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dimanche 20 mars 2016

Journal du 20 mars 1909

Blum, toujours très intelligent et précis, défend Porto-Riche.
Fauchois s'obstine à dire qu'il est très content du succès de Beethoven pour Antoine.
- Les juifs vous aiment beaucoup, me dit Trarieux.
- En effet. Ils ne me disent rien de désagréable.
- Ils n'osent pas, insinue Trarieux.
Antoine toujours gêné au milieu d'hommes d'esprit. Quand il veut dire quelque chose, il fait un effort désespéré et ses petits yeux se rapprochent de son nez.

vendredi 11 décembre 2015

Journal du 11 décembre 1901

Déjeuner chez Blum. Jaurès a l'aspect d'un professeur de quatrième qui ne serait pas agrégé et ne prendrait pas assez d'exercice, ou du gros commerçant qui mange bien.
De taille moyenne, carré. Une tête assez régulière, ni laide, ni belle, ni rare, commune. Beaucoup de poil, mais ce n'est que de la barbe et des cheveux. Un nerveux clignement de paupière à l’œil droit. Col droit, et cravate qui remonte.
Une intelligence très cultivée. Les quelques citations que je fais, auxquelles je ne tiens pas beaucoup, il ne me laisse même pas les achever. A chaque instant, il fait intervenir l'histoire ou la cosmogonie. une mémoire d'orateur toute pleine, étonnante.
Crache volontiers dans son mouchoir.
Je ne sens pas une forte personnalité. Il me fait plutôt l'impression d'un homme dont le bulletin  pourrait être ainsi rédigé: "Bonne santé sous tous les rapports."
A une de ses plaisanteries, il rit trop, d'un rire qui descend des marches et ne s'arrête qu'à terre.
L'accent: un bizarre dédain pour le c d' "avec". La parole lente, grosse, un peu hésitante sans nuances.
Évidemment, il faudrait voir l'acteur qui est dans cet orateur. Et puis, je vis, par la pensée, avec des hommes trop grands pour que celui-là m'étonne.
- Faire un discours ou écrire un article, pour moi, c'est à peu près la même chose dit-il
Je lui demande ce qu'il préfère de l'exactitude d'une phrase, ou de la beauté poétique d'une image.
- L'exactitude, répond-il.
L'homme qui l'a le plus frappé comme orateur, c'est Freycinet.
Il lui est plus facile de parler dans une réunion publique qu'à la chambre, que de faire une conférence. Où il a été le plus mal à l'aise, c'est à la cour d'assises où il défendait Gérault-Richard.
En religion il paraît assez timide. Il est gêné quand on aborde cette question. Il s'en tire par des "je vous assure que c'est plus compliqué que vous ne croyez". Il a l'air de penser que c'est un mal nécessaire, et qu'il faut en laisser un peu. Il croit que le dogme est mort et que le signe, la forme, la cérémonie, sont sans danger.
D'après Léon Blum, il se sépare de Guesde comme tacticien. Socialiste de gouvernement, il croit aux réformes partielles. Guesde n'admet que la révolution complète.

samedi 14 mars 2015

Journal du 14 mars 1905

Blum parle de la bonté de Schowb. Schowb était un égoïste comme les autres: qu'il me tire par les pieds, si je mens!

samedi 31 janvier 2015

Journal du 31 janvier 1901

- La chambre n'a compté, ces derniers temps, dit Léon Blum, que deux orateurs: Jaurès et Clemenceau. Jaurès est un candide. En prose, il égale Victor Hugo. Il a supplié Millerand de n'être pas ministre; mais, Millerand une fois ministre, il l'a soutenu. Il est désintéressé.  Il ne souffre que de l'inintelligence de certains socialistes.  Comme on critique le détail d'un de ces discours, il répond: "Est-ce que je le rappelle ce que j'ai dit!" 
L'homme libre est celui qui ne craint pas d'aller jusqu'au bout de sa raison. Viviani est un homme de proie que je ne croie pas tout-à-fait désintéressé. Barthou a osé prendre la responsabilité de la chute du ministère Brisson. Brisson est un homme incorruptible, de cerveau limité, mais dont les quelques idées me sont agréables, ce qui me suffit. Waldeck-Rousseau est intelligent, mais pas supérieur à Freycinet, par exemple. Clemenceau est l'homme de la riposte incomparable, pendant vingt minutes, à la tribune.

mardi 13 janvier 2015

Journal du 13 janvier 1907

Blum dit de Briand et de Viviani:
- Au fond, ce sont des sceptiques, presque des cyniques, mais ils ont passé par le socialisme, et il leur en restera toujours quelque chose. Ça vaut mieux que des radicaux.
Jaurès très accablé par les soucis que lui a donnés l'Humanité.

