mardi 31 janvier 2012

Journal du 31 janvier 1897

Lautrec est amusant, dit Bernard. À chaque instant, il prononce le mot "technique". Il ne doit pas en savoir exactement le sens, car il dit: "Voilà un vase qui est la technique de la forme coupe", et, d'un monsieur: "C'est la technique du jaloux."

Paul Hervieu vu par Jules Renard

(Voir aussi, hier, Jules Renard vu par Paul Hervieu).

Paul Hervieu. "Bon! dis-je, voilà encore..." Et déjà, ivre de "vingince", j'ai pris Diogène le chien, l'ayant lu, je me suis envoyé dire: "Imbécile!" (Journal, 26 mars 1894).

Hervieu. Oh! Celui-là, un timide et un borné. Je crois qu'il n'a pas d'autre préoccupation que le succès. Il y arrive par un très grand talent, mais il ne se contenterait point d'avoir du talent. Si on lui disait: "Hervieu, vous ne serez jamais de l'Académie", il en mourrait peut-être, mais il en sera. Il sera de tout. Et, pour être de tout, il travaille comme une brute, au lieu de paresser comme un homme intelligent. (Journal, 14 janvier 1898).

Société des gens de lettres. Hervieu. Oui, oui, un grand talent, mais comme on voit bien qu'à ses yeux un beau livre, une belle oeuvre dramatique, n'ont  pas plus d'importance qu'une élection à l'Académie ou à la présidence de la Société des gens de lettres!  Il s'applique autant à se faire valoir qu'à écrire. (Journal, 9 avril 1900).

Hervieu fait des efforts désespérés pour mal écrire: il y arrive. (Journal, 15 mars 1905).

Hervieu aurait écrit quelque part, après mon interview de la Patrie, que je suis l'amer de la Nièvre. Charmant! (Journal, Avril 1905).

lundi 30 janvier 2012

Journal du 30 janvier 1897

Et il ne faut pas confondre "peuple" et "paysan". Je serais plutôt paysan, et je ne veux pas dire que je m'en glorifie. J'en profite quelquefois, et quelquefois j'en souffre.

Jules Renard vu par Paul Hervieu

Lettre adressée au secrétaire de l'ordre de la Légion d'honneur par Paul Hervieu, Président de la Société des gens de lettres.
Société des Gens de lettres, 10 cité Rougemont, Le Président, 
10 juillet 1900
Mon cher ami,
Voici les renseignements que vous avez bien voulu me demander, touchant Jules Renard.
Il est l'auteur de cinq in-18 qui s'appellent L'Écornifleur, Sourires pincés, Bucoliques, La Maîtresse, Poil de Carotte, œuvres d'un art irréprochable, d'un goût parfait.
De plus, il a écrit une suite de chefs d’œuvre mignons qui sont, Histoires naturelles, Le Vigneron dans sa vigne, La Lanterne sourde, etc. etc.
De plus, il est l'auteur de trois pièces, l'une tirée de Poil de Carotte, un bijou d'art, que vous aurez vu, cet hiver, au théâtre Antoine; les deux autres sont le Plaisir de rompre joué il y a quelques années chez Antoine aussi, et Le Pain de ménage, que j'ai vu et applaudi au Figaro, il y a deux ans, et qui fut joué je ne sais où.
Jules Renard est né le 22 février 1864, à Châlons-en-Mayenne. Il est donc dans sa trente-septième année. Il habite à Paris, 44 rue du Rocher.
C'est un époux modèle, un père modèle aussi de deux enfants qu'il adore. Je l'estime et je l'aime infiniment, comme tous ceux qui le connaissent.
Bien affectueusement à vous, mon cher ami.
Paul Hervieu
Nota - Il y a déjà deux ans que, avec Rostand dont Renard est l'ami, j'avais appelé la bienveillante attention du ministre sur cette jolie candidature. C'est donc une vieille affaire déjà.
(Archives de l'ordre de la Légion d'honneur, Archives nationales, Paris.)

dimanche 29 janvier 2012

Journal du 29 janvier 1893

Hier, on parlait de singes si intelligents qu'ils peuvent servir à table. Aussitôt les domestiques cravatés de blanc dressèrent l'oreille et firent un nez entre les honorables côtelettes, flairant la concurrence.

