jeudi 30 mai 2013

Journal du 30 mai 1890

Donner comme épigraphe aux Cloportes cette phrase de Flaubert. - Journal  des Goncourt, 1er volume, page 367: "Je n'ai eu que l'idée de rendre un ton, cette couleur de moisissure de l'existence des cloportes."

Actualité littéraire

Wilde, la bibliothèque idéale


S'il n'a publié qu'un seul roman, Le Portrait de Dorian Gray, le dandy irlandais a produit une oeuvre foisonnante, s'imposant notamment comme auteur dramatique de premier plan. Il a aussi écrit de nombreuses nouvelles, des poèmes, et laissé une correspondance impressionnante. 
Notre sélection:
1/ Une pièce de théâtre, L'Importance d'être constant. GF Flammarion.
2/ Son unique roman, Le Portrait de Dorian Gray. Le Livre de poche.
3/ Un conte merveilleux, Le Prince Heureux. Folio.
4/ Un recueil de nouvelles, Le Crime de Lord Arthur Savile. Folio.
5/ La correspondance, Lettres d'Oscar Wilde. Gallimard.
6/ Un poème, La Ballade de la geôle de Reading. Le Livre de poche.
(André Clavel, Lire, juin 2013.)

mercredi 29 mai 2013

Journal du 29 mai 1906

L'hirondelle dont le vol est partout et qui n'est nulle part.

Actualité littéraire

Livres audio.  Editions Thélème 1 CD MP3. 

Portrait de Marcel Proust

Conférence par Jean-Yves Tadié


Jean-Yves Tadié est l'un des meilleurs spécialistes de l'oeuvre de Proust. Professeur émérite à l'université Paris-Sorbonne, directeur des collections Folio classique et Folio théâtre chez Gallimard, il a publié une biographie de l'écrivain qui fait autorité et a dirigé la nouvelle édition d' A la recherche du temps perdu dans la bibliothèque de la Pléiade, couronnée par le prix de l'Académie française. Il a aussi dirigé et préfacé, toujours dans la Pléiade, le premier volume des Écrits sur l'art d'André Malraux, ainsi que le tome 6 de ses Œuvres complètes, publiées sous le titre Essais. 
Le portrait de Marcel Proust qu'il nous propose est celui d'un écrivain qui a conquis dans nos mémoires une place une place si importante et qui est considéré nous dit-il, comme le plus grand écrivain du XXe siècle (1). Jean-Yves Tadié se propose d'interroger sous l'angle de ce destin étonnant la nature hors norme d'un écrivain qui échappe définitivement à son pays et à sa langue.
(Lire, juin 2013.)
(1). Il est généralement admis par la communauté littéraire internationale que Marcel Proust et Louis-Ferdinand Céline sont les deux plus grands écrivains français du XXe siècle. 
T.J.

mardi 28 mai 2013

Journal du 28 mai 1897

Le cimetière neuf. De l'herbe, des fleurs, une seule tombe, une croix au milieu de l'unique allée, et une porte fermée. nous ne pûmes entrer.

Poil de Carotte joué au Jardin d'acclimatation

Le Jardin d'Acclimatation (Paris) accueillera, du 11 au 26 juin 2013, la Comédie-Française qui jouera Poil de carotte de Jules Renard dans une mise en scène de Philippe Lagrue.
Pour la première fois, initiant un partenariat voulu par Muriel Mayette, l'administratrice générale de la Comédie-Française, le Théâtre du Jardin recevra ainsi les comédiens de la troupe de Molière pour 12 représentations exceptionnelles !
Jouée pour la première fois à Paris en 1900, « Poil de carotte » connut immédiatement un grand succès avec 125 représentations. La pièce fut ensuite inscrite au répertoire en 1912. Jules Renard était un familier du Jardin d'Acclimatation dont il parle régulièrement dans son Journal décrivant les animaux qu'il venait y observer. Savait-il qu'un jour on y construirait un théâtre dans lequel sa pièce autobiographique serait jouée plus de cent ans après sa création ?


Poil de carotte de Jules Renard
Mise en scène de Philippe Lagrue. Scénographie de Franck Walega. Lumières d'Éric Dumas. Assistante à la mise en scène, Marie-Edith Le Cacheux
Avec Catherine Sauval, Benjamin Jungers, Gilles David, Adeline d'Hermy, et Grégory Gadebois.
Du 11 au 26 juin 2013
Les 11, 14, 18, 20, 21, 22, 25 et 26 juin à 20h00. Les 12 et 15 juin à 15h00 et 20h00. Le 23 juin à 15h00. Relâche les 13, 16, 17, 19 et 24 juin.
Prix des places de 18€ (entrée du Jardin comprise)
Durée du spectacle : 1 heure.
Tout public à partir de 10 ans.
Réservation au 01 44 58 98 58
www.comedie-francaise.fr
M° Les Sablons
Bus : lignes n° 43 - 73 82 - 93 - 174 - 244 - PC

lundi 27 mai 2013

Journal du 27 mai 1903

Théâtre. Comédiens toujours dans l'eau comme des canards. Donnent des poignées de coudes.
Les femmes changent de bas et de chemise.
- Mais je vois!
- Bon! Mes nénés?
Tout ça, près du seau de toilette.

