mardi 28 juin 2016

Journal du 28 juin 1897

En somme, cette mort a ajouté à mon orgueil.
Le 21 juin, à une heure, on sort le cercueil par le jardin pour que maman et ma soeur n'entendent rien.  Des gens attendent sur la route. La plupart ont l'immortelle rouge à la boutonnière. M. Hérisson est là. Je dis: 
- Nous vous remercions spécialement d'avoir bien voulu venir. 
Je sors dans la rue. Je crois que tout le monde me regarde, qu'après mon père c'est moi le plus important de la cérémonie, et qu'il faut faire une figure. Je la sens dure.
On s'ébranle. Les dix conseillers municipaux se relaient pour porter le cercueil. Contre son bois on entend, à chaque pas, battre les poignées de métal.
On passe devant la mairie et devant l'église. Le soleil nous chauffe la tête. Par toutes les routes il arrive du monde en retard.  Dans une voiture, le père Rigaud, maire de Marigny, âgé de 84 ans, et son fils qui  a l'air plus vieux que lui.
Le cimetière. la fosse est là, dans un coin, près de la route.

dimanche 26 juin 2016

Journal du 26 juin 1905

Lu quelques pages de Stendhal sur Bourges, Mémoires d'un touriste, tome I. Je finirai peut-être par rougir de mon ignorance. Stendhal m'amuse, mais pendant mon année de volontariat à Bourges, je n'ai pas regardé la cathédrale. Quant à l'hôtel de Jacques Cœur, bien des fois j'ai passé devant, au pas accéléré,  pour aller prendre le train de Paris. Je n'ai tout de même pas envie de refaire une année de service militaire. 
Stendhal dit qu'à son arrivée à Bourges il se sentit étouffé par le sentiment de petitesse bourgeoise. Je n'ai d'ailleurs pas senti ça non plus.

samedi 25 juin 2016

Journal du 25 juin 1905

Il y a un Dieu par système planétaire. Ils ont fini, dans l’éternité, par se mettre tous d'accord. Quelquefois, pourtant, ils se fâchent, et brisent des mondes.

vendredi 24 juin 2016

Journal du 24 juin 1907

Ragotte demande:
- Lave-t-on aujourd'hui, madame?
- Mais oui! c'est lundi.
- Oh! je ne dis pas ça pour moi. Moi, ça m'est égal, mais c'est la Saint-Jean.
- Ah! Eh bien!...
- Les domestiques loués entrent chez les maîtres.
- Ah?
- Personne, pas une femme ne va au canal, ce jour-là.
- Bon, bon. Vous ferez la lessive demain.
- Oh! si vous avez quelque chose à me faire laver...
- Demain, demain.
- Si vous avez quelque chose qui presse...
- Non, non.
- Oh! ce n'est pas pour moi. 
- Ce n'est pas pour moi non plus, Ragotte.
Et elle s'habille en noir. Elle ne fera rien. Elle sortira sur la route, tricotant une chaussette.

mercredi 22 juin 2016

mardi 21 juin 2016

samedi 18 juin 2016

Journal du 18 juin 1907

Le maréchal pose, tout seul, une barrière à un nouveau pré du comte. Il dit que le métier se perd parce qu'aujourd'hui on fabrique tout, même les fers à cheval. Il n'y a plus que la pose qui occupe le maréchal. 
Fier de pouvoir travailler en plein air, la poitrine nue.  Il rit comme un nègre. Sa femme lui apporte dans un panier la soupe du soir.  les journées sont si longues qu'il peut travailler à sa barrière jusqu'à huit heures.
Ils sont mariés depuis peu. Ils forment un couple vigoureux. Pourtant, elle a déjà l'ait triste. 
- C'est agréable, dis-je, d'avoir une petite femme qui vient vous voir comme ça pendant votre travail.
- N'est-ce pas, monsieur Renard?
- Vous avez bien fait de la prendre. Bonsoir, les amoureux.
Je m'imagine qu'il vont se coucher là, dans l'herbe, et se caresser après la soupe.
Je m'éloigne, mais comme je marche lentement, une femme me dépasse: c'est la jeune mariée. Elle n'est pas restée près de lui. Elle a laissé le panier. On dit que ses parents l'ont forcée à ce mariage et qu'elle aurait mieux aimé en épouser un autre.

vendredi 17 juin 2016

Journal du 17 juin 1905

A Paris. On reçoit des compliments.
- Oh! vous avez assez de talent pour vous permettre de ne pas aimer la musique.

mercredi 15 juin 2016

Journal du 15 juin 1906

Philippe fauche le foin, mais il ne peut pas me dire le nom des herbes. Comme le pré est en pente, il a un sabot au pied gauche et une savate au pied droit, pour ne pas glisser. A l'entrée du pré, le gilet, le marteau et l'enclume pour redresser la faux avant de l'aiguiser. Les deux traces des pieds dans l'herbe.