Au Théâtre

C'est heureux que l'artiste ne se demande jamais pour qui il travaille.
Si chaque soir, sur chaque scène, l'auteur joué regardait une à une, par le petit œ il du rideau, les gueules de ce qu'on appelle une belle salle, le théâtre n'aurait pas un an à vivre.
Jules Renard, Le Canard sauvage, n° 1, 21 mars 1903

samedi 28 janvier 2012

Journal du 28 janvier 1897

Valéry, un prodigieux causeur. Du Café de la Paix au Mercure de France, il montre de surprenantes richesses de cerveau, une fortune. Il ramène tout aux mathématiques. Il voudrait faire une table de logarithmes pour les littérateurs. C'est pourquoi Mallarmé l'intéresse tant. Il y cherche une syntaxe de précision. Il voudrait faire pour chaque phrase ce qu'on n'a fait que pour les mots: une genèse. Il méprise l'intelligence. Il dit que la force a le droit d'arrêter l'intelligence et de la f... en prison. Trop d'intelligence dégoûte d'elle.

Jules Renard vu par Ernest Raynaud

C'est le hasard d'un déplacement qui fit naître Jules Renard à Châlons (Mayenne). Il est en réalité, originaire de Chitry-les-Mines (Nièvre), où sa famille était installée et où s'écoula son enfance. Les gens qui croient à l'influence des nombres ne manqueront pas de remarquer que Renard, né le 22 février 1864 (6+4=10), est mort le 22 mai 1910 à l'âge de 46 ans (4+6=10). Sa carrière littéraire débute réellement avec le Mercure de France et Sourires pincés en 1890. Elle atteint à son apogée le 2 mars 1900, date de la première représentation de Poil de Carotte au Théâtre Antoine. La même année Renard fut fait chevalier de la Légion d'honneur. - le chiffre 2, jusque dans ses multiples, semblait régir sa destinée.
(Ernest Raynaud, La mêlée symboliste-1900-1910-Portraits et souvenirs, vol.III, p. 100, la Renaissance de livre, 1922).

vendredi 27 janvier 2012

Journal du 27 janvier 1910

Inondation. Le plus pénible, c'est encore la gare Saint-Lazare.
Il y a à redouter le manque d'eau, de pétrole et les rats.
L'Odéon avait trente personnes. Au Théâtre Michel, où le plancher est humide, les gens levaient les pieds et s'amusaient autant. Mais tous les théâtres ont reçu une gifle.
Le côté "Venise" de l'inondation a disparu. Déjà elle embête.

Une composition de Maurice Ravel: Le paon

En octobre-décembre 1906, Maurice Ravel composa un cycle de 5 mélodies sur des textes de Jules Renard extraits des Histoires naturelles: I Le paon - II Le grillon. - III Le cygne. - IV Le martin-pêcheur. - V La pintade.

Marinette

Sur la page MARINETTE, j'ai ajouté une lettre au docteur Sublet. En bas de page.

jeudi 26 janvier 2012

Journal du 26 janvier 1906

Je croirai à tout ce qu'on voudra, mais la justice de ce monde ne me donne pas une rassurante idée de la justice dans l'autre. Dieu, je le crains, fera encore des bêtises: il accueillera les méchants au Paradis et foutra les bons dans l'Enfer.
Un chat qui dort vingt heures sur vingt-quatre, c'est peut-être ce que Dieu a fait de plus réussi.
Oui, Dieu existe, mais il n'y entend rien, pas plus que nous.
Ah! il l'a, lui, le divin sourire!
C'est à nous de réparer ses injustices! Nous sommes plus que des Dieux.
J'ignore s'il existe, mais il vaudrait mieux, pour son honneur, qu'il n'existât point.

mercredi 25 janvier 2012

Journal du 25 janvier 1896

Premier aveu: je ne comprend pas toujours Shakespeare. Deuxième aveu: je n'aime pas toujours Shakespeare. Troisième aveu: Shakespeare m'embête toujours.