dimanche 26 mai 2013

Journal du 26 mai 1904

Honorine a un doigt privé d'une phalange. Elle ne sait plus si elle l'a perdue à la moisson, d'un coup de faucille, ou par un panaris. Elle sait seulement qu'elle a tant souffert qu'elle voulait se jeter à l'eau.

samedi 25 mai 2013

Journal du 25 mai 1908

J'écoutais, hier soir, une petite pièce de Dieudonné qui rappelle le Pain de ménage. Dire des choses intimes et les dire si mal, c'est de l'impudeur. Dès qu'un monsieur et une dame parlent sur la scène, je suis gêné s'ils parlent mal.

vendredi 24 mai 2013

Journal du 24 mai 1893

Gandillot, un gros, siffle en parlant, dessine, et dit:
- C'est étonnant comme c'est difficile de dessiner quand on ne sait pas!
Il fait même un peu de peinture.
- C'est rigolo, dit-il.
- Que ma bonne aille où elle voudra, dit-il encore, pourvu qu'elle ne m'emmène pas!
Il joue au jacquet et compte les points avec ses doigts, comme s'il trottait sur le tapis, comme s'il passait un ruisseau sur des pierres.

mercredi 22 mai 2013

Journal du 22 mai 1897

Papa a toujours une intelligence claire et lente. Près de lui, moi, je ne sens plus la mienne très nette. j'ai toujours peur de dire une chose fausse, et de la mal dire, et il doit penser: "Qu'est-ce qu'on a donc à toujours me parler de mon fils? Je ne vois pas ce qu'il y a d'extraordinaire." Il parle bas, pour ne pas se fatiguer le poumon, et chacune de ses paroles tant ménagées fait un peu mal à celui qui l'écoute. (Reprendre les Cloportes.
Dès que maman ouvre la porte, il s'arrête. Elle entre parce qu'elle a senti qu'il allait dire quelque chose qu’elle voudrait bien savoir. Traînant sa jambe malade, elle va au placard, l'ouvre, touche la pile de linge, feint de chercher, écoute, et ne prend rien. Elle fait le tour de la table, déplace un journal. Enfin, elle trouve une tasse et l'emporte. Elle n'a rien entendu. 
Refermée sa porte, papa, qui s'était promené à petit pas, continue et achève sa phrase sur le même ton.

Un texte non inédit de Jules Renard 3/3

Suite d'hier.
- Je me connais, se dit M. Vernet, je suis fichu; je m'interroge et je sens que j'irai jusqu'au bout de mon questionnaire: c'est inutile de résister à la tentation d'être logique: la peur du ridicule ne m'arrêtera pas; après la chasse, la pêche! Un jour quelconque, à la chasse, après un de mes crimes, je me suis dit: de quel droit fais-tu ça? La réponse était toute prête. On s'aperçoit vite qu'il est répugnant de casser l'aile d'une perdrix, les pattes d'un lièvre. Le soir, j'ai pendu mon fusil à un clou, mon fusil qui ne tuera plus. L'odieux de la pêche, moins sanglante, vient seulement de me frapper.
À ces mots, M. Vernet vit le bouchon de sa ligne qui se promenait sur l'eau comme animé, comme par défi. Il tira machinalement une fois de plus. C'était une une perche hérissée, épineuse, qui, comme toutes ses pareilles, avait avalé l'hameçon jusqu'au ventre. Il fallut l'extraire, arracher de la chair, déchirer les ouïes de dentelles rouges, se poisser les mains de sang.
Ah! il saignait, celui-là, il s'exprimait!
M. Vernet roula sa ligne, cacha au pied d'un saule les deux poissons qu'une loutre y trouverait peut-être et s'en alla.
Il semblait plutôt gai et méditait en marche.
- Je serais sans excuse, se disait-il. Chasseur, même si je pouvais m'offrir avec mon argent d'autres viandes, je mangeais du moins le gibier, je me nourrissais, je ne donnais pas la mort uniquement par plaisir, mais Mme Vernet rit bien, quand je lui apporte mes quelques poissons raides et secs, et que je n'ose même pas, honteux,la prier de les faire cuire. C'est le chat qui se régale. Qu'il aille les pêcher lui-même.Moi je casse ma ligne!
Cependant, comme il tenait encore les morceaux brisés, M. Vernet murmura, non sans tristesse:
- Est-ce enfin devenir sage, est-ce perdre déjà le goût de vivre?
Fin
(Jules Renard, Vers et prose, janvier-février-mars 1910)

Edit: Merci au lecteur de ce blog qui signale que "ce texte est tiré des Histoires Naturelles sous le titre Poissons page 140 (La Pléiade)".

mardi 21 mai 2013

Journal du 21 mai 1908

Sommeil. Une fée joue au jeu de tonneau avec les bouches ouvertes.

