dimanche 11 mars 2012

Jules Renard par lui-même 3/6


Les graves évènements. – Je crois bien que ça retentit ! C’est une stupeur pour moi que certains hommes que j’admire ne soient pas dreyfusards, anticléricaux et pacifistes. Oui, une stupeur. Qu’on se batte à propos d’un adjectif, soit ; mais  comment ce peut-il qu’une question de justice nous divise ? Peut-on être antisémite, sauf quand on se brouille avec un ami, et parce que ça soulage de lui crier cette belle injustice : « Sale juif ! »
Jamais je n’oublierai le soir qu’on criait dans les rues la condamnation de Zola. La vie n’avait plus aucun goût.
La politique. – Mais oui, il faut en faire : pourquoi pas ? la politique repose ; il y a plus de certitudes en politique qu’en art. La caisse des retraites paysannes et ouvrières, voilà une certitude ! Les hommes politiques ont la manie de dire aux poètes, comme s’ils redoutaient leurs candidatures : « Laissez-nous donc ça ; si vous saviez comme c’est malpropre ! » Eh bien ! faisons de la politique propre. Et comme c’est toujours les mêmes qui ont du talent, les poètes auront vite fait de battre les politiciens. Poètes, tous aux urnes ! Écrasons le laid ! je déteste le modèle libéral, parce que ce genre-là ne me paraît pas beau. L’avenir du socialisme, c’est qu’il fait appel à tout l’idéal.
J.R.   Suite demain

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