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jeudi 28 avril 2016

Journal du 28 avril 1903

Décor du deux. Wolff écoute la pièce, marche d'abord, puis disparaît sans rien dire. Je ne sais plus. Il me dit plus tard qu'il a trouvé la scène longue, tant Antoine la savait peu.
Ellen Andrée pleure tout à coup et finit de jouer sa scène en pleurant.
Quelle détresse! Voilà que je mendie presque des compliments.
- Est-elle claire, la pièce? demandé-je à Wolff.
- Claire comme de l'eau de roche. Antoine aura un gros succès... Cheirel est délicieuse.
J'insiste pour qu'il ne paie pas la moitié de sa voiture, et je rentre chez moi avec la peur du désastre. 
Le soir, j'emporte mes deux actes chez Antoine, et, tandis qu'il se dénapoléonise, je lui lis la scène comme je l'ai lue à Guitry, à Brandès, et c'est le même effet. Il dit: 
- Oui, c'est ça! Çà y est! Il faudrait jouer comme vous lisez, et ce serait sûr.

dimanche 20 mars 2016

Journal du 20 mars 1909

Blum, toujours très intelligent et précis, défend Porto-Riche.
Fauchois s'obstine à dire qu'il est très content du succès de Beethoven pour Antoine.
- Les juifs vous aiment beaucoup, me dit Trarieux.
- En effet. Ils ne me disent rien de désagréable.
- Ils n'osent pas, insinue Trarieux.
Antoine toujours gêné au milieu d'hommes d'esprit. Quand il veut dire quelque chose, il fait un effort désespéré et ses petits yeux se rapprochent de son nez.

lundi 29 février 2016

Journal du 29 février 1908

Ramuntcho. Odéon. une niaiserie. Antoine va au désastre. Il est trop napoléonien pour qu'on s'apitoie, et puis, il a peut-être fini. La veille, il faisait appel à ses actionnaires.

samedi 5 décembre 2015

Journal du 5 décembre 1899

Chez Antoine. Pas un mot de Poil de Carotte, et nous sommes seuls. Il me parle de la Révolte, de Villiers, qu'on joue ce soir, et qu'il trouve une belle chose: il me fait peur. Le public a suivi tout de travers. Mellot a pu sauter trois pages sans que ça paraisse. "Tant mieux!"" dit Antoine avec un faux air de dompteur.
- Avez-vous connu Villiers?
- Ah! oui. Il était épatant. Il buvait des absinthes vertes. Quel type!
Un employé vient  dire: "Larroumet est dans la salle."
- Il vient quand on ne l'invite pas, dit Antoine.
- Il vient, dis-je, pour apprendre son métier.
Et, tout à l'heure, sur l'ordre d'Antoine, un autre employé ira dire, dans toutes les loges: " Attention! Larroumet est dans la salle."

vendredi 1 mai 2015

Journal du 1er mai 1903

À cinq heures, Antoine vient me dire que la répétition, que j'attends depuis deux heures et demie, n'aura pas lieu.
Ces dames parlent de leurs cors au pieds.
- Moi, dis Desprès, j'en ai deux gros , énormes!
Là encore elle veut être la première.
Répétition du deux en costumes.
Tous ont mal joué, préoccupés de leurs toilettes et des derniers béquets, voulant jouer comme je veux et contre Antoine, furieux, qui ne sait plus un mot de son rôle.
- C'est une merveille! lui dit Wolff.
- C'est un clou, répond Antoine, et Renard nous flanquera par terre en nous faisant jouer comme ça.Il dit à Alfred Nathanson:
- Ce n'est pas possible de lui donner ce qu'il veut. 
À moi: - C'est une ordure. en la prenant comme ça, la pièce fout le camp.
- Çà m'est égal! dis-je. J'aime mieux un four avec ma pièce jouée dans le sens qu'elle a, qu'un succès sans moi.
- Bien! Je vous la jouerai comme ça. Oh! soyez tranquille! Je ne vous trahirai pas, mais, un soir, je la jouerai comme je veux, devant le public, et vous verrez!

