lundi 30 septembre 2013

Journal du 30 septembre 1906

Gentilshommes. Un titre dans la noblesse, un grade dans l'armée, une auto, une grue et un prêtre, avec ça ils peuvent attendre la chute de la République.

Jules Renard : La Bigote acte 1

La Bigote, dernière pièce en 2 actes écrite par Jules Renard, peu de temps avant son décès, n'est plus jouée depuis longtemps. Nous exhumons pour les lecteurs de ce blog cette interprétation exceptionnelle présentée par la compagnie " Quoi qu'On en d'Ise…" à St Erblon (35).

Aujourd'hui l'acte 1, demain L'acte 2.
La Bigote, acte 1:



dimanche 29 septembre 2013

Journal du 29 septembre 1897

Bucoliques. Le pharmacien sur sa porte dit qu'il y a quelque chose de brouillé dans l'ordre des saisons.

samedi 28 septembre 2013

Journal du 28 septembre 1887

"Ah!" me dit le noble vieillard en sortant de la vespasienne. "L’homme est comme un temple. Quand la colonne est brisée, il tombe, et les femmes n'y portent plus leurs dévotions."

vendredi 27 septembre 2013

Journal du 27 septembre 1906

Dix heures du matin, c'est l'heure grave et parfumée où le laurier, le céleri, le navet, le thym, le persil, le poireau, la gousse d'ail, l'oignon et les deux carottes coupées en quatre se réunissent dans le pot, autour de la tête de veau enveloppée d'un linge blanc.

Jules Renard et le syndrome du hérisson 1...

Voir, ci-dessous, les 2 posts du 26 septembre.

jeudi 26 septembre 2013

Journal du 26 septembre 1901

La châtaigne, ce hérisson des fruits.

Association les amis de Jules Renard, ou le syndrome du hérisson.

Question: Pourquoi le président, la secrétaire et le trésorier de l'association des amis de Jules Renard ne sollicitent-ils  pas le renouvellement de leur mandat lors de la prochaine assemblée générale?
Réponse: Il y a 3 ans, la présidente-fondatrice a choisi elle-même son successeur, une nouvelle secrétaire et un nouveau trésorier. Mais depuis 3 ans elle s’est toujours conduite  comme étant encore présidente en titre. Ses critiques et ses courts-circuitages incessants sont venus à bout de la gentillesse du nouveau président, de la patience de la secrétaire et de la bonne volonté du trésorier.
Conclusion: Pour assurer à l’association un avenir pérenne, il faut souhaiter que l'ex présidente-fondatrice soit candidate à son ancienne fonction bientôt vacante.
T.J.

mercredi 25 septembre 2013

Journal du 25 septembre 1895

Je n'en voudrais pas pour un empire colonial.

Jules Renard et la SACD

Jules Renard  a été admis a la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) le 18 avril 1902. Il avait pour parrain ses amis Alfred Capus et Tristan Bernard.
Ce même jour ont également été admis: Octave Mirbeau, Gustave Guiches et Henry de Gorse.

mardi 24 septembre 2013

Journal du 24 septembre 1902

Chasse. Dans la luzerne humide, la caille fuit devant le chien qui "ondule", relève de temps en temps le nez, qu'il a couvert de feuilles jaunes, et souffle comme un phoque. La caille file. On voit les brins de luzerne remuer, léger sillage. Les plumes trempées, elle ne peut pas partir. Parfois, le chien s'arrête, tient trop, et la caille en profite pour gagner du terrain. On traverse ainsi un petit océan de luzerne. Enfin, Philippe tire et l’abat. Trois domestiques du Bouquin se mettent à crier: un peu plus... Les plombs ont " viouné " à leurs oreilles. 
- Pourquoi donc, dit Philippe, que vous restez là, dans le chemin, derrière la "trace"?
Parole imprudente! Est-ce que le chemin n'est pas à tout le monde? Il faut rattraper. Je retrouve les trois gars plus loin, et ils finissent par dire que c'était pour blaguer. 
On entendait la pluie venir sur le bois. Elle faisait du bruit comme une rivière.
Il pleut, il pleut! Des chiens boivent debout.
Des paysans arrachent leurs pommes de terre, courbés comme s'ils les mangeaient.

samedi 21 septembre 2013

Journal du 21 septembre 1894

Poil de Carotte est un mauvais livre, incomplet, mal composé, parce qu'il ne m'est venu que par bouffée.