Un texte non inédit de Jules Renard 2/3

Suite d'hier.
M. Vernet, calmé, rejeta sa ligne à l'eau et au lieu de mettre le goujon dans le sac, sans savoir pourquoi (il ne sut jamais le dire), il regarda le goujon. Pour la première fois, il regarda un poisson qu'il venait de prendre! D'habitude, il se dépêchait de lancer sa ligne à d'autres poissons, qui n'attendaient qu'elle. Aujourd'hui, il regardait le poisson avec curiosité, puis avec étonnement, puis avec une espèce d'inquiétude.
Le goujon, après quelques soubresauts qui le fatiguèrent vite, s'immobilisa sur le flanc, et ne donna plus signe de vie que par des efforts visibles qu'il faisait pour respirer.
Ses nageoires collées au dos, il ouvrait et fermait sa bouche, ornée, à la lèvre inférieure, de deux barbillons, comme de petites moustaches molles. Et, lentement, la respiration devenait plus pénible, au point que les mâchoires hésitaient même à se rejoindre.
- C'est drôle, dit M. Vernet, je m'aperçois qu'il étouffe!
Et il ajouta:
-Qu'il souffre!
C'était une remarque nouvelle aussi nette qu’inattendue.  Oui, les poissons souffrent quand ils meurent; on ne le croit pas d'abord, parce qu'ils ne le disent pas. Ils n'expriment rien; ils sont muets, c'est le cas de le dire: et, par ses détentes d'agonie, ce goujon semblait jouer encore!
Pour voir les poissons mourir, il faut, par hasard, les regarder attentivement, comme M. Vernet. Tant qu'on n'y pense pas, peu importe, mais dès qu'on y pense!...
Suite demain.

Edit: Merci au lecteur de ce blog qui signale que "ce texte est tiré des Histoires Naturelles sous le titre Poissons page 140 (La Pléiade)".

lundi 20 mai 2013

Journal du 20 mai 1897

Oui, quand une belle chose est dite en belle prose, il lui manque encore d'être dite en beaux vers.

Un texte non inédit de Jules Renard 1/3

La pêche
M. Vernet n'était pas un pêcheur à embarras, un pêcheur savant, vaniteux, bavard, insupportable;  il n'avait point de costume spécial, d'engins coûteux et inutiles, et la veille de l'ouverture ne lui donnait pas la fièvre.
Une ligne lui suffisait, de fil coordonné; un bouchon discrètement peint, des vers de son jardin comme amorce, et un sac de toile où il rapportait le poisson. Pourtant M. Vernet aimait la pêche; passionnément, ce serait trop dire; il l'aimait bien, il n'aimait plus qu'elle, après avoir renoncé successivement pour des raisons diverses, à ses exercices préférés.
La pêche ouverte, il pêchait presque tous les jours, le matin ou le soir, le plus souvent au même endroit. D'autres pêcheurs accordent de l'importance au vent qu'il fait, au soleil qui chauffe, aux nuances de l'eau, M. Vernet aucune. Sa perche de ligne de noisetier à la main, il partait à son gré, longeait l'Yonne, s'arrêtait aussitôt qu'il ne voulait pas aller plus loin, déroulait, posait la ligne, et passait d'agréables moments, jusqu'à l'heure de revenir à la maison déjeuner où dîner. M. Vernet n'était pas assez fantaisiste, sous pretexte de pêche, pour manger mal à l'aise, dehors.
C'est ainsi qu'il se trouva, dimanche dernier, le matin, d'assez bonne heure. S'étant pressé un peu ce premier jour, assis sur l'herbe et non sur son pliant, au bord de la rivière.
Tout de suite, il s'amusa autant qu'il pouvait. Cette matinée lui semblait délicieuse, non seulement parce qu'il pêchait mais parce qu'il respirait un air léger, parce qu'il voyait miroiter l'Yonne, suivait de l’œil une course sur l'eau de moustiques à longues pattes, et écoutait des grillons chanter derrière lui.
Certes, la pêche l'intéressait aussi beaucoup.
Bientôt il prit un poisson.
Ce n'était pas une aventure extraordinaire pour M. Vernet. Il en avait pris d'autres! Il ne s'acharnait pas après les poissons, il était homme à s'en passer, mais chaque fois qu'un poisson mordait trop, il fallait bien le tirer hors de l'eau. Et M. Vernet le tirait toujours avec un peu d'émotion. On la devinait au tremblement de ses doigts qui changeaient l'amorce.M. Vernet avant d'ouvrir son sac, posa le goujon dans l'herbe. Il ne faut pas dire: "Quoi! Ce n'était qu'un goujon!" Il y a de gros goujons qui agitent si violemment la ligne que le coeur du pêcheur bat comme à un drame.
Suite demain.