jeudi 16 avril 2015

Journal du 16 avril 1903

Antoine veut dire son rôle avec le souffleur. c'est terrible.
On répète dans de la toile d'emballage du décor.
Ce que dit Antoine à un souffleur:
- Je vous attends,  monsieur....Pas si vite, monsieur!.... Le texte, monsieur. Y a-t-il "pourtant" ou "cependant"? ...Rien à faire avec un souffleur pareil!... Laissez-moi, monsieur!... Soutenez-moi, monsieur!...Heu! Heu! Suivez donc, monsieur!... Pas si haut! Je ne m'entends plus!
Il dit:
- Je veux savoir mon texte aujourd’hui.
- Bon! Mais vous me permettrez tout de même, Antoine, d'y faire quelques petits changements?
- Vous aussi, à moi? dit-il.
- C'est drôle!
Ibels me demande si ça ne me gêne pas qu'il reste. Nous en sommes à la scène du peintre. Il doit trouver ça de mauvais goût, Cheirel trop "Palais-Royal", Signoret, pas poète.
On recommence. C'est aussi mauvais, et je n'y vois que du terne.
Desprès, à qui Beaubourg vient de lire une pièce en quatre actes, dont le premier est formidablement beau, et les trois autres, de plus en plus mauvais, me parle de Poil de Carotte qu'elle a joué dans un salon, de Lugné, qui est un admirable Lepic, un peu trop grand seigneur, puis elle me dit:
- C'est délicieux.
- De qui parlez-vous,
- De  Monsieur Vernet. J'ai entendu les deux actes.  Oh! la fin du deux! C'est du même tonneau que Plaisir de rompre, quoique supérieur. J'aime moins le Pain de ménage, vrai et simple. Je ne dis pas que cela aura la destinée de Poil de Carotte, que je vous jouerai éternellement, mais vous pouvez compter sur soixante à quatre-vingts représentations. 
- Vous êtes sincères?
- Oh! vous pouvez être tranquille.
Et je le suis un peu moins.
Tout de même, il faut bien laisser à Desprès une petite préférence pour Poil de Carotte!

jeudi 19 mars 2015

Journal du 19 mars 1900

Chez Antoine. J'écoute Poil de Carotte en toute sécurité. Les effets sont sûrs. Je les attends, ils viennent. La servante a le plus gros, et Desprès en est un peu gênée. Elle me conseille de lui faire une observation.
Dans la loge d'Antoine, Trarieux, Antoine, Brieux, contre Rostand que je soutiens, mais j'ai un peu l'air d'un agent provocateur. 
- Un jour, dit Antoine, j'ai entendu le premier acte des Romanesques. J'ai trouvé ça tellement bien que je suis parti, de peur d'aimer les deux autres.

mardi 3 juin 2014

Monsieur Vernet

Théâtre Antoine - le 6 mai (1903), Le Supplice du silence de Berr de Turique et une œuvre nouvelle de Jules Renard, Monsieur Vernet, jugée tout à fait de premier ordre, même après Poil de Carotte.  La soirée s'achève par L'Attaque noctule, trois tableaux d'André de Lorde et Mason-Forestier, curieusement mis en scène et qui complètent un excellent spectacle jusqu'à la fermeture.
(André Antoine, Le Théâtre, T.I. Les Éditions de France)

vendredi 30 mai 2014

Le Pain de ménage

Théâtre du gymnase.
Le 10 février (1900) intéressante conférence de Tristan Bernard sur Jules Renard, suivie de la première représentation du Pain de ménage, qui est un triomphe.
(André Antoine, Le Théâtre, T.I. Les Éditions de France, p. 396.)

mercredi 28 mai 2014

Jules Renard vu par Antoine

23 mai (1910).
Obsèques de Jules Renard, qui laisse une œuvre,  sûr et magnifique prolongement des grands naturalistes , en ce qu'il fut le premier à montrer que la vérité la plus minutieuse est susceptible d'une interprétation poétique.
(André Antoine, Le Théâtre, T.II., Les Éditions de France, p. 80.)

lundi 14 avril 2014

Journal du 14 avril 1903

Le naturel d'Antoine quand, au milieu d'une répétition, la concierge lui apporte à signer un reçu de lettre chargée.
- Quand on répète votre pièce après avoir joué les autres, me dit Cheirel, ça fait du bien. La nuit, je pense aux répétitions. Je vous dit ça, à vous, l'auteur. Plus ça va, et plus je l'aime, votre pièce. Si je ne la jouais pas, j'aurais un grand chagrin. 
Antoine, qui lit son rôle, dit:
- Ne vous inquiétez pas! Je fais un travail de mémoire.
Il dit de Sainte-Hélène:
- C'était prévu! Çà  n'a marché ni bien ni mal.
- Qu'est-ce que dit le public?
- Il trouve ça emmerdant, et ça l'est. C'était. C'était prévu!
Il demande au machiniste qui place les chaises pour figurer le décor s'il se fout de lui, et il appelle le souffleur "monsieur".
Signoret a justement remarqué que Capus termine ses tirades par le mot "Voilà" d'un air de dire au public: " Arrange-toi avec ça!"

