dimanche 19 avril 2015

Journal du 19 avril 1897

Il avait un geste familier. Il s'accoudait du bras droit, posait sa joue sur ses doigts  et, de l'ongle du petit doigt libre, se touchait une dent rentrée. Il m'a laissé ce tic. Il m'a laissé la peur des lavements et les réponses évasives. Mon frère et ma soeur ont hérité d'autres tics. 
Les mots  filial et paternel ne signifiaient rien entre nous. Un mélange d'estime, d'étonnement et de crainte, voilà ce qui nous reliait. J'avais le soin de dire qu'il n'était pas comme les autres, et le souci de montrer qu'il ne me faisait pas peur.
Moi, je m'arrache les poils du nez comme il faisait, mais, plus sédentaire que lui, j'exagère.

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