jeudi 31 mars 2022

Journal de Jules Renard

 Le talent est une question de quantité. Le talent, ce n'est pas d'écrire une page, c'est d'en écrire trois cents.

mardi 29 mars 2022

Résultat de la vente Jules Renard du 22 mars

 Résultat de la vente du 22 mars (voir ci-dessous)

Lot 189. Estimation: 500/600 €. Adjugé à 7280 €.

mercredi 16 mars 2022

Vente Me Osenat 22 mars Fontainebleau

Lot 189. RENARD ( Jules). Ensemble de 5 volumes en reliures quasiment uniformes de demi-chagrin lavallière, couvertures conservées, têtes dorées ; mors, coiffes et coins un peu frottés (3 reliures signées de Jules Canape, et 2 signées de Dupré).     500/600 €  
CRIME DE VILLAGE. Paris, Édition de La Grande correspondance, 1 er octobre 1888. In-16. Édition originale tirée à 65 exemplaires numérotés, celui-ci un des 62 sur papier ordinaire, 3 sur japon impérial. Envoi autographe signé à l’écrivain et directeur de théâtre Rodolphe Darzens (1890). — L’ÉCORNIFLEUR. Paris, Paul Ollendorff, 1892. In-18. Édition originale, un des 10 exemplaires numérotés sur hollande. — LANTERNE SOURDE . Paris, Paul Ollendorff, 1893. Petit in-8. Édition originale, un des 10 exemplaires numérotés sur hollande. Envoi autographe signé avec courte saynète théâtrale, à Jeanne Meyer, célèbre  salonnière, épouse de l’écrivain et critique à la Revue blanche Lucien Muhlfeld (1897). Exemplaire enrichi d’une carte autographe signée à Lucien Muhlfeld (1893). — PAIN DE MÉNAGE  Paris, librairie Paul Ollendorff, 1899. In-8. Édition originale, un des 20 exemplaires numérotés sur hollande. Envoi autographe signé à Jeanne Muhlfeld (1899). — SOURIRES PINCÉS. Paris, Alphonse Lemerre, 1890 (couvertures au nom de Lemerre). In-18. Édition originale dont il ne fut pas tiré d’exemplaires de tête sur grand papier, publiée à compte d’auteur. Envoi autographe signé (1890, nom du destinataire gratté)

lundi 14 mars 2022

Jules Renard et l'Académie Goncourt

C’est pour le candidat au fauteuil de Huysmans qu’il (Descaves) montra le plus d’acharnement et les plus sagaces qualités combatives. Malgré les apparences, il n’y avait que deux adversaires. Nous savions tous que Victor Margueritte n’obtiendrait que quatre voix, quelles que fussent les circonstances. Aussi les votes qui se portèrent sur son nom n’avaient-ils qu’une valeur de sympathie soit pour lui-même, soit pour Paul Marguerite qui défendait avec ferveur la candidature de son frère. La vraie lutte se livrait entre Céard et Jules Renard, ce que je savais parfaitement. La première journée fut indécise. Mirbeau, aussi acharné que Descaves se montra furieux. Il alla trouver Hennique et lui déclara que si Jules Renard n’était pas élu, lui Mirbeau donnerait sa démission. 

Quand à Descaves, il luttait éperdument, il venait nous relancer et nous objurguait, estimant que l’élection de Jules Renard était, en ce moment la meilleure que l’Académie pût faire, celle qui lui attirerait le plus de sympathies parmi les écrivains d’élite, et, en somme, la plus juste. Pour Jules Renard une chaise au Goncourt, c’était le salut : il travaillait péniblement ; gagner sa vie lui semblait une tache épouvantable et dégoûtante. Les autres candidats avaient de quoi subsister. Aussi (sachant que mes amis ne pouvaient passer) étais-je rallié à la candidature de Renard avant que Descaves m’en parlât…et je pus lui promettre ma voix pour la seconde journée. 

Celle-ci fut précédée d’une discussion ouraganesque. Léon Daudet défendit Céard avec une ardeur agressive et de sauvages épithètes. Mais la partie était jouée. Renard avait déjà les cinq voix nécessaires et ne pouvait plus les perdre… Il fut élu en somme élu de justesse, à une seule voix de majorité. Encore la voix du président qui, dans le cas d’égalité en vaut deux, était-elle dans le camp adverse. 

J.-H. Rosny (Aîné), Mémoires de la vie littéraire, L’Académie Goncourt.

samedi 12 mars 2022

Jules Renard et l'Académie Goncourt

Élu président statutairement au bénéfice de l’âge, en remplacement de Huysmans, mort six mois auparavant, Léon Hennique présida le dîner du Café de Paris, le 24 octobre 1907. Ajalbert, Céard, Georges Lecomte, Victor Margueritte, Camille de Sainte-Croix, Jules Renard, A. Retté, Boyer d’Agen, étaient candidats au nouveau siège qui, à cause de l’absence de Mirbeau, de Paul Margueritte et de Rosny jeune, ne fut pourvu que la semaine suivante. L’appui de son frère, d’Elémir Bourges et de Rosny jeune. Donnait de grands espoirs à Victor Margueritte, cependant que Céard avait l’assurance d’être soutenu par Geffroy, Hennique et Léon Daudet. Mirbeau et moi défendions Jules Renard. Renseigné sans doute sur ses chances minimes, qu’il n’avait pas essayé d’augmenter, Jules Renard que j’avais rencontré à une répétition générale, la veille de notre réunion, me pria instamment d’avertir Mirbeau du retrait de sa candidature. 

