samedi 28 février 2015

Journal du 28 février 1894

Antichambre de Flammarion. - Une petite femme brune, sèche, parle au petit employé qui ne sait que lui répondre.
Elle a fait, hier, l'essai de son titre sur des bourgeois, des artistes et des hommes du monde. Ils faisaient une tête! "Je ne bois que de l'eau à chaque repas, un demi-verre d'eau où il avait mis une goutte de vin blanc pour lui donner du goût."
Paul Adam lui fera un petit article. Elle n'aura pour elle ni le Figaro, ni l’Écho de Paris, ni le Gaulois. Mendès voulait la pousser dans un café pour lui faire boire des liqueurs fortes. "Il est très gentil avec moi, mais il ne peut pas me souffrir. Nous nous disons poliment des choses désagréables. Je suis peut-être bête, mais j'ai peur des bombes. Je mourrais bien tout de suite, mais avoir un bras cassé, un oeil crevé, non, je n'y tiens pas."

vendredi 27 février 2015

Journal du 27 février 1899

Qu'est-ce que la vie quand elle n'est vue que par des yeux qui ne sont pas des yeux de poètes?

Actualité culturelle

Le grand art hollandais dans un écrin
Dans son hôtel particulier, la Fondation Custodia met à l'honneur des Goltzius et des Van Gogh venus d'Amsterdam.
"Entre Goltzius et Van Gogh. Dessins et tableaux de la Fondation P. et N. de Boer", Fondation Custodia, Paris VIIe, jusqu'au 8 mars.
(Adrien Goetz,  Le Figaro, jeudi 26 février, p. 30)

mercredi 25 février 2015

Journal du 25 février 1902

J'ai habité toutes les planètes: dans aucune la vie n'est drôle.

La Poste au temps de Jules Renard 7/7

Un jour, Mallarmé s'amusa à libeller l'adresse de ses correspondants sous forme de quatrain. Aucune des adresses en vers collationnés sur l'enveloppe n’a manqué son destinataire:
Prends ta canne à bec de corbin
Vieille Poste (ou je vais t'en battre)
Et cours chez le docteur Robin
Rue, oui, de Saint-Petersbourg 4

Augusta Holmes accourue
En tant qu'un blanche parente
Des rois joueurs de harpe
Rue Juliette Flamber, 40

Arrête-toi, porteur, au son
Gémi par les violoncelles,
C'est chez Monsieur Ernest Chausson,
22 Boulevard de Courcelles.
(Stéphane Mallarmé, Vers de circonstance, Les Loisirs de la Poste.)

mardi 24 février 2015

Journal du 24 février 1891

Une signature tremblée qui a peur de dire son nom.

La Tour Eiffel au temps de Jules Renard

Après les concurrents, les détracteurs. Une pluie de sarcasmes s'est abattue contre "ce lampadaire véritablement tragique" (Léon Bloy), "ce squelette de beffroi" (Verlaine), "cette haute et maigre pyramide d'échelles de fer" (Maupassant), "ce mât de fer aux durs agrès, inachevé, confus, difforme" (François Coppée), "ce grillage infundibuliforme, ce suppositoire criblé de trous" (Huysmans) , "cette tour inutile et monstrueuse profanant le Paris des gothiques sublimes"
(Pétition signée par quarante-sept écrivains et artistes, Voir ce blog au 27 janvier 2014).

lundi 23 février 2015

Journal du 23 février 1910

Et puis, j'ai écrit la Bigote. Mme Lepic attend. Mais pourquoi m'a t-il laissé écrire la Bigote?

Actualité littéraire

Céline, d'un lecteur l'autre
Il fallait y penser: réunir dans un volume collectif les témoignages des lecteurs de Louis-Ferdinand Céline pour la plupart anonymes. C'est l'idée qu'a eu le célinien Émeric Cian-Grange en faisant appel à une centaine de volontaires, parmi lesquels David Alliot, auteur d'un Céline l'autre ("Bouquin" Laffont). La préface est d'Henri Godard, maître d’œuvre des volumes de la Pléiade consacrés à Céline, qui revient sur "un écrivain qui, tout novateur qu'il est (...) est capable de toucher quiconque, pourvu qu'il s'agisse d'un amateur de littérature". L'ouvrage paraîtra le 13 mai aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux, sous le titre Céline's Big Band.
(Le Figaro littéraire, jeudi 19 février, p. 3)

dimanche 22 février 2015

Journal du 22 février 1904

Quarante ans! La mort n'est peut-être, pour le sage, que le passage d'une date à une autre. Il meurt, comme d'autres ont quarante ans.

