samedi 31 mars 2012

Journal du 31 mars 1901

Société des Gens de lettres. toute la tête du nationalisme est là. Coppée sacristain, Rochefort parcheminé, Lemaître fouinard, Barrès de proie, et l'insignifiant oiseau Vandal.
Et il y a l'ouvrier Boutique, et le militaire, et l'insupportable Vibert qui veut expliquer le retrait de sa candidature. On le consigne. Il appelle un monsieur "mon petit ami", mais le monsieur lui réplique énergiquement: "Je ne suis pas votre petit ami!"
À la réunion préparatoire de vendredi, Decourcelle a dit: que celui qui a écrit l'ordure nationaliste contre le Comité se nomme, afin que je lui donne des calottes!" Personne ne répond.
En vaine d'amabilité, je tend la main à Estaunié, d'une maigreur de prêtre. Il a beau faire: il a gardé l'empreinte.

Jules Renard n'a pas la cote.

Mercredi 28 mars Sotheby's, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, a mis aux enchères l'un des 100 exemplaires originaux, le n° 73, sur papier velin des Histoires naturelles illustrés par Henri de Toulouse-Lautrec.
Lot 177. Estimation au catalogue: 15.000/20.000 €.
À 16 h 40, le lot à été mis à prix à 12.000 €. Adjudication à 12.000 €.
Pour mémoire, le lot n° 38: 445 vers de Blaise Cendras illustrés par Sonia Delaunay a été adjugé 260.000 €.
T.J.

vendredi 30 mars 2012

Journal du 30 mars 1892

C'est tout de même drôle que je ne puisse pas lire sans bailler deux pages de Thackeray, dont j'ai l'humour, paraît-il.

L'Inauguration du Monument Jules Renard (5 octobre 1913)

Le grand banquet du 5 octobre
Voici le menu du banquet qui sera servi, salle des fêtes de Corbigny, par M. Sauvan, propriétaire de l'hôtel du Commerce (prix de la carte, 4 fr.):
Jambon du Morvan
Galantine de volaille
Poisson
Pièce de boeuf nivernaise
Cuissot de Chevreuil sauce grand veneur
Épinards aux croutons
Chapons rôtis
Salade
Gâteaux - Dessert
Café- Liqueurs - Champagne Davesne
Pendant le banquet, l'excellente musique du 13e régiment d'infanterie, de Nevers, exécutera les morceaux suivants, sous l'habile direction de M. Doye, chef de musique:
Lazzaronilla, tarentelle, Marietti -- Symphonie pastorale, 1ère partie, Bethoven -- Danse macabre, poème symp., Saint-Saëns -- Sigard Iorsalfar, suite d'orch., Grieg -- Les Saltimbanques, sélection, Granne.
(Source: Écho de Clamecy, 5 octobre 1913).

jeudi 29 mars 2012

Journal du 29 mars 1904

La branche, un doigt qui se tend aux oiseaux.

Témoignage de la nièce de Jules Renard

Mon grand-père était entrepreneur de travaux du chemin de fer  et c'est lui qui a construit, avec son frère, avant la guerre de 70, le fameux tunnel de Tavannes dont il a été tant parlé au sujet de la bataille de Verdun. Je savais que mon grand-père était Franc-Maçon, mais je suis bien étonnée qu'il l'ait été aussi jeune (26 ans), car à 30 ans il s'est marié à l'église, ce qui est, il me semble, incompatible. Mon grand père était, quoique d'origine paysanne, un homme très bien, intelligent et distingué, pas du tout un sectaire, et quand on le présente dans la Bigote comme un homme veule, cela donne vraiment envie de rire. il faut, du reste, que Jules Renard n'ait jamais su ce  qu'était une bigote puisqu'il affuble sa mère de ce défaut. Il avait tout simplement envie de faire une pièce contre les curés, laquelle pièce n'a eu d'ailleurs aucun succès, et il faut bien avouer qu'elle ne le méritait pas.
Je puis vous dire aussi que certaines lettres adressées à ma mère (la sœur de Jules Renard) resteront à jamais inédites; elles étaient tellement désagréables que ma mère les a détruites et cependant, à part sa femme et ses enfants, c'est bien une des rares personnes pour laquelle mon oncle avait quelque affection.
Nantes, le 17 avril 957.
(Extrait d'une lettre de Mme Capponi, nièce de Jules Renard à Léon Guichard, in Dans la vigne de Jules Renard, p. 285)

mercredi 28 mars 2012

Journal du 28 mars 1902

La violette, modeste? Pas tant que ça! Elle fleurit la première comme si elle craignait la comparaison.

Jaurès

J'ai pour Jaurès une affectueuse admiration, chaque jour renforcée. C'est un puissant esprit et un brave homme. Je ne sais rien de plus émouvant et de plus neuf de la définition qu'il a donnée du patriotisme aux récentes crises. C'était courageux et pudique. Clemenceau se contente de souffler, avec talent, d'ailleurs, dans le clairon faussé de Déroulède. Je crois Jaurès absolument désintéressé, et je le trouve l'égal des plus grands. C'est vous dire que les petites combinaisons radicales, fussent-elles nécessaires, ne me suffisent pas, mais je veux rester un homme de lettres.
(Jules Renard, lettre à M. Vadez, 20 septembre 1906, extrait).

