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mercredi 19 novembre 2014

Jules Renard aux enchères

Jeudi 11 décembre 2014, 14 h.
SVV Odent, 20 rue Michel- Colombe, 37000 Tours

Lot 224 Renard (Jules) Histoires Naturelles. Paris, Éditions de l'Odéon, 1955, in-4° en feuilles sous jaquette et étui. illustré de 24 burins originaux de Tavy Notton dont 1 hors-texte . et un à double page.
Tiré à 240 exemplaires, un des 120 sur Rives (n° 167). 80/100

Lot 238 RENARD (Jules) [COLIN] Les Philippe, précédés de Patrie ! Paris. Éditions d'art Edouard Pelletan, 1907, in 8°, reliure moderne pleine basane orange, dos à nerfs ornés de fleurons mosaïqués, encadrement à froid sur les plats, couvertures conservées (signée Christiane Pecqué) Décoré de cent un bois originaux dont huit camaïeux de Paul Colin. Tiré à 1200 exemplaires numérotés, un des ex. sur papier du Marais (685). A la fin de l'ouvrage a été relié le Spécimen. Ex-libris de P. Guillaume-Louis, chirurgien à Tours.

mercredi 5 novembre 2014

Les Histoires naturelles aux enchères

Sotheby's, Paris, vente du 6 novembre 2014
Toulouse-Lautrec, Henri de -- Jules Renard HISTOIRES NATURELLES. [PARIS], H. FLOURY, 1899. 
Avec un envoi illustré de petits croquis originaux, dans une belle reliure de P.L. Martin. Grand in-8 (310 x 219 mm). Maroquin marron, les deux plats ornés d'une grande fenêtre en box beige mosaïqué d'un jeu typographique mêlant les lettres du nom de l'auteur et du titre, dans des nuances différentes de marron, dos lisse avec titre mosaïqué en long dans un cartouche en box beige, tranches dorées, doublure bord à bord et gardes de box beige, couverture, chemise demi-maroquin à bandes, étui (P.L. Martin, 1960). 
Couverture et 22 charmantes lithographies originales de Henri de Toulouse-Lautrec. Tirage unique à 100 exemplaires sur papier vélin (n° 57)
Très bel exemplaire enrichi de 2 petits croquis originaux et d'un envoi sur la page de faux-titre : "A de Lassalle, courageux acheteur. H. Lautrec"
Tous deux nés en 1864, Renard et Toulouse-Lautrec se rencontrent à la suite du succès de Poil de Carotte. Pour ce volume illustré, Renard choisit vingt-deux textes parmi ses Histoires naturelles en ne s'attachant qu'aux humbles animaux connus de Poil de Carotte, comme le mouton, le lapin, le coq, le canard, l'araignée... "Ces courts récits sur les animaux demeurent de microscopiques comédies humaines" (Fr. Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 45). En 1898, Toulouse-Lautrec se rend presque tous les jours au Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne, observe et dessine. Il réalisa pour cet ouvrage vingt-deux admirables lithographies. Il mourut deux ans après la publication de ce livre aujourd'hui considéré comme un des plus séduisants illustrés modernes.
Estimation: 10.000/15.000 €.

vendredi 9 mai 2014

Les Histoire naturelles illustrées par Toulouse-Lautrec aux enchères.

SVV ALDE,  7 rue Rossini , Paris 9e. Vente du mercredi 21 mai 2014.
RENARD (Jules).   Histoires naturelles.    H. Floury, 1899.
Grand in-4, maroquin rouge, multiple filets d'encadrement à froid, dos orné, doublure et garde de maroquin rouge, tranches dorées sur brochures, couverture et dos, chemise et étui (Huser).
Première édition illustrée, ornée de 23 lithographies originales en noir de Toulouse-Lautrec, dont la couverture.
Tirage à 100 exemplaires.
Le peintre travailla sur ces 22 planches durant les années 1896-1897. Il prit son inspiration au Jardin d'Acclimatation du Bois de Boulogne ou encore au jardin des Plantes.
On sait cependant que les idées de l'illustrateur et de l'auteur sur la conception et l'illustration de l'ouvrage divergeaient, ce qui en retarda la publication jusqu'en 1899. Les bibliophiles le boudèrent dès sa parution et le livre sera même soldé, avant de prendre sa véritable place dans le Panthéon des livres de peintres.
Estimation 8.000-10.000 €
Pour mémoire, l'un des 100 exemplaires originaux a été vendu par Sotheby's le 8 mars 2012. Estimé 15.000/20.000 €, il avait été adjugé 12.000€. 

