mercredi 23 mai 2012

Ceux qui s'en vont - Jules Renard

Les lettres françaises n'ont pas fait de perte plus grave depuis Goncourt et Verlaine. Ce n'est pas seulement un grand artiste qui vient de mourir, c'est un maître.
Son œuvre, qui touche à la perfection d’aussi près qu'une production littéraire de ce temps, ne fut nullement une œuvre close, figée, confinée en elle même. Ce fut une œuvre féconde, agissante. Elle ne durera pas seulement par sa solidité intérieure, par l'entière originalité et l'incomparable fini du travail, mais par son importance, par la valeur d'exemple qu'elle représentait, par la force d'influence qu'elle contient.
Venu après les romantiques et les grands naturalistes, tenant aux uns par la puissance imaginative et la richesse d'invention verbale, aux autres par l'amour et le courage de la vérité, Jules Renard fut le premier à nous montrer que la plus minutieuse réalité est susceptible d'une interprétation poétique. Il fut l'initiateur de ce qu'on pourrait appeler le réalisme lyrique.
Dans l'observation de la nature ou des hommes, son art parvint à créer comme une poésie de l'exactitude. Il sut prêter aux détails les plus frustes, aux traits les plus menus, une force émouvante, une valeur évocatrice. 
Il fut tout à la fois l'inventeur d'une manière nouvelle et le plus sûr adaptateur des méthodes naturalistes. Par là, tous les écrivains qui sont entrés dans les lettres après lui restent ses débiteurs ou ses disciples, même ceux qui l'ont ignoré ou méconnu[...]
(Léon Blum, Comoedia, 23 mai 1910)
On pourra lire la suite de cette article dans le volume 13, année 2006, de l'association "Les amis de Jules Renard", p. 105, Jules Renard vu par Léon Blum.

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