mardi 27 mars 2012

Journal du 27 mars1893

Ce matin, je suis allé voir Papon qui fauchait sa luzerne. Jamais il ne se dérange de travailler quand il me voit. Il a près de soixante-dix ans.
- Allez! dit-il. Si j'étais tant seulement bien nourri, j'irais encore loin.
Il s'arrêta de faucher, prit par terre, sa blouse, une bouteille d'eau, but à même, et dit:
- Avec un litre de vin de temps en temps, je vous garantis que je ne créverais pas facilement.
La belle affaire, Papon!
Et moi, parce que j'ai pris un peu d'argent, que je lis beaucoup de livres et que, même, j'écris, parce que je me lave et que, le soir, je regarde les étoiles du ciel, j'ai pitié de cet homme qui me croît supérieur. Ah! je ne vaux ni mieux ni moins que lui.

lundi 26 mars 2012

Journal du 26 mars 1897

Être un pasteur littéraire.

À paraitre

Caracoler sur les boulevards
Après Montmartre, Montparnasse, Saint-Germain-des-Prés, Jean-Paul Caracalla a arpenté les Grands Boulevards, de Madeleine à la Bastille.
L'occasion de retrouver Jules Renard, Courteline, les cafés illustres et les théâtres historiques. À paraître en juin à La Table Ronde, sous le titre En remontant le boulevard.
(Figaro littéraire, jeudi 22 mars 2012)

dimanche 25 mars 2012

Journal du 25 mars 1901

Mon rêve: faire tenir une comédie dans un kiosque.

La vente de la Bibliothèque de Jules Renard 4/4

Le manuscrit de l’Écornifleur fit 2450; un autre manuscrit du même roman, 1000; Poil de Carotte (la comédie) 3000; un second manuscrit de la même l’œuvre 1500; Le Plaisir de rompre 910; Le Pain de ménage 833; Monsieur Vernet 800; et enfin Ragotte fut enlevée par M. Blaizot pour la somme de 6000 francs.
Signalons un piquant incident: un acheteur ayant lancé une enchère fétiche: 652 francs, un autre passa à 702; ce voyant, M. Tristan Bernard, pour ne pas faire autrement qu'eux, jeta le prix fantaisiste de 733 francs. (7+3+3=13).
De nombreux curieux avaient envahi la salle, et certaines personnes achetèrent par émulation ou par caprice; c'est ainsi qu'une petite jeune femme, qui ne connaissait point sans doute le nom d'Alfred Jarry, se procura pour 50 francs, en attendant mieux, le Surmâle.
(Signé M.B. Cœmedia, 13 février 1921).

samedi 24 mars 2012

Journal du 24 mars 1894

Poil de Carotte. Ce frisson dont il tremble à l'approche du ridicule.

La vente de la Bibliothèque de Jules Renard 3/4

Enfin, M. Leclerc expert à la vente, annonça les manuscrits de Jules Renard. M. Fernand Vandérem les décrit comme il suit, dans la préface qu'il écrivit pour le catalogue: 
"Feuillets fripés, raturés, criblés de corrections, n'ayant nul rapport avec certains manuscrits recopiés, certaines remise au net qui ont leur intérêt graphologique, mais ne nous offrent du labeur de l'écrivain qu'un reflet superficiel... Dans les manuscrits de Jules Renard, rien de ces calligraphies. C'est le brouillon dans toute la force du terme: chaque page, chaque ligne, chaque mot contrôlés, remaniés, retordus, retriturés jusqu'au maximum de perfection possible".

vendredi 23 mars 2012

Journal du 23 mars 1901

L'amour tue l'intelligence. Le cerveau fait sablier avec le cœur. L'un ne se remplit que pour vider l'autre.

La vente de la Bibliothèque de Jules Renard 2/4

La plupart des grands libraires parisiens étaient là. M. Fernand Vandérem suivait les enchères avec intérêt. M. Tristan Bernard acheta quelques livres recherchés par lui sans doute depuis longtemps. Les gros prix furent réalisés par Tête d'or, de Paul Claudel (355), La Ville, du même auteur (500), Au pied du Sinaï, de Georges Clémenceau, sur vélin d'Arches, avec les lithographies de Toulouse-Lautrec sur Chine (430), L'Affaire Crainquebille, d'Anatole France, édition Pelletan sur Chine (1100), Le Latin mystique de Rémy de Gourmont, Vanier, 1892, sur japon pourpre (345), Ubu Roi, d'Alfred Jarry (340), L'Ecornifleur, de Jules Renard, Ollendorf, 1892, un des dix sur Hollande (1520), Chantecler , de Rostand (265), Mimes, de Marcel Schwob (300). Les Verlaine firent relativement peu, sauf Sagesse, 1881, qui monta à 420 francs. Salomé, d'Oscar Wilde, 1893, fut adjugé à 380 francs.
Suite demain.

jeudi 22 mars 2012

Journal du 22 mars 1905

Printemps. La fumée qui sort des toits est couleur de pervenche.