mardi 26 novembre 2013

Les Histoires naturelles aux enchères

Le lundi 9 décembre à 11 heures, sera mis en vente à l'Hôtel Drouot un exemplaire de l'édition originale des Histoires naturelles, dédicacé par Jules Renard, lot n°65: (cliquez sur la photo pour agrandir)

RENARD Jules. Histoires naturelles. Paris, Ernest Flammarion, [1896]; RENARD Jules. Histoires naturelles. Paris, Ernest Flammarion, [1896];
RENARD Jules. Histoires naturelles. Paris, Ernest Flammarion, [1896]; in-12 carré, reliure ancienne demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée, couverture (M. Godillot). Édition originale. Deux dessins de Félix Vallotton ornent le plat supérieur et le plat inférieur de la couverture. DÉDICACE AUTOGRAPHE SUR LE FAUX-TITRE : « Bien sympathique hommage à Mr Simonis Empis Jules, Renard, Année 1896 ». La même année 1896 Jules Renard avait publié chez l’éditeur Simonis Empis La Maîtresse avec des bois gravés de Félix Vallotton.– De la bibliothèque Maurice Chevalier. Estimation: 300/500€

SCP Marielle Digard- Vincent Pestel-Debord, Lieu de vente, Hôtel des Ventes Drouot - salle 5, 9 rue Drouot, 75009 Paris.

jeudi 10 octobre 2013

Jules Renard vu par Deluermoz, aux enchères

Vendredi 25 octobre 2013 à 14 h 30,
à l'Hôtel du Louvre, salon Rohan, Place André Malraux, Paris 1er,
sera mis aux enchères par l' Étude ALDE, le volume suivant, lot n° 124:
DELUERMOZ (H.) - RENARD (J.).
Histoires naturelles. Paris, Les Cent bibliophiles, 1929, in-4°, vélin ivoire à la bradel, sur chaque plat, une peinture originale signée de Deluermoz, dos orné d’un paon, doublure de vélin orné d’une aquarelle de l’artiste, gardes de vélin, couverture illustrée et dos, tranches dorées sur témoins, étui et chemise gainés de maroquin terre de Sienne (E. Maylander).
Estimation 2000/3000 €

mardi 8 octobre 2013

Jules Renard vu par Benjamin Rabier, aux enchères

Samedi 12 octobre, 13 h 30
Couteau-Begarie, Drouot, Paris - lot 407
RABIER Benjamin
Encre de Chine et lavis noir pour un ensemble composé de 3 dessins issus de l'ouvrage : Histoires naturelles de Jules RENARD : le premier dessin illustrant le texte sur l'épervier p 109, le second dessin illustrant le texte sur le corbeau p 110 et le troisième dessin illustrant le texte sur les perdrix p 111. Dimension 27x12 cm.
Estimation: 600/700€

jeudi 19 septembre 2013

Journal du 19 septembre 1895

Histoires naturelles. - Buffon a décrit les animaux pour faire plaisir aux hommes. Moi, je voudrais être agréable aux animaux mêmes. Je voudrais, s'ils pouvaient lire mes petites Histoires naturelles, que cela les fît sourire.

dimanche 15 septembre 2013

Jules Renard par le Choeur Capriccio

Le Chœur d'enfants Capriccio du Conservatoire national de musique de Nevers chante, aujourd'hui dimanche 15 septembre, dans la salle capitulaire du cloître de La Charité-sur-Loire, au profit de la protection animale. Le concert, organisé par le refuge de Thiernay, présente un programme tout public autour d'extraits des Petites Histoires Naturelles, d'après l’œuvre de Jules Renard. La compositrice Isabelle Aboulker sera présente au concert.