Employer le terme Inédit à propos d'un texte de Jules Renard me laisse pourtant perplexe. Comment a-t-il pu échapper au éditeurs successifs de Jules Renard? Et pourtant, j'ai eu beau cherché dans les trois volumes de La Pléiade comme dans Dans la vigne de Jules Renard  de Léon Guichard, je n'ai pas trouvé le texte de La pêche.  
J'ai peut-être mal cherché. Si un lecteur de ce blog le retrouve, je le remercie d'avance de me le signaler.

T.J. 

Edit: Merci au lecteur de ce blog qui signale que "ce texte est tiré des Histoires Naturelles sous le titre Poissons page 140 (La Pléiade)".

dimanche 19 mai 2013

Journal du 19 mai 1908

Le Ruy-Blas m'arrive ouvert à la page où il est dit que trois membres seulement de l'Académie Goncourt assistaient au bout de l'an de Huysmans. C'est Stock, parait-il, qui a de ces petites délicates attentions.

samedi 18 mai 2013

Journal du 18 mai 1904

Maman me dit:
- Le plus beau jour de ma vie: le 15 mai 1904, où mon fils a été élu maire de Chitry.

jeudi 16 mai 2013

Journal du 16 mai 1893

L'amusant, au théâtre, c'est de sortir aux entractes, de saluer, de serrer des mains, d'entendre des opinions et de s'en faire une moyenne, avec tous les extrêmes, sans effort, sur la pièce.

Un bijou signé Jules Renard 3/3

Dédèche est mort

Suite d'hier.
- Je vais voir.
- Encore cinq minutes!
Nos oreilles bourdonnent.  Ne croirait-on pas qu'un chien hurle quelque part, au loin, le chien du braconnier?
enfin le plus courageux de nous disparaît et revient dire d'une voix qu'on ne lui connaissait pas:
-C'est fini!
Mademoiselle laisse tomber sa tête sur le lit et sanglote. Elle cède aux sanglots, comme on a le fou rire, quand on ne voulait que rire.
Elle répète, la figure dans l'oreiller:
- Non, non, je ne boirai pas mon chocolat ce matin!
A la maman qui lui parle de mari, elle murmure qu'elle restera vieille fille.
Les autres rattrapent à temps leurs larmes. Ils sentent qu'ils pleureraient tous et que chaque nouvelle source ferait jaillir une source voisine.
Ils disent à Mademoiselle:
- Tu es bête, ce n'est rien!
Pourquoi rien! C'était la vie! et nous ne pouvons pas savoir jusqu'où allait celle que nous venons de supprimer.
Par pudeur, pour ne pas avouer que la mort d'un petit chien nous bouleverse, nous songeons aux êtres humains déjà perdus, à ceux qu'on pourrait perdre, à tout ce qui est mystérieux, incomprhéensible, noir et glacé.
Le coupable se dit: "Je viens de commettre un assassinat par trahison."
Il se lève et ose regarder sa victime. Plus tard, nous saurons qu'il a baisé le petit crâne chaud et doux de Dédèche.
- Ouvre-t-il les yeux?
- Oui, mais des yeux vitreux, qui ne voient plus.
- Il est mort sans souffrir?
- Oh, j'en suis sûr.
- Sans se débattre?
- Il a seulement allongé sa patte au bord de la corbeille, comme s'il nous tendait encore une petite main.
Fin
(Jules Renard, Vers et prose, janvier-février-mars 1910 et Histoires naturelles.)

mercredi 15 mai 2013

Journal du 15 mai 1906

Il faut lire tous les chefs-d’œuvre pour les remettre au point. Des livres le deviennent pendant la bataille comme, en temps de guerre, on devient capitaine; mais, ensuite, que de révisions rapides!