samedi 21 février 2015

Journal du 21 février 1906

Maurice Kahn vient m'interviewer sur le théâtre. Musset. Je comprend pourquoi les gens célèbres affectent de ne pas aimer ce genre de visites: c'est que le visiteur ne les laisse pas parler. Il parle tout le temps. En une heure, je connais tous les goûts de M. Maurice Kahn, rédacteur en chef de Pages libres, et ceux de la jeunesse qu'il représente. Lui, il s'en va avec l'idée que je suis un homme modeste.

vendredi 20 février 2015

Journal du 20 février 1894

Les mauvais pas.
Céder sa place à une dame dans un omnibus. Et quelquefois elles vous reçoivent si mal!
- Merci, monsieur. Je ne suis pas fatiguée.
- Je vous en prie, madame.
- Non, monsieur, j'aime mieux rester debout  pour prendre l'air et regarder la campagne.
On se rassied, penaud comme quelqu'un qui s'est levé avant d'être arrivé et quand ce n'est pas son tour, comme un bon petit élève qui veut à toute force réciter sa leçon qu'il sait si bien et auquel le maître d'école dit sèchement: "Asseyez-vous!"

jeudi 19 février 2015

Journal du 19 février 1900

Poil de Carotte. Répétition. Antoine est là et fait travailler, d'abord en scène, puis au foyer, avec une intelligence qui me rend modeste au point que je n'ose pas le contredire une fois. 
- Vous êtes indispensable, lui dis-je.
- Je viendrai, dit-il, mais, quelquefois, ça m'embête. Il faut que je fasse deux métiers. 
Il joue - et c'est admirable de justesse - le rôle de Poil de Carotte sans dire une seule de mes phrases, mais il dit à "ses" femmes: - Ne touchez pas au texte. Si l'auteur a écrit ça, c'est qu'il a ses raisons.
Il me dit, comme pour s'excuser:
- Ne faites pas attention. Je leur indique là des choses de cabot.
Quand c'est fini, je le remercie avec une joie enfantine. Guitry, c'est toute la diction. Antoine toute l'action, je veux dire: le feu, la vie, le sens tout nu des phrases.

mercredi 18 février 2015

Journal du 18 février 1891

Prochain volume: les Cloportes et l’Écornifleur réunis. Premier chapitre: les Lérin, deuxième chapitre: les Vernet.

Intermède, suite d'hier

Réponses (aux questions d'hier):
Ressasser
Institutionnalisation
Soigneur
Squelette

Simple, quatorze,  pauvre, meurtre, monstre, belge, goinfre, larve
Oiseaux
(Jean-Loup Chiflet,  Dictionnaire amoureux de la langue française, p. 627-628, Plon, 2014.)

mardi 17 février 2015

Journal du 17 février 1898

A propos de Willy refusant de signer la protestation de la Revue Blanche:
- C'est la première fois, dit Veber, qu'il refuse de signer quelque chose qu'il n'a pas écrit.

Intermède

Quel est le plus long palindrome de la langue française?
Quel est le plus long lipogramme en "e"?
Quel est l'anagramme de guérison?
Quel est le seul mot masculin finissant par "ette"?
Quel est le seul mot contenant un  u avec un accent grave?
Quels sont les mots qui ne riment avec aucun autre mot? Exemple: simple.
Quel est, avec sept lettres, le mot le plus long dont on ne prononce aucune des lettres?
Réponse demain.
((Jean-Loup Chiflet,  Dictionnaire amoureux de la langue française, Plon, 2014.)

lundi 16 février 2015

Journal du 16 février 1910

Hier, Descaves fait monter le Dr Crepel, qui me tâte, m'ausculte gentiment, me prend, avec l'appareil enregistreur dont s'est déjà servi Renault, la tension de mes artères. Il trouve 16 1/2 : ce n'est pas de l'hypertension .Rien au coeur, rien au foie. Trouve à peu près comme Renault, mais m'engage à me soumettre chez lui aux courants de haute fréquence.

dimanche 15 février 2015

Journal du 15 février 1897

Si jamais je fais quelque chose de bien au théâtre, ce sera une comédie de mauvais caractère.

samedi 14 février 2015

vendredi 13 février 2015

Journal du 13 février 1901

Baïe. Tout à coup le fièvre tombe comme un linge brûlé.
Dans un graphique de fièvre, les petits clochers de la fièvre.

