En 1887, son employeur Galbrun invite le jeune écrivain de vingt-trois ans à passer le mois d'août à Barfleur. Il y commence le roman Les Cloportes.Il revient à Barfleur d'avril à août 1890 afin de retrouver l'ambiance et le décor qui imprègnent son roman L'Écornifleur, qui est publié en février 1892 chez Ollendorf, dans lequel le couple Galbrun apparaît sous les traits des Vernet.
Barfleur dans sa correspondance
1887 À son père : « Voici mon affaire. Le 3 août, je vais aux bains de mer, à Barfleur, passer une vingtaine de jours, voyage complet payé, et je fais un petit travail pour ce monsieur. »
À sa sœur : « Le 3 août, je pars pour Barfleur, aux bains de mer. Oui, rien que ça : aux bains de mer ! Et encore, je me fais payer mon voyage, entier ! « (...) « Barfleur étant une plage assez coquette, crois-tu qu’une ou deux petites cravates molles, petites lavallières aux fines teintes, et une paire de gants ? ... Est-ce que j’abuse ? »
À son père : « Je suis comme tu le penses au bord de la mer où je travaille un peu et m'amuse beaucoup. »
À sa sœur : « Je suis au bord de la mer, où tout est nouveau pour moi et où, vraiment, je chercherais en vain un motif d'ennui. Je rentrerai le 28 ou le 29. La plage est presque déserte. Tout se passe à peu près en famille, et c'est une chose reposante que cet abandon et ce laisser-aller. »
À son frère :« Mon cher Maurice, Je t'écris d'une fenêtre d'où je domine la mer. Je ne perds pas un instant, et, vraiment, c'est un bon voyage que j'ai fait là. Je mange comme quatre et, quand j'ai trop mangé, je vais faire un petit tour en pleine mer, et je vomis consciencieusement, sans trop de souffrance, d'ailleurs. »
Barfleur dans le Journal
Jules Renard évoque Barfleur plusieurs fois dans son Journal. Juin 1888 - « Oh ! ce Barfleur ! Y vivre et y mûrir ! » 29 avril 1890 - « En ce moment, le port de Barfleur est bleu d'eau de Javel, comme si un peuple de blanchisseuses venaient d'y laver leur linge. » 15 mai 1890 - « On voit ici des vieux marins qui ont une veste courte et un chapeau haut-de-forme. » 16 avril 1908 - « J'ai une envie de partir, par ce soleil, d'aller n'importe où, tiens, à Barfleur. Demain matin, je file. Fais-moi mon baluchon, hein? dis! Marinette, fais-moi mon baluchon. » 26 avril 1909 - « Barfleur. Une femme décoiffée par la mer. Une alouette chante sur l'immense mer. La première chose que j'apprends, c'est que L’Écornifleur a été apporté ici par un voyageur qui l'avait lu en Chine. Désillusion. Mme Alix, une vieille sans intérêt, me regarde avec des petits yeux de défiance. Elle tient à nous montrer la maison que nous habitions voilà vingt ans. elle était mieux. Elle sentait le sapin: aujourd'hui, elle sent le tapis. Elle s'est embourgeoisée. Album de cartes postales, portraits du pape, un dessin à la plume: "Dieu protège mon fiancé." De la jeune fille, on a voulu faire une dame: piano, violon, mandoline du mari, et des tapis et des tentures!... Tout ça dans l'obscurité. Mme Alix cherche qu'on lui dise qu'elle n'a pas vieilli. Ils continuent le commerce de poisson comme en cachette. Ils voudraient bien dire qu'ils ont fait fortune, et pas trop qu'on le croie: c'est mauvais pour ce qu'il reste de commerce. Christs partout. Rien pour moi. J'entends seulement: "Vous avez monté en grade", quand je dis que je suis maire. » 27 avril 1909 - « Quand Mme Alix, marchande de poisson, a marié sa fille, une tempête s'est déchaînée, qui a duré quinze jours. Elle a du faire venir ses homards de Paris, son turbot de Rouen, ses crevettes du Havre, etc. »
Source: Wikimanche.
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