La vente de la Bibliothèque de Jules Renard 1/4

Tel est l'homme, telle est la bibliothèque; on voit très bien les livres de Jules Renard rangés sur une simple planche de sapin. Me Édouard Giard n'a pas mis aux enchères de ces livres à figures ou à riches reliures achetés très cher au catalogue par le bibliophile épris, mais seulement des volumes de contemporains avec envois d'auteurs. Certains de nos confrères de la critique les "lavent"; Jules Renard, homme intègre et conscient, conservait les œuvres dédicacées de ses amis.  Et cette vente nous donna, une fois de plus, l'occasion de constater l'espèce de fièvre dont sont atteints les libraires; ils achètent très cher, pour un amateur, ou simplement pour donner une valeur publique à des numéros qu'ils veulent lancer. Reste à savoir ce que vaudront, dans trente ou quarante ans, les volumes que l'on a couverts de billets de banque aujourd'hui; bien des héritiers seront déçus.
Suite demain. (Comœdia, 13 février 1921).

mercredi 21 mars 2012

Journal du 21 mars 1898

Depuis que je suis marié, dis Capus, je n'ai jamais mis les pieds dans une autre femme.

Jules Renard vu par Rachilde

Tous les jeudis le salon de notre collaborateur et ami Jules Renard est le salon le plus littéraire de Paris.
La charmante maîtresse de maison reçoit avec une délicieuse simplicité l'élite de la littérature d'avant-garde. Madame Vallette/Rachilde et M. Alfred Vallette directeur du Mercure, Léo Trezenick, auteur de la Confession d'un fou, Ernest Raynaud le poète de Chairs profanes, le chevalier Maurice du Plessis, auteur de quinze sonnets, jamais les mêmes! le peintre connu M. Béron; l'éclairé amateur d'art M. Clément et la poétesse Madame Barra y viennent souvent ainsi que beaucoup d'autres artistes. Chaque fois notre ami P. Marius André cherche à convertir Jules Renard aux charmes de la musique et chante un morceau de son inépuisable répertoire sur les Romances sans paroles de Verlaine.
Signé: La Hygne (alias Rachilde), La Caravane, 6 avril 1890.

mardi 20 mars 2012

Journal du 20 mars 1894

Un goût si mauvais que c'est encore du goût

Une énigme

En août 1919, Mme Jules Renard écrit à Mme Lucien Descaves,  (extrait):
"Mon Jules avait en effet un journal où il écrivait ses réflexions sur une répétition générale, un livre, une conversation d'amis, etc... Ce journal qui va de 1884 à 1910 forme 45 gros cahiers. Il m'a  été demandé plusieurs fois par des éditeurs, mais il ne sera jamais publié. C'est mon avis et celui d'Alfred Natanson; nous sommes seuls à connaître ce journal. Voilà ma chère amie, la vérité..."
2 remarques. La première qui n'est pas notre sujet ici: Mme Renard évoque 45 cahiers alors que l'éditeur en indique 54. A-t-elle inversé les chiffres 5 et 4? La seconde est plus troublante. Mme Renard date le début du Journal manuscrit à 1884 alors que l'édition imprimée commence en 1887.
De deux choses l'une. Ou bien le manuscrit commence réellement en 1884 et l'édition imprimée a été tronquée de trois années. Ou bien elle se trompe (comme pour le nombre de cahiers). Cette hypothèse est  probable car l'on sait que Jules Renard a eu l'idée de tenir un Journal au moment de la publication du Journal des frères Goncourt dont le premier tome est paru en 1887.
(Nous ajoutons cette lettre à la suite de sa correspondance sur la page MARINETTE.)

lundi 19 mars 2012

Journal du 19 mars 1902

Le Plaisir de rompre. Première représentation devant les abonnés. J'en vois un typique. Il a le cou maigre et flasque et le col trop grand, ce qui lui donne l'air "outrageusement décolleté". Il cause avec Sorel et Mayer et leur dit qu'il est heureux d'entendre cette petite piécette, qu'il espère que ce sera moins dur que les Burgraves. Oh! les Burgraves!
À côté d'elle Marinette a un vieux monsieur et une jeune femme qui écoute bouche bée: elle recevra peut-être des claques du vieux monsieur, qui est horripilé. Des mots le suffoquent. Il déchire le programme, le jette, le ramasse pour voir le titre de la pièce. Le nom de Jules Renard l'achève: qu'est-ce que c'est que tout ça?
Une réflexion: "Tiens? Elle va ouvrir sa porte elle-même!" 
Une autre, quand Mayer dit: "Je m'emplis les yeux...": "Il n'est pas difficile!" "À son âge, on n'a plus de petit nom." Tous les abonnés font: "Oh! Oh! Avec ça!.."
Certes, il y a tirage, mais la pièce intéresse même ceux qu'elle révolte. On ne se mouche, on ne tousse pas trop, et les belles dames ne songent pas trop vite à leurs cochers.
Mais Marinette ne croit plus à la Comédie-Française.

dimanche 18 mars 2012

Journal du 18 mars 1902

Les terrains inexplorés, toujours en friche, des meilleures amitiés.

Bonne nouvelle

Le cahier n° 13 de l'année 2012 de l'Association des Amis de Jules Renard est paru. Il est disponible en s'adressant à : amisjulesrenard@gmail.com
Il s'intitule: "Jules Renard, l'art de la pointe sèche". on lira avec intérêt les contributions regroupées en trois chapitres aux titres judicieusement choisis: - Jules Renard, l'art de la pointe sèche - Jules Renard, indiscrétions et confidences - Présence renardienne - . Quatorze articles documentés, variés, apportant un éclairage complémentaire et passionnant  à l'œuvre  et à la vie de Jules Renard.

samedi 17 mars 2012

Journal du 17 mars 1900

Oh! ces pauvres femmes d'auteurs joués qui vous disent: "Allez donc voir mon mari après le deuxième acte! Il est si énervé! et vous me rapporterez de ses nouvelles." C'est la mode, maintenant, qu'elles président à ces batailles, qu'elles donnent le signal des applaudissements, et que, quelquefois, les pauvres femmes! elles applaudissent toutes seules. Et ce sont elles qui font, de leurs maris artistes, des manœuvres.