Un bijou signé Jules Renard 2/3

Dédèche est mort

Suite d'hier.
Ah! si Mademoiselle avait pu saisir ce chien féroce, le mordre à la gorge, le rouler et l'étouffer dans la poussière!
Dédèche guérit de la blessure des crocs, mais il lui resta aux reins une douloureuse faiblesse.
Il se mit à pisser partout. Dehors, il pissait comme une pompe, tant qu'il pouvait, joyeux de nous délivrer d'un souci, et à peine rentré il ne se retenait déjà plus.  Dès qu'on tournait le dos, il tournait le sien au pied d'un meuble, et Mademoiselle jetait son alarme monotone: " Une éponge! de l'eau! du soufre!"
On se mettait en colère, on grondait Dédèche d'une voix terrible, et on le battait avec des gestes violents qui ne le touchaient pas; son regard fin nous répondait: "Je sais bien, mais que faire?"
Il restait gentil et gracieux, mais parfois il se voûtait comme s'il avait sur l'échine les dents du chien de braconnier.
Et puis son odeur finissait par inspirer des mots aux amis les moins spirituels.
Le coeur même de Mademoiselle allait durcir!
Il fallut tuer Dédèche.
C'est très simple: on fait une incision dans une bouchée de viande, on y met deux poudres, une de cyanure de potassium, l'autre d'acide tartrique, on recoud avec du fil très fin. On donne une première boulette inoffensive, pour rire, puis la vraie. L'estomac digère et les deux poudres, par réaction, forment de l'acide cyanhydrique ou prussique qui foudroie l'animal.
Je ne veux plus me rappeler qui de nous administra les boulettes.
Dédèche attend, couché, bien sage, dans sa corbeille. Et nous aussi nous attendons, nous écoutons de la pièce à côté, affalés sur des sièges, comme pris d'une immense fatigue.
Un quart d'heure passe, une demi-heure. Quelqu'un dit doucement:
Suite demain.
(Jules Renard, Histoires naturelles)

mardi 14 mai 2013

Journal, un jour de mai 1896

La guigne ne s'acharne que sur la bêtise.

Un bijou signé Jules Renard 1/3

Dédèche est mort

C'était le petit griffon de Mademoiselle et nous l'aimions tous.
Il connaissait l'art de se pelotonner n'importe où, et, même sur une  table, il semblait dormir au creux d'un nid.
Il avait compris que la caresse de sa langue nous devenait désagréable et il ne nous caressait plus qu’avec sa patte, sur la joue, finement. Il suffisait de se protéger l’œil.
Il riait. On crut longtemps que c'était une façon d'éternuer, mais c'était bien un rire.
Quoiqu’il n'eût pas de profonds chagrins, il savait pleurer c'est-à-dire grogner de la gorge, avec une goutte d'eau pure au coin des yeux.
Il lui arrivait de se perdre et de revenir à la maison tout seul si intelligemment, qu'à nos cris de joie nous tâchions d'ajouter des marques d'estime.
Sans doute, il ne parlais pas, malgré nos effort. En vain, Mademoiselle lui disait: "Si tu parlais donc un petit peu!"
Il la regardait, frémissant, étonné comme elle. de la queue, il faisait bien des gestes , il ouvrait les mâchoires, mais sans aboyer. Il devinait que Mademoiselle espérait mieux qu'un aboiement, et la parole était au coeur, près de monter à la langue et aux lèvres. Il aurait fini par la donner; il n'avait pas encore l'âge!
Un soir sans lune, à la campagne, comme Dédèche se cherchait des amis au bord de la route, un gros chien, qu'on ne reconnut pas, sûrement de braconnier, happa cette fragile boule de soie, la secoua, la serra, la rejeta et s'enfuit.
Suite demain.
(Jules Renard, Histoires naturelles)

lundi 13 mai 2013

Journal du 13 mai 1890

Lu Âme d'enfant. Inutile et bêta, ce livre.

Jules Renard signe une pétition en faveur de Gorki

L'Humanité du 1er février 1905 a publié une protestation en faveur de Gorki signée par 73 écrivains dont Jules Renard: 
Pour Gorki,
Les dernières nouvelles de Russie font craindre que le despotisme russe s’acharne sur Maxime Gorki. Dans les cercles les mieux informés, on envisage comme possible une déportation ou une condamnation à mort. 
A Berlin tous les centres littéraires et artistiques se sont émus et une protestation a circulé. 
Un groupe d'écrivains français a pris la même initiative à Paris. Voici la formule de protestation qu'il a rédigé: "Les écrivains français soussignés partisans résolus de la liberté de penser et d'écrire, protestent contre l'arrestation de Gorki."
De nombreuses adhésions nous sont parvenues hier. nous les publions dans l'ordre où nous les avons reçues.
Le nom de Jules Renard figure en 14ème position.
(L’Humanité,  1er février 1905.)

dimanche 12 mai 2013

Journal du 12 mai 1904

Devant Marinette le curé passe, hautain, énorme, longs cheveux gris, cheveux de cheval, sous sa barrette. Soutane relevée à cause du ventre.  Le pauvre Paul, qui est avec lui, veut la saluer.  Il reste un peu en arrière, mais le curé aussi. Il lève la main jusqu'à son estomac. D'un regard terrible, la curé arrête la main.

samedi 11 mai 2013

Journal du 11 mai 1890

Ce que je cherche avant tout dans un roman, ce sont des curiosités de phrase. C'est dire que les romans étrangers, même russes, même de Tolstoï, me sont insupportables.

vendredi 10 mai 2013

Journal du 10 mai 1900

La commune de Chaumot est d'une telle importance que les journaux du département ne parlent même pas de ses élections municipales. Ceux de Paris, la Presse, le Matin, l'Évènement, annoncent mon élection, mais, à Corbigny, à 4 kilomètres, on ne se doute pas que je suis élu. Il est vrai que j'ai pris la précaution de prévenir moi-même Paris.

