jeudi 3 juillet 2014

Journal du 3 juillet 1894

Ah! la bonne femme que j'ai perdue! De son temps, je pêchais au bord de la rivière, tout le long; et, quand je voulais passer sur l'autre bord, je n'attendais pas un pont. J'entrais gaillardement dans l'eau avec mes souliers, mes chaussettes, tenant ma ligne haute.
Je ne relevais même pas mon pantalon. Je me mouillais avec joie jusqu'au ventre. 
Si, de ton temps, je t’avais cru pas plus de raison qu'un gamin, ne me gronderais-tu pas? Ne te fâcherais-tu pas?
Or, de son temps, la bonne femme que j'ai perdue ne me disais rien; et même, je la voyais qui souriait en détournant la tête. 
Et, même si mon pied venait à glisser, je m'asseyais un peu sur les cailloux.

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