mardi 26 juin 2012

Intermède, par Simone Weil

L'expérience d'usine
Simone Weil, professeur de philosophie, décide en 1934 et 1935, de travailler en usine comme manœuvre à l'entreprise Alsthom, puis chez Renault. Elle voulait vivre la vie d'un ouvrier, partager ses peines, mais aussi éprouver la solidarité et l'amitié.
"Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j'attendais, en diffère quand même par un abîme: c'est la réalité, non plus l'imagination. Elle a changé pour moi, non pas telles ou telles de mes idées (beaucoup ont été au contraire confirmées), mais infiniment plus, toute ma perspective sur les choses, le sentiment même que j'ai de la vie. Je connaîtrai encore la joie, mais il y a une certaine légèreté de cœur qui me restera, il me semble, toujours impossible.
(...) Quand je pense que les grands chefs bolchevicks prétendaient créer une classe ouvrière libre et qu'aucun d'eux - Trotsky sûrement pas, Lénine je ne crois pas non plus - n'avaient sans doute mis le pied dans une usine et par suite n'avait la plus  faible idée des conditions réelles qui déterminent la servitude ou la liberté pour les ouvriers - la politique m'apparaît comme une sinistre rigolade."
(Correspondance de Simone Weil extraite du programme du Festival de la Correspondance de Grignan (Drôme) 4-8 juillet 2012, p. 11.)

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