Suite d'hier.

À notre questionnaire [du Figaro], M. Jules Renard répond : 
Cher monsieur, 
Au théâtre, le public (le public, c’est moi) accepte tout, sauf l’ennui. Je dirais à chaque auteur dramatique « Je sais rire et pleurer, me passionner et même écouter; donne-moi donc ce que tu voudras, mais ne m’embête pas voilà mon goût.» 
Si la comédie dramatique est moribonde, Paul Hervieu, pour ne citer que Paul Hervieu, en vit joliment bien. 
Quant au mélodrame, il n’attend peut-être que son Cyrano. Que Rostand écrive le chef-d’œuvre du drame en prose, avec toutes ses horreurs, et ce sera le genre neuf.
J’ai ri comme un fou à des vaudevilles dont, par ingratitude, je ne me rappelle plus les titres. Je ne déteste dans le vaudeville que la scène de comédie, vous savez, la scène où l’auteur semble dire Ah! ils veulent de la comédie! Vaudevillistes, restez-le, c’est votre salut. 
Dans les auteurs morts ayant eu un prix dans votre enquête, je voudrais, si c’est permis, donner le mien à Labiche. Je ne préfère pas Labiche à Victor Hugo, mais je le place fort au-dessus de Becque. Je ne peux vous dire combien Becque me déplaît. 
J’ai beaucoup lu Scribe. Je me souviens du Verre d’eau d’une chaîne. C’était très bien. Pourquoi ce mépris? Il a été le roi de son temps. Rien ne prouve qu’il ne serait pas le roi du nôtre. Il s’appliquerait, il apprendrait son métier, il se mettrait vite à la mode et tel auteur en vogue n’en mènerait pas large. 
Pour finir par le numéro 1 (il faut bien), Lucien Guitry vous a dit qu’il avait reçu (il ne manquerait plus que ça) deux actes de moi. C’est vrai, mais j’ai une telle affection pour cet homme, et une telle admiration pour ce merveilleux artiste, que j’aime autant qu’il ne joue jamais ma pièce. A bientôt, cher monsieur, au théâtre, chez les fous. 
(Jules Renard, le Figaro, 24 septembre 1904.)
Le texte de la question posée par  Le Figaro a été publié sur ce blog à la date du 6 décembre 2012. De même que cette réponse publiée également le lendemain 7 décembre.

jeudi 9 mai 2013

Journal du 9 mai 1898

L'inspiration, ce n'est peut-être que la joie d'écrire: elle ne la précède pas.

Jules Renard vu par Mme Proust, mère de Marcel

Dimanche 25 septembre 1904,
Madame Proust à son fils Marcel,
[...] Tu te trompes mon chéri, tes lettres sont toutes charmantes, toutes appréciées de moi comme j’apprécie mon loup type sous tous ses aspects. D'ailleurs, "même quand l'oiseau marche"... et encore ce matin j'y ai glané des épis d'or.  Forain très drôle, Tristan Bernard - très spirituel et se détachant sur toutes les inepties prétentieuses - telles que Jules Renard!!
Note de l'éditeur: allusion à la réponse de Jules Renard à un questionnaire du Figaro, réponse parue le 22 septembre 1904: " Au théâtre, le public (le public c'est moi) accepte tout, sauf l'ennui." "Je ne préfère pas Labiche à Victor Hugo, mais je le place fort au dessus de Becque." "A bientôt, cher Monsieur, au théâtre chez les fous."
(Correspondance Proust, T. IV, Plon, p.299.)
Je publierai demain la réponse exacte de Jules Renard parue dans le Figaro du 24 et non du 22 septembre 1904.
T.J.

