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mercredi 24 juin 2015

Journal du 24 juin 1900

A l'exposition de la Grande-Bretagne, Guitry me montre des Reynolds, je crois. Pas besoin de m'expliquer: c'est beau jusqu'au fond de notre coeur. C'est de la peinture d'amant. Enfants, petites filles, femmes, nous laissent la tristesse de n’être pas aimés d'eux. 
-Et puis, dit Guitry, c'est fait avec rien. A travers la peinture on voit le grain de la toile.
- Oh! ça, je m'en fiche.
Aux machines, halte joyeuse. Il y a des danseuses cocasses, des rageuses, des voluptueuses, des pistons qui jouissent. Huysmans en ferait tout un livre.

dimanche 31 mai 2015

Journal du 31 mai 1908

J'ai visité l’abbaye de Valoires et la chartreuse de Neuville. C'est tout ce que je peux faire pour Huysmans. 
A Abbeville, sur le ponr:
-Qu'est-ce que c'est que çà? dis-je.
- De l'eau, répond Descaves.
On me présente un peintre, un sculpteur, un architecte, dont, les saluts échangés, je ne sais déjà plus les noms.
Descaves me montre une dictée de son fils. C'est du Jules Renard: la Louée. Le petit Descaves dit: "Oh! du Jules Renard, ce n'est pas difficile: personne ne fait de fautes." 
Abbeville, le matin: un jolie jardin autour du musée, une place qui doit être terrible par une après-midi d'août, des cloches qui exagèrent et qui ont l'air de jouer une polka. Ces messieurs parlent des vieilles maisons en connaisseurs.

jeudi 7 mai 2015

Actualité littéraire

J.-K. Huysmans revient grâce à Houellebecq.
Réédition. Remis au goût du jour par Michel Houellebecq dans Soumission le romancier catholique Joris-Karl Huysmans (1848-1907) fait l'objet d'un nouvelle ferveur éditoriale, largement méritée. Les Éditions des Équateurs viennent de rééditer son troisième roman, particulièrement noir, et paru en 1881: En ménage. Un livre, selon Michel Houellebecq, "où jamais peut-être le bonheur tiède des vieux couples n'avait été exprimé avec une telle douceur". Pour leur part, les Éditions Bartillat ont rassemblé en un seul volume les quatre romans du cycle de Durtal: Là-bas, En route, La Cathédrale, l'Oblat. Une tétralogie mettant en scène Durtal, double de Huysmans lui-même, qui mène une enquête approfondie sur les milieux sataniques de la fin du XIXe siècle. Le volume fort de quelque 1300 pages, reprend la préface écrite par Paul Valéry en 1898. Enfin, en juin, L'Herne présentera une édition des textes de Huysmans sur les différents  quartiers de Paris.
(Thierry Clermont, Le Figaro littéraire, jeudi 30 avril 2015, p. 6.)

samedi 21 mars 2015

Journal du 21 mars 1890

Dit, hier soir, entre autres bêtises:
- La synthèse du naturalisme n'a pas été faite. Nous sommes à une époque de transition, et nous marchons au mysticisme et au socialisme.La Bruyère n'est pas une littérature, mais pourquoi? Si le roman avait eu de son temps la vogue qu'il a de nos jours, La Bruyère aurait mis ses Caractères en roman. Quel est l'homme  qui viendra recréer un monde? On comptait sur Rosny. Rosny  s'est et nous a trompé. Qui laissera une œuvre? On relira Madame Bovary, peut-être, et quelque chose de Balzac, mais quoi?
Du Plessys: La philosophie de Ghil? Mais Ghil confond Haeckel  et Hegel.
Vallette: Rachilde ne fait pas de pornographie. Ses livres manquent de phosphore. Elle ne fait pas titiller. Mendès ne fait pas titiller.
- Et vous, Rachilde, vous faites du sadisme, de la cruauté en amour.
Du Plessys: Raynaud est un enfant.
Marius André: Vous aimez le joli, moi, j'aime le grand. je suis encore un romantique. Ainsi, Péladan fait grand.  J'ai pris deux fois le cordon de sa sonnette sans oser le tirer. J'ai relu dix fois Monsieur de la Nouveauté. 
Rachilde: oh! Oh!
Vallette: Quand vous serez à la centième, vous nous payerez à dîner.
Rachilde: Samain doit avoir des coins redoutables. 
Vallette: Je vous connais par deux coins, vous, Renard...
J'avais peur de Barbey d'Aurevilly, à cause de Brummel, de Huysmans avec lequel j'ai passé une soirée en me demandant tout le temps: Se moque-t-il de moi? Mais je considère François Coppée comme un copain.