Le Loriot

Je lui dis:
" Rends-moi cette cerise, tout de suite.
- Bien", répond le loriot.
Il rend la cerise et, avec la cerise, les trois cent mille larves d'insectes nuisibles, qu'il avale en une année.
(Jules Renard, Histoires naturelles).

vendredi 16 mars 2012

Journal du 16 mars 1893

Mais pourquoi Claudel écrit-il d'une façon Tête d'Or, la Ville, et d'une autre ses compositions pour obtenir le poste de vice-consul à New York? L'artiste doit être le même quand il prie et quand il mange.

Danièle Davyle

Dans son numéro 376 de juillet-août 2010, la Revue administrative, sous la signature de son rédacteur en chef adjoint Guy Thuillier, a publié un article intitulé: Autour de Jules Renard, la maîtresse de Renard, la vicomtesse de Rorthays de Saint-Hilaire.
Cet article récapitule tout ce qui a été écrit depuis des décennies sur Danièle Davyle en reconduisant les erreurs propagées par les biographes successifs de Jules Renard. Néanmoins Guy Thuillier s'interroge: 
"Peut-être retrouvera-t-on d'autres traces de Mme de Rorthays de Saint-Hilaire, qui appartenait à une grande famille (un Rorthays de Saint-Hilaire est préfet en 1877)... Quelle était sa famille? Comment devint-elle pensionnaire de la Comédie Française, par quelles influences? Avait-elle joué dans d'autres théâtres? Quels étaient ses "protecteurs"? Quand elle rompt avec Jules Renard, s'est-elle mariée comme l'héroïne du Plaisir de rompre? Quand meurt-elle? la famille a-t-elle conservé des lettres, des portraits de Mme de Saint-Hilaire?... Nous aimerions qu'un chercheur nous donne un jour la biographie de Mme de Saint-Hilaire."
Ce souhait est désormais exaucé. Toutes ces questions trouvent leur réponse dans le cahier n°13 de l'Association les Amis de Jules Renard qui vient de paraître dans l'article ayant pour titre: Danièle Davyle, la vraie...rédigé par le chercheur tant souhaité par M. Guy Thuillier. On peut se procurer ce cahier n°13 à l'adresse: amisjulesrenard@gmail.com.
T.J.

jeudi 15 mars 2012

Journal du 15 mars 1905

J'ai supprimé brusquement des choses que j'aimais beaucoup: les vers, l'escrime, la pêche, la chasse, la nage. Quand supprimerai-je la prose, la littérature? Quand, la vie?

À la manière de... Jules Renard

Papillons piqués
le sentier
Qui donc a ainsi tottillé le centimètre?
Le plat de pommes de terre en robe de chambre
Quel beau tas de crottin fumant
lever du Soleil
Coucou!... le voilà!
L'arrosoir qui verse
En a-t-il des cheveux sur la pomme!
La crème fouettée à côté du compotier de fraises
Va-t-on faire la barbe à ce gros rougeaud plein de boutons?
Éloi sur la sellette 
Éloi  est assis, courbé en avant, les poings au menton. Il plisse le visage. Son regard est fixe. Ses joues contractées s'empourprent. Il pousse, il ahane, il geint. Le papier se froisse dans sa main. Allons, encore un effort!... Cela peut venir!... Cela vient...Ouf!
Et, toc! un petit mot tombe de sa plume. 
(Paul Reboux et Charles Muller,  À la manière de ... T.1, Bernard Grasset, 1941)

mercredi 14 mars 2012

Journal du 14 mars 1892

Est-ce que le fils de Verlaine ressemble à Rimbaud?

