mardi 27 mars 2012

Journal du 27 mars1893

Ce matin, je suis allé voir Papon qui fauchait sa luzerne. Jamais il ne se dérange de travailler quand il me voit. Il a près de soixante-dix ans.
- Allez! dit-il. Si j'étais tant seulement bien nourri, j'irais encore loin.
Il s'arrêta de faucher, prit par terre, sa blouse, une bouteille d'eau, but à même, et dit:
- Avec un litre de vin de temps en temps, je vous garantis que je ne créverais pas facilement.
La belle affaire, Papon!
Et moi, parce que j'ai pris un peu d'argent, que je lis beaucoup de livres et que, même, j'écris, parce que je me lave et que, le soir, je regarde les étoiles du ciel, j'ai pitié de cet homme qui me croît supérieur. Ah! je ne vaux ni mieux ni moins que lui.

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