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mercredi 4 mars 2015

Journal du 4 mars 1909

Dîner Goncourt. Bourges, Hennique, Geffroy, Rosny et moi.
Rosny, qui traite Hugo de crétin de génie, de monumental imbécile, tâche de m'expliquer ce que c'est qu'un penseur, la valeur d'un jeu de pensée: Kant, Bergson, Poincaré. Mais je persiste à lui dire que, dans un beau vers de Victor Hugo, il y a plus de pensées que dans tel livre de métaphysique.

mercredi 22 janvier 2014

A l'académie Goncourt

L'Académie Goncourt a élu le successeur de J-F Huysmans, c'est notre collaborateur Jules Renard qui après quatre tours de scrutin a obtenu 5 voix contre 2 à M. Céard et 2 à M. Victor Marguerite.
Les parrains de l'élu étaient MM. Mirbeau et Descaves.
Jules Renard a 43 ans. Son enfance et sa jeunesse s'écoulèrent à Nevers (sic) et c'est au lycée de cette ville qu'il fit ses études. Il débuta il y a une vingtaine d'années par une plaquette de vers, Les Roses, et fut l'un des fondateurs du Mercure de France.
Son roman L'Ecornifleur lui valut bientôt une juste réputation. Les Recueils de Notations minutieuses qui suivirent sont déjà classiques...
(Le Coq, n° 10, novembre 1907.)

dimanche 19 mai 2013

Journal du 19 mai 1908

Le Ruy-Blas m'arrive ouvert à la page où il est dit que trois membres seulement de l'Académie Goncourt assistaient au bout de l'an de Huysmans. C'est Stock, parait-il, qui a de ces petites délicates attentions.

samedi 4 mai 2013

Journal du 4 mai 1909

Dîner Goncourt. Le Conseil d'État va statuer. Il est presque sûr que nous aurons nos 4000 francs.
Bourges n'est pas là, Daudet non plus. Mirbeau se fait excuser par sa femme. Je ne suis pas fichu de retrouver le nom de l'autre qui manque. Ah! Marguerite. On est sévère pour son attitude. Rosny jeune donne comme excuse une vieille maladie de coeur. 
Idée de Descaves et de Geffroy de publier, en volume, des choses inédites de Vallès avec ce sous-titre: "Éditions de l'Académie Goncourt." Ce ne serait certainement pas une mauvaise affaire. Adopté.
Idée de nous présenter tous en bloc au prix Nobel, chacun avec notre meilleur livre. C'est l'Académie française qui propose les candidats: pourquoi pas nous?
Idée de demander à Barthou le demi-tarif pour les membres de l'Académie Goncourt. On voudrait me déléguer; je me dérobe à cause de mon caractère officiel de maire.
Les deux Rosny savent leur géographie. L'aîné, me demandant où se trouve mon pays, ajoute qu'il est sur un canal qui passe un peu plus loin sous des tunnels. Il est homéopathe, me conseille de boire de l'eau chaude le matin. Lui-même en boit quelques gorgées à tous ses repas. 
Soirée charmante. Ils admirent Hugo, mais tout autant Balzac, ou Dickens, ou Michelet.

dimanche 10 mars 2013

Journal du 10 mars 1906

Académie Goncourt. Oui, j'accepte, si je ne suis pas forcé de dire à tous mes collègues qu'ils ont du talent.

mercredi 23 janvier 2013

Sur Jules Renard 2/2

Suite d'hier.
Depuis deux ans Jules Renard faisait partie de l'Académie Goncourt où il avait pris la place laissée vacante par la mort de J.K. Huysmans.
Jules Renard était un excellent confrère, serviable, loyal, d'un esprit bref et délicieux. Il sera vivement regretté.
Les obsèques
Paris 23 mai - La levée du corps de M. Jules Renard a été faite cet après-midi à 3 heures, 44 rue du Rocher. 
De nombreuses personnalités appartenant au monde de la politique, des lettres et du théâtre assistaient à cette cérémonie.
Reconnus au hasard, MM. Buer, représentant le président du conseil; Jean Jaurès, Georges Lecomte, président de la Société des gens de lettres; Victor et Paul Marguerite, J.-H. Rosny, Jules Claretie, administrateur de la Comédie-Française; Octave Mirbeau, Henri de Régnier, M. et Mme Edmond Rostand, Léon Barthou, Peyrebrune, secrétaire-adjoint de l'association des journalistes départementaux; Lucien Descaves, Léon Daudet, Léon Diertz, la rédaction du Mercure de France ayant à sa tête le directeur M. Vallette! MM. Antoine, directeur de l'Odéon; Lucien Guitry, Maurice Leblond, littérateur; le sous-préfet de Clamecy, etc, etc. 
Le corps de M. Jules Renard a été transporté à la gare de Lyon pour être conduit à Chitry-les-Mines (Nièvre) dont le défunt était maire.
(Paris-Centre, (Nevers) non signé, mardi 24 mai 1910.)