samedi 31 août 2013

Une famille d'arbres

Vente A166 Lot 600 - 21 September 2013 10:00
Les catalogues de Koller Zurich et des ventes Koller West ne sont momentanément disponibles qu'en allemand. Une traduction anglaise sera mise en ligne sous peu. Ces catalogues ne sont pas disponibles en français.
*Chavaz, Albert - Renard, Jules. Une famille d'arbres. Mit 8 kol. u. einer sign. Extrasuite von 9 (davon 1 in zwei Zuständen) Original-Aquatinten sowie 2 Original-Kupferdruckplatten von A. Chavaz. Lausanne, A. u. P. Gonin, 1984. Qu.-4°. 52 S., [2], [4] w. Bll. Lose Bogen u. Bll. sowie OKart.-Umschlag, zus. in OHPgt.-Mappe mit goldgepr. Rückentitel, Schuber. 
Eines von nur 8 mit Buchstaben bez. Exemplaren auf "japon nacré" mit einer sign. Suite u. 2 durchgestrichenen Kupferplatten (GA 160). Im Impressum vom Künstler und den Verlegern sign. - Mit einem Vorwort von Remy de Gourmont. - Die Aquatinten (19 x 27 cm) in feinsten Abdrucken mit Darstellungen von Bäumen. - Sehr schönes Exemplar in tadellosem, frischem Zustand. 

CHF 2 500.- / 4 000.- 
€ 2 080.- / 3 330.-

mercredi 22 mai 2013

Un texte non inédit de Jules Renard 3/3

Suite d'hier.
- Je me connais, se dit M. Vernet, je suis fichu; je m'interroge et je sens que j'irai jusqu'au bout de mon questionnaire: c'est inutile de résister à la tentation d'être logique: la peur du ridicule ne m'arrêtera pas; après la chasse, la pêche! Un jour quelconque, à la chasse, après un de mes crimes, je me suis dit: de quel droit fais-tu ça? La réponse était toute prête. On s'aperçoit vite qu'il est répugnant de casser l'aile d'une perdrix, les pattes d'un lièvre. Le soir, j'ai pendu mon fusil à un clou, mon fusil qui ne tuera plus. L'odieux de la pêche, moins sanglante, vient seulement de me frapper.
À ces mots, M. Vernet vit le bouchon de sa ligne qui se promenait sur l'eau comme animé, comme par défi. Il tira machinalement une fois de plus. C'était une une perche hérissée, épineuse, qui, comme toutes ses pareilles, avait avalé l'hameçon jusqu'au ventre. Il fallut l'extraire, arracher de la chair, déchirer les ouïes de dentelles rouges, se poisser les mains de sang.
Ah! il saignait, celui-là, il s'exprimait!
M. Vernet roula sa ligne, cacha au pied d'un saule les deux poissons qu'une loutre y trouverait peut-être et s'en alla.
Il semblait plutôt gai et méditait en marche.
- Je serais sans excuse, se disait-il. Chasseur, même si je pouvais m'offrir avec mon argent d'autres viandes, je mangeais du moins le gibier, je me nourrissais, je ne donnais pas la mort uniquement par plaisir, mais Mme Vernet rit bien, quand je lui apporte mes quelques poissons raides et secs, et que je n'ose même pas, honteux,la prier de les faire cuire. C'est le chat qui se régale. Qu'il aille les pêcher lui-même.Moi je casse ma ligne!
Cependant, comme il tenait encore les morceaux brisés, M. Vernet murmura, non sans tristesse:
- Est-ce enfin devenir sage, est-ce perdre déjà le goût de vivre?
Fin
(Jules Renard, Vers et prose, janvier-février-mars 1910)

Edit: Merci au lecteur de ce blog qui signale que "ce texte est tiré des Histoires Naturelles sous le titre Poissons page 140 (La Pléiade)".