Actualité théâtrale

A partir du 24 septembre, au Théâtre Montparnasse, rue de la Gaîté, Paris.
la Dame de fer, d'Henrik Ibsen. adaptation Eric-Emmanuel Schmitt.
Élida, la dame de la mer, a épousé un mari plus âgé qu'elle, le docteur Wangel. Mais un lourd secret pèse sur cette union. elle devra choisir entre un passé passionnel et un futur serein avec son époux.

A partir du 24 septembre 2013.
(du mardi au samedi 20h30 . matinée samedi à 17h30 & dimanche à 15h30).
Prix des places: 52€ (Carré or), 48€, 32 € , 18 €.

vendredi 20 septembre 2013

Journal du 20 septembre 1905

Guitry. Une dépression. Il se marque, et il y a de ses histoires que j'ai trop entendues. Il n'y ajoute plus que de la longueur. Je lui dis parfois: "Allons! ne mentez pas!" Et ça le vexe: il a un petit sourire rentré.
Il avait déposé sa bonne amie à l'hôtel Cahouet à Corbigny.
- Qui est-ce?
- Je ne sais pas, dit-il.
- Il fallait l'amener.
- Elle dort à poings fermés, comme une enfant.
Avec Tristan ils ont bien ri parce que, la première enseigne qu'ils ont lue, c'est Paul Cocu.
Trop vite, l'auto. Tant de jolis paysages où l'on ne s'arrête pas. On laisse des regrets partout.
A Vézelay, ils n'ont pas vu passer la terrasse. Ils imaginent ce que dirait Mirbeau: "Une ville morte! Plus que cent habitants! Autrefois mille! Tous ont eu la maladie de la pierre!"

jeudi 19 septembre 2013

Journal du 19 septembre 1895

Histoires naturelles. - Buffon a décrit les animaux pour faire plaisir aux hommes. Moi, je voudrais être agréable aux animaux mêmes. Je voudrais, s'ils pouvaient lire mes petites Histoires naturelles, que cela les fît sourire.

Actualité littéraire

Clichy, par Vincent Jolit, Éditions de la Martinière, 144 p., 14.90 €.

La dactylo de Céline.
Voilà un petit exploit: réhabiliter, grâce à un minutieux travail d'enquête, la mémoire d'une figure modeste et oubliée de l'histoire. Celle de la secrétaire qui a dactylographié Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline. L'auteur Vincent Jolit, nous plonge dans le quotidien morne de cette employée pauvre des années 1930 et décrit ses difficultés face à un texte au français innovant: un mélange d'argot, de parler populaire et de langue châtiée assorti d'une ponctuation capricieuse; le tout jeté sur des milliers de pages indéchiffrables. Ce livre révèle la genèse d'une œuvre majeure du XXe siècle, et parvient à faire de celle qui n'était, jusque-là, qu'une petite main un personnage romanesque. Clichy est le roman du roman.
(Signé L.B. Aujourd'hui en France magazine, supplément à Aujourd'hui en France, vendredi 6 septembre 2013)

mercredi 18 septembre 2013

Journal du 18 septembre 1889

Ce qui n'a pas été fait, c'est un livre moderniste sur la campagne.
La campagne se prête à toutes les divagations du rêve. On questionne bien tranquillement le ruisseau, l'arbre, les grandes luzernes: ils ne répondent pas et ce qui dégoûte des hommes, c'est qu'ils veulent toujours répondre aux questions qu'on leur pose. Chacun nous offre une certitude, une solution: c'est désolant.

mardi 17 septembre 2013

Journal du 17 septembre 1887

Une inexactitude scrupuleuse.

L'automobile au temps de Jules Renard

L'automobile, c'est aussi la déformation de la vitesse, le continuel rebondissement sur soi-même, c'est le vertige.
Quand après une course de douze heures, on descend de l'auto, on est comme le malade, tombé en syncope, et qui, lentement, reprend contact avec le monde extérieur. Les objets vous paraissent encore animés d'étranges grimaces et de mouvements désordonnés. Ce n'est que peu à peu, qu'ils reprennent leur forme, leur place, leur équilibre. Vos oreilles bourdonnent, comme envahies par des milliers d'insectes aux élytres sonores. Il semble que vos paupières se lèvent avec effort sur la vie, comme un rideau de théâtre sur la scène qui s'illumine.
Que s'est-il donc passé? On n'a que le souvenir ou plutôt la sensation très vague d'avoir traversé des espaces vides, des blancheurs infinies, où dansaient, se tordaient des multitudes de petites langues de feu...
(Octave Mirbeau, La 628-E8, Eugène Fasquelle, 1908)

lundi 16 septembre 2013

Journal du 16 septembre 1901

Paresse? Oui. Mais c'est un plaisir si fin que de vivre jalousement avec ses rêveries, sans les prêter à personne.

