samedi 7 avril 2012

Paysannes, suite

Seule, d'ailleurs, la paysanne qui abomine l'honorable président du Conseil, s'occupe de politique au village et tourmente son mari.
De pauvres ménages, habitués à une misère commune, n'ont de scènes que la veille des élections.
"Tu vas voter pour un homme sans Dieu, toi, hébété!"
Le mari cède ou fait semblant de céder et cache, la nuit, sous l'oreiller, son bulletin de vote que sa femme déchirerait.
Le dimanche, à la messe, tandis que que M. le curé tonne, la paysanne prie, baise avec ferveur son chapelet, et quoique l'orage l'affole, elle demande au ciel une chute de foudre sur nos têtes.
(Jules Renard, L’Humanité, 28 mai 1904, texte repris dans les Bucoliques).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

En publiant un commentaire sur JulesRenard.fr, vous vous engagez à rester courtois. Tout le monde peut commenter (Les commentaires sont publiés après modération).