mardi 21 mai 2013

Un texte non inédit de Jules Renard 2/3

Suite d'hier.
M. Vernet, calmé, rejeta sa ligne à l'eau et au lieu de mettre le goujon dans le sac, sans savoir pourquoi (il ne sut jamais le dire), il regarda le goujon. Pour la première fois, il regarda un poisson qu'il venait de prendre! D'habitude, il se dépêchait de lancer sa ligne à d'autres poissons, qui n'attendaient qu'elle. Aujourd'hui, il regardait le poisson avec curiosité, puis avec étonnement, puis avec une espèce d'inquiétude.
Le goujon, après quelques soubresauts qui le fatiguèrent vite, s'immobilisa sur le flanc, et ne donna plus signe de vie que par des efforts visibles qu'il faisait pour respirer.
Ses nageoires collées au dos, il ouvrait et fermait sa bouche, ornée, à la lèvre inférieure, de deux barbillons, comme de petites moustaches molles. Et, lentement, la respiration devenait plus pénible, au point que les mâchoires hésitaient même à se rejoindre.
- C'est drôle, dit M. Vernet, je m'aperçois qu'il étouffe!
Et il ajouta:
-Qu'il souffre!
C'était une remarque nouvelle aussi nette qu’inattendue.  Oui, les poissons souffrent quand ils meurent; on ne le croit pas d'abord, parce qu'ils ne le disent pas. Ils n'expriment rien; ils sont muets, c'est le cas de le dire: et, par ses détentes d'agonie, ce goujon semblait jouer encore!
Pour voir les poissons mourir, il faut, par hasard, les regarder attentivement, comme M. Vernet. Tant qu'on n'y pense pas, peu importe, mais dès qu'on y pense!...
Suite demain.

Edit: Merci au lecteur de ce blog qui signale que "ce texte est tiré des Histoires Naturelles sous le titre Poissons page 140 (La Pléiade)".

lundi 20 mai 2013

Un texte non inédit de Jules Renard 1/3

La pêche
M. Vernet n'était pas un pêcheur à embarras, un pêcheur savant, vaniteux, bavard, insupportable;  il n'avait point de costume spécial, d'engins coûteux et inutiles, et la veille de l'ouverture ne lui donnait pas la fièvre.
Une ligne lui suffisait, de fil coordonné; un bouchon discrètement peint, des vers de son jardin comme amorce, et un sac de toile où il rapportait le poisson. Pourtant M. Vernet aimait la pêche; passionnément, ce serait trop dire; il l'aimait bien, il n'aimait plus qu'elle, après avoir renoncé successivement pour des raisons diverses, à ses exercices préférés.
La pêche ouverte, il pêchait presque tous les jours, le matin ou le soir, le plus souvent au même endroit. D'autres pêcheurs accordent de l'importance au vent qu'il fait, au soleil qui chauffe, aux nuances de l'eau, M. Vernet aucune. Sa perche de ligne de noisetier à la main, il partait à son gré, longeait l'Yonne, s'arrêtait aussitôt qu'il ne voulait pas aller plus loin, déroulait, posait la ligne, et passait d'agréables moments, jusqu'à l'heure de revenir à la maison déjeuner où dîner. M. Vernet n'était pas assez fantaisiste, sous pretexte de pêche, pour manger mal à l'aise, dehors.
C'est ainsi qu'il se trouva, dimanche dernier, le matin, d'assez bonne heure. S'étant pressé un peu ce premier jour, assis sur l'herbe et non sur son pliant, au bord de la rivière.
Tout de suite, il s'amusa autant qu'il pouvait. Cette matinée lui semblait délicieuse, non seulement parce qu'il pêchait mais parce qu'il respirait un air léger, parce qu'il voyait miroiter l'Yonne, suivait de l’œil une course sur l'eau de moustiques à longues pattes, et écoutait des grillons chanter derrière lui.
Certes, la pêche l'intéressait aussi beaucoup.
Bientôt il prit un poisson.
Ce n'était pas une aventure extraordinaire pour M. Vernet. Il en avait pris d'autres! Il ne s'acharnait pas après les poissons, il était homme à s'en passer, mais chaque fois qu'un poisson mordait trop, il fallait bien le tirer hors de l'eau. Et M. Vernet le tirait toujours avec un peu d'émotion. On la devinait au tremblement de ses doigts qui changeaient l'amorce.M. Vernet avant d'ouvrir son sac, posa le goujon dans l'herbe. Il ne faut pas dire: "Quoi! Ce n'était qu'un goujon!" Il y a de gros goujons qui agitent si violemment la ligne que le coeur du pêcheur bat comme à un drame.
Suite demain.