dimanche 6 janvier 2013

Jules Renard vu par Paris-Centre 2/2

Suite d'hier.
M. Renard comptait des amis dans la Nièvre qui l'admiraient sur commande.
Il s'est montré tel qu'il était comme penseur (?), comme homme de lettres et comme citoyen dans le discours prononcé par lui, l'an dernier, à la distribution des prix du lycée de Nevers. Paris-Centre a apprécié son allocution. Ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux. 
Cependant, ses Histoires naturelles sont remarquables comme notes d'un observateur qui sait parler sa langue et trouver le mot juste.
On oubliera l'homme politique nivernais dont l'ironie eut pu être tournée avec plus d'à-propos contre ses propres amis, le membre de l'Académie Goncourt, le chevalier de la légion d'honneur fait par M. Combes. Il ne restera de lui que quelques pages insérables dans un recueil de morceaux choisis, à cause du talent de l'écrivain, de la vérité déployée par le peintre. 
D'idées, il n'en a eu que de mauvaises ou de niaises et ses amis qui ne tarissaient pas sur son immense talent seront les premiers à l'oublier. Les lettrés seulement se souviendront qu'il écrivit bien.
(Non signé, Paris-Centre (Nevers), 25 mai 1910.)

jeudi 13 décembre 2012

Jules Renard vu par Lucien Descaves 2/2

Suite d'hier.
Le dîner de janvier 1910 fut le dernier auquel participa Jules Renard. Il avait vendu "la Gloriette", (1) sa maison de Chaumot, dans la Nièvre, où sa mère était morte l'année précédente. (En fait, Jules Renard avait rendu la maison dont il était locataire.) La santé de Jules Renard était devenu inquiétante et j'avais accompagné chez lui le docteur Crépel, mon beau-frère. Il ne parut pas plus inquiet qu'un de ses confrères, consulté précédemment. Ni l'un ni l'autre n'avaient diagnostiqué l'artério-sclérose à laquelle le malade succomba trois mois après. A ce dernier dîner Goncourt, Renard avait approuvé l'intention de Geffroy et la mienne, de publier les inédits de Vallès, aux frais de l'Académie Goncourt. C'était sa réponse au badinage de Léon Daudet qui appelait Jules Renard Poil de Vallès, en souvenir de Jacques Vingtras enfant. Autant en emporte le vent...
Vers 1901, alors que je passais mes vacances à Gérardmer, je me rendis à Bussang avec ma femme pour assister à une représentation de Poil de Carotte, au théâtre de Bussang. J'y retrouvai Jules Renard et Maurice Pottecher, fondateur et animateur de ce théâtre. Maurice Pottecher devint aussitôt mon ami et je fus heureux, une quinzaine d'années plus tard, lorsque le hasard le fit habiter rue de la Santé, à deux pas de chez moi. Ce voisinage nous permit de fortifier une affection que le temps ni l'éloignement de Paris n'ont diminuée.
La version que Jules Renard donne de la mort de sa mère dans son Journal, m'apparaît aussi incertaine qu'à Antoine notre ami commun. Celui-ci reçut un jour une lettre de Renard, terminée par ce post-scriptum: "La vieille a encore fait des siennes;  elle s'est f... dans le puits." j'en aurais douté si Antoine ne m'avait dit: - Je voulais t'offrir une lettre de Jules Renard, mais elle a disparu avec toute ma correspondance lors de mon dernier déménagement, quand j'ai quitté Paris. Cette lettre n'avait d'ailleurs d'intéressant que le post-scriptum.
Et il m'en répéta les termes qu'il savait par cœur.
Renard laisse planer le doute sur la mort de sa mère: accident ou suicide. Il ne s'apparentait à Jules Vallès, si féroce pour ses parents, que pour amplifier. Je me suis souvent demandé si, possédant cette lettre de Jules Renard, je ne l'aurais pas brûlée; décision que ne prendra jamais l'amateur d'autographes qui l'aura achetée. L'obsession peut très bien avoir conduit Poil de Vallès à exagérer.
(1)  La "Gloriette" ne lui appartenant pas, il avait seulement cesser la location.
Fin
(Lucien Descaves, Mémoires d'un ours, p. 237)