mercredi 23 janvier 2013

Sur Jules Renard 2/2

Suite d'hier.
Depuis deux ans Jules Renard faisait partie de l'Académie Goncourt où il avait pris la place laissée vacante par la mort de J.K. Huysmans.
Jules Renard était un excellent confrère, serviable, loyal, d'un esprit bref et délicieux. Il sera vivement regretté.
Les obsèques
Paris 23 mai - La levée du corps de M. Jules Renard a été faite cet après-midi à 3 heures, 44 rue du Rocher. 
De nombreuses personnalités appartenant au monde de la politique, des lettres et du théâtre assistaient à cette cérémonie.
Reconnus au hasard, MM. Buer, représentant le président du conseil; Jean Jaurès, Georges Lecomte, président de la Société des gens de lettres; Victor et Paul Marguerite, J.-H. Rosny, Jules Claretie, administrateur de la Comédie-Française; Octave Mirbeau, Henri de Régnier, M. et Mme Edmond Rostand, Léon Barthou, Peyrebrune, secrétaire-adjoint de l'association des journalistes départementaux; Lucien Descaves, Léon Daudet, Léon Diertz, la rédaction du Mercure de France ayant à sa tête le directeur M. Vallette! MM. Antoine, directeur de l'Odéon; Lucien Guitry, Maurice Leblond, littérateur; le sous-préfet de Clamecy, etc, etc. 
Le corps de M. Jules Renard a été transporté à la gare de Lyon pour être conduit à Chitry-les-Mines (Nièvre) dont le défunt était maire.
(Paris-Centre, (Nevers) non signé, mardi 24 mai 1910.)

samedi 22 décembre 2012

Jules Renard vu par André Antoine

Mesdames et Messieurs,
Il y a une dizaine d'années, M. Guist'hau, alors ministre de l'Instruction publique, et sous les ordres duquel je me trouvais placé comme directeur de l'Odéon, ayant à m'accorder je ne sais quoi, m'avait dit: "Antoine, c'est entendu, mais à la condition que vous viendriez à Nantes faire une conférence!" Il ne se doutait guère de ce qui l'attendait, et ni moi non plus du reste. Au jour convenu, je me rendis là-bas pour parler du théâtre contemporain; et pris d'un bel accès de fanatisme, je fis, paraît-il, une causerie dont la vivacité eut des échos à Paris.[...]
Pour aujourd'hui, et pour terminer, je ne voudrais retenir que l'un des auteurs qui allaient sortir de la scène de Strasbourg, et c'est Jules Renard. Jules Renard a peu produit; nous n'avons de lui que trois ou quatre pièces, il a disparu trop tôt; mais, après avoir esquissé un théâtre qui allait laisser des traces profondes.
Jules Renard, au début, s'était consacré à des croquis de son pays et de son entourage; puis, un jour, il en a tiré Poil de Carotte. Je le connaissais peu, il vivait à l'écart. On lui avait dit que sa pièce n'était pas du théâtre, qu'elle était longue, sans action, sans mouvement, et qu'il aurait tort de la faire jouer. Je ne veux pas dire le nom du camarade célèbre qui lui donnait ce conseil  et je ne conte cette histoire que pour montrer combien, en ces matières, les plus experts peuvent se tromper. De sorte que Renard vint me trouver.
- Je suis très perplexe, me dit-elle. Cet ami a peut-être raison...
Après la lecture, mon opinion était nette.
- Vous venez de faire un chef d’œuvre, lui dis-je, en lui sautant au cou.
Et, en effet, c'était un chef d-œuvre, un chef d’œuvre que la Comédie-Française a pu accueillir plus tard, et encadrer dans ses lambris dorés cette petite cour de province où vivent ces humbles êtres, personnages désormais classés à côté des figures les plus solides du répertoire. C'est pourquoi j'ai voulu terminer cette causerie en vous faisant entendre une des scènes principales de Poil de Carotte.
Mon ami Léon Bernard a bien voulu se charger de ce rôle du père Lepic, qu'il tient à la Comédie-Française avec Mme Bovy, le Poil de Carotte le plus complet que j'ai jamais vu. Et chaque fois que je la vois dans ce personnage, je pense au pauvre Renard, en me disant:
- Quel dommage qu'il n'ait pas pu voir ce Poil de Carotte-là!
(André Antoine, Conférencia, journal de l'université des annales, n°2, 1er janvier 1923.)

