dimanche 30 novembre 2014

Journal du 30 novembre 1897

Chez le dentiste. Puis, on sent que la dent essaie de faire mal, et qu'elle ne peut pas. Le " Vous avez peur, hein?" Le petit fauteuil où il est bien difficile de s'asseoir. Est-ce qu'il ne va pas basculer, me ligoter et me livrer au bourreau?
On leur a une reconnaissance éternelle  de ne vous avoir pas fait mal. On oublie que, peut-être, rien ne leur était plus facile. 
Et je dis que mon père, qui s'est tué comme un héros, n'a jamais voulu aller chez le dentiste. 
La petite serviette à dessert où placer sa tête.
Une petite automobile qui vous entre dans une dent.

samedi 29 novembre 2014

Journal du 29 mars 1898

Dîner chez Capus. Son rire réjouissant. Sa petite tête est comme une bille de billard qui tourne et fait de l'effet sur place.
Décidément, Guitry est un homme à part. Il a une façon discrète de charmer. Il raconte ses histoires en ayant l'air de s'excuser de les raconter encore.

Journal du 29 novembre 1897

Le bonheur, la plus rapide des impressions.

vendredi 28 novembre 2014

Journal du 28 novembre 1904

Guitry vient me voir. Je lui dis:
- Pourquoi ne jouez-vous pas la pièce de Lemaître?
- Impossible! Un homme qui félicite Syveton! Non! Non! Voilà: je voudrais jouer Monsieur Alphonse et Sœur Ernestine; seulement, pas de franc-maçon.
- Ce n'est qu'un mot, dis-je. La pièce resterait anti-cléricale.
- Ça ne me gêne pas, dit-il.
- Je fais quelques objections. Il me répond:
- Revoyez-ça.
Le lendemain, je lui dis:
- Le premier acte est bien. Le second, il faudrait en parler.
- Je viendrai vous voir samedi, dit-il.
Je relis ma pièce. Je me mets en goût. Le samedi, pas de Guitry, pas un mot, et tous les journaux m'apprennent, ce matin, qu'il va jouer la pièce de Lemaître, La Massière.

jeudi 27 novembre 2014

Journal du 27 novembre 1906

Une pauvre femme de l'Odéon, l'air d'une pauvre concierge sans place, me dit d'abord qu'elle organise une représentation à son bénéfice et le demande d'insérer un article quelque part. 
- Pourquoi vous adressez-vous à moi?
- Parce que j'ai lu des choses de vous.
Elle ment, et, à mesure qu'elle ment, le coeur se durcit.  elle est dans le septième dessous. Elle va m'offrir des billets. Elle finit par dire:
- Monsieur Renard, je vous dis comme à tous ces messieurs: je cours après une bouchée de pain.
Il fallait le dire!
Trop tard. Le coeur est complètement  dur. Je ne peux rien.  Bonjour, madame.

mercredi 26 novembre 2014

Journal du 26 novembre 1889

Vallette dit: "Voir la vie en encre de Chine."

Tristan Bernard au temps de Jules Renard

Jeudi 20 décembre.- L'été dernier, en chemin de fer, Bernard est pris à partie, par un voyageur, dans un compartiment de 2e classe, où se trouvait également une dame, pour s'être mis à fumer une énorme pipe. Mutisme de Bernard sous les reproches. Le voyageur ne s'en échauffe que mieux, menaçant Bernard du chef de gare de la prochaine station. On y arrive, le chef est appelé, le voyageur lui explique l'inconvenance de Tristan Bernard: pas compartiment de fumeurs, pas demandé permission, etc. Là-dessus:   "Demandez donc d'abord à cette dame comment il se fait qu'elle voyage en seconde classe avec un billet de troisième", dit Bernard au chef de gare. Celui-ci oublie l'histoire de la pipe, ne voit plus que l'intérêt de la compagnie, demande son billet à la dame, billet de troisième, en effet, et la prie de descendre. 
Le train repart. Tristan Bernard seul maintenant avec le voyageur. Celui-ci se met à ne pas le féliciter de sa goujaterie: avoir ainsi procuré un affront à cette femme..." Et d'ailleurs, lui dit-il, comment avez-vous pu savoir que cette dame voyageait avec un billet de troisième?... - Parce que, répond placidement Tristan Bernard, parce qu'il était de la même couleur que le mien." Il parait que le voyageur a été "tué".
(Paul Léautaud, Journal littéraire, jeudi 20 décembre 1906.)

mardi 25 novembre 2014

lundi 24 novembre 2014

Journal du 24 novembre 1887

On me raconte que Montépin a devant lui, sur sa table, des petits bonshommes en bois qu'il enlève à mesure que son roman les tue.
Çà, un poète? Il serait refusé à un concours d'acrostiches.

