mercredi 25 juillet 2012

Marguerite Renard parle de Marinette

Document  inédit. La belle-fille de Jules Renard écrit à Maurice Toesca après la publication de sa biographie de Jules Renard:
Hellerup, 3 février 1977
Cher Monsieur, 
J'ai lu avec beaucoup d'attention et souvent d'émotion cette histoire que je connais si bien, approuvant ou discutant mais finalement toujours de votre avis. 
C'était amusant cette conversation à une voix, je suis sûre qu'ils ont été parfaitement heureux tous les quatre, lui un peu déçu de voir Fantec abandonner ses études littéraires.
Mais je ne suis pas sûre que le contraire, s'il avait vécu, l'aurait contenté, "La joie d'un grand homme qui devine que ses enfants ne seront rien".
Je n'ai connu Marinette qu'en 1923. Dès la mort de Jules Renard elle avait vieilli rapidement et j'avais peine à reconnaître, d'après ses anciennes photos, la grand-maman maigre à cheveux blancs un peu austère qui ne retrouvait vie qu'à travers sa fille. Donc, mariage de raison, sûrement au début: une femme utile, oui, mais nécessaire... pourquoi faire? Jules Renard n'aurait jamais supporté un autre type de femme que la sienne vraiment faite sur mesure.
Je pense souvent à la polémique soulevée au moment de la parution du Journal.
Fantec aurait souhaité qu'il paraisse 50 ans après la mort de Jules Renard pour épargner, connaissant son père, les inévitables coups de griffe. Il n'a pas eu droit au chapitre.
Bref, s'il y a eu des coupures, qu'elles qu'en soit les raisons, le Journal n'en reste pas moins le grand livre qui a servi d'ébauche à l’œuvre de Jules Renard. Et moi qui lit comme on respire j'ai envie de retrouver au fil de ces 23 années ces mélancoliques souvenirs.
Je regrette d'être depuis cinq ans, à peu près privée de l'usage de mes jambes, et de n'avoir pas eu la chance de vous rencontrer à Montfort au cours de vos travaux. J'ai réussi à passer quelques jours à Paris en novembre, ce qui m'a permis d'apporter l'album de famille rue St-Jacques où je résidais.
Un chaleureux merci de la part de la mère et de la fille pour les deux exemplaires et pour l'auteur mon bien amical souvenir.
M. J.-F. Renard   (M. = Marguerite, belle-fille de Jules Renard)
(Fonds Maurice Toesca, IMEC)

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