Voluptés victoriennes au temps de Jules Renard

Le musée Jacquemart-André montre la femme sublimée sous le règne de Victoria. En 50 tableaux. Jusqu'au 20 février.
A l'origine de cette exposition voluptueuse, un homme qui aimait les femmes: Juan-Antonio Perez-Simone. Le milliardaire mexicain d'origine espagnole a fait fortune dans la téléphonie. Il a constitué une collection pléthorique de 3000 œuvres. L'une de ses thématiques de prédilection est une peintre anglaise, née en 1860, éteinte au début de la guerre de 1914, qui montre des créatures de rêve, une femme glorifiée. C'est cette "partie de collection" d'une cinquantaine de peintures et de dessins que le musée Jacquemart-André montre aujourd'hui [...] L'expo s'ouvre sur une pièce majeure - la première acquise par le collectionneur -, "Les Roses d'Héliogabale" par le peintre académique Lawrence Alma-Tadema (1836-1912).
(Judith Benhamou-Huet, Les Echos- week-end, vendredi 13 et samedi 14 septembre 2013, p. 8)

dimanche 15 septembre 2013

Journal du 15 septembre 1894

- Je suis un honnête homme, moi, monsieur!
- Vous avez tort: c'est un mauvais métier .

Jules Renard par le Choeur Capriccio

Le Chœur d'enfants Capriccio du Conservatoire national de musique de Nevers chante, aujourd'hui dimanche 15 septembre, dans la salle capitulaire du cloître de La Charité-sur-Loire, au profit de la protection animale. Le concert, organisé par le refuge de Thiernay, présente un programme tout public autour d'extraits des Petites Histoires Naturelles, d'après l’œuvre de Jules Renard. La compositrice Isabelle Aboulker sera présente au concert.

vendredi 13 septembre 2013

Journal du 13 septembre 1887

Le plus artiste ne sera pas de s'atteler à quelque gros œuvre, comme la fabrication d'un roman, par exemple, où l'esprit tout entier devra se plier aux exigences d'un sujet absorbant qu'il s'est imposé; mais le plus artiste sera d’écrire, par petits bonds, sur cents sujets qui surgiront à l'improviste, d'émietter pour ainsi dire sa pensée. De la sorte, rien n'est forcé. Tout a le charme du non voulu, du naturel. On ne provoque pas : on attend.

jeudi 12 septembre 2013

Journal du 12 septembre 1890

Hier soir, longuement causé avec Vallette. Babylas, c'est lui, l'homme auquel il n'arrive rien, l'homme triste, navré, qui le sera toujours, dont la vie, quoique finie, se continue pourtant, il ne sait pourquoi. Il a plusieurs idée de romans: la fille de l'officier supérieur, l'homme qui a épousé une femme froide. C'est le roman gris, le roman des petits, pour lesquels il a une grande pitié. 
Il n'ose pas regarder en lui: il se fait peur. Il vient de me raconter le thème des Aveugles, et, encore tout tremblant du frisson de la petite mort, nous parlons de la vie, de son imbécilité. Il me dit: 
- Nous nous sommes faits, nous autres, et, vous, vous êtes encore ce que vous êtes né.

mercredi 11 septembre 2013

Journal du 11 septembre 1902

Vieux paysan. Toutes ses dents sont usées: le pain était trop dur. Sa vache a reçu, un jour, d'un chasseur inconnu, un coup de fusil dans la tête. Elle en est restée longtemps toute bête.

Exposition Colette

Du 13 novembre au 13 avril, le Musée Maxim's, rue Royale à Paris, organise une exposition temporaire dédiée à Colette.
Portraits, tableaux, photos, objets, caricatures, la représentant ou lui ayant appartenus, dans un authentique décor Art Nouveau. Rencontrez celles et ceux qui ont accompagné la célèbre romancière au cours de sa foisonnante vie. De Saint-Sauveur au Palais-Royal, les maris, les liaisons, les amis l'entourent et la suivent. Un parcours aux mille anecdotes et histoires vraies.

lundi 9 septembre 2013

Journal du 9 septembre 1903

Un domestique tient à son titre et ne nous sait aucun gré de ne pas le traiter comme tel.