mercredi 12 décembre 2012

Jules Renard vu par Lucien Descaves 1/2

Heureux de l'élection de Jules Renard (à l'Académie Goncourt), nous eûmes hâte de la lui annoncer. Par malchance, il n'était pas chez lui, rue du Rocher; il dînait avec sa femme chez Marthe Brandès et ce ne fut qu'à minuit, à leur retour, qu'il trouva notre carte de visite avec ces seuls mots: "Cette fois, vous l'êtes!"
En réalité il fut très sensible à son élection.
Son Journal intime et ses Sourires pincés qui lui étaient bien personnels et qu'il essayait dans la glace avant de les traduire en prose, portent la trace d'un évènement qui lui tenait à cœur. Quand il se montre aimable et reconnaissant, c'est parce qu'il ne peut faire autrement. Il a recueilli tous les échos de son succès et s'en amuse. Il a ruminé ce qu'il appelle des mots de théâtre, compté les voix qui lui semblent assurées, celles qu'il n'a pas et qu'il aura. On dirait qu'il procède  à des réussites. Au fond, il ne pense qu'à cela... Et c'est l'histoire de presque toutes les élections. 
"La réclame de cette histoire m'amuse", avoue-t-il. Et de conclure gentiment: "l'Académie me paraît malade; ça a l'air d'une maison de retraite pour vieux amis. La littérature s'en désintéresse. " nommé, il nous remercie du bout des lèvres et de la plume et s'empresse de noter, sans changer de gamme: " Je proposerai une augmentation de traitement. Il faudrait maintenant acquérir une juste obscurité."
Le souvenir de Huysmans le préoccupe: "Je suis moins tranquille en ce qui le concerne. Je sens tout le poids de cette lourde succession. J’imagine la figure géométrique, pointue pour de bon, que feraient les traits de son visage. Il me regarderait avec bienveillance, mais aussi avec son sourire énigmatique."
Puis, il se demande s'il ne devrait pas envoyer toute cette Académie à la balançoire... A quoi il répond: -Oui si j'étais riche.
Or, sans être riche, son aisance pouvait lui permettre ce luxe.
Suite demain.
(Lucien Descaves, Mémoires d'un ours, p. 235)

lundi 26 novembre 2012

Journal du 26 novembre 1908

Dîner Goncourt. D'abord, tout va bien pour Viollis. Puis on passe à Miomandre, le candidat de Bourges. 
Seul, Hennique me parle de Ragotte, qu'il aime. Les autres ont reçu le livre.
On demande:
- Pourquoi Marguerite ne vient-il pas? 
- Il a honte, dit Bourges.
Je demande s'il faut être discret, et jusqu'à quel point, à propos de l'Académie Goncourt. Seul, Léon Daudet me dit qu'il faut tout dire. Il n'y a que la vérité qui compte.
Rosny aîné a seul le courage de trouver bien Barbusse.
Geoffroy et Daudet voudraient bien lire mes notes.
- Vous avez trop de pudeur, dit Geoffroy. 
On parle antimilitaristes. Mon avis est que tout le monde l'est en temps de paix, et qu'en temps de guerre personne, ou presque, ne le serait.