dimanche 23 juin 2013

Journal du 23 juin 1902

Blum, nerveux, vibrant comme une tige d'acier, encore ébranlé par les images qui lui reviennent de l'accouchement de sa femme.
Très admirateur de l'intelligence de Retz, il le trouve moins grand écrivain que Saint-Simon;  me dit que Jaurès passera cette législature à poser nettement la question d'Alsace-Lorraine. Habituer la Chambre et le pays à entendre des paroles qui ne sonnent pas faux, voilà le programme.
Blum fait trois actes sur la Colère. Coolus m'a dit que son héros ne parle pas comme un homme en colère, qu'il ne jure pas assez. Mais, le meilleur moyen de faire du théâtre original, c'est d'en faire qui  ne soit pas trop "théâtre".

jeudi 14 mars 2013

Journal du 14 mars 1901

Chez Léon Blum.
- Dois-je signer, dit-il, les Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann, c'est-à-dire mettre mon nom sur une couverture où il y aura celui de Goethe?
- Pourquoi pas? dis-je. L'audace n'est pas de signer ce livre: c'est d'avoir eu l'idée de le faire.
- Oui, et ce que vous me dites est plus troublant.
Dans les carafes, de l'eau bouillie qui achève de se refroidir.
- Aujourd'hui, dit Boulanger, les écrivains n'écrivent qu'avec des synonymes.
- Il ne peut y avoir de critique sincère, dit Blum, que la critique anonyme. C'est tout le journalisme anglais.

vendredi 15 février 2013

Jules Renard vu par Han Ryner 2/3

  Sur Jules Renard et sur Vigny
Suite d'hier.
Il n'est pas question de prendre pour argent comptant tout ce que peux écrire Jules Renard. Ni ce que peut, dans l'occasion, écrire Jules Renard révisionniste de Jules Renard, si l'on peut dire.  Mais que de souffrance se cache derrière l'aigreur ou le dépit. "Un auteur dont le livre vient de paraître est un pauvre con stupide" écrit-il le 19 novembre 1908 à Edmond Sée. Et, au même, le 4 février 1909, il donnera ce conseil: "N'oubliez pas que vous ne serez jugé que par des cons." Il y a une sacrée part de vérité tant dans l'observation que dans le conseil, si dans un cas comme dans l'autre il faut se garder de généraliser. Un des plus méchants coup de patte de Renard est celui-ci, du 7 juin 1902: "Il me ferait regretter de ne pas avoir été antisémite." Il, c'est son ex-ami Marcel Schwob. Lorsque Schwob mourra, en 1905, il n'assistera à ses obsèques que pour rencontrer des confrères. C'est poussé par le même conformisme étudié qu’en 1909 il se rendra à l'enterrement de Catulle Mendès, autre juif qu'en fait Jules Renard a toujours méprisé. À la mort de Mendès, écrasé par un train, il ne lui ménage aucune petite méchanceté. "Pourquoi sa mort m'attristerait-elle, confesse-t-il sans détour: je lui fus toujours indifférent."
Humaniste à l'ironie grinçante, voire perfide, Jules Renard ne voyait dans les foules qui iront au cinématographe qu'un public vulgaire. C'était bien vu, cette fois encore.
Mais avec son caractère tout renardien, trop de ses bons et grands amis (Tristan Bernard, Léon Blum, Alfred Capus, Léon Daudet, Lucien Descaves, Marguerite Moreno, Maurice Pottecher, Rachilde, Ernest Raynaud, Marcel Schwob...) se trouveront un jour ou l'autre reléguée à une place beaucoup moins intime. Car le rouquin est tout susceptibilité. Aux noms que nous venons de citer, il faudrait en ajouter quelques-uns, ainsi que ceux de Romain Coolus, Louis Dumur, Léo d'Orfer, et aussi les Rostand, Edmond, Rosemonde et Maurice. Le nivernais Jules Renard a bel et bien appartenu au Tout Paris littéraire.
(Han Ryner, Les Messages de Psychodore, n°53, novembre 1992)

samedi 26 janvier 2013

Les Bucoliques vues par Léon Blum

Un livre de Jules Renard
Une préface grave et entière où je goûte avec amour le ton perdu des moralistes, la foi religieuse dans le travail, la fierté d'écrire, la vertu d'une conscience difficile: classicisme, optimisme et jansénisme. Des mots et des traits d'enfant, menus, précieux ou profonds. Des paysages concentrés et forts. Des portraits que je ne peux comparer qu'aux plus achevés de La Bruyère, Le Mangeur de prunes; le Collectionneur d'estampes, ou Diphile, l'amateur d'oiseaux, - des portraits dont on suit lentement l'étude et le progrès, qui livrent peu à peu des physionomies achevées touche à touche, où chaque état ne révèle souvent qu'une seule forme caractéristique, un unique détail nouveau, une courte phrase révélatrice, et qui accusent leur vie et leur singularité par une sorte de juxtaposition nécessaire. Voilà ce que je veux signaler dans les Bucoliques, la dernière œuvre de M. Jules Renard.
Il en faudrait parler avec plus de minutie; je ne connais pas de livres où le sentiment d'ensemble soit plus nécessairement le résultat, l'addition grossie des impressions de détail. Et je sens aussi que pour juger M. Renard il faudrait donner au critique des moyens et des termes qui lui manquent. J'employais la langue des graveurs ou des peintres, et ce n'était pas une affectation. Voit-on personne chez qui le talent s'allie plus étroitement avec la manière, la pensée avec la matière, et les sentiments avec les mots?
S'il faut résumer mon jugement en une formule, je dirai pourtant que les Bucoliques sont l’œuvre d'une sorte de réalisme lyrique.
(Léon Blum, La Revue blanche, n°121, 15 juin 1898.)

