jeudi 6 septembre 2012

Jules Renard vu par Victor Méric 2/6

Suite d'hier.
Mais il faut lire et relire Jules Renard. Il ne se livre pas du premier coup. On commence par l'apercevoir. On ne le devine que peu à peu. Il n'écrit de lui et sur lui que juste ce qu'il faut, sans avoir l'air d'y attacher trop d'importance. Il se contente de vous signaler un détail, de vous montrer un coin, un tout petit coin de lui-même, puis il se dérobe. Il défait un bouton, puis un deuxième. On croit qu'il va se déshabiller. Le voilà qui referme tout. On le retrouve, mais malaisément, dans Poil de Carotte, enfant malheureux que sa mère tourmente, dans l’Écornifleur sans doute, où il a mis  tranquillement, sans fausse pudeur, de son égoïsme, de ses petites saletés. Tout cela est indiqué minutieusement, comme en se jouant, sans appuyer, sans vaine déclamation. Jules Renard a, d'ailleurs, fort peu écrit, et il fait court. Il a dit de certains écrivains " qu'ils sont des cholériques des lettres et que leur cerveau est un bas-ventre dérangé". Aussi se garde t-il d'avoir la diarrhée. Oserai-je continuer la comparaison malodorante? On le croirait parfois quelque peu constipé.
Suite demain
(Flax, alias Victor Méric, Les Hommes du jour, n° 63, 3 avril 1909)

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