mercredi 7 janvier 2015

Houellebecq, Huysmans et Jules Renard

L'un des héros du nouveau roman de Houellebecq, Soumission, est Joris-Karl Huysmans. Rendons hommage à Huysmans d'avoir eu la bonne idée de mourir en 1907 permettant à Jules Renard d'avoir son couvert à l'Académie Goncourt.

mercredi 22 janvier 2014

A l'académie Goncourt

L'Académie Goncourt a élu le successeur de J-F Huysmans, c'est notre collaborateur Jules Renard qui après quatre tours de scrutin a obtenu 5 voix contre 2 à M. Céard et 2 à M. Victor Marguerite.
Les parrains de l'élu étaient MM. Mirbeau et Descaves.
Jules Renard a 43 ans. Son enfance et sa jeunesse s'écoulèrent à Nevers (sic) et c'est au lycée de cette ville qu'il fit ses études. Il débuta il y a une vingtaine d'années par une plaquette de vers, Les Roses, et fut l'un des fondateurs du Mercure de France.
Son roman L'Ecornifleur lui valut bientôt une juste réputation. Les Recueils de Notations minutieuses qui suivirent sont déjà classiques...
(Le Coq, n° 10, novembre 1907.)

dimanche 19 mai 2013

Journal du 19 mai 1908

Le Ruy-Blas m'arrive ouvert à la page où il est dit que trois membres seulement de l'Académie Goncourt assistaient au bout de l'an de Huysmans. C'est Stock, parait-il, qui a de ces petites délicates attentions.

vendredi 22 février 2013

Actualité littéraire

 La cartographie littéraire de la France

Un site internet consacré aux régions de France vues par les écrivains vient d'ouvrir. C'est la librairie strasbourgeoise Ivres de Livres qui est à l'origine du projet. Une carte de France est proposée sur laquelle il suffit de cliquer pour lire l'extrait d'un roman ou d'un poème qui évoque une province, une ville, un paysage. 
La carte offre ainsi une promenade dans l'Hexagone au rythme des lettres. Car les écrivains sont attachés à leur terroir qui leur inspire souvent de très belles pages. 
En quelques clics, on flâne sur les grands boulevards de Paris avec Zola et Huysmans, et on déambule sous les pins du Midi de Pagnol et Daudet.  On apprend par exemple que l'auteur des Lettres de mon moulin a décrit les côtes bretonnes. 
La carte de France est interactive et s'enrichit chaque jour de nouveaux extraits. Les internautes sont invités à étoffer la cartographie littéraire en envoyant les textes de grands auteurs sur leur ville.
Pour la balade, rendez-vous sur www.cartographie-littéraire.net.
(Pierre Adrian, Le Figaro littéraire, jeudi 21 février 2013.)