Jules Renard par lui-même 6/6

Des jeunes de talent. – C’en est plein. Et ils vont avec une vitesse ! Je ne peux même plus vous citer Marcel Boulanger, c’est déjà un maître. M. Gaston Deschamps lui a fait trois ou quatre articles. Autrefois on pouvait arriver sans un article de M. Deschamps. Aujourd’hui, c’est impossible, et je trouve qu’on est injuste pour nos critiques. On ne les évite plus. Mais j’aime surtout les jeunes, tout-à-fait jeunes, qui m’écrivent une belle dédicace sur leur première plaquette, et qui viennent causer avec moi, enivrés de littérature, les jeunes qui découvrent Flaubert, et veulent fonder une revue !  S’ils sont de mon pays, comme Henri Bachelier (sic), l’auteur des horizons et coins du Morvan, nous passons des heures charmantes.
Votre mot sur Claude Tillier me rappelle  que je le connais, moi aussi, d’hier à peine. C’est un compatriote. C’est à Clamecy, mon chef-lieu de canton, qu’on va lui élever une statue. Ce Claude Tillier était un homme. Nous en sommes très fiers. Ça va coûter plus de huit mille francs ! Un électeur me disait l’autre jour : «  je ne comprends pas qu’on mette tout cet argent à des pierres. » Que répondre ? Me voilà inquiet pour mon buste.
… Je passe toute la saison ici, dans une vieille maison de curé, que j’ai baptisée la Gloriette, et qui est à deux pas de ma commune. J’ai une jolie vue sur la vallée de l’Yonne jusqu’au Morvan, et sur un château  qui se défie de moi comme d’une bombe. Un petit tour le matin à la mairie, de la lecture ; peu de travail ; beaucoup de rêvasserie. Vie de famille. Du Poil de Carotte retourné : c’est la logique. D’ailleurs, plus je vais, moins je comprends la vie, mais plus elle m’amuse. Je perds toute ambition littéraire. Mais je garde les nerfs et la sensiblerie de l’homme de lettres écorché : une attitude de paysan me bouleverse comme une critique. Le curé, le noble, et un tiers de mes administrés me détestent. (mes enfants ne sont pas baptisés !).  Je crois que le reste – le meilleur, naturellement – me regarde d’un bon œil. Mais que de piqûres ! Hier j’envoie demander des nouvelles d’un blessé ! On met presque mon délégué à la porte, en l’accusant d’espionnage ! Un instant je suis furieux, et puis je me dis : « Tout ça est très bien ». Car tout est très bien, c’est l’homme de  lettres qui finit par n’être qu’un pauvre bougre…
L’œuvre en train ? Aucune. Aujourd’hui on fait du théâtre pour être de l’Académie ou pour s’acheter une automobile. Et, à distance, l’Académie me fait l’effet d’un boui-boui. Alors, regardons. Par exemple, j’aurai bien regardé !
Au revoir, cher ami.
Jules Renard
(Fin de l'interview de Louis Vauxcelles,  Le Matin, 28 août 1904)

mardi 13 mars 2012

Journal du 13 mars 1905

Avec ses souvenirs d'enfance, Restif me donne l'idée d'écrire les amours du jeune Poil de Carotte

Jules Renard par lui-même 5/6

Les dames. – Elles en ont beaucoup (de talent)  – pas plus que nous.
Rachilde est une femme de génie. Je lis de Georgette Leblanc un livre très bien. Je n’ai lu de Mme de Noailles que le Visage émerveillé. Je l’ai lu de mauvaise humeur.  Quoi ! il va falloir encore admirer quelqu’un ! Ça m’aurait ravi que cette dame fût stupide. À la lecture, le livre m’a bien souvent agacé. Que de vertige ! que de volupté ! Ça éprouve tant que ça, une petite religieuse ! De la douleur éclatante,  du plaisir qu’on renonce à dire ! L’âme s’élance, le cœur aussi, les poumons aussi ! Ce n’est plus la vie, c’est la vie de la vie, l’amour de l’amour ; le silence crie ; on s’évanouit à chaque odeur, même à celle des petits pois verts. Et tout ce qui pénètre dans la poitrine, jusqu’à des terrasses ! On ne sait plus si ces dames mangent un fruit ou si c’est le fruit qui les mange. Elles meurent de larmes, avec un soupir immense. C’est trop, c’est trop. Il faudra bien se calmer et remettre chaque mot en sa place ; le style, ce n’est pas la femme.
J’ai donc boudé jusqu’à la fin du livre. Mais, le livre fermé, je réfléchis…C’est tout de même l’œuvre d’une femme de talent. Ce mot-là me suffit. Faites décorer Mme de Noailles. Elle s’entrera, comme l’Aiglon, sa croix dans le cœur, mais elle l’aura bien méritée.
Des faillites. – Je n’en vois point. . La mienne, peut-être (voir l’enquête Jules Huret) ; mais, comme il y a l’homme d’une seule femme, il y a l’homme d’un seul livre. Nous comptons trop. Nous ne relisons pas assez. Il suffirait peut-être à tel failli de republier son beau livre tous les deux ans.
J.R.       Suite demain

lundi 12 mars 2012

Journal du 12 mars 1902

Jardin d'Acclimatation. L'ennui de toutes ces bêtes. le plaisir qu'éprouvent certaines d'entre elles, les sangliers surtout, à se faire gratter le dos par les cannes des visiteurs.
Le marabout-adjudant: un Anatole France en jaquette.

Jules Renard par lui-même 4/6

Le renanisme. – Mon père, ayant lu la Vie de Jésus, que je lui avais prêtée, me dit : « Mais enfin, d’après ton monsieur Renan, Jésus-Christ était-il un dieu ou n’était-il pas un dieu ? »
Je crois qu’on peut aimer Renan comme les plus grands, et tout de même lui reprocher un peu son renanisme…
MM. Paul Desjardins et Melchior de Vogüé. – Je ne connais pas.
M. Bourget. – Je ne connais plus.
Le nationalisme. – Barrès le dit mort. Et je renonce à dire du mal de Barrès. Ça ne m’amuse plus. Gloire à cet homme qui nous donne de si lumineuses fêtes d’art avec des idées si obscures !
Mais ne pardonnons pas au nationalisme de nous avoir pris Jules Lemaître. Ça, ce fut une brisure douloureuse, une rupture (que Lemaître ne se fâche pas, j’ose le dire) de famille.

Le mercantilisme, la pornographie. – Ah !  ma foi, je les excuse. Cette indulgence, d’ailleurs, ne m’est pas naturelle. C’est le fruit de ma raison, et elle m’échappe à chaque instant.
Combien de fois n’ai-je pas désiré me vendre, à tout prix ? il y a de la pornographie dans l’Ecornifleur. Ça ne m’a servi à rien. Je ne recommencerai donc plus ; mais l’immoralité des autres ne me gêne pas, à condition qu’elle ne prenne pas des airs de vertu.
Les amateurs. – Je vous répète qu’il n’y a que le talent qui compte.
J.R.    Suite demain

dimanche 11 mars 2012

Journal du 11 mars 1897

Oui, le goût que j'ai d'une certaine médiocrité me servira au théâtre.