mardi 14 juin 2016

Journal du 9 juin 1902

Opéra. La Walkyrie. C'est l'ennui, le carton et la niaiserie du feu de Bengale: un Quatorze juillet à Chaumot. Pas une minute d'émotion, de vraie beauté. Seule, la chevauchée - les Montagnes Russes - dans l'orage, m'amuse. Et ils sont avares.
Que puis-je penser d'une œuvre qui ne touche pas un homme sensible de trente-huit ans? C'est bien la peine de passer sa vie à chercher des impressions vraies, à exprimer des sentiments qui aient le goût de la vérité, avec des mots exacts,  si le bric-à-brac poétique est de la beauté! Ce qui est beau, ridiculement beau, c'est l'Opéra. C'est officiel, ministériel. C'est une espèce de grand café où se donnent rendez-bous les décolletages et les diamants, et des sourds qui veulent faire croire qu'ils entendent.
Un vieux monsieur se plaint qu'on fasse trop de bruit dans les coulisses - on arrête l'orage - et, deux minutes après, il s'endort. C'était donc pour ça! je ne connais rien de plus lâche, de plus dégradant, que ce snobisme.
Ah! vous pouvez, Delmas - oh! cette petite bouche, et cette mèche de cheveux dans l’œil gauche! - Bréval, belle dans votre armure de poisson comme un beau poisson d’argent, vous pouvez chanter: les lorgnettes ne vous regardent pas.
D'ailleurs, on triche. On ne vient qu'au 2e acte, et même qu'au dernier.  Pourquoi si c'est beau? Et puis, ça fait mal aux oreilles. L'un d'eux, qui doit relever d'une otite, a une bande de taffetas sur l'oreille.
- Il a pris ses précautions, dit Guitry, mais il a tort:  ce qui lui entrera par une oreille ne peut sortir par l'autre.
Et que de mollets dès l'entrée! Tous ces larbins qui nous feraient croire que c'est le palais des dieux! Et jamais un contribuable ne se lève pour dire: "Rendez-moi mon argent!"

lundi 13 juin 2016

Journal du 13 juin 1890

Quand je fais une plaisanterie, je regarde la bonne du coin de l’œil, pour voir si elle rit.

samedi 11 juin 2016

Journal du 11 juin 1904

Je ne reçois à la mairie que des prospectus de feux d'artifice. Ils croient donc que nous sommes toujours en fête?

vendredi 10 juin 2016

Journal du 10 juin 1893

C'était un peintre original qui, malgré ses succès, n'avait jamais voulu se faire payer sa peinture plus de 0 fr. 75 l'heure, prix que demande un bon ouvrier.

jeudi 9 juin 2016

mercredi 8 juin 2016

Journal du 8 juin 1904

A Paris, je leur raconte mes histoires d'élections et de mairie:
- Oh! à ce point-là? Et moi qui croyais que tu allais nous faire rire!

mardi 7 juin 2016

Journal du 7 juin 1890

Peut-être qu'un jour on verra la mer sillonnée de routes et les pauvres pêcheurs d'ici, devenus bourgeois et presque amateurs, pêcher en veston de molleton bleu, en pantoufles, et au gaz.

lundi 6 juin 2016

samedi 4 juin 2016

Journal du 4 juin 1895

Tristan Bernard. Son premier soin, en arrivant à l'hôtel, est de demander s'il y a une dépêche pour lui, quoique personne ne sache son adresse. A table, il fait venir un de ces petits commissionnaires belges qui ont des blouses blanches de maçon, et lui donne un mot: "Prière de remettre au porteur toutes les dépêches et lettres adressées à M. Paul Bernard."
- Vous attendez quelque chose?
- Moi? Rien.
Il s'achète une éponge et une petite terrine à fond vert pour se laver la barbe et le reste, et il finit par se laver dans la cuvette de l'hôtel.
Nous cherchons des ressemblances, et nous avons déjà trouvé le père de Paul Hervieu, quand je dis:
- Tiens? sur l'autre trottoir, Alphonse Allais.
Et Alphonse Allais lui-même se retourne et lève les bras au ciel. Il nous invite à déjeuner. Comme le le garçon lui offre des pommes nouvelles:
- Il n'y a rien de nouveu sous le soleil, dit Allais.
Les demis de bière, on les appelle des gendarmes.
Léon Hamelle a déjà mangé un homard, plusieurs tranches de rosbif ; il demande des oeufs durs au garçon qui revient en disant:
- Monsieur, le buffet froid est fermé, et le chef est parti.
La nuit, et le matin de bonne heure, dans les rues, attelages de chiens qui font croire qu'un peuple de nains prend possession de la cité, vit et travaille pendant que dort la race des géants.
Bruxelles, c'est une capitale de province. Les bicyclettes y ont encore des trompes.

vendredi 3 juin 2016

Journal du 3 juin 1890

Le Curé de village de Balzac, un livre où une femme criminelle se réhabilite par l'agriculture!

mercredi 1 juin 2016