Les odeurs au temps de Jules Renard

Le beau temps, cette nuit-là, fit un bond en avant, comme un thermomètre monte à la chaleur. Quand je m'éveillai, de mon lit par ces matins tôt levés du printemps, j'entendais les tramways cheminer, à travers les parfums, dans l'air auquel la chaleur se mélangeait de plus en plus jusqu'à ce qu'il arrivât à la solidification et à la densité de midi. Plus frais au contraire dans ma chambre, quand l'air onctueux avait achever d'y vernir et d'y isoler l'odeur du lavabo, l'odeur de l'armoire, l'odeur du canapé, rien qu'à la netteté avec laquelle, verticales et debout, elles se tenaient en tranches superposées et distinctes, dans un clair-obscur nacré qui ajoutait un glacé plus doux au reflet des rideaux et des fauteuils de satin bleu, je me voyais, non par un simple caprice de mon imagination, mais parce que c'était effectivement possible, suivant dans quelque quartier neuf de la banlieue, pareil à celui où à Balbec habitait Bloch, les rue aveuglées de soleil et voyant non les fades boucheries et la blanche pierre de taille, mais la salle à manger où je pourrais arriver tout à l'heure et les odeurs que j'y trouverais en arrivant, l'odeur du compotier de cerises et d'abricots, du cidre, du fromage de gruyère, tenues en suspens dans la lumineuse congélation de l'ombre qu'elles veinent délicatement comme l'intérieur d'une agate, tandis que les portes-couteaux en verre prismatique y irisent des arcs-en-ciel ou piquent ça et là sur la toile cirée des ocellures de paon.
Comme un vent qui s'enfle par une progression régulière, j'entendis avec joie une automobile sous la fenêtre. Je sentis son odeur de pétrole. 
(Marcel Proust, La Prisonnière, Folio classique, p. 395.)

dimanche 8 septembre 2013

samedi 7 septembre 2013

Journal du 7 septembre 1889

Mlle Blanche fait des vers. Elle trouve qu'il y a des gens qui les font mal. Elle recherche la délicatesse. Une personne l'engage à multiplier ses châles et ses fourrures. Elle lui répond, en vers, qu'une chose tient plus chaud qu'une fourrure: c'est l'amitié. Elle débite ainsi aux amis qui lui offrent à dîner un petit compliment sucré. Pour elle, la poésie, c'est cela.  Une idée fine qui lui vient et qu'elle versifie la rend heureuse toute la journée. Elle ne se fait pas un autre idéal  du poète et, par instants, elle pense qu'elle-même est cette idéal. Qui osera lui dire qu'elle se trompe.

vendredi 6 septembre 2013

Journal du 6 septembre 1904

J'écoute aux portes, et même à la serrure, le bruit que fait la vie.

Vente Tajan, Paris 18 septembre 2013

Manuscrit Jules Renard aux enchères

Lot 279 vente 9844

Jules RENARD. Écrivain. L.A.S. à Barthou. La Gloriette, 20 août 1909. 1 pp. bi-feuillet in-12, en-tête en coin à son adresse.
Estimation : € 100-150

Renard renonce à une proposition du ministre: "Je vous remercie (…), de votre complaisance et de votre sympathie. 
Je ne peux hélas, faire aimer la république, dans mon village, que par des services de cet ordre. 
Soignez bien la France et croyez moi votre bien dévoué (…)."

jeudi 5 septembre 2013

Journal du 5 septembre 1889

L'individu est une plante, l'individu est une graine, l'individu est un fruit. L'art est une plante, la religion est une plante, la société est une plante. Tout est une plante. Malgré toute mon admiration pour le grand écrivain qu'est Taine, je ne peux m'empêcher de remarquer combien toutes ses comparaisons sont pauvres, banales et semblables.

La grande librairie - Spéciale Marcel Proust

Retransmission de l'émission  La grande librairie du 9 mai 2013, sur France 5.
François Busnel consacre une émission à Marcel Proust A l'occasion du centenaire de la publication de Du côté de chez Swann, paru en 1913, Une émission spéciale sur l'histoire de ce chef-d'œuvre de la littérature française et à son auteur, Marcel Proust.
Initialement refusé par trois éditeurs avant d'être publié à compte d'auteur par Grasset, le premier volume d' A la recherche du temps perdu aurait pu ne jamais paraître. Aujourd'hui lu dans le monde entier, ce roman continue de nourrir le travail, non seulement des biographes de Proust, mais aussi d'historiens, de psychanalystes, de philosophes et de passionnés. Quelle est l'histoire fascinante de ce monument de la littérature, qui était son auteur, quelles interprétations peut-on faire de sa lecture ? Voici quelques-unes des questions auxquelles François Busnel se propose de répondre en compagnie de ses invités:
Antoine Compagnon, Evelyne Bloch-Dano, Raphaël Enthoven, Jean-Yves Tadié.

mercredi 4 septembre 2013

Journal du 4 septembre 1895

Cliché. Les arts, l'agriculture, les lettres, la politique ont fourni des aliments à l'activité de son intelligence.