mercredi 23 janvier 2013

Sur Jules Renard 2/2

Suite d'hier.
Depuis deux ans Jules Renard faisait partie de l'Académie Goncourt où il avait pris la place laissée vacante par la mort de J.K. Huysmans.
Jules Renard était un excellent confrère, serviable, loyal, d'un esprit bref et délicieux. Il sera vivement regretté.
Les obsèques
Paris 23 mai - La levée du corps de M. Jules Renard a été faite cet après-midi à 3 heures, 44 rue du Rocher. 
De nombreuses personnalités appartenant au monde de la politique, des lettres et du théâtre assistaient à cette cérémonie.
Reconnus au hasard, MM. Buer, représentant le président du conseil; Jean Jaurès, Georges Lecomte, président de la Société des gens de lettres; Victor et Paul Marguerite, J.-H. Rosny, Jules Claretie, administrateur de la Comédie-Française; Octave Mirbeau, Henri de Régnier, M. et Mme Edmond Rostand, Léon Barthou, Peyrebrune, secrétaire-adjoint de l'association des journalistes départementaux; Lucien Descaves, Léon Daudet, Léon Diertz, la rédaction du Mercure de France ayant à sa tête le directeur M. Vallette! MM. Antoine, directeur de l'Odéon; Lucien Guitry, Maurice Leblond, littérateur; le sous-préfet de Clamecy, etc, etc. 
Le corps de M. Jules Renard a été transporté à la gare de Lyon pour être conduit à Chitry-les-Mines (Nièvre) dont le défunt était maire.
(Paris-Centre, (Nevers) non signé, mardi 24 mai 1910.)

mercredi 12 décembre 2012

Jules Renard vu par Lucien Descaves 1/2

Heureux de l'élection de Jules Renard (à l'Académie Goncourt), nous eûmes hâte de la lui annoncer. Par malchance, il n'était pas chez lui, rue du Rocher; il dînait avec sa femme chez Marthe Brandès et ce ne fut qu'à minuit, à leur retour, qu'il trouva notre carte de visite avec ces seuls mots: "Cette fois, vous l'êtes!"
En réalité il fut très sensible à son élection.
Son Journal intime et ses Sourires pincés qui lui étaient bien personnels et qu'il essayait dans la glace avant de les traduire en prose, portent la trace d'un évènement qui lui tenait à cœur. Quand il se montre aimable et reconnaissant, c'est parce qu'il ne peut faire autrement. Il a recueilli tous les échos de son succès et s'en amuse. Il a ruminé ce qu'il appelle des mots de théâtre, compté les voix qui lui semblent assurées, celles qu'il n'a pas et qu'il aura. On dirait qu'il procède  à des réussites. Au fond, il ne pense qu'à cela... Et c'est l'histoire de presque toutes les élections. 
"La réclame de cette histoire m'amuse", avoue-t-il. Et de conclure gentiment: "l'Académie me paraît malade; ça a l'air d'une maison de retraite pour vieux amis. La littérature s'en désintéresse. " nommé, il nous remercie du bout des lèvres et de la plume et s'empresse de noter, sans changer de gamme: " Je proposerai une augmentation de traitement. Il faudrait maintenant acquérir une juste obscurité."
Le souvenir de Huysmans le préoccupe: "Je suis moins tranquille en ce qui le concerne. Je sens tout le poids de cette lourde succession. J’imagine la figure géométrique, pointue pour de bon, que feraient les traits de son visage. Il me regarderait avec bienveillance, mais aussi avec son sourire énigmatique."
Puis, il se demande s'il ne devrait pas envoyer toute cette Académie à la balançoire... A quoi il répond: -Oui si j'étais riche.
Or, sans être riche, son aisance pouvait lui permettre ce luxe.
Suite demain.
(Lucien Descaves, Mémoires d'un ours, p. 235)

