mercredi 6 juin 2012

Jules Renard vu par Paul Claudel

J'ai connu Jules Renard tout au début de ma vie littéraire et je m'étais pris pour son talent d'une vive admiration... J'étais infiniment reconnaissant à Jules Renard, en tant que visuel et en tant que paysan, de sa vision précise et concrète des choses, de ses petits tableaux bien nets qui contrastaient avec la cuisine malpropre des naturalistes.
Je fus donc enchanté de faire sa connaissance par Marcel Schwob. Lui, Schwob, Pottecher et moi, et de temps en temps Barbusse, nous avions un déjeuner hebdomadaire au café d'Harcourt. Puis je suis parti pour l'Amérique en 1893.
C'est en rentrant en 1895 qu'eut lieu ce fameux dîner chez ma pauvre sœur Camille qu'il a décrit plutôt inexactement. Puis cinq ans en Chine. En rentrant je le trouvai ainsi que Pottecher fanatisé par l'affaire Dreyfus. À ce moment, je l'avoue à ma grande honte, j'étais plutôt antidreyfusard, mais surtout l'affaire ne m'intéressait pas et le parti auquel elle servait de drapeau me faisait horreur. Nous rompîmes.
(Lettre de Paul Claudel à Léon Guichard, 26 décembre 1930, extrait, Le Vigneron dans sa vigne.)

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