Jules Renard par lui-même 3/6


Les graves évènements. – Je crois bien que ça retentit ! C’est une stupeur pour moi que certains hommes que j’admire ne soient pas dreyfusards, anticléricaux et pacifistes. Oui, une stupeur. Qu’on se batte à propos d’un adjectif, soit ; mais  comment ce peut-il qu’une question de justice nous divise ? Peut-on être antisémite, sauf quand on se brouille avec un ami, et parce que ça soulage de lui crier cette belle injustice : « Sale juif ! »
Jamais je n’oublierai le soir qu’on criait dans les rues la condamnation de Zola. La vie n’avait plus aucun goût.
La politique. – Mais oui, il faut en faire : pourquoi pas ? la politique repose ; il y a plus de certitudes en politique qu’en art. La caisse des retraites paysannes et ouvrières, voilà une certitude ! Les hommes politiques ont la manie de dire aux poètes, comme s’ils redoutaient leurs candidatures : « Laissez-nous donc ça ; si vous saviez comme c’est malpropre ! » Eh bien ! faisons de la politique propre. Et comme c’est toujours les mêmes qui ont du talent, les poètes auront vite fait de battre les politiciens. Poètes, tous aux urnes ! Écrasons le laid ! je déteste le modèle libéral, parce que ce genre-là ne me paraît pas beau. L’avenir du socialisme, c’est qu’il fait appel à tout l’idéal.
J.R.   Suite demain

samedi 10 mars 2012

Journal du 10 mars 1906

Académie Goncourt. Oui, j'accepte, si je ne suis pas forcé de dire à tous mes collègues qu'ils ont du talent.

Jules Renard par lui-même 2/6

Les écoles. – Je n’ai jamais su ce que c’était : peu de choses, sans doute, un prétexte à écrire plus tard des chapitres d’histoire littéraire. On ne doit aux écoles que les procédés.  Le talent reste individuel, bien que ce dernier mot, je ne sais pourquoi, me fasse mal au cœur.
On dit humaniste, naturiste, comme on dit humoriste, ironiste, etc. C’est peut-être la même chose. Ironiste ! quand on pense que Catulle Mendès lui-même s’y est laissé prendre ! il a cru que nous voulions faire de l’esprit ! le fonds de l’homme de talent, qu’il soit ironiste ou lyrique, c’est le désespoir morne de n’avoir pas plus de talent. Les derniers venus crient très fort : «  vivons ! » C’est un beau cri, mais quelques-uns oublient de dire à quoi…

Les influences. – On les subit toutes. Le plus original résiste le mieux. Et puis, ça dépend de l’âge.  Je ne crois pas qu’un jeune homme, s’il n’est qu’artiste, commence par Tolstoï.
À trente ans, besoin d’agir, de se mêler à son pays. On vote. Voter, c’est une petite action importante. À trente-cinq ans, je n’avais pas voté une fois. Me voilà maire ! Et vexé, parce qu’un réactionnaire est élu conseiller général de mon canton… À cinquante ans, je suppose, j’espère, on est un sage. On ne rêve plus, on agit peu. On médite jusqu’à la mort.
J.R.   Suite demain

vendredi 9 mars 2012

Journal du 9 mars 1905

Verrai-je mourir  un à un tous les personnages de mes livres?

Jules Renard par lui-même 1/6

Nous allons reproduire sur plusieurs jours une interview épistolaire peu connue de Jules Renard, publiée dans le quotidien Le Matin du 28 août 1904.
Jules Renard d’hiver et Jules Renard d’été, jolie formule pour désigner celui chez qui un autre  voyait  « le côté de Chitry et le côté de Guitry », le paysan et le parisien.
Loin de l’interviewer, il s’épanche  avec ironie, toujours, mais  sans méchanceté, sans amertume. Son esprit vagabonde sur l’école, sur Dreyfus, les politiques et les poètes, sur Renan, le mercantilisme littéraire, les femmes-écrivains, l’Académie et la vie qui s’écoule paisiblement face à la vallée de l’Yonne et les collines du Morvan. Étrange sérénité alors que depuis plus d’un an, face à cette vallée et au pied de ces mêmes collines, il se livre à ce que Léon Guichard a appelé « La guerre au village », violente polémique, par journaux locaux interposés, avec ses détracteurs politiques. Toujours, Jules Renard nous surprendra.
(Voir : Association les amis de Jules Renard, volume 10, année 2009, « Jules Renard, l’apôtre de Chitry ».)
T.J.

AU PAYS DES LETTRES
M. JULES RENARD
LES DEUX JULES RENARD – GENS DE LETTRES, FAITES DE LA POLITIQUE – LE RENANISME DE RENAN - RACHILDE ET Mme de NOAILLES – DE L’UTILITE DE LA CRITIQUE LITTERAIRE – « POIL DE CAROTTE », MAIRE DE SON VILLAGE – L’ACADEMIE FRANCAISE EST UN BOUI-BOUI.