Actualité théâtrale

Dieu, qu'ils étaient lourds.
De Louis-Ferdinand Céline 
Une rencontre loin des consensus et des coquetteries littéraires avec Louis-Ferdinand Céline, qui, seul sur scène, répond aux questions qu lui furent posées par les intellectuels de l'époque.
Théâtre la Reine Blanche, 2 bis passage de la Ruelle, Paris 18°.
Jusqu'au 30 décembre 2014.

dimanche 23 novembre 2014

Journal du 23 novembre 1888

Tu ne seras rien. Tu as beau faire: tu ne seras rien. Tu comprends les plus grand poètes, les plus profonds prosateurs, mais, bien qu'on prétende que, comprendre, c'est égaler, tu leur seras aussi peu comparable qu'un infime nain peut l'être à des géants.

samedi 22 novembre 2014

vendredi 21 novembre 2014

Journal du 21 novembre 1887

La tapisserie sur fond noir avec le relief de roses rouge comme des œufs de Pâques, aux feuilles raides comme des coquilles.

Les Amis de Jules Renard

Les adhérents de l'association des Amis de Jules Renard sont convoqués pour leur assemblée générale qui se tiendra à la mairie de Chitry-les-Mines le 29 novembre. Ils auront à statuer sur l'ordre du jour suivant:
Entendre des exposés sur les actions prises au cours de l’exercice clos au 30 septembre 2014, les orientations pour 2015 et les résultats financiers de l’exercice. Délibérer sur ces questions. L’ordre du jour comporte en outre une information sur l’organisation du Bureau après la démission de Bruno Reyre de la présidence, son remplacement par Mme Paparella et le changement de titulaire pour les fonctions de Secrétaire général et de Trésorier. Un point sera fait sur la documentation appartenant à l’association, déposée à la Mairie de Chitry.
Les résolutions suivantes seront mises aux voix : (le vote est ouvert aux adhérents à jour de leur cotisation) - Ratification de la nomination par cooptation de Mme Christiane Lachot comme administrateur. - Approbation du rapport d’activité sur l’exercice clos. - Approbation du rapport financier pour cet exercice et fixation de la cotisation pour 2015. - Quitus aux administrateurs pour leur gestion durant l’exercice écoulé. - Approbation des orientations pour 2015.

jeudi 20 novembre 2014

Journal du 20 novembre 1900

L'espèce de petite piquante décharge au cerveau que nous donne la vue de notre nom imprimé dans un journal.

Actualité théâtrale

Théâtre de l' Œuvre, Paris,  à partir du 20 novembre 2014
Faire danser les alligators sur la flûte de Pan 
 D''après la correspondance de  Louis-Ferdinand Céline.
Adaptation Émile Brami. Mise en scène Ivan Morane.  Avec Denis Lavant.
A travers ses lettres sincères nous traversons les trente années pendant lesquelles Céline a révolutionné la langue française.

mercredi 19 novembre 2014

Journal du 19 novembre 1906

Un homme de lettres qui, chaque année, place peut-être,  à Londres, 50 ou 60.000 francs, et qui fera avec vous, ce soir, si vous voulez, un petit acte qui lui rapportera 5.000 francs.

Jules Renard aux enchères

Jeudi 11 décembre 2014, 14 h.
SVV Odent, 20 rue Michel- Colombe, 37000 Tours

Lot 224 Renard (Jules) Histoires Naturelles. Paris, Éditions de l'Odéon, 1955, in-4° en feuilles sous jaquette et étui. illustré de 24 burins originaux de Tavy Notton dont 1 hors-texte . et un à double page.
Tiré à 240 exemplaires, un des 120 sur Rives (n° 167). 80/100