Le Plaisir de rompre en DVD

En 1973, Micheline Boudet et André Dussolier interprétèrent le Plaisir de rompre dans les rôles de Blanche et de Maurice.
On peut se procurer cette interprétation exceptionnelle, une des meilleures jamais réalisées, gravée sur DVD, sur le site de l'INA (Institut national de l'audiovisuel).
 Pour commander cliquez ici.

mardi 24 janvier 2012

Journal du 24 janvier 1896

Elle a dit, quand elle a épousé Veber:
- Je fais un mariage d'humour.

La voix disgraciée de Jules Renard

Après lecture de l'article de Louis Faucon sur Léon Blum et Jules Renard, M. Xavier Decailly, de Romans, qui a connu l'auteur de Poil de Carotte, nous dépeint la voix de ce dernier: 
"Elle était à la fois faible, mal timbrée, mal dirigée, en somme disgraciée. J'ai pu m'en rendre compte à Nevers, en 1902. Devant un auditoire d'instituteurs, venus avec la soif d'applaudir, elle passait mal la rampe, montait sans s'épanouir, se noyait dans les rumeurs d'une attention déçue. Dans cette infériorité native, on peut voir la raison profonde de l'abstention de Jules Renard sur le plan de la politique militante, où ne lui était promis qu'un rôle de figurant. [...]"
(Le Figaro littéraire, 24 avril 1952.)

lundi 23 janvier 2012

Journal du 23 janvier 1908

Scrupules, vermine de la volonté

Jules Renard vu par Sacha Guitry

Physiquement, Renard était un homme grand - mais on ne regardait pas sa taille, on regardait sa tête.
Elle était extraordinaire, cette tête. Le poil roux, car Poil de Carotte, c'était lui; le front était énorme et proéminent et son œil fixe était troublant au possible. Je dis son œil, car il regardait tellement qu'il semblait  n'avoir qu'un œil.
(Sacha Guitry, L'Esprit, Le Livre contemporain, 1945, extrait.) Texte complet publié par L'Association les amis de Jules Renard, Jules Renard vu par ses contemporains, textes réunis et annotés par Tristan Jordan, Volume 7, année 2006.)

dimanche 22 janvier 2012

Journal du 22 janvier 1907

Métro: on entre dans la gueule populaire.

X...roman impromptu, suite et fin

Cinq écrivains avaient publié dans un journal du matin,  un roman feuilleton qui s'appelait X...roman impromptu et qui était composé à la façon de cette figure de quadrille qu'on appelle la Boulangère, où les cavaliers changent de danseuse. 
Courteline, Jules Renard, Georges Auriol, Pierre Veber et moi, nous donnions notre feuilleton chacun notre tour, sans nous concerter. On prenait la suite, on écrivait les six colonnes, et l'on passait la main aux camarades.
Chacun de nous s'étant mis à l'ouvrage cinq fois, le roman achevé (ou à peu près terminé) fut publié en volume.
J'adressai un exemplaire à Coolus avec un sonnet qui se terminait par les vers suivants: 
C'est ton verdict que je réclame
Romain, si ta critique est exempte de blâme
Mon front calme attendra le laurier mérité.
Mais si ton jugement est cruel, je m'incline,
Et t'offre en holocauste à ta sévérité
Renard, Georges Auriol, Veber et Courteline.
(Tristan Bernard, 60 ans de lyrisme intermittent, Éditions littéraires de France, 1945.)
Demain lundi 23 janvier, Jules Renard vu par Sacha Guitry.

samedi 21 janvier 2012

Journal du 21 janvier 1904

Formule: l'enseignement de la liberté est libre.