Actualité littéraire

Le "Dictionnaire amoureux de Proust", de "agonie" à " Zinedine de Guermantes". Jean-Paul et Raphaël Enthoven nous offrent un dictionnaire "très" amoureux à la fois sérieux, savant et insolent de l’œuvre du grand Marcel. On y disserte de l'importance de l' "asperge " dans les menus proustiens, comme de la "phrase (longue)", marque de fabrique de l'écrivain. Succulent.
Plon-Grasset, 730 pages, 24,50 euros.
(Les Echos weekend, vendredi 30 et samedi 31 août, p. 6)
Question: Quand Jules Renard méritera-t-il son dictionnaire amoureux? T.J.

mardi 3 septembre 2013

Journal du 3 septembre 1902

Ils ont quelques idées, rares, isolées comme des haricots semés dans la terre. On les aurait avec une pioche.

Actualité littéraire. Proust contre Cocteau

Information publiée sur Fabula par Émilien Sermier

Claude Arnaud
Proust contre Cocteau
Grasset. Parution 4 septembre, 2013.

17,00 EUR

Présentation de l'éditeur:
Peu d'écrivains se sont autant aimés, enviés et jalousés que Proust et Cocteau. Tel un frère élevé une génération plus tôt, Proust montre une admiration sans borne pour ce cadet qui manifeste à 20 ans le brio, l'aisance et la facilité qui lui manquent encore, à près de 40 ans. Plus troublant, c'est Cocteau qui contribue à faire publier et à lancer le premier volume de la Recherche, que tous les éditeurs ont d'abord refusé.
Ayant des doutes sur sa profondeur, Proust finit pourtant par le trahir au moment de sa gloire, aussi tardive qu'éclatante. Comment la situation s'est-elle retournée ? Pourquoi Proust, un siècle plus tard, pèse-t-il tant sur un paysage littéraire que Cocteau semble traverser en lièvre. Aurait-il contribué à lui nuire ? Des débuts flamboyants de Cocteau sous le regard admiratif de son aîné, à sa chute assourdie par le triomphe de la Recherche, Claude Arnaud revient sur les parcours mêlés de ces deux écrivains d'exception.
On découvre l'amour impossible, maladif et jaloux, que Proust voua à ce jeune prodige que tous acclamaient, d'Anna de Noailles à la comtesse de Chevigné. Des salons parisiens à la chambre de liège du boulevard Haussmann, on revit l'amitié douloureuse qui les lia jusqu'à les séparer, lorsque Proust accéda à la gloire et devint le saint littéraire qu'on sait, mais aussi l'assassin amoureux que Claude Arnaud révèle. Dans cet essai remarquable, à la recherche d'une relation inexplorée, le biographe de Cocteau jette sur le «petit Marcel » un éclairage aussi nouveau que passionné.
Claude Arnaud est romancier, essayiste et critique. Il a notamment publié, chez Grasset, Qu'as-tu fait de tes frères ? (2010) et Brèves saisons au paradis (2012). Son dernier essai, Qui dit je en nous ? (2006) a reçu le Prix Femina de l’Essai.
 

lundi 2 septembre 2013

Journal du 2 septembre 1903

Le curé traite les gens de bestiaux, d'ânes, d’alcooliques dégénérés. En pleine messe, il pose à une petite fille une question de catéchisme. Troublée, elle ne répond pas. Elle ne fera pas sa première communion cette année.

La politique au temps de Jules Renard

O politique, je te hais! Je te hais parce que tu es grossière, injuste, criarde et bavarde; parce que tu es l'ennemie de l'art, du travail; parce que tu sers d'étiquette à toutes les sottises, à toutes les ambitions, à toutes les paresses. Aveugle et passionnée, tu sépares de braves cœurs faits pour être unis; tu lies, au contraire des êtres tout à fait dissemblables. Tu es un grand dissolvant des consciences, tu donnes l'habitude du mensonge, du subterfuge et, grâce à toi, on voit des gens devenir amis de coquins, pourvu qu'ils soient du même parti. Je te hais surtout, o politique, parce que tu en es arrivée à tuer dans nos coeurs le sentiment, l'idée de patrie...
(Alphonse Daudet, Robert Helmont, dans Œuvres,Pléiade, t.I, p. 928.)

dimanche 1 septembre 2013

Journal du 1er septembre 1889

Je me laisse facilement abattre, mais je reprends le dessus avec une faculté extraordinaire. Je trouve toujours le bon côté d'un ennui. C'est l'effet d'une pusillanimité rare qui m'empêche de regarder les embêtements en face.