vendredi 16 novembre 2012

Jules Renard vu par Léon Daudet 2/2

Suite d'hier.
Celui qui le tira de la gêne fut Lucien Guitry, aidé de sa belle amie Marthe Brandès. Ils lui firent mettre au théâtre, ce petit chef d-œuvre à la Vallès, Poil de Carotte et s'ingénièrent à lui rendre moins âpre sa vie littéraire, où il se comportait comme un enfant. Quel être délicieux, ce Guitry, et quel malheur qu'il soit parti si tôt, laissant d'ailleurs ce fils incomparable, notre Calderon, comme cela ce saura plus tard!
Guitry avait adopté Rostand, qui, lui, était prétentieux et assommant - "immangeable", disait Capus - , et Renard, privé de succès, vivait ainsi dans la compagnie de l'auteur neurasthénique de Cyrano, dont il n'aimait guère la grande habileté dramatique, sans poésie. J'ai oublié de dire que Renard était fanatique de Victor Hugo et ne supportait pas, à son sujet, la moindre restriction. En outre,  Renard ne voulait pas qu'on put attribuer au triomphe à mille cymbales de Rostand, le peu de goût qu'il avait au fond pour ses œuvres, et il se forçait à en faire l'éloge, ce qui était bien amusant.
Puis, de temps en temps, dans l'intimité, il se débondait tout à coup. S'il s'agissait de Rostand, par hasard, au Goncourt, Huysmans, de sa bouche amère et fertile en jugements abrupts, laissait tomber sa formule habituelle : "Ah! c'est un bien déconcertant salaud!" Mirbeau, en se rongeant les ongles, acquiesçait. Barrès n'avait pas plus de goût pour Renard que Renard n'en avait pour Barrès. Barrès disait de Renard: "C'est un jardinier." et me demandait quand nous dînions ensemble de ne pas le mettre à côté de lui: "Il me donnerait des coup de pied sous la table."
Chose curieuse, Renard, à l'académie Goncourt passa à peu près inaperçu. Il arrivait, jaune et creusé, s'asseyait, tirait de sa poche une liste de candidats possibles, la lisait. On ne lui prêtait aucune attention. Alors il repliait son papelard, avec une certaine humeur, serrait quelques mains, puis s'en allait, le front en avant, comme un santon de la nuit de Noël. Il était sans communication avec son prochain et d'accord avec des fourmis qui, d’après lui, étaient toujours 3333. C'était un grand qualitatif borné et comme étouffé par les qualitatifs de notre époque. Je pense, avec tendresse, à lui bien souvent.
(Léon Daudet, Action française, 20 décembre 1938.)

jeudi 15 novembre 2012

Jules Renard vu par Léon Daudet 1/2

Mme Jules Renard, femme charmante, délicate, et adorée de son difficile époux, a-t-elle eu raison de détruire quelques passages acerbes des Mémoires de son mari? Certainement oui et loin d'être une "veuve abusive", comme dit de Monzie dans son beau livre, elle a été, en cela, une veuve prévoyante et prudente. En effet, l'auteur de Poil de Carotte était un écrivain d'humeur - j'ajouterai d'humeur massacrante - et quand il s'irritait  contre l'un ou l'autre, c'était en traits de feu. Puis il le regrettait. 
Je l'ai beaucoup connu et fréquenté à ses débuts, car il était fort amusant, se fichait du tiers et du quart et était animé de deux passions: l'encre et l'épée. J'allais le prendre chez lui, rue du Rocher, où il habitait avec les siens, une petite boite à mouches. Nous allions faire des armes ensemble et nous revenions boire, en devisant, un verre ou deux d'un vin blanc exquis et frais, de son patelin. Par la suite, il fut des nôtres à l'Académie Goncourt et je le vois toujours, avec sa tête flambante et cabossée à la Rochefort, donnant son avis sur tous les candidats. Il avait horreur de Mirbeau, dont il a fait un portrait atroce dans son  "Journal", que Mme Renard n'a pas déchiré. 
Il était passionnément républicain, avec des arguments à la Homais et il me disait: " Je voudrais pouvoir vous détester. Mais cela m'est difficile". Je lui répondais: "Je m'en fiche et je vous aime bien". C'était vrai. Ce fut un de nos bons écrivains, un homme de métier, loyal et griffu. Il faisait du grand avec du petit. Il accueillait, comme Mirbeau, avec facilité les ragots, les choses qu'un homme digne de ce nom n'écoute pas. Je n'y ai jamais prêté mes oreilles.
Suite demain.
(Léon Daudet, Action française, 20 décembre 1938.)

