jeudi 8 octobre 2015

Journal du 8 octobre 1895

Allais me dit hier soir qu'il a vu Schwob dans un misérable petit café, sirotant, effondré, un verre de liqueur noire.
Il n'y a que les hommes de lettres qui soient capables de piétiner un sujet de conversation avec une telle opiniâtreté. Ce sujet, c'était les Tenailles de Paul Hervieu. Allais déclare que la pièce l'a tout bêtement empoigné.  Capus proteste contre cette sècheresse d'Hervieu, ce manque d'humanité, d'intérêt, ce parti pris de froideur. aucune émotion, dit-il. Des phrases où il n'en faut pas.  Il est aigre, ce soir, Capus, et il prétend qu'il faut comprendre la critique comme Rochefort et Drumont comprennent la politique: avec partialité et indignation. 
- Je rencontre, dit Allais, Hervieu qui me dit: "Crois-tu que j'ai de la guigne! Le Français fait relâche ce soir à cause de la mort de Pasteur! "Et il a 15 000 francs de rente!
Et Allais ne rit que du coin de la bouche, ou il se met la main sur les lèvres pour cacher l'âge de ses dents.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

En publiant un commentaire sur JulesRenard.fr, vous vous engagez à rester courtois. Tout le monde peut commenter (Les commentaires sont publiés après modération).