Les hommes politiques au temps de Jules Renard

Les fautes que les hommes d’État font sur le théâtre de la politique, ils les feraient comme homme, en famille ou dans la société, qu'on les enfermerait.
(Edmond et Jules de Goncourt, Journal, Mémoire de la vie littéraire, 27 juin 1867)

jeudi 12 février 2015

Journal du 12 février 1898

Quand je regarde une poitrine de femme, je vois double.

La Poste au temps de Jules Renard 6/7

Un jour, Mallarmé s'amusa à libeller l'adresse de ses correspondants sous forme de quatrain. Aucune des adresses en vers collationnés sur l'enveloppe n’a manqué son destinataire:

Monsieur Mendès aussi Catulle
A toute la muse debout
Dispense la brise et le tulle
Rue, au 66, Taitbout

Si tu veux un médecin tel
Sans perruque ni calvitie
Qu'est le cher docteur Hurinel
Treize, entends, de la Boétie

Adieu l'orme et le châtaignier!
Malgré ce que leur cime a d'or
S'en revient Henri de Régnier
Rue, au 6 même, Boccador

Au fond de Saint-James, Neuilly,
Le docteur Fourrier n'a d'idée,
Songeur, prudent et recueilli,
Que de courtiser l'orchidée.
(Stéphane Mallarmé, Vers de circonstance, Les Loisirs de la Poste.)

mercredi 11 février 2015

Journal du 11 février 1908

Pâle comme la lune en plein jour.

Intermède

Mes os, mes nerfs et mes veines, témoins secrets de mes peines,
Et mille soucis cuisants
Avancent de ma vieillesse le triste hiver, qui me blesse
Devant l'été de mes ans.
(Joachim du Bellay, Complainte du désespéré.)

mardi 10 février 2015

Journal du 10 février 1897

L'âme pleine de discours, l'âme comme une cornemuse, pleine d'un air joyeux.

La Poste au temps de Jules Renard 5/7

Un jour, Mallarmé s'amusa à libeller l'adresse de ses correspondants sous forme de quatrain. Aucune des adresses en vers collationnés sur l'enveloppe n’a manqué son destinataire:

Rue, ouïs,  22 Lavoisier
Madame Degrandi qui lance
La richesse de son gosier
Aussi haut que notre silence

Paris, chez Madame Méry
Laurent, qui vit loin des profanes
Dans sa maisonnette véry
Select du 9 boulevard Lannes

Notre ami Viélé Griffin
Savoure très longtemps sa gloire
Comme un plat solitaire et fin
A Nazelles dans l'Indre-et-Loire

L'âge aidant à m'appesantir
Il faut que toi, ma pensée, ailles
Seule rue, 11, de Traktir
Chez l'aimable Monsieur Séailles
(Stéphane Mallarmé, Vers de circonstance, Les Loisirs de la Poste.)

lundi 9 février 2015

Journal du 9 février 1907

Femme. Elle a l'air en feu comme ça, mais c'est une mauvaise cheminée. On entend qu'elle ronfle, et, dès qu'on lève le tablier, le flamme baisse et le bois fume.