A quoi j’avais répondu : « Nous n’en ferons rien. Ça ne vous regarde plus. » Il ne me paraissait pas indiqué d’abandonner la partie et je m’abstins de consulter Mirbeau. L’évènement me donna raison… Jules Renard triompha. Je ne me suis jamais targué d’influence. En revanche, je pense que la suite dans les idées et la ténacité constituent une force, et qu’une minorité résolue peut l’emporter sur une majorité flottante. Heureux de l’élection de Jules Renard, nous eûmes hâte de la lui annoncer. Par malchance, il n’était pas chez lui, rue du rocher ; il dînait avec sa femme chez Marthe Brandès et ce ne fut qu’à minuit, à leur retour, qu’il trouva notre carte de visite avec ces seuls mots : « Cette fois, vous l’êtes ! » En réalité il fut très sensible à son élection. 

Lucien Descaves, Mémoires d’un ours.

jeudi 10 mars 2022

Jules Renard et l'Académie Goncourt

1er novembre 1907

A Marthe Brandès

Qu’est-ce que j’ai fait pour être académicien ? J’ai dîné chez ma grande et belle amie Marthe Brandès. Les quatre vous embrassent. A notre retour, le concierge me tend cette carte : Cette fois vous l’êtes Lucien Descaves. Octave Mirbeau. J.-H. Rosny. J’ai regardé Marinette d’un œil sévère. Elle était émue. Voilà bien mes histoires d’adultère ! 

Jules Renard

mardi 8 mars 2022

Jules Renard et l'Académie Goncourt

L’an 1907, le 31 Octobre 

L’Académie Goncourt s’est réunie au domicile de M. Léon Hennique, 11 rue Decamps, pour procéder à l’élection d’un membre en remplacement de J.K. Huysmans. Etaient présents tous les sociétaires. 

 Le 1er tour de scrutin a donné les résultats suivants : Victor Margueritte 3 voix (Paul Margueritte, Rosny Jne, Bourges) Henry Céard 3 voix (Geffroy, Hennique, Daudet) Jules Renard 2 voix (Mirbeau, Descaves) G. Lecomte 1 voix (Rosny aîné).

 Au 2ème tour, la voix de Rosny aîné s’est portée sur Victor Margueritte. 

Au 3ème tour, la voix de Léon Hennique s’est détachée de Céard, au profit de Jules Renard. 

Au 4ème tour enfin, Jules Renard a obtenu 5 voix (Mirbeau, Descaves, Hennique, Rosny frères) Victor Margueritte 2 voix (Paul Margueritte et Bourges) Henry Céard 2 voix (Geffroy et Daudet) En conséquence, M. Jules Renard ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, a été déclaré élu membre de la Société littéraire des Goncourt. Le Président Le Secrétaire adjoint Léon Hennique Lucien Descaves 

Archives de l'Académie Goncourt. Nancy

dimanche 6 mars 2022

Jules Renard et l'Académie Goncourt

Mon cher Hennique, 

J’ai le très vif chagrin de remettre entre tes mains, ma démission de membre de la Société Littéraire des Goncourt. Crois qu’il m’est pénible de me séparer de vous, et de résigner un honneur que je tenais de notre cher Goncourt, et dont j’étais très fier. Crois aussi que si je quitte des collègues, j’entends bien garder des amis qui furent tous d’excellents et charmants amis. Mais j’estime que je n’ai plus le droit de rester parmi vous. Je fais appel à ta conscience. Tu t’étais formellement engagé vis-à-vis de moi, à voter pour Jules Renard, au cas où Jules Renard obtiendrait 4 voix. Il les obtient. Tu dis : « Eh bien, je me dévoue ; je vote pour Jules Renard. » Tu n’as pas par la suite, écrit ton vote, c’est vrai. Mais il me suffit que je tu l’ai parlé, pour que je considère que Jules Renard, à un moment, a été véritablement notre élu, qu’il est véritablement notre élu. En présence de nouvelles élections, je ne puis donc que me retirer. Je te prie, mon cher Hennique, de porter ma résolution à la connaissance de nos amis. Dis leur bien que je suis sans la moindre amertume, contre quiconque et que j’ai gros cœur. 

Octave Mirbeau 

Archives de l'Académie Goncourt. Nancy

vendredi 4 mars 2022

Jules Renard et l'Académie Goncourt

24 oct. 1907.

Vingtième dîner Goncourt, au café de Paris, pour procéder à l’élection d’un membre de l’Académie, en remplacement de J.K. Huysmans. Les candidatures déclarées sont celles de M.M. : Jean Ajalbert, Boyer d’Agen, H. Céard, Armand Charpentier, G. Darien, H. Fèvre, G. Lecomte, Victor Margueritte, Jules Renard, A. Retté, Camille de Sainte-Croix, et Théodore Vibert. 

Après cinq tours de scrutin, les membres de l’Académie, tous présents, n’ayant pu se mettre d’accord sur aucun des noms qui ont recueilli des suffrages, soit M.M. H. Céard, Victor Margueritte, Jules Renard et C. de Sainte-Croix, ajournent l’élection au 31 octobre. Le Président Le Secrétaire adjoint Léon Hennique Lucien Descave.

Archives de l'Académie Goncourt. Nancy