jeudi 20 septembre 2012

Jules Renard, mangeur de curés. 2/3

Suite d'hier.
La femme ne doit pas avoir d'autre opinion que celle de son mari, mais les curés qui   auraient peut-être un beau rôle à jouer dans les villages, s'ils avaient conservé à leur mission son caractère purement évangélique, ont spéculé sur la sensibilité et l'ignorance féminines pour les rendre esclaves d'une dévotion superstitieuse qui n'a rien de commun avec la religion. 
Désormais, pour les bigotes le confessionnal  est comme le dernier salon où l'on cause à voix basse, et la porte du presbytère évoque dans leur esprit celle du paradis, qu'elles ne songent pas toujours à gagner.
Car les curés veulent autour d'eux le nombre et non la qualité; les personnalités leur importent peu. Ils veulent grouper devant leur soutane le plus d'individus possible et par n'importe quels moyens. Ils ont pour les paysans le plus profond mépris, et sont eux mêmes pour la plupart des ivrognes ou des débauchés. Je sais bien qu'il n'y a pas de saints parmi les curés, mais je voudrais bien que dans mon village l'évêque consentit à m'envoyer un curé qui fut simplement bon.
Suite demain.
Jules Renard.
(Interview de Jules Renard par Marcel Imer, 1909. Bibliothèque de Nevers, cote ms. 174/5)

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