mercredi 8 mai 2013

Journal du 8 mai 1900

Élection du 6 mai, dimanche. Élu par 31 voix sur 50 votants.
Toute la matinée, je surveille, du banc. Philippe surveille l'arrivée du père Garnier, l'ancien berger, qui a cinq livres de pain de la commune et qui cherche le reste. Philippe lui donne le bon bulletin et le pousse dans la salle de vote. Je le vois entrer. Il s'approche, le bras tendu, son bulletin à la main. comme à tâtons, parce qu'il ne voit pas bien clair, dépose son bulletin et s'assied, la tête sur son bâton, vouté, malade, le visage dégradé comme un vieux mur. Il prononce des mots qu'on n'entend pas, et s'en va, disant: "Bonsoir, la compagnie!" Il viendra le lendemain à ma porte,  et je lui donnerai dix sous, n'osant faire plus de peur qu'il ne se saoule, mais Philippe me dit que, dans ces cas-là il ne boit que du café.
Après déjeuner, je me décide à aller à la mairie qui, jusque-là me faisait un peu peur. Des gens se lèvent. Je donne des poignées de main, mais, je le sens, mal. M. de Talon, inquiet, dépose les bulletins  dans l'urne et, chaque fois, frappe de la paume sur la boîte comme pour dire: "Il n'y a pas à y revenir."
L'heure approche de fermer le scrutin. Les pointeurs s'installent.  On vide la boite.
C'est fini. Tous les conseillers sortants passent, plus moi. Je dis à tous:
- Messieurs, je vous invite, ceux qui ont voté contre moi et pour moi, à venir boire un verre de bière. 
Ils viennent presque tous. Je ne les compte pas, mais trente-sept bouteilles jonchent le sol, comme des petits canons partis. Si on votait maintenant, j'aurais dix voix de plus.
Déjà un vieux a quelque chose à me demander. Je l'entraîne dans un coin. Il commence une histoire. Je le remets à plus tard, quand le conseil sera formé.
Je me couche, content, énervé, poisseux, la tête pleine  d'un feu d'artifice de bulletins.

lundi 6 mai 2013

Journal du 6 mai 1902

Tristan à Boule de Suif:
- Je ne sais pas ce que j'ai. Je ne suis pourtant pas cocardier, mais ça me fait plaisir de voir un officier prussien.
C'est plaisir de constater que Méténier n'ait aucun talent, même avec le talent d'un autre.  Boule de Suif de Maupassant a vieilli, mais il y a de la race, de la distinction, dans sa rosserie. Méténier n'est qu'un homme vulgaire. Et puis, tout cela n'est pas de la comédie. Les gens de métier manquent de métier. Il faut à notre goût - ce n'est peut-être qu'une mode - un peu de lyrisme dans la banalité, et un peu de rosserie dans la rouerie. On ne peut plus s'étaler comme ça: nous demandons des plis et des replis. L'avare cache non seulement son argent, mais son avarice. Il faut être impudique en y mettant les formes; nous redevenons bégueules, c'est évident, et les auteurs doivent en tenir compte. Il n'en faut pas trop demander au public, ceci s'entendant dans tous les sens.

dimanche 5 mai 2013

Journal du 5 mai 1900

On se parle en baissant la voix, dans les coins. Hier soir, réunion des conseillers. M. de Talon les a emmenés boire.  Il a dit que, sans moi, l'école retomberait à rien.
Ce matin,  je croise M. le maire de Chitry. Il revient de planter ses pommes de terre. Il marche sous sa hotte. On dirait le plus pauvre du village. Ce serait bien, si on le renommait à cause de cet air-là. 
Ragotte serait vexée si Philippe ne passait pas: elle aime bien qu'il soit "regardé".

samedi 4 mai 2013

Journal du 4 mai 1909

Dîner Goncourt. Le Conseil d'État va statuer. Il est presque sûr que nous aurons nos 4000 francs.
Bourges n'est pas là, Daudet non plus. Mirbeau se fait excuser par sa femme. Je ne suis pas fichu de retrouver le nom de l'autre qui manque. Ah! Marguerite. On est sévère pour son attitude. Rosny jeune donne comme excuse une vieille maladie de coeur. 
Idée de Descaves et de Geffroy de publier, en volume, des choses inédites de Vallès avec ce sous-titre: "Éditions de l'Académie Goncourt." Ce ne serait certainement pas une mauvaise affaire. Adopté.
Idée de nous présenter tous en bloc au prix Nobel, chacun avec notre meilleur livre. C'est l'Académie française qui propose les candidats: pourquoi pas nous?
Idée de demander à Barthou le demi-tarif pour les membres de l'Académie Goncourt. On voudrait me déléguer; je me dérobe à cause de mon caractère officiel de maire.
Les deux Rosny savent leur géographie. L'aîné, me demandant où se trouve mon pays, ajoute qu'il est sur un canal qui passe un peu plus loin sous des tunnels. Il est homéopathe, me conseille de boire de l'eau chaude le matin. Lui-même en boit quelques gorgées à tous ses repas. 
Soirée charmante. Ils admirent Hugo, mais tout autant Balzac, ou Dickens, ou Michelet.

vendredi 3 mai 2013

Journal, un jour de mai 1896

Les roses ont le sang à la tête.