jeudi 1 novembre 2012

Journal du 1er novembre 1895

Léon Blum, un jeune homme imberbe qui, d'une voix de fillette, peut réciter, durant deux heures d'horloges, du Pascal, du La Bruyère, du Saint-Evremond, etc.

mercredi 23 mai 2012

Ceux qui s'en vont - Jules Renard

Les lettres françaises n'ont pas fait de perte plus grave depuis Goncourt et Verlaine. Ce n'est pas seulement un grand artiste qui vient de mourir, c'est un maître.
Son œuvre, qui touche à la perfection d’aussi près qu'une production littéraire de ce temps, ne fut nullement une œuvre close, figée, confinée en elle même. Ce fut une œuvre féconde, agissante. Elle ne durera pas seulement par sa solidité intérieure, par l'entière originalité et l'incomparable fini du travail, mais par son importance, par la valeur d'exemple qu'elle représentait, par la force d'influence qu'elle contient.
Venu après les romantiques et les grands naturalistes, tenant aux uns par la puissance imaginative et la richesse d'invention verbale, aux autres par l'amour et le courage de la vérité, Jules Renard fut le premier à nous montrer que la plus minutieuse réalité est susceptible d'une interprétation poétique. Il fut l'initiateur de ce qu'on pourrait appeler le réalisme lyrique.
Dans l'observation de la nature ou des hommes, son art parvint à créer comme une poésie de l'exactitude. Il sut prêter aux détails les plus frustes, aux traits les plus menus, une force émouvante, une valeur évocatrice. 
Il fut tout à la fois l'inventeur d'une manière nouvelle et le plus sûr adaptateur des méthodes naturalistes. Par là, tous les écrivains qui sont entrés dans les lettres après lui restent ses débiteurs ou ses disciples, même ceux qui l'ont ignoré ou méconnu[...]
(Léon Blum, Comoedia, 23 mai 1910)
On pourra lire la suite de cette article dans le volume 13, année 2006, de l'association "Les amis de Jules Renard", p. 105, Jules Renard vu par Léon Blum.

mardi 24 janvier 2012

La voix disgraciée de Jules Renard

Après lecture de l'article de Louis Faucon sur Léon Blum et Jules Renard, M. Xavier Decailly, de Romans, qui a connu l'auteur de Poil de Carotte, nous dépeint la voix de ce dernier: 
"Elle était à la fois faible, mal timbrée, mal dirigée, en somme disgraciée. J'ai pu m'en rendre compte à Nevers, en 1902. Devant un auditoire d'instituteurs, venus avec la soif d'applaudir, elle passait mal la rampe, montait sans s'épanouir, se noyait dans les rumeurs d'une attention déçue. Dans cette infériorité native, on peut voir la raison profonde de l'abstention de Jules Renard sur le plan de la politique militante, où ne lui était promis qu'un rôle de figurant. [...]"
(Le Figaro littéraire, 24 avril 1952.)

dimanche 15 janvier 2012

Monument Jules Renard

Le monument Jules Renard (Chitry-les-Mines). - Le sculpteur choisi pour l'exécution du monument est le statuaire nivernais Pourquet. Nous donnons ci-dessous l'état de la souscription. (Extrait).
Alapetite, résident général à Tunis, 50. - Romain Coolus, 50. - Mme et M. Maurice Pottecher, 100. - Mme Emile Zola, 50. - Romain Rolland, 20. - Courteline, 20. - Octave Mirbeau, 50. - Goujat, ancien député de la Nièvre, 10. - Henri Bachelin, 10. - Le Mercure de France, 50. - Alfred Vallette, 20. - Mme Suzanne Desprès, 50. - Alfred Athis, 50. - Maurice Le Blond, sous-préfet de Clamecy, 20. - Mme Marthe Brandès, 100. - Edmond Rostand, 300. - Thadée Natanson, 50. - Léon Blum, 50. - Robin, maire de Chitry-les-Mines, 50. - Roy Auguste, instituteur à Chitry, 10. - Sacha Guitry, 50. - Fernand Vandérem, 20. - Alexandre Natanson, 20. - Etc. Total jusqu'à ce jour...2.351, 55.
Mercure de France, 1er juin 1912, p. 667.