samedi 3 novembre 2012

Jules Renard vu par René Benjamin 10/10

 Henry Becque et Jules Renard ou la comédie vingt siècles après J.-C.
Conférence de M. René Benjamin (extrait)
Suite d'hier.
Du moins, puisque ceux que nous étudions aujourd'hui n'ont pas atteint ces sommets perdus dans les nuées divines, disons que, peut-être, c'est qu'ils ne se sont pas réalisés, mais qu'ils possédaient sans doute de grands cœurs, faits pour le génie, le jour où ils auraient su s'épanouir, le jour où leur époque et ses mœurs et ses évènements leur en auraient donné l'occasion. Ils ont été malheureux; ils se sont gargarisés de leur malheur; ils n'ont pas su s'épanouir; sans doute n'en avaient-ils pas la force; mais ils vivaient à une morne date de l'histoire de France où rien ne les y engageait. Aussi puisque nous les avons aujourd'hui devant nous, je crois qu'à défaut d'une admiration très grande, il faut leur donner une tendresse spéciale. Il faut les mettre dans un coin du coeur où il y aura beaucoup d'indulgence, avec l'estime que mérite leur grand talent. [...]
Mon père avait une grand'mère très tendre qui lui disait toujours: 
- Sur cette terre, il faut faire tout, tout ce qu'on peut, mais on n'est pas obligé au reste!
Mesdames, messieurs, puisse votre jugement définitif sur Becque, Renard, et sur l’interprète modeste que je suis, se teinter, en partant, du souvenir de cette phrase qui est pleine d'une utile charité.
Fin.
(René Benjamin, Conférencia, n°10, 1er mai 1926.)

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