jeudi 11 février 2016

Journal du 11 février 1908

Boxe, salle Wagram. Pas très intéressant. De l'escrime grossière avec des corps à corps et des coups de poing sournois au flanc gauche, qui coupent la respiration.
Les petits airs mystérieux du connaisseur Tristan.
L'émouvant, c'est de voir à terre un homme qui ne se relève pas et qui attend que  l'arbitre ait compté jusqu'à dix.
L'amusant, c'est, au cri de "Halte!" les deux boxeurs allant s'asseoir chacun sur sa chaise et se faisant éventer par des serviettes comme des princes indiens.
Essuyer, masser, éponger.
Abel Hermant est là, tout réduit, et ce petit homme féroce n'a pas l'air dangereux dans ce milieu.
Ils sont laids, le figure écrasée. Tristan admire les épaules tombantes: il admirerait le cou rentré dans les épaules. Il donne la main à des tas de gens rasés et qui sentent l'écurie. Darzens a un bandeau noir sur l’œil gauche. Il paraît qu'il s'est crevé l’œil avec la pédale d'une bicyclette qu'il faisait tourner et regardait de trop près. Ah! ces hommes de sport!
Les deux petits gars qui commencent sont les meilleurs. Ils se donnent des gifles avec une agréable petite rage. 
Ah! la tribune de la presse, de la critique! J'ai vu de ces gueules aux répétitions générales, à celles de Bernstein, sans doute.
Une estrade comme pour les escrimeurs, mais dont les poteaux rembourrés sont réunis par trois cordes.

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