jeudi 13 décembre 2012

Jules Renard vu par Lucien Descaves 2/2

Suite d'hier.
Le dîner de janvier 1910 fut le dernier auquel participa Jules Renard. Il avait vendu "la Gloriette", (1) sa maison de Chaumot, dans la Nièvre, où sa mère était morte l'année précédente. (En fait, Jules Renard avait rendu la maison dont il était locataire.) La santé de Jules Renard était devenu inquiétante et j'avais accompagné chez lui le docteur Crépel, mon beau-frère. Il ne parut pas plus inquiet qu'un de ses confrères, consulté précédemment. Ni l'un ni l'autre n'avaient diagnostiqué l'artério-sclérose à laquelle le malade succomba trois mois après. A ce dernier dîner Goncourt, Renard avait approuvé l'intention de Geffroy et la mienne, de publier les inédits de Vallès, aux frais de l'Académie Goncourt. C'était sa réponse au badinage de Léon Daudet qui appelait Jules Renard Poil de Vallès, en souvenir de Jacques Vingtras enfant. Autant en emporte le vent...
Vers 1901, alors que je passais mes vacances à Gérardmer, je me rendis à Bussang avec ma femme pour assister à une représentation de Poil de Carotte, au théâtre de Bussang. J'y retrouvai Jules Renard et Maurice Pottecher, fondateur et animateur de ce théâtre. Maurice Pottecher devint aussitôt mon ami et je fus heureux, une quinzaine d'années plus tard, lorsque le hasard le fit habiter rue de la Santé, à deux pas de chez moi. Ce voisinage nous permit de fortifier une affection que le temps ni l'éloignement de Paris n'ont diminuée.
La version que Jules Renard donne de la mort de sa mère dans son Journal, m'apparaît aussi incertaine qu'à Antoine notre ami commun. Celui-ci reçut un jour une lettre de Renard, terminée par ce post-scriptum: "La vieille a encore fait des siennes;  elle s'est f... dans le puits." j'en aurais douté si Antoine ne m'avait dit: - Je voulais t'offrir une lettre de Jules Renard, mais elle a disparu avec toute ma correspondance lors de mon dernier déménagement, quand j'ai quitté Paris. Cette lettre n'avait d'ailleurs d'intéressant que le post-scriptum.
Et il m'en répéta les termes qu'il savait par cœur.
Renard laisse planer le doute sur la mort de sa mère: accident ou suicide. Il ne s'apparentait à Jules Vallès, si féroce pour ses parents, que pour amplifier. Je me suis souvent demandé si, possédant cette lettre de Jules Renard, je ne l'aurais pas brûlée; décision que ne prendra jamais l'amateur d'autographes qui l'aura achetée. L'obsession peut très bien avoir conduit Poil de Vallès à exagérer.
(1)  La "Gloriette" ne lui appartenant pas, il avait seulement cesser la location.
Fin
(Lucien Descaves, Mémoires d'un ours, p. 237)

dimanche 7 octobre 2012

Journal du 7 octobre 1907

- Oui, en effet, dit Capus: Antoine m'a demandé une conférence pour le 31 octobre. Je lui ai répondu que je la ferai si je passe à l'Odéon ce jour-là, mais que je n'y viendrai certainement pas exprès. 
Il a plus que de l'esprit: il n'a plus de cœur.
Il a perdu la délicieuse défiance de la jeunesse.
- Penses-tu à l'Académie? lui dis-je.
- Je n'ai rien à faire: c'est le travail des autres. Claretie, Hervieu, Lemaitre, me disent que ça va bien. La première place d'auteur dramatique sera pour moi.
Il faut être de l'académie parce que cela met à l'abri des coups. Toi aussi, tu en seras, dans deux ou trois ans, quand ceux de la génération qui précède seront installés.
Ta place tout à coup sera prête. Tes Frères farouches, oui, un bon titre. Le mot est de La Bruyère. Oh! c'est très bien. C'est mieux que tout ce que tu as fait. C'est...c'est plus profond.
Je sens qu'il n'en a pas lu une ligne.

samedi 28 avril 2012

Journal du 28 avril 1894

- Vous connaissez Antoine?
- Qui est-ce qui ne connaît pas Antoine!
- Il est gentil, ce monsieur?
- Très gentil. J'ai entendu dire beaucoup de mal de lui, mais on dit tant de choses!