lundi 15 février 2016

Journal du 15 février 1901

Baïe. Hutinel la trouve mieux. Il veut qu'on attende à mardi ou mercredi pour la ponction, s'il y a  lieu. On lui dit qu'elle a assez du lait. Aussitôt il cite Tartuffe:
- Il est avec le ciel des accommodements. Donnez-lui toujours du lait, mais déguisé. Moins de fadeurs. Du fromage même.  J'ai donné à un petit enfant, je me rappelle, tenez - il me désigne, comme si je la connaissais, la petite fille de Jules Simon - du gruyère. Elle doit être mariée maintenant. donnez du poulet haché menu dans le bouillon, des fruits cuits, des compotes de prunes et de cerises.
Regardant à chaque instant le Poil de Carotte au-dessus de Baïe, il abandonne, s'oublie, rêve presque.
La médecine n'a de certain que les espoirs trompeurs qu'elle nous donne.
Hutinel. Leurs adverbes: bactériologiquement.
Quand il tapote sur ses doigts, à l'auscultation, et qu'il découvre une belle différence de sonorité, il détache haut le doigt, comme un pianiste. Il a le dos au feu. Ses doigts sur son derrière frisent de la chaleur.
Gras dans une redingote dont l'ouverture fait un beau clocher sur ses fesses.
"Notre situation sanitaire", disent-ils, comme si  à eux deux, ils soignaient tout Paris et la France.

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