Employer le terme Inédit à propos d'un texte de Jules Renard me laisse pourtant perplexe. Comment a-t-il pu échapper au éditeurs successifs de Jules Renard? Et pourtant, j'ai eu beau cherché dans les trois volumes de La Pléiade comme dans Dans la vigne de Jules Renard  de Léon Guichard, je n'ai pas trouvé le texte de La pêche.  
J'ai peut-être mal cherché. Si un lecteur de ce blog le retrouve, je le remercie d'avance de me le signaler.

T.J. 

Edit: Merci au lecteur de ce blog qui signale que "ce texte est tiré des Histoires Naturelles sous le titre Poissons page 140 (La Pléiade)".

jeudi 16 mai 2013

Un bijou signé Jules Renard 3/3

Dédèche est mort

Suite d'hier.
- Je vais voir.
- Encore cinq minutes!
Nos oreilles bourdonnent.  Ne croirait-on pas qu'un chien hurle quelque part, au loin, le chien du braconnier?
enfin le plus courageux de nous disparaît et revient dire d'une voix qu'on ne lui connaissait pas:
-C'est fini!
Mademoiselle laisse tomber sa tête sur le lit et sanglote. Elle cède aux sanglots, comme on a le fou rire, quand on ne voulait que rire.
Elle répète, la figure dans l'oreiller:
- Non, non, je ne boirai pas mon chocolat ce matin!
A la maman qui lui parle de mari, elle murmure qu'elle restera vieille fille.
Les autres rattrapent à temps leurs larmes. Ils sentent qu'ils pleureraient tous et que chaque nouvelle source ferait jaillir une source voisine.
Ils disent à Mademoiselle:
- Tu es bête, ce n'est rien!
Pourquoi rien! C'était la vie! et nous ne pouvons pas savoir jusqu'où allait celle que nous venons de supprimer.
Par pudeur, pour ne pas avouer que la mort d'un petit chien nous bouleverse, nous songeons aux êtres humains déjà perdus, à ceux qu'on pourrait perdre, à tout ce qui est mystérieux, incomprhéensible, noir et glacé.
Le coupable se dit: "Je viens de commettre un assassinat par trahison."
Il se lève et ose regarder sa victime. Plus tard, nous saurons qu'il a baisé le petit crâne chaud et doux de Dédèche.
- Ouvre-t-il les yeux?
- Oui, mais des yeux vitreux, qui ne voient plus.
- Il est mort sans souffrir?
- Oh, j'en suis sûr.
- Sans se débattre?
- Il a seulement allongé sa patte au bord de la corbeille, comme s'il nous tendait encore une petite main.
Fin
(Jules Renard, Vers et prose, janvier-février-mars 1910 et Histoires naturelles.)

mercredi 15 mai 2013

Un bijou signé Jules Renard 2/3

Dédèche est mort

Suite d'hier.
Ah! si Mademoiselle avait pu saisir ce chien féroce, le mordre à la gorge, le rouler et l'étouffer dans la poussière!
Dédèche guérit de la blessure des crocs, mais il lui resta aux reins une douloureuse faiblesse.
Il se mit à pisser partout. Dehors, il pissait comme une pompe, tant qu'il pouvait, joyeux de nous délivrer d'un souci, et à peine rentré il ne se retenait déjà plus.  Dès qu'on tournait le dos, il tournait le sien au pied d'un meuble, et Mademoiselle jetait son alarme monotone: " Une éponge! de l'eau! du soufre!"
On se mettait en colère, on grondait Dédèche d'une voix terrible, et on le battait avec des gestes violents qui ne le touchaient pas; son regard fin nous répondait: "Je sais bien, mais que faire?"
Il restait gentil et gracieux, mais parfois il se voûtait comme s'il avait sur l'échine les dents du chien de braconnier.
Et puis son odeur finissait par inspirer des mots aux amis les moins spirituels.
Le coeur même de Mademoiselle allait durcir!
Il fallut tuer Dédèche.
C'est très simple: on fait une incision dans une bouchée de viande, on y met deux poudres, une de cyanure de potassium, l'autre d'acide tartrique, on recoud avec du fil très fin. On donne une première boulette inoffensive, pour rire, puis la vraie. L'estomac digère et les deux poudres, par réaction, forment de l'acide cyanhydrique ou prussique qui foudroie l'animal.
Je ne veux plus me rappeler qui de nous administra les boulettes.
Dédèche attend, couché, bien sage, dans sa corbeille. Et nous aussi nous attendons, nous écoutons de la pièce à côté, affalés sur des sièges, comme pris d'une immense fatigue.
Un quart d'heure passe, une demi-heure. Quelqu'un dit doucement:
Suite demain.
(Jules Renard, Histoires naturelles)

