jeudi 4 septembre 2014

Jules Renard vu par Léon Daudet 1/5

Barrès, quand on lui parlait de Jules Renard, répondait: "Laissez-moi tranquille avec ce jardinier." Il y a du vrai dans cette définition, si l'on ajoute que le jardin de Renard produisait à la fois des choux, des pommes de terre, des poireaux de brave et loyale saveur française, et du mancenillier, du curare, du strychnos nux vomica. Avec cela un besoin de franchise soudain et irrésistible qui lui faisait avouer à mon père, fort accueillant et aimable avec lui: "Je ne sais pas si je vous aime ou si je vous déteste, mon cher maître."
Odi et amo, lui répondait Alphonse Daudet, sans s'émouvoir. Il me demandait ensuite: " Tu vois Renard plus fréquemment que moi. Qu'en penses-tu?
Que c'est un cryptogramme rustique, un de ces signes de ralliement, dessinés à la main par les chemineaux sur les portes des granges et des maisons et que le passant non initié ne déchiffre pas."
Suite demain.
(Léon Daudet, L'entre-deux-guerres, Bernard Grasset, 1932.)

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