Lot 238 RENARD (Jules) [COLIN] Les Philippe, précédés de Patrie ! Paris. Éditions d'art Edouard Pelletan, 1907, in 8°, reliure moderne pleine basane orange, dos à nerfs ornés de fleurons mosaïqués, encadrement à froid sur les plats, couvertures conservées (signée Christiane Pecqué) Décoré de cent un bois originaux dont huit camaïeux de Paul Colin. Tiré à 1200 exemplaires numérotés, un des ex. sur papier du Marais (685). A la fin de l'ouvrage a été relié le Spécimen. Ex-libris de P. Guillaume-Louis, chirurgien à Tours.

mardi 18 novembre 2014

Journal du 18 novembre 1908

C'est la première fois que je viens au Matin appoeter un article deamndé. Quel magasin! Je demande:
- Monsieur Jouvenel.
- Monsieur de Jouvenel, rectifient les garçons.
Un monsieur que je connais, et dont je ne sais pas le nom, , me salue. Il n'attend rien. Il vient dans cette antichambre pour son plaisir, causer avec quelqu'un de rencontre. 
M. de Jouvenel, très cordial, lit l'article et le trouve à son goût. Il me demande des contes. Le public y revient, a besoin d'en lire, n'importe quoi, ou n'importe qui.
- Les contes ne sont pas bons, dit-il. La jeunesse est sèche. Pas d'émotions. Vous, vous savez.

lundi 17 novembre 2014

Journal du 17 novembre 1904

Nous ne sommes pas si méchants que ça, et certains auteurs doivent plus plus d'un faux succès à la crainte que nous avons eue de paraître envieux.

La bicyclette au temps de Jules Renard

1890. Dunlop remplace les bandages pleins par des tubes creux gonflés d'air. Le marché de la bicyclette décolle.  Mais il faut attendre l'invention du pneu démontable et de la chambre à air par Michelin, en 1891, pour qu'elle devienne un phénomène de société, la petite reine. En ville, surtout, elle procure au Français moyen même liberté, même possibilité d'évasion qu'offre aux privilégiés la possession d'un cheval. Enfin, chacun peut aller où il veut, quand il le veut! dès lors, on délaisse le théâtre et les vêpres au profit des promenades dominicales à bicyclette. On en arrive à négliger le piano et les cigares. Bientôt, les casquettes de cyclistes remplacent les chapeaux melon.
(Alain Frerejean, Les Peugeot, deux siècles d'aventure, Flammarion, p. 50.)

dimanche 16 novembre 2014

Journal du 16 novembre 1899

Nous laissons la nuit venir entre nous deux. Il me dit soudain:
- Vous avez les yeux phosphorescents.
Il me dit ça d'une voix de gorge: il a peur. J'ai la modestie de répondre:
- Non! C'est  le reflet, par la fenêtre, du bec de gaz qu'on vient d'allumer dans la rue.

samedi 15 novembre 2014

Journal du 15 novembre 1888

Un ami ressemble à un habit. Il faut le quitter avant qu'il ne soit usé. Sans cela, c'est lui qui nous quitte.

vendredi 14 novembre 2014

Journal du 14 novembre 1907

Il faut du temps pour livre un livre; il en faut moins pour le juger.

Actualité théâtrale

Un nouveau spectacle dédié à Wilde sera donné en novembre et décembre dans le charmant petit théâtre de l'Ile Saint-Louis Paul Rey.
Il s'agit du Bouc émissaire, ou les tragédies d'Oscar Wilde.
Séances les dimanches:
16, 23 et 30 novembre, 20h30
7, 14, 21 et 28 décembre 20h30
et le 4 janvier, 20H30.
39 quai d'Anjou, Paris 4ème, Métro Pont Marie
theatre-ilesaintlouis.com

jeudi 13 novembre 2014

Journal du 13 novembre 1905

Bertrade, une pauvre chose; de la production sans aucun travail. Un Lemaitre, riche académicien, y dit beaucoup de mal de l'argent, et l'argent a compris: la caissière ne voit rien venir.
Guitry me présente à Roujon. Nos mains, dans cette loge, n'avaient qu'un tout petit espace à traverser, mais elles ont eu peur.
- C'est pourtant lui qui nous a décoré, me dit Guitry.
- Peut-être, mais il l'a oublié, et moi aussi.
Guitry a refusé le Coup d'aile, de Curel, que prend Antoine. De belles choses, mais c'est injouable ailleurs qu'à l' Œuvre, en matinée.