mardi 14 mai 2013

Un bijou signé Jules Renard 1/3

Dédèche est mort

C'était le petit griffon de Mademoiselle et nous l'aimions tous.
Il connaissait l'art de se pelotonner n'importe où, et, même sur une  table, il semblait dormir au creux d'un nid.
Il avait compris que la caresse de sa langue nous devenait désagréable et il ne nous caressait plus qu’avec sa patte, sur la joue, finement. Il suffisait de se protéger l’œil.
Il riait. On crut longtemps que c'était une façon d'éternuer, mais c'était bien un rire.
Quoiqu’il n'eût pas de profonds chagrins, il savait pleurer c'est-à-dire grogner de la gorge, avec une goutte d'eau pure au coin des yeux.
Il lui arrivait de se perdre et de revenir à la maison tout seul si intelligemment, qu'à nos cris de joie nous tâchions d'ajouter des marques d'estime.
Sans doute, il ne parlais pas, malgré nos effort. En vain, Mademoiselle lui disait: "Si tu parlais donc un petit peu!"
Il la regardait, frémissant, étonné comme elle. de la queue, il faisait bien des gestes , il ouvrait les mâchoires, mais sans aboyer. Il devinait que Mademoiselle espérait mieux qu'un aboiement, et la parole était au coeur, près de monter à la langue et aux lèvres. Il aurait fini par la donner; il n'avait pas encore l'âge!
Un soir sans lune, à la campagne, comme Dédèche se cherchait des amis au bord de la route, un gros chien, qu'on ne reconnut pas, sûrement de braconnier, happa cette fragile boule de soie, la secoua, la serra, la rejeta et s'enfuit.
Suite demain.
(Jules Renard, Histoires naturelles)

mercredi 27 février 2013

Jules Renard vu par Gabriel Reuillard 3/4

Suite d'hier.
À force de quintessencier et de tourner par goût - peut-on dire par excès de goût - le dos aux lieux communs, Renard a frisé parfois la préciosité, avec certaines de ses Histoires naturelles. C'est, bien souvent de la bimbeloterie, très jolie, parce que Renard reste, malgré tout, un grand artiste, mais c'est souvent faux et guindé. Quelques-unes de ses descriptions et de ses images sont à la nature ce qu'une bergerie de bazar est au paysage montagnard: du bibelot d'étagère, élégant, chantourné, souvent amusant de formes et de contours, mais aussi loin de la vie que tous les poncifs littéraires si soigneusement évité par l'écrivain.
Erreur momentanée, d'ailleurs, car bientôt, Renard, revenu à des thèmes plus larges, plus humains, surtout avec Nos frères farouches, a retrouvé la large et saine voie de la poésie éternelle, à base d'observation directe, prolongeant, par la douce harmonie des mots, l'émotion profonde du poète: "Qui a éprouvé comme lui, à la lecture des Feuilles d'automne, le frisson brusque et sans cause connue, que les arbres se transmettent en une courte agitation, passe au cœur de l'homme soudain grave et le laisse longtemps troublé." 
Un classique, certes, mais un classique poète bien qu'il y ait aussi du moraliste en lui.  Ce qu'il disait de son compatriote Claude Tillier peut lui être largement appliqué aussi: "Les poètes lui ont donné le goût de la rêverie, de l'image qui peint, du rythme nécessaire à la phrase, si prosaïque qu'elle soit, du mot rare qui frappe, du trait brillant qui éclaire l'idée comme un rayon de soleil presse l'ombre des feuilles."
Poète et moraliste, ai-je dit. comme dans toutes les grandes figures, il y avait, en effet, du moraliste en lui, du redresseur de torts: un Caton dans la république des lettres.
À l'extérieur, c'était un bourgeois janséniste, boutonné dans sa redingote, qui croyait fermement que la vertu finit toujours par triompher par la seule force: "Ma moralité disait-il à peu près - je cite de mémoire - c'est mon squelette."
Cet être d'apparence froid, réfléchi, concentré, passionné qui serrait les dents, avait des explosions soudaines, d'autant plus violentes qu'elles libéraient toutes sortes de forces longtemps accumulées.
Le jour de la condamnation de Zola (23 février 1898), on trouve, dans son Journal, une des pages les plus fortes inspirées à un homme par une écœurante injustice. On pense, en la lisant, à son ancêtre littéraire, Paul-Louis Courier, Nivernais comme lui:
"Zola est condamné à un an de prison et mille francs d'amende.
Suite demain.
(Gabriel Reuillard, Les Maîtres de la plume, avril 1929.)