Actualité littéraire

Pierre Louÿs-Georges Louis, Correspondance croisée 1890-1917. Édition établie et annotée par Gordon Millan Préface de Dimitri Stolypine. Tome I 1890-1898.
Pierre Louÿs a entretenu des correspondances avec de nombreuses personnalités des lettres et des arts. Au fil des années, ces correspondances ont commencé à voir le jour: celles publiées récemment avec Paul Valéry, André Gide, et son beau-père José-Maria de Heredia complètent d’autres déjà connues avec Claude Debussy, Frédéric Lachèvre, Jean de Tinan, Curnonsky, etc. 
Aucune de ces correspondances, pour intéressantes qu’elles soient, n’égale en valeur tant par son contenu que par sa régularité celle que Pierre Louÿs entretint presque chaque jour et parfois plusieurs fois par jour pendant plus d’un quart de siècle avec son demi-frère, Georges Louis.
Après la dispersion des papiers de Louÿs, on a longtemps cru cette correspondance irrémédiablement perdue. Il n’en est rien. Réunie aujourd’hui après quarante années de recherches, cette correspondance croisée nous permet de suivre un dialogue passionnant entre un écrivain qui vivait au coeur des cercles littéraires et artistiques de Paris et un grand fonctionnaire de l’État qui occupa au Caire, à Paris et enfin à Saint-Pétersbourg les postes diplomatiques les plus importants de son époque. 
Témoignage sur une exceptionnelle relation affective, ces lettres nous fournissent d’intéressants commentaires sur les amitiés littéraires et artistiques de Louÿs avec Mallarmé, Heredia, Régnier, Gide, Valéry, Debussy, Oscar Wilde, pour ne citer qu’eux. 
Pour leur part, les lettres de Georges Louis, subtilement nuancées, pleines de conseils et d’encouragements et, le cas échéant, de critiques parfois brutales, donnent à cet échange épistolaire une importante dimension historique et politique. Les grands événements de la fin du XIXe siècle défilent devant nos yeux avec de savoureux commentaires souvent très informés: le scandale de Panama, le procès d’Oscar Wilde, l’affaire Dreyfus, Fachoda, la crise marocaine, la crise des Balkans et la catastrophique Première Guerre mondiale.
(Éditions Honoré Champion, janvier 2015, 656 p.)

dimanche 8 février 2015

Journal du 8 février 1910

Contractions de Mirbeau quand je dis qu'il y a des choses bien dans Chantecler.
Athis me dit que la première a été mouvementée. Enthousiasme aux deux premiers actes. On criait bis.  C'était fou! Silence au troisième. Sifflements nourris au quatrième, à la bave des crapauds. Guitry n'a pas voulu dire le nom de l'auteur: c'est Coquelin qui l'a jeté.
Rostand n'est pas venu. Mme Rostand disait: "Tant mieux, qu'on siffle! Ça amuse." Il faudra supprimer où c’est dangereux, mais Rostand, paraît-il, ne veut rien entendre.
Et, par ces salles combles, Mellot a déjà un service. 
Beaucoup de presse mauvaise. Les nationalistes ne marchent pas.  Ils n'ont pas pardonné à Rostand d'avoir été dreyfusards.
Pottecher arrive et trouve médiocres les vers qu'il a lus. On s'accorde généralement à trouver Guitry mauvais.

samedi 7 février 2015

Journal du 7 février 1901

Capus. Son genre d'esprit.
- Je vais entrer dans cette boutique, dit-il, pour le faire dresser le hair (Hair dresser).
Il en sort, et pas content, disant:
- Je n'y remettrai plus jamais les cheveux.

vendredi 6 février 2015

Journal du 6 février 1902

Mendès a peur des ironistes. "Depuis leurs promesses ils n'ont rien fait qui vaille", dit-il. Mais pourquoi s'occupe-t-il de ces inexistants? Il en profite pour faire  l'éloge de Courteline, qu'il n'arrive pas à faire détester par les ironistes.

Actualité littéraire

CORRESPONDANCE REÇUE PAR ARTHUR MEYER, UN PATRON DE PRESSE DANS LE PARIS DU XIX°  SIÈCLE, Édition établie et annotée par Odette Carasso. Préface de Pierre Albert.
Arthur Meyer, directeur du Gaulois, journal conservateur royaliste attaché aux conventions mondaines, a entretenu pendant plus de quarante ans une relation épistolaire avec des personnages marquants dans divers domaines. Il a gardé tout le courrier reçu que sa famille a conservé.
L’auteur du présent recueil est sa petite fille. La transcription et l’analyse de près de mille lettres permettent de dresser une galerie de portraits emblématiques: de l’aristocratie, tels la duchesse Anne d’Uzès ou le marquis Henri de Breteuil, des républicains comme Joseph Reinach, Louis Barthou ou Raymond Poincaré, d’artistes éminents telles Sarah Bernhardt ou Cécile Sorel, de romanciers comme Robert de Montesquiou ou Paul Bourget. 
Ce courrier plonge le lecteur dans l’atmosphère humaine, les problèmes de l’époque et propose une fresque politique, littéraire et artistique originale du Paris de la fin du XIXe siècle. 
(Éditions Honoré Champion, janvier 2015, 776 p., broché.) 