La bibliothèque de Jules Renard aux enchères 2/2

Suite d'hier.
L'auteur du Plaisir de rompre et de Ragotte travaillait ainsi. La sève de sa personnalité était puisée aux sources de la race, mais la fleur n'était qu'à lui. Il avait profondément conscience  que le génie littéraire n'est pas une crémation brusque de la nature et que c'est une besogne que d'écrire. Ce trait a été remarquablement mis en lumière dans la préface de M. Fernand Vandérem au catalogue de la vente: "Parcourez les manuscrits de Jules Renard. Vous y apprendriez au prix de quelles peines se sont achevées ces pages en apparence si aisées.
Jules Renard, d'ailleurs, aimait à ne pas s'en cacher. Je n'oublie pas le plaisir que je lui fis en lui disant un jour:"notre génération produit, toi tu travailles." Edmond Rostand était présent, un Rostand jeune et fier, qui n'avait fait que ses premiers vers et qui fleurait déjà la gloire. Il sourit de l'extrême approbation que Jules Renard à cette remarque, mais je ne suis pas certain qu'il l'ait approuvée autant que lui.
Où "parlait-on littérature" en ces temps lointains? La lutte pour le succès, les honneurs, l'argent, si elle n'avait pas atteint  l'horrible âpreté d'aujourd'hui, commençait à briser les réunions littéraires. Car ce genre de relation dont un modèle exquis furent les soirées de Jules Renard, exige, malgré les ambitions rivales, un désintéressement d'une heure et le goût de la culture. Goût qui n'est réservé maintenant qu'à une toute petite élite, s'amincissant encore chaque année, chaque saison, par le choc des nécessités sociales.  Je n'y devine pourtant qu'une décadence momentanée, moins peut-être, un simple fléchissement du au poids trop lourd de la vie actuelle si dure aux gens de lettres. Attendons avec confiance une période où les écrivains ne se croiront pas obligés d'être des illettrés.
Alors, je ne veux voir dans la bibliothèque de Jules Renard que son aspect symbolique. Elle signifie le culte de l'esprit. Les livres qui vont en être arrachés par la piété ou la curiosité des amateurs, ont assisté à une charmante et noble existence. Elle s'est tout entière déroulée devant eux. Qu'ils s'en aillent chez des étrangers! Moi, je les garde assemblés dans ma mémoire, comme des témoins et des surveillants.
Alfred Capus de l'Académie française.
(Le Gaulois du Dimanche, p.3, 12 février 1921.)

jeudi 2 mai 2013

Journal du 2 mai 1908

Aujourd'hui, visité le presbytère. C'est bien la maison qu'il faut à un curé ou à un homme qui pense librement. Des fenêtres sur la rivière, une citerne. Le jardin embaume la giroflée. Remise, écurie, placards. Un toit presque vertical. Des coins pour charmilles. Mais le clocher pose presque son gros pied dessus.

La bibliothèque de Jules Renard aux enchères 1/2

La vente des manuscrits et de la bibliothèque de Jules Renard évoquera dans l'esprit de ses amis fidèles quelques-uns des plus charmants souvenirs de la vie littéraire à notre époque. Elles étaient fines et nuancées les conversations avec Jules Renard au milieu de ses livres que des enchères vont disperser, et qui tous ont été touchés de sa main, fouillés page à  page de son regard, pénétrés par son esprit! 
Quand la causerie menaçait de s'égarer sur la politique, le monde, le potin du moment, le maître de la maison la ramenait sur la littérature, de son autorité tranquille et même avec une sorte de sévérité. Il avait l'air de vous dire, - je crois, d'ailleurs, que parfois il nous le disait - "Vous ne manquez pas d'endroits pour parler de ces choses. Il y a les salles de rédaction, les coulisses des théâtres, les cafés. Ici, on se réunit pour s'entretenir de littérature."
Jules Renard ne craignait pas ce mot qui est, pour les gens sérieux, synonyme de frivolité et auquel, au contraire, il savait donner tout son sens profond. La littérature, ce n'était pas seulement pour lui l'ensemble de la production littéraire. Il entendait aussi par là une discipline à l'usage des écrivains, l'étude incessante dans l’œuvre des maîtres des plus secrètes conditions de style; cette espèce d'assimilation mystique qui est un phénomène très différent de celui de l'imitation et qui rappellerait  plutôt l'obscure recherche des plantes à travers le sol, sous la conduite de l'instinct.
Suite demain.
(Alfred Capus, de l'Académie française, Le Gaulois du Dimanche, p. 3, 12 février 1921)

mercredi 1 mai 2013

Journal du 1er mai 1894

À Maisons-Lafitte.
Les autres développent en nous surtout le mauvais instinct de la propriété; il suffit d'être un instant chez eux pour vouloir aussitôt être chez soi.
Dans une maison meublée, les globes de verre qu'on tourne du côté où ils ne sont pas fêlés. Le vase brisé de Sully Prudhomme lui-même n'échapperait pas à cette tricherie. Les tapisseries qui sont des Gobelins, et les stores qui marchent quand on aura donné un peu d'air, et la pompe qui donne 500 litres d'eau par vingt-quatre heures et qui coule comme à peu près un nez pris, et le: "D'ailleurs, si vous avez besoin de quelque chose, vous n'aurez qu'à le demander."