vendredi 21 septembre 2012

Jules Renard, mangeur de curés. 3/3

Suite d'hier.
Le mandement des évêques ne m'a point surpris. Car la loi de séparation a été trop douce et trop modérée. Aussi, les curés reparaissent-ils plus forts que jamais et aujourd'hui l'audace des évêques va jusqu'à dicter la volonté de ces derniers à ceux que le pays a désignés pour instruire des enfants et développer leur intelligence.
Il implore que le gouvernement fasse sentir d'une façon plus ferme encore son désir de demeurer maître chez lui, il faut qu'il le fasse sans hésitation, sans crainte, sans souci de froisser les responsabilités. Dans les villages, la volonté du curé pèse lourdement au sein des familles, et elle devient chaque jour plus exigeante, plus terrible, car les curés s'en prennent à la partie la plus ignorante et la moins forte de la population, aux femmes et aux enfants.
M. Marcel Boulenger, dans un article paru dans le Gil Blas, semblait douter de cette malfaisante influence dans la société riche. Mais qu'il aille voir dans nos villages ce que le clergé a fait des intelligences et des consciences qu'il a voulu diriger.
Fin
(Interview de Jules Renard par Marcel Imer, 1909. Bibliothèque de Nevers, cote ms. 174/5)

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