jeudi 5 février 2015

Journal du 5 février 1901

Après sa scarlatine, sa coqueluche, son point de pleurésie, que va-t-elle avoir? La figure d'un médecin qui ne comprend plus. Cette fièvre persistante... Il finit par dire:
- Je ne suis pas inquiet, mais je voudrais voir Hutinel.

Jules Renard vu par Pierre Louÿs

Tamaris, lundi 30 mai 1910
Ah! Avec quelle amertume j'ai lu depuis quinze jours tous les articles dithyrambiques qui sont faits sur Jules Renard ! "Il aimait la littérature. Il est mort pauvre. Il était célèbre et n'a jamais vendu sa plume. Quel exemple!" Ces journalistes me dégoûtent. Pensent-ils vraiment qu'il soit le seul? Ils vont lui donner une rue à Auteuil, une statue sur la place, et tout le reste; quand, de son vivant, personne dans l’État ni dans la presse ne s'occupait de savoir s'il était honnête écrivain et pauvre. On ne s'occupe des confrères que lorsqu'ils sont pourris. 
(Pierre Louÿs , Mille lettre inédites à Georges Louis, 1890-1917, Fayard, 2002.)

mercredi 4 février 2015

Journal du 4 février 1898

- J'ai un mari, moi, dit Baïe.
- Quel âge a t-il?
- Vingt ans.
- Il est bien plus vieux que toi!
- Oh! avec lui, j'ai un autre âge.
- Quel âge?
Je ne sais pas. Aussitôt que je serai levée, nous irons à Versailles.

mardi 3 février 2015

Journal du 3 février 1908

A quelques kilomètres de la Terre, on doit encore entendre le murmure de toutes nos plaintes.

La Poste au temps de Jules Renard 4/7

Un jour, Mallarmé s'amusa à libeller l'adresse de ses correspondants sous forme de quatrain. Aucune des adresses en vers collationnés sur l'enveloppe n’a manqué son destinataire:

Apte à ne point te cabrer , hue!
Poste et j'ajouterais: dia!
Si tu ne fuis II bis rue
Balzac chez cet Hérédia.

Leur rire avec la même gamme
Sonnera si tu te rendis
Chez Monsieur Whistler et Madame
Rue antique du Bac 110

A moins qu'il ne hante la nue,
Ne vogue où mûrit le letchi
Monsieur Léon Dierx, avenue
Ci proche, 13 de Clichy

A Montigny, Monsieur Grosclaude
Vise un lapin sans dévier
Ou, vêtu de sa veste blaude,
Jette dans le Loing l'épervier.
(Stéphane Mallarmé, Vers de circonstance, les Loisirs de la Poste.)

lundi 2 février 2015

Journal du 2 février 1889

C'est à croire que les yeux des nouveaux-nés, ces yeux qui ne voient pas et où l'on voit à peine, ces yeux sans blanc, profonds et vagues, sont fait avec un peu de l'abîme dont ils sortent.

Marinette et Jules Renard vus par Thadée Natanson

Le bal des Alexandre N. est une petite date de la toute petite histoire. La soirée, qui devait devenir céleste, avait été organisée par Lautrec dans une maison à Paris où ce petit tyran régnait. [...]
A une petite table je vois installés bien sagement Jules Renard et sa femme. Ils buvaient non sans précaution. Renard toujours uniquement soucieux de bien voir, et que rien ne le gênât pour noter le plus de traits possibles, qu'il organiserait. Marinette, l'air toujours aussi candide, mais jamais étonnée, regardait son époux travailler; pour s'occuper, souriait à ceux qui passaient et sur lesquels l'écrivain, chaque fois, ne pouvait s'empêcher de s'essayer.
( Thadée Natanson, Peints à leur tour, pp. 253-254, Albin Michel, 1948.)

dimanche 1 février 2015