Il y a deux Jules Renard, le Jules Renard d’hiver et le Jules Renard d’été.
Le Jules Renard d’hiver est vêtu d’une douillette robe de chambre et tient à la main un porte-plume. Il est situé au deuxième étage d’une maison bourgeoise, rue du Rocher, à Paris, dans un cabinet de travail sobre de fanfreluches, et où je vois, entre autres, un subtil portrait dû au poète Henry Bataille. Quand un ami vient, le matin, vers dix heures, le maître de céans pose son porte-plume ; son visage sérieux et placide, ses yeux aigus d’analyste s’éclairent d’un sourire accueillant ; il parle littérature, journaux, théâtre, d’une voix posée, sans effets, sans phrases. Point d’énervements, un équilibre parfait. Et ses propos sont judicieux ; l’ami part, lesté d’un bon conseil…
C’est là, dans ce cabinet paisible, près de sa femme et de ses beaux enfants, que Jules Renard, avec une sûre et sagace lenteur, a écrit ses Sourires pincés, et le Vigneron dans sa vigne, et l’Écornifleur, et Monsieur Vernet, et les Histoires naturelles.
Réaliste probe et concis, il décrit l’âme des bêtes, et l’âme, moins souple, des gens. Il voit net et ne déforme pas. Il peint avec l’art méticuleux du miniaturiste. Son « écriture », nullement gênée par le goncourtisme, est d’une pureté classique et s’apparente aux meilleures pages de La Bruyère.
C’est là qu’il a conçu Pain de ménage et Plaisir de rompre, chefs-d’œuvre de railleuse sensibilité ; c’est là qu’est né Poil de Carotte, gosse amer, douloureux ironiste de quinze ans.
Le Jules Renard d’été est un homme d’action et un politique. Il est maire de son « patelin », Chitry-les-Mines, par Corbigny (Nièvre). Il tient le curé par un bouton de sa soutane et lui prouve qu’il a tort. Il s’arrête dans un champ et enseigne la République au cultivateur. Il lutte contre le presbytère et le château. Sa parole est simple et chaleureuse.
Cela ne l’empêche pas de jeter des escargots à ses poules, de sourire de son coq vernissé, de rêver, silencieux, parmi les familles d’arbres, escorté de Pointu, son chien, de jouir des tons fins du ciel et de l’eau, et peut-être bien de pêcher à la ligne…
Jules Renard m’a envoyé les notes suivantes, avec l’autorisation de les arranger. Je préfère vous les soumettre telles quelles, nature, de peur de les déranger. Vous goûterez mieux ainsi l’accent de sincérité de cette confession :
Louis Vauxcelles (Le Matin du 28 août 1904).
Suite demain.

jeudi 8 mars 2012

Journal du 8 mars 1906

Moineaux collés au mur, comme soutenus par les rayons du soleil.

Jules Renard et les arts

Cher Monsieur Francis Jammes,
J'ai reçu votre lettre à la campagne. Vous m'y demandiez presque l'impossible. Je n'ai jamais regardé un tableau. je ne m'en vante pas. Tout de même, je le fais un peu exprès. Je me limite le plus que je peux, sourd à la musique, aveugle à la peinture. Je crois que nous naissons tous avec un génie diffus, dont il faut savoir se débarrasser. Rien n'est plus facile, je pense, que d'être un connaisseur dans tous les arts. Et je tâche de me résigner à un seul. [...]
Jules Renard
(Lettre à Francis Jammes, 27 octobre 1898)

mercredi 7 mars 2012

Journal du 7 mars 1905

Le petit Joseph, le petit gars de Philippe, est mort hier soir. Encore un qui se fout de l'immortalité.

Jules Renard moraliste

Jules Renard moraliste est le sujet d'une thèse soutenue  en mars 1972 par Mme Irène Starosta à l'Université McGill (Canada) pour le grade de docteur en philosophie. sommaire:
- Première partie
A. Formation morale
Chapitre I - Milieu familial.
Chapitre II - Milieu social et littéraire.
B. Expériences morales
Chapitre I - le mariage et la paternité
Chapitre II - Renard et le clergé
Chapitre III - Les amis
Chapitre IV - Renard, homme de lettres et "petit engagé"
- Deuxième partie
Chapitre I - La vie intérieure
Chapitre II - Le peintre de moeurs et de caractère
Chapitre III - La "Manière" du moraliste"
Conclusion
Bibliographie
(Cette thèse est consultable sur Internet).

mardi 6 mars 2012

Journal du 6 mars 1905

Les femmes cherchent un féminin à "auteur" : il y a "bas-bleu". C'est joli, et ça dit tout. À moins qu'elles n'aiment mieux "plagiaires" ou "écrivaines" : la rime n'aurait rien d'excessif.

Le Journal de Jules Renard

Qu'est-ce qu'on pensera de nous plus tard quand on saura que le premier volume du Journal de Jules Renard a paru hier et que des gens ont pu s'occuper d'autres choses aujourd'hui.
(Sacha Guitry, cité par Théâtre magazine, n°5, mars 1986)

lundi 5 mars 2012

Journal du 5 mars 1902

Au Figaro. À la caisse, je tends ma carte.
- Vous devez avoir une petite somme à me remettre, dis-je.
Le caissier ouvre un immense livre. Je vois mon nom écrit en belles lettres.
- Oui, monsieur. Vous êtes porté à 0 fr. 50 la ligne. Ça vous fait 36 fr. 50.
J'écris à Calmette qu'à ce prix je mourrais de faim, et que, s'il faut mourir de faim, j'aime mieux ne pas travailler.