mardi 5 juin 2012

À l'Académie Goncourt, qui succédera à Jules Renard ? 2/2

L'élu sera il est probable, M. Victor Marguerite. S'il se présente, il a toutes les chances , semble-t-il, qui assurent la victoire. Il manqua l'emporter, il y a trois ans, sur Jules Renard. Il compte enfin beaucoup d'amitiés au sein de l'Académie Goncourt.
On ne saurait dire que l'art de M. Victor Marguerite s'apparente à celui de Jules Renard. Leur technique n'est certes pas, de la même souplesse et de la même et de la même étendue. M. Victor Marguerite s'affirme comme l'un des meilleurs continuateurs d'Émile Zola, dans des romans copieux, abondants, bourrés de notes  et de faits, surchargés de description, de portraits et de scènes dramatiques, écrits dans une langue rapide, nerveuse, entraînante, imagée. Il est pourrait-on dire, l'un des derniers naturalistes, en qui survivent la foi, les procédés et les théories de l'école de Médan. Enfin, à côté d'un romancier ardent et fécond, il y a, en M. Victor Marguerite, un polémiste virulent, qui sait gagner à lui toutes les convictions, un défenseur, né de toutes les bonnes causes et de toutes les idées généreuses. 
On parle aussi du grand poète Léon Dierx, pour succéder au grand prosateur Jules Renard. Certes, l'Académie Goncourt s'honorerait en choisissant, entre tous, l'un de ceux qui ont tiré du vers parnassien, les plus purs accents.  Il serait peut-être temps  de donner au beau vieillard modeste la place qui lui est due. Sans doute, les règlements de l'Académie Goncourt ne permettront pas cette consécration tardive.
Il serait bien, enfin, que l'attention des académiciens se portât sur M. Léon Frapié, historiographe attendri du petit monde de la maternelle. Il emporta l'un des prix les mieux justifiés de  l'Académie. Il a gardé le secret de l'écriture goncourtiste, mouvante, trépidante, colorée. La Maternelle, M'ame Préciat, Les Contes de la Maternelle sont des livres de tout premier ordre.
M. Léon Frapié, de l'Académie Goncourt, cela serait très bien.
(Louis Handler, Comoedia, 30 mai 1910).
Nota: comme on le sait, Jules Renard fut remplacé par l'écrivain Judith Gauthier. T.J.

lundi 4 juin 2012

À l'Académie Goncourt, qui succèdera à Jules Renard? 1/2

On pense déjà à donner un successeur à Jules Renard, à l'Académie Goncourt.  Comme il les connaissait bien ses chers confrères, le bon écrivain aux sourires pincés!  À peine a-t-on descendu son corps dans la fosse que, déjà, dix concurrents intriguent pour obtenir la "suite" du maître de Poil de Carotte et de Ragotte. Car il ne s'agit point, cette fois, d'une "chaise" quelconque à l'Académie Goncourt: il va falloir trouver un égal à J.K. Huysmans et à Jules Renard. On cherchera longtemps.
Il faut bien le dire: la mort de Jules Renard est une perte irréparable pour l'Académie Goncourt. On ne voit point, parmi les candidats proposés, quelqu'un qui puisse lui succéder dignement. Ce petit jeu des intrigues littéraires servira, au moins, à prouver l'exceptionnelle valeur de Jules Renard. Rien ne se perd, même dans le monde des idées...et des vanités.
Je ne sais rien d'amusant comme de considérer la variété de tous ces candidats. On parle à la fois de Mme Tinayre, qui écrit des romans solides et platoniques, de M. René de Boylesve, écrivain subtil et bon prosateur de France, de M. Pierre Mille, remarquable disciple de Maupassant et d'Anatole France, de M. Jean Ajalbert, conservateur de la Malmaison de M. Rémy de Gourmont, toute sagesse et toute science, sage égaré dans une époque de fous, de M. André Gide, à la dialectique louvoyante et perfide, de M. André Suarès, un des plus grands poètes de la prose française et qui sait l'art de penser harmonieusement.
Suite demain
(Louis Handler, Comoedia, 30 mai 1910).

samedi 10 mars 2012

Journal du 10 mars 1906

Académie Goncourt. Oui, j'accepte, si je ne suis pas forcé de dire à tous mes collègues qu'ils ont du talent.