mercredi 12 novembre 2014

Journal du 12 novembre 1904

Vexé par l'accueil des Nivernais hier soir, consolé par l'article de La Tribune de ce matin. Je dis à Marinette.
- Je suis vaniteux, hein?
- Non, dit-elle en riant.
- Non, mais j'aime les éloges.
- C'est-à-dire, répond-elle, que, quand ils viennent ils ne troublent pas; mais, s'ils ne viennent pas, tu...
- Oui, oui.
- Mais ils viennent toujours.
- Et puis, dis-je, je serais peut-être un vaniteux, et je ne serais que cela, si je n'étais poète. Poète, je vois la vanité de la vanité même. Je sais voir la beauté, et il y a tant de belles choses.

mardi 11 novembre 2014

lundi 10 novembre 2014

Journal du 10 novembre 1901

Le plaisir de rompre.  Je crois que Le Bargy a un peu de mépris pour une aussi petite chose: qu'il en joue donc autant.

Actualité littéraire

Oscar Wilde, splendeur et misère d'un dandy, par Daniel Salvatore Schiffer, Éditions de La Martinière, août 2014.
En s'appuyant sur des documents rares et des photographies exceptionnelles, Daniel Salvatore Schiffer brosse le portrait d'un poète maudit par excellence, entre le tragique et la flamboyance. Car, de la gloire à la chute, il s'agit d'embrasser toute la singularité d'un parcours hors du commun, pris dans les batailles artistiques et morales de l'époque victorienne, et dont l’œuvre en clair-obscur illumine aujourd'hui encore nos lectures.

dimanche 9 novembre 2014

Journal du 9 novembre 1887

L'art avant tout. Il restait un mois, deux mois, parmi ses livres, ne leur demandant que le temps du repos et des sommeils, puis tout à coup il tâtait sa bourse. Il fallait chercher un emploi, n'importe quoi, pour revivre. Une longue suite de jours dans un bureau quelconque avec des ronds-de-cuirs, de race ceux-là, il collait des timbres, mettait des adresses, acceptait toute besogne, gagnait quelques sous, remerciait le patron et retournait à ses livres, jusqu'à nouvelle détresse.

samedi 8 novembre 2014

Journal du 8 novembre 1893

Fortune, ne me brusque pas trop. Prends-moi par la douceur. De toutes petites leçons me corrigent. Je je comprends les demi-reproches à demi-mot. Ne t'acharne jamais, va. Garde tes meilleurs coups pour les asséner sur des têtes plus dures que la mienne.

vendredi 7 novembre 2014

Journal du 7 novembre 1887

Une chute continue de goutte d'eau fait,  dans la vapeur des vitres , comme un petit sentier dans de la neige.

Les mouches au temps de Jules Renard

Mardi 11 février. -Voici de bien traits de l'amour des bêtes. Vallette et Rachilde n'ont pas seulement comme animaux la chatte qu'ils ont sauvée de l'eau il y a deux ou trois ans. Rachilde élève également sur des branches de mimosa deux coccinelles. Mlle Vallette a un escargot. Ils ont encore, dans leur salle à manger, une simple mouche fort bien apprivoisée, que les fenêtres ouvertes ne font pas du tout partir, qui vient manger dans leurs mains. Que de choses mystérieuses cela évoque. une simple mouche, s’apprivoiser ainsi, rester ainsi à demeure, venir ainsi manger tout comme une bête domestique. Nous le disions ensemble ce matin, Vallette et moi. À connaître ces choses, on arrive à ne plus oser marcher, de peur de tuer quelque chose. Je lui disais qu'à la campagne, j'ai vu quelquefois la route barrée d'un large ruban de fourmis qui traversaient, prenant mes précautions pour n'en écraser aucune.  De même pour les limaces, dans les sentiers des prés. Hélas! les voitures, les paysans?
(Paul Léautaud,  Journal littéraire, mardi 11 février 1908.)

jeudi 6 novembre 2014

Journal du 6 novembre 1889

Nous voulons fonder une revue. chacun de nous disait: "Qui fera la chronique?" Personne ne voulait faire la chronique. Quelqu'un proposa: "Nous la ferons (chacun) à notre tour."
A la fin, il s'est trouvé que, tous, nous avions une chronique en poche à livrer, tout de suite, au premier numéro...
Vallette,  comme rédacteur-directeur, agrémente sa conversation d'expressions telles: majoration, fonds de caisse, rentrées, compte-rendu.
En somme, notre mépris de l'argent proclamé haut et fort, nous serions grandement enorgueillis si le premier numéro nous rapportais dix sous.

mercredi 5 novembre 2014

Journal du 5 novembre 1906

Que deviennent toutes les larmes qu'on ne verse pas?

