mercredi 31 décembre 2014

Journal du 31 décembre 1894

Si, au lieu de gagner beaucoup d'argent pour vivre, nous tâchions de vivre avec un peu d'argent.

mardi 30 décembre 2014

Journal du 30 décembre

Mes 28 jours. Le fils d'Octave Feuillet me dit: " Que faites-vous donc de votre métier, sergent Renard, pour calligraphier ainsi?" Le ton était peu pressant. J'éprouvai quelque jouissance à ne pas répondre. J'aurais pu dire cette banalité: " Je fais le métier de monsieur votre père, avec moins de talent."

lundi 29 décembre 2014

Journal du 29 décembre 1903

Maman a fait le voyage avec un soldat qui venait de Nice et qu'elle a présenté à Marinette, à la gare.
J'avais préparé: "Bonjour, maman. Ça va bien? Bon voyage?  Installe-toi." Je n'ai pu lui dire que bonjour et lui donner deux baisers avec des lèvres joinres, desséchées.
Dans son "Oh! ce Paris!" il y a quelque chose de familier et d'attendri que Poil de Carotte n'a jamais vu.

samedi 27 décembre 2014

mercredi 24 décembre 2014

Journal du 24 décembre 1908

Je me suis comporté avec les paysans comme avec la nature, les bêtes, l'eau, les arbres.
Ce que je dis d'un arbre s'applique à tous les autres, mais c'est en en regardant un, et non tel autre, que j'ai trouvé cette image qui transmet au lecteur l'impression communicable.

mardi 23 décembre 2014

Journal du 23 décembre 1908

Augustine, quand elle voit arriver le chou-fleur au gratin:
- Hé! là, dit-elle, qu'on va bien vivre!
Elle mange trop, digère mal et bâille des coups...!
Sauf le gigot et la viande pas assez cuite. elle est obligée d'ôter son corset pour laver sa cuisine.
Le soir, elle s'endort comme une souche, mais elle a des cauchemars, crie, chante et flanque tout par terre.

lundi 22 décembre 2014

dimanche 21 décembre 2014

Journal du 21 décembre 1900

Un joueur d'orgue de Barbarie s'arrête devant une fabrique de grandes orgues à tuyaux, pianos de tous facteurs, et joue un air à deux petits qui collent leur visage à la porte. On devine qu'au fond de la boutique le papa et la maman se cachent, s’impatientant de voir là ce vieil homme, et les petits cramponnés. Donneront-ils le sou? Disent-ils aux petits: " A table! A table! ou bien: "Vous entendez de bien plus belles musiques tous les jours?" Que va-t-il se passer?
Rien. Las d'attendre, le vieux s'éloigne, s'aidant, pour marcher avec ses pauvres jambes, de la jambe de bois qui soutient son petit orgue. 
Les deux visages se décollent, ou, plutôt, l'accordeur tire ses enfants en arrière, sort sur le pas de la porte et dit au vieux: "Vous le faites exprès", en lui montrant tout ce qui écrit sur la devanture. Mais, lui, il ne sait pas lire. S'il part, c'est tout simplement qu'on le chasse.

vendredi 19 décembre 2014

Journal du 19 décembre 1895

Il me parle de ses projets, d'une pièce pour le Théâtre-Français accommodée au cynisme de la maison, et, tandis qu'il me parle je regarde sa peau sèche, ses yeux creux, ses narines minces et les nerfs de son cou, et il me semble que l'araignée de la mort pose déjà ses fils.