jeudi 14 février 2013

Jules Renard vu par Han Ryner 1/3

 Sur Jules Renard et sur Vigny
Le premier livre important de Jules Renard, le premier de ceux dont les titres sont venus jusqu'à nous, est assurément l'Écornifleur. Il sera suivi du Vigneron dans sa vigne, des Histoires naturelles, du Plaisir de rompre, du Pain de ménage et, surtout, bien évidemment, de Poil de Carotte, publié respectivement en 1894, 1896, 1898, 1900 et 1894 pour Poil de Carotte roman et 1900 pour Poil de Carotte comédie. Mais c'est en février 1892 que paraît chez Ollendorf l'Écornifleur. Un centenaire donc. Et apparaissent pratiquement en même temps l'Écornifleur et le second enfant de Jules et de Marie Renard, la petite Julie Marie, dite Baïe, née le 22 mars 1892, et qui décèdera en 1945.
Tout le monde connait Jules Renard, et on peut avancer sans risque de se tromper que nul ne le connait vraiment tant sa personnalité est, plus que tout autre peut-être, bicéphale.
Tout d'abord, et je crois qu'on l'oublie trop souvent, Renard est mort jeune. À 46 ans (né le 22 février 1864, décédé le 22 mai 1910). comme Claude Tillier, 1801-1844, et on a souvent amorcé un parallèle Tillier-Renard. Comme Paul-Louis Courier, 1772-1825, ou encore Paul Verlaine, 1844-1896.
Très brièvement, les grandes dates de la vie de Renard sont le 28 avril 1888, son mariage avec Marie, dite Marinette, Morneau, 1871-1938; le 2 février 1889, naissance de leur fils Pierre-François, dit Fantec, qui décèdera en 1934; 22 mars 1892, naissance de Baie; 19 juin 1897, suicide de son père François Renard; 5 août 1909, noyade (suicide?) de sa mère, née Anne-Marie Colin (Mme Lepic).
On connaît bien les mots, parfois très durs, acides, de cet aigri et de ce déçu, et parfois, si tendrement bucoliques. Il définissait le papillon, ce petit châle pour les fleurs, "ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur".  Voici quelques-uns de ses aphorismes, quelques-unes de ses sublimes notations parmi tant d'autres: Il faut admirer une cérémonie religieuse si elle est belle, et non pas l'aimer ou la détester parce qu'elle est religieuse" (25 septembre 1908). "On ne s'habitue pas vite à la mort des autres. Comme ce sera long, quand il faudra nous habituer à la nôtre!" À propos de son Journal: "Des amis s'y reconnaîtront. Je pense avoir dit assez de mal d'eux pour les flatter". Et, qui n'est pas sans parenté avec la fraternelle poésie d’un Marcel Martinet ou d'une Sabine Sicaud: " Je sais déjà regarder les nuages qui passent. Je sais rester sur place. Et je sais presque me taire". Savoir regarder les nuages qui passent et savoir presque se taire, c'est déjà beaucoup plus que le commencement de la sagesse, mais cette sagesse là, combien de paysans l'ont acquise à leur naissance?
Suite demain.
(Han Ryner, Les Messages de Psychodore, n°53, novembre 1992)

