samedi 7 janvier 2012

Jules Renard vu par Henry Bataille

        La figure est parfois un grand paysage.
        Voici les champs et l’épi dru qui pousse mal – le défrichage ;
        La tête en forme de haricot, et le double menton
        Des oies vexées. L’œil ni méchant ni bon,
        Mais pareil à celui des paysans attentifs
        Et rempli d’eau de puits bleue, très pure et glacée ;
        Comme ces vieux portraits d’autrefois, et natifs
        De Hollande, - avec dix siècles bruts d’hérédité,
        Paysanne, - il regarde, calme, du fond du passé
        Du sang aux joues, encore fouetté par l’air des routes,
        Et l’oreille, comme celle des lapins dressée
        Pour le silence microscopique des choses, - écoute.

(Henri Bataille, Têtes et Pensées, librairie Ollendorff, 1901). Texte publié par l'association les amis de Jules Renard, volume 7, année 2006.

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