Les Histoires naturelles aux enchères

Sotheby's, Paris, vente du 6 novembre 2014
Toulouse-Lautrec, Henri de -- Jules Renard HISTOIRES NATURELLES. [PARIS], H. FLOURY, 1899. 
Avec un envoi illustré de petits croquis originaux, dans une belle reliure de P.L. Martin. Grand in-8 (310 x 219 mm). Maroquin marron, les deux plats ornés d'une grande fenêtre en box beige mosaïqué d'un jeu typographique mêlant les lettres du nom de l'auteur et du titre, dans des nuances différentes de marron, dos lisse avec titre mosaïqué en long dans un cartouche en box beige, tranches dorées, doublure bord à bord et gardes de box beige, couverture, chemise demi-maroquin à bandes, étui (P.L. Martin, 1960). 
Couverture et 22 charmantes lithographies originales de Henri de Toulouse-Lautrec. Tirage unique à 100 exemplaires sur papier vélin (n° 57)
Très bel exemplaire enrichi de 2 petits croquis originaux et d'un envoi sur la page de faux-titre : "A de Lassalle, courageux acheteur. H. Lautrec"
Tous deux nés en 1864, Renard et Toulouse-Lautrec se rencontrent à la suite du succès de Poil de Carotte. Pour ce volume illustré, Renard choisit vingt-deux textes parmi ses Histoires naturelles en ne s'attachant qu'aux humbles animaux connus de Poil de Carotte, comme le mouton, le lapin, le coq, le canard, l'araignée... "Ces courts récits sur les animaux demeurent de microscopiques comédies humaines" (Fr. Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 45). En 1898, Toulouse-Lautrec se rend presque tous les jours au Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne, observe et dessine. Il réalisa pour cet ouvrage vingt-deux admirables lithographies. Il mourut deux ans après la publication de ce livre aujourd'hui considéré comme un des plus séduisants illustrés modernes.
Estimation: 10.000/15.000 €.

mardi 4 novembre 2014

Journal du 4 novembre 1889

Non, décidément, Barrès se retient trop. Il sera malade quelque jour. Sa sincérité contenue fera péter sa peau. Il mourra d'une conviction rentrée, étouffera de civilisation comme d'autres d'un manque d'air. Des sensations courtes rendues par des phrases brèves. Est-ce neuf, ce qu'il dit? Il dore la tranche des manuels classiques. Quand on a dit: "Il n'y a rien", une fois, une seule, n'est-ce pas suffisant? Restent les apparences, les belles et variées apparences qui composent un Univers bien assez réel pour notre petite vie jusqu'à notre petite et proche mort. Barrès, mon ami, déboutonnez-vous: vous sentez le concentré. On étouffe chez vous. Aérez.

lundi 3 novembre 2014

dimanche 2 novembre 2014

Journal du 2 novembre 1901

La Loië Fuller en face de moi dans l'omnibus. Une figure commune de grosse fille qui aurait la manie de se peindre comme une actrice.
De gros doigts sans phalanges où les bagues seules marquent une division. Sourire intermittent, comme si, tous ces gens de l'omnibus, c'était encore du public. Des yeux vagues. Myope. De hauts talons comme à la scène. Il faut se hausser dans la vie aussi.
Elle n'a pas de monnaie pour payer sa place. Elle est obligée de descendre pour en faire chez un marchand de vins. 
Envie de lui dire: "Mademoiselle, je vous connais et vous admire: voilà six sous." A quoi bon!

samedi 1 novembre 2014

Journal du 1er novembre 1896

Ma Psyché. - Me traite-t-on  assez d'observateur! Et rien ne m'ennuie autant que d'observer. J'ai la timidité de voir. Chaque nouvelle relation m'effraye. On me dirait: "Allez à droite, et vous rencontrerez un beau type d'humanité", que je ne me dérangerais pas de mon chemin. Je subis les "choses vues", mais je ne les recherche pas.