Jules Renard vu par Sotheby's

L'étude Sotheby's met en vente le 28 mars prochain l'un des exemplaires originaux des Histoires naturelles illustrés par Toulouse-Lautrec, provenant de la Bibliothèque R. et B.L.  Extrait du catalogue: 
"Lot n° 177. TOULOUSE-LAUTREC (Henri de) - RENARD (Jules). HISTOIRES NATURELLES. Paris, Fleury, 1899. In-4 (320 x 230mm), broché, couverture illustrée, chemise demi-maroquin noir, étui (Devauchelle).
Estimation: 15.000/ 20.000 €
22 charmantes lithographies originales d'Henri de Toulouse-Lautrec.
Tirage unique à 100 exemplaires sur papier vélin n° 73.
Joint le bon de souscription illustré.
superbe exemplaire à l'état de neuf."
(Mercredi 28 mars 14h.30, Sotheby's, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris).

dimanche 4 mars 2012

Journal du 4 mars 1909

Dîner Goncourt. Bourges, Hennique, Geffroy, Rosny et moi.
Rosny, qui traite Hugo de crétin de génie, de monument imbécile, tâche de m'expliquer ce que c'est qu'un penseur, la valeur d'un jeu de pensée: Kant, Bergson, Poincaré. Mais je persiste à lui dire que, dans un beau vers de Victor Hugo, il y a plus de pensées que dans tel livre de métaphysique.

Au Théâtre

Les grands artistes sont insupportables, mais comme les petits ne le sont pas moins...
    *  *  *
Deux, trois, quatre rappels! Le rideau se baisse et se relève comme une chemise si complaisamment que toute la salle à l'air de s'éventer.
    *  *  *
Gros succès d'argent. Le directeur a dit à la buraliste: "Ma pauvre amie! vous n'avez même plus le temps d'aller faire pipi!"
(Jules Renard, Le Canard sauvage n°2, 28 mars 1903)

samedi 3 mars 2012

Journal du 3 mars 1903

Bernstein nous a réunis au Café Anglais, Blum et sa femme, Capus, Bernard et sa femme, Hermant, Sem.
Pourquoi? Oui, il faudra que je lui écrive pour le lui demander. 
Un garçon m'apporte un rince-bouche vide. Je ne  réclame pas; quand il le reprend, sa stupeur!  il avait bien entendu dire que des provinciaux le boivent, mais il ne le croyait pas. Je suis le premier.
C'est tout ce que j'ai retenu de ce dîner.

Le chemin de fer au temps de Jules Renard

Un chemin de fer à voiles. - Un chemin de fer d'un nouveau genre vient d'être imaginé en Autriche.
Les wagons y circulent sur les rails sans locomotives, mais simplement à l'aide de voiles, comme s'il s'agissait de bateaux. 
C'est le comte Chorinsky qui a eu l'idée originale d'établir sur son domaine de Wessely ce railway dont la longueur est de près d'une lieue, et sur lequel, lorsque le vent est favorable, un wagon peut rouler avec une vitesse de 4 milles à l'heure.
(Bulletin de la Société géographique de Bordeaux, 1880).

vendredi 2 mars 2012

Journal du 2 mars 1904

- J'aime, dit Antoine, à faire jouer de temps en temps un grand rôle par une petite bonne femme inconnue. Ça fait pisser les autres!

Ils sont nés en 1864

Toulouse-Lautrec 1864-1901
Jules Renard 1864-1910
Henri Poincaré 1864-1912
Aloïs Alzheimer 1864-1915
Lucien Herr 1864-1926
Paul Serrusier 1864-1927
Zo d'Axa 1864-1930
Henri de Regnier 1864- 1936
Ernest Raynaud 1864-1936
Marguerite Durand 1864-1936
Benjamin Rabier 1864-1939
Fernand Vanderem 1864-1939
Maurice Leblanc 1864-1941
Seraphine de Senlis 1864-1942
Camille Claudel 1864-1943
Louis Lumière 1864 -1948
Richard Strauss 1864-1949
Henri Rivière 1864-1951

Pierre Benoit

Les renardiens déplorent suffisamment l'oubli dans lequel sont tombés certains titres de Jules Renard pour ne pas saluer la réédition d'autres oubliés. Trois des quarante-trois romans de Pierre Benoit sont réédités par Albin Michel: Axelle, La Châtelaine du Liban et Mademoiselle de la Ferté (février) . Par ailleurs, le Livre de poche reédite L'Atlantide, Le Roi lépreux et Kœnigsmark (14 mars).

jeudi 1 mars 2012

Journal du 1er mars 1906

Un couple d'avares jouant à quatre mains sur le même piano.

Monument Jules Renard

Télégramme
Origine: Nevers -- Destinataire: Clamecy -- 20 septembre 1913 -- 10 heures 45 -- Nombre de mots: 55.
Arrivé le 20 à 11 heures.
Préfet Nièvre à Sous-préfet Clamecy.

"Avant de transmettre au commandant du 8e corps la demande du Comité Jules Renard relative à la participation d'une musique militaire, je vous prie de me faire connaître si le Comité prend l'engagement réclamé par le règlement de couvrir tous les frais occasionnés par déplacement des militaires."

(Nota: Il s'agit du Comité chargé d'élever le Monument Jules Renard à Chitry-les-Mines, inauguré en grande pompe en octobre 1913)