dimanche 12 janvier 2014

Journal du 12 janvier 1900

Par la fenêtre, je vois des gens s'arrêter sur l'autre trottoir et regarder. Je me penche, et j'aperçois un cheval blanc: c'est la voiture de Rostand. Le coeur me bat. Mme Rostand entre, un peu grave. 
- Mon pauvre ami, je vous apporte un mauvaise nouvelle, j'aime mieux vous le dire tout de suite. J'en pleurerais. C'était sûr, et, au dernier moment, on vous remplace par Morand, qui est un ami de Loubet. Rostand est furieux.
Elle a chaud. Je n'ai pas trop d'émotion, et je ne sais pourquoi j'ai un coin d'oeil mouillé.
- Il va venir vous voir, dit-elle.  Il vous expliquera. On saura des détails.
Je ne suis vraiment pas ému. Je remarque seulement qu'elle a une robe de soie noire, un chapeau printanier, et qu'elle est un peu fatiguée. Elle trouve que je prends bien ça. J'ai l'air intéressant d'une pâle accouchée.

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