vendredi 16 novembre 2012

Jules Renard vu par Léon Daudet 2/2

Suite d'hier.
Celui qui le tira de la gêne fut Lucien Guitry, aidé de sa belle amie Marthe Brandès. Ils lui firent mettre au théâtre, ce petit chef d-œuvre à la Vallès, Poil de Carotte et s'ingénièrent à lui rendre moins âpre sa vie littéraire, où il se comportait comme un enfant. Quel être délicieux, ce Guitry, et quel malheur qu'il soit parti si tôt, laissant d'ailleurs ce fils incomparable, notre Calderon, comme cela ce saura plus tard!
Guitry avait adopté Rostand, qui, lui, était prétentieux et assommant - "immangeable", disait Capus - , et Renard, privé de succès, vivait ainsi dans la compagnie de l'auteur neurasthénique de Cyrano, dont il n'aimait guère la grande habileté dramatique, sans poésie. J'ai oublié de dire que Renard était fanatique de Victor Hugo et ne supportait pas, à son sujet, la moindre restriction. En outre,  Renard ne voulait pas qu'on put attribuer au triomphe à mille cymbales de Rostand, le peu de goût qu'il avait au fond pour ses œuvres, et il se forçait à en faire l'éloge, ce qui était bien amusant.
Puis, de temps en temps, dans l'intimité, il se débondait tout à coup. S'il s'agissait de Rostand, par hasard, au Goncourt, Huysmans, de sa bouche amère et fertile en jugements abrupts, laissait tomber sa formule habituelle : "Ah! c'est un bien déconcertant salaud!" Mirbeau, en se rongeant les ongles, acquiesçait. Barrès n'avait pas plus de goût pour Renard que Renard n'en avait pour Barrès. Barrès disait de Renard: "C'est un jardinier." et me demandait quand nous dînions ensemble de ne pas le mettre à côté de lui: "Il me donnerait des coup de pied sous la table."
Chose curieuse, Renard, à l'académie Goncourt passa à peu près inaperçu. Il arrivait, jaune et creusé, s'asseyait, tirait de sa poche une liste de candidats possibles, la lisait. On ne lui prêtait aucune attention. Alors il repliait son papelard, avec une certaine humeur, serrait quelques mains, puis s'en allait, le front en avant, comme un santon de la nuit de Noël. Il était sans communication avec son prochain et d'accord avec des fourmis qui, d’après lui, étaient toujours 3333. C'était un grand qualitatif borné et comme étouffé par les qualitatifs de notre époque. Je pense, avec tendresse, à lui bien souvent.
(Léon Daudet, Action française, 20 décembre 1938.)

lundi 4 juin 2012

À l'Académie Goncourt, qui succèdera à Jules Renard? 1/2

On pense déjà à donner un successeur à Jules Renard, à l'Académie Goncourt.  Comme il les connaissait bien ses chers confrères, le bon écrivain aux sourires pincés!  À peine a-t-on descendu son corps dans la fosse que, déjà, dix concurrents intriguent pour obtenir la "suite" du maître de Poil de Carotte et de Ragotte. Car il ne s'agit point, cette fois, d'une "chaise" quelconque à l'Académie Goncourt: il va falloir trouver un égal à J.K. Huysmans et à Jules Renard. On cherchera longtemps.
Il faut bien le dire: la mort de Jules Renard est une perte irréparable pour l'Académie Goncourt. On ne voit point, parmi les candidats proposés, quelqu'un qui puisse lui succéder dignement. Ce petit jeu des intrigues littéraires servira, au moins, à prouver l'exceptionnelle valeur de Jules Renard. Rien ne se perd, même dans le monde des idées...et des vanités.
Je ne sais rien d'amusant comme de considérer la variété de tous ces candidats. On parle à la fois de Mme Tinayre, qui écrit des romans solides et platoniques, de M. René de Boylesve, écrivain subtil et bon prosateur de France, de M. Pierre Mille, remarquable disciple de Maupassant et d'Anatole France, de M. Jean Ajalbert, conservateur de la Malmaison de M. Rémy de Gourmont, toute sagesse et toute science, sage égaré dans une époque de fous, de M. André Gide, à la dialectique louvoyante et perfide, de M. André Suarès, un des plus grands poètes de la prose française et qui sait l'art de penser harmonieusement.
Suite demain
(Louis Handler, Comoedia, 30 mai 1910).