mercredi 6 février 2013

Jules Renard et la pêche 3/3

Suite d'hier.
►  "Un pêcheur jette son épervier et ne prend rien. 
À chaque coup, on devine qu'il ne ramènera rien. Il fait trop de vent pour que les poissons se promènent dehors dans les champs".
►  "Il marchait sans bruit comme un poisson".
►  " Bywanck. J'ai remarqué, Renard, dans vos manuscrits le fréquent désir que vous avez de vous noyer.
- Je n'en suis encore qu'à la pêche à la ligne". 
►  " "De grands gars, des hommes viennent pêcher sur la jetée. Ils lancent des lignes de plus de cent mètres alourdies par un plomb, et quand ils ramènent un petit poisson de rien, ils sont tout pâles".
►  "Le Maître d’École de Chitry. Il y est depuis quinze ans, il aura sa  retraite dans six ans. Le plus bavard des pêcheurs. Il a une histoire pour chaque poisson. Il y en a qu'il traite d'imbécile". 
►  "Inventeur de la ligne parasol qui permet de se mettre à l'abri du soleil tout en prenant du poisson".
►  "On raconte devant Alphonse Allais que certains poissons vivent à de telles profondeurs que la lumière ne pénètre pas jusqu'à eux".
►  "Et même dit Allais, il leur pousse des visières vertes, un bâton à une nageoire et ils sont conduits par de petits chiens de mer".
►  "Le père Joseph pêcheur... Il a deux roulottes. Autrefois, il prenait par jour douze livres de poissons qu'il vendait à Corbigny. Il n'y en a plus. Coureurs, saltimbanques, ont tout détruits avec des lignes de fond, on ne devrait pas pêcher ainsi, c'est défendu".
►  "La Fontaine. Individuellement ses animaux sont vrais, mais les rapports sont faux. La carpe a bien l'air d'une commère avec son dos rond de vieille femme. Mais elle ne fait pas mille tours avec le brochet son compère. elle le fuit comme son ennemi mortel".
Hélas, pour finir,  un mot de tristesse et de regrets émouvants:
►  "J'ai supprimé brusquement les choses que j'aimais beaucoup, les vers, l'escrime, la pêche, la chasse, la nage. Quand supprimerai-je la prose, la littérature? quand la vie?
Jules Renard a écrit ces mots dans son Journal, en 1905. Il commence déjà une inexorable maladie qui l'emporta à 46 ans, le 22 mai 1910
(Docteur L. Tixier, Plaisirs de la pêche, n°12, septembre 1957)

mardi 5 février 2013

Jules Renard et la pêche 2/3

Suite d'hier.
Les notes qui vont suivre sont plus brèves et marquées du soin admirablement concis et subtil de son auteur. Elles sont presque toutes extraites de son magnifique journal.
►  "Pêcheurs.
- Mon bouchon remue.
- Vous avez de la veine répond l'autre, glacial".
►  Le pêcheur manque plusieurs fois un poisson.
- Est-il bête?"
►  "Le poisson tire le bouchon au fond des ténèbres. La première fois qu'il sort de l'eau, il meurt".
►  "Je suis assis sur des pierres entassées au bord de l'Yonne. Je pêche au pont de Marigny... La rivière ne disait rien tout à l'heure ou plutôt je ne l'entendais pas. Maintenant que je l'écoute bien, elle ronronne comme un chat flatté".
►  - Premier Prix au Concours Général...
- Oh!
- ... de pêche à la ligne.
►" Oui, oui, je pêche; c'est-à-dire que volontiers je m'assieds en face des poissons et que nous nous attendons". Lettre à Descaves (correspondance inédite, Léon Guichard- Gallimard)
►  " Il lui semblait que le bouchon de sa ligne était un monde".
►  " La Rivière. Reliée par un fil à la vie des poissons que l'on ne voit pas".
►  "Quand il fait  une belle phrase, c'est un pêcheur qui vient de prendre un poisson".
►  " J'ai appris à des jeunes l'art de pêcher à la ligne, mais ils ne savent pas choisir leurs poissons".
►  "Ma cigale est la sauterelle et ma sauterelle n'est pas symbolique. Je la prends dans les prés, au bout d'un brin d'herbe. Je lui ôte ses grandes cuisses et je m'en sers pour pêcher à la ligne.
►  "Le travail, c'est parfois comme de pêcher dans une eau où il n'y aurait jamais de poisson".
►  "Attendez, j'ai jeté ma ligne en moi. le bouchon remue !"
►  "Le poissonDécidément il ne veut pas mordreIl ne sait peut-être pas que c'est aujourd'hui l’ouverture de la pêche.
Suite demain.
(Docteur L. Tixier, Plaisirs de la pêche, n°12, septembre 1957)