Bon anniversaire

Après-demain dimanche 21 décembre, ce blog amoureux de Jules Renard aura 3 ans. 
Il contient déjà une documentation étoffée. Le journal, bien sûr, mais en cliquant sur l'un des noms figurant dans l'index, colonne de droite, on peut lire ce que Renard en a dit ou ce que ce même personnage  a dit de Jules Renard. De tous les blogs et sites sur Jules Renard, ce blog est celui qui fournit la masse d'informations la plus riche. 1879 articles publiés depuis trois ans.
C'est également le seul blog ou site à rendre hommage à sa femme Marinette, à son biographe Léon Guichard, à la compagne de ses années de vache maigre Danièle Davyle, à celle qui fit le succès de Poil de Carotte Suzanne Desprès.
Les visiteurs fidèles auront remarqué le  voisinage de quelques intrus. C'est un parti pris autoritaire, arbitraire et personnel. Mais pas que:
Marcel Proust (1871-1922), l'anti-Jules Renard, le maestro du développement  sans fin versus le prince de la concision. Le prolifique contre le mesuré. L’extraverti en face du discret.
Oscar Wilde (1854-1900) comme Jules Renard a vécu 46 ans, est l'auteur d'un seul roman, de seulement quelques pièces de théâtre, a été père de deux enfants. Pour le reste tout les oppose. Oscar le dandy, mondain, causeur intarissable, prodigue versus Jules petit bourgeois provincial, aigri, économe.
Paul Léautaud (1872-1956) c'est l'unique, l'incomparable dont la verve et le talent dominent le paysage littéraire. Léautaud, c'est l'homme libre, l'élégance de l'indépendance. C'est le censeur, ignoré, oublié...et lui aussi, diariste, comme  Jules.
Et aussi Céline, parce que dans le Panthéon des lettres il est l'alter ego de Proust . Et puis, il habitait Meudon, comme moi. Cela crée des liens.
Merci aux huit mille visiteurs de l'année 2014, français, américains, brésiliens, belges, japonais, allemands, espagnols, marocains, italiens, suisses et quelques autres. Et bonne année renardienne à tous.

jeudi 18 décembre 2014

Journal du 18 décembre 1900

Pourquoi tant écrire? Le public ne sait jamais qu'un ou deux titres des livres des auteurs les plus féconds.

Les enfants dans les prisons anglaises au temps de Jules Renard

J'ai vu les trois enfants moi-même le lundi qui a précédé ma libération. Ils venaient d'être condamnés et se tenaient debout dans le hall central en uniforme de prisonniers, leurs draps sous le bras, avant d'être envoyés dans les cellules qui leur étaient assignées. C'étaient de très petits enfants. Le plus jeune était un tout petit bonhomme pour qui, de toute évidence, il avait été impossible de trouver une tenue à sa taille. Bien entendu j'avais vu de nombreux enfants en prison au cours des deux années pendant lesquelles j'avais moi-même été incarcéré. La prison de Wandsworth, surtout, contenait toujours un grand nombre d'enfants. Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point je fus affligé de voir ces enfants à Reading, car je savais quel traitement les attendais. La cruauté exercée jour et nuit sur les enfants dans les prisons anglaises est incroyable, sauf pour ceux qui ont été les témoins et connaissent la brutalité du régime.
Les gens aujourd'hui ne comprennent pas ce qu'est la cruauté. [...] En conséquence, étant enlevé à ses parents par des gens qu'il n'a jamais vu et dont il ne sait rien, et se trouvant isolé dans une cellule inconnue, abandonné à des étrangers, commandé et puni par des représentants d'un système qu'il ne peut comprendre, l’enfant devient immédiatement la proie  de la première émotion, la plus importante provoquée par la vie moderne en prison: L'émotion de la terreur. La terreur d'un enfant en prison est sans limites.
(Oscar Wilde, Quelques cruautés de la vie de prison, lettre à l’éditeur du "Daily Chronicle", 28 mai 1897)

mercredi 17 décembre 2014

Journal du 17 décembre 1907

Faire un livre où, dans la forme de L'Ecornifleur, j'en finirai avec la famille: papa, maman, la sœur, le frère, la femme et les enfants.

Archives

Cette plaque a été enlevée et probablement perdue au moment de la destruction de cet immeuble remplacé par un bâtiment EDF.