryner 3/3

Sur Jules Renard et sur Vigny
Suite d'hier.
Il a été de son vivant, mis en musique par Maurice Ravel, été illustré par Pierre Bonnard, Henri de Toulouse-Lautrec et quelques autres, et son théâtre a été joué par Antoine, Marthe Brandès, Jeanne Chéreil, Suzanne Desprès (Mme Lugné-Poe), Firmin Gémier, Jeanne Granier, Lucien Guitry, Marthe Mellot,  Henry Meyer, Cécile Sorel, et autres Signoret. De son vivant! Et cet ex-Carolingien (Ernest Raynaud était son condisciple au lycée Charlemagne où Renard, externe libre, a suivi les cours de réthorique) a connu aussi bien Jean Jaurès que Sarah Bernhardt. Le nom de tous ses interprètes, et celui de Danièle Davyle (Mme de Saint-Hilaire), la première a avoir lu des textes du futur auteur du Plaisir de rompre, ne sont assurément pas tous passés à la postérité, mais tout de même, Antoine, Desprès, Gémier, Guitry ou Sorel, cela n'en constitue pas moins une belle carte de visite.
Mais Jules Renard était né pour être aigri et il semble dans la logique des choses que son Journal soit, en bien des passages, aussi grinçant que Mes poisons de Sainte-Beuve. À ce sujet, Maurice Toesca, qui après les biographies de Jean Paulhan, George Sand, Alphonse de Lamartine, Alfred de Musset, et Alfred de Vigny, a publié chez Albin Michel un Jules Renard en 1977, écrit justement: "Dommage que Jules Renard n'ait pu prendre connaissance des Carnets de Sainte-Beuve! Il y aurait lu cette réflexion qui s'applique à tous les hommes de lettres de tous les temps: les littérateurs français font aujourd'hui avec leur esprit ce qu'autrefois les gentilshommes français faisaient avec dans les duels avec leur épée: il s'entre-tuent". Cependant ajoute Toesca, "Jules Renard n'est pas Sainte-Beuve, et c'est à son éloge: il ne blesse pas pour le plaisir de blesser; il n'y a pas de parti une fois pour toutes pris, comme Sainte-Beuve à l'endroit de Vigny par exemple". Que Maurice Toesca ne tienne pas Sainte-Beuve en très haute estime, nous le savions depuis quelques lustres déjà. Il a raison lorsqu'il déplore que Renard n'ait pas pu prendre connaissance des Poissons beuviens. Il s'en serait assurément délectés, en disciple qui s'ignorait. Je suis moins sûr que Toesca que son modèle ne blesse jamais pour le plaisir de blesser. Quitte à s'en repentir. Sainte-Beuve il est vrai ne se repentait pas du fiel qu'il dispensait[...]
(L'article se poursuit sur Vigny.)
(Han Ryner, Les Messages de Psychodore, n°53, novembre 1992)

mercredi 24 octobre 2012

À propos de Baudelaire

Mon cher Rivière,
Une grave maladie m'empêche malheureusement de vous donner, je ne dis même pas une étude, mais un simple article sur Baudelaire. Tenons-nous en faute de mieux à quelques petites remarques. Je le regrette d'autant plus que je tiens Baudelaire - avec Alfred de Vigny - pour le plus grand poète du XIXe siècle. 
Je ne veux pas dire par là que s'il fallait choisir le plus beau poème du XIXe siècle, c'est dans Baudelaire qu'on devrait le chercher. Je ne crois pas que dans toutes Les Fleurs du mal, dans ce livre sublime mais grimaçant, où la pitié ricane, où la débauche fait le signe de la croix, où le soin d'enseigner la plus profonde théologie est confié à Satan, on puisse trouver une pièce égale à Booz endormi. Un âge entier de l'histoire et de la géologie s'y développe avec une ampleur que rien ne contracte et n'arrête, depuis. 
La Terre encor mouillée et molle du Déluge
Jusqu'à Jésus-Christ:
En bas un roi chantait, en haut mourait un Dieu.
Ce grand poème biblique (comme eût dit Lucien de Rubempré: "Biblique, dit Fifine étonnée?") n'a rien de sèchement historique. Il est perpétuellement vivifié par la personnalité de Victor Hugo qui s'objective en Booz...
(Marcel Proust, Essais et articles, Après la guerre, La Pléiade, p. 619.)

mercredi 20 juin 2012

Journal d'un poète

J'ai deux sortes d'amis. Des amis tièdes et des amis hostiles [...]
Non, soyons justes, j'ai des amis de trois sortes:
Des amis qui m'aiment
Des amis qui me trompent
Des amis qui me détestent.
(Alfred de Vigny, Journal d'un poète, mars 1844.)