Jules Renard vu par Pierre Veber 1/2

Suite de l'article de l'humoriste Pierre Veber paru dans Gil Blas du 11 mars 1895:
"L'auteur de Poil de Carotte et de L’Écornifleur est grand, solide, roux, flegmatique, concis; un front inquiétant et comme enceint; des yeux qui vrillent. Il créa vraiment un "sourire nouveau"; le sourire pincé, mais pincé jusqu'au sang. Il saisit les petits gestes qui révèlent les grosses canailleries, et les pauvres attitudes des vices féroces; il guette les moindres grimaces du snobisme, avec l'âpreté d'un observateur susceptible qui prendrait pour autant de reproches  directs les manifestations des travers d'autrui. C'est ainsi qu'il veut qu'on le dise "le bon écrivain" par excellence.
Sa vie n'offre pas grand intérêt; il s'est toujours garder d'accomplir des actes qui tombent sous le coup des lois, tels que l'attaque  à main armée, le vol avec effraction et l'attentat à la pudeur. Il est tout entier dans ses livres et n'a vécu que la vie de ses imaginations. Il tire remarquablement de l'épée; mais c'est mesure préventive aussi bien contre l'obésité que contre la malveillance.
Bref, dans les lettres, dans la vie et sur la planche, Jules Renard a une excellente position." Citons  encore de lui les Coquecigrues la Lanterne sourde, Le Coureur de filles (Flammarion, et Ollendorf, éditeurs).
Demain dimanche 22 janvier, suite et fin de l'épisode X...roman impromptu avec ce qu'en dit Tristan Bernard.

vendredi 20 janvier 2012

Journal du 20 janvier 1902

Maladies: les essayages de la mort.

Une annonce

Mercredi 25, sur ce blog, je vous dirai comment vous procurer une brillante interprétation du Plaisir de rompre gravée sur DVD.

La génèse de X…roman impromptu

Quelques mots sur X...par les VEBER'S (alias Pierre Veber)
Au roman qui paraîtra dans les derniers jours de ce mois quelques mots d'explication sont nécessaires. Il est temps de dire aux lecteurs de ce journal ce que sera l'X...roman impromptu par les humoristes G. Auriol, Tristan Bernard, Courteline, Jules Renard et Pierre Veber.
Les humoristes ci-dessus (dont l'éloge n'est plus à faire puisqu'ils s'en sont chargés à plusieurs reprises), ces humoristes pensèrent qu'il serait bon de relever le niveau littéraire des lecteurs de romans. Ils imaginèrent d'écrire en collaboration un roman dit impromptu sans plan préconçu, sans sujet arrêté. Le Gil Blas voulut bien accueillir cette initiative, qui n'a d'autre précédent que la Croix de Berny.
Il fut convenu que l'on tirerait au sort les noms des cinq auteurs, afin d'établir l'ordre dans lequel ils se succèderaient; chacun devait écrire un feuilleton faisant suite à celui qui le commandait. Le premier de la liste donnerait le titre du roman et le personnage qui, seul, fût invulnérable (précaution qui assurerait un semblant d'unité à l’œuvre).
Le sort établit la liste suivante: Pierre Veber, Jules Renard, Tristan Bernard, Georges Courteline, Georges Auriol. le roman commencé comprendra 30 à 35 feuilletons, chaque feuilleton sera signé. Toute modification des personnages est autorisée, sauf la modification de sexe. Il est permis de tuer ceux qui déplaisent (à l'exception de X...). Il est également permis d'en introduire d'autres, même s'ils s'ils ne prennent aucune part à l'action.
Ladite action peut-être transportée dans toutes les parties du monde; en pareil cas, il importe de prévenir le lecteur, qui ne se méfierait pas, par quelques phrases explicatives.
Donc, résumons nos intentions: nous voulons faire du roman feuilleton une chose purement mécanique, simplifiant le travail par la division. En même temps, la coopération au travail, ainsi qu'aux bénéfices, éminemment socialiste, est d'un exemple excellent pour nos confrères. Nous espérons que notre initiative aura contribué du moins à ranimer l'esprit de corps qui tend à disparaître de plus en plus chez les littérateurs.
il se peut que le roman ainsi composé soit d'une sottise navrante, il se peut (et nous l'espérons) qu'il soit au contraire, d'une gaieté parfaite; il aura du moins l'attrait de l'imprévu aussi bien pour nos lecteurs que pour nous-mêmes.
On nous permettra de présenter les cinq auteurs, par ordre alphabétique.
(Gil Blas 11 mars 1895). (Nous poursuivrons demain samedi 21 janvier avec le portait de Jules Renard).

jeudi 19 janvier 2012

Journal du 19 janvier 1903

À cette jeune fille, je fais un petit discours sur l'innocuité des livres quand on est intelligent.
- C'est le mauvais entourage qui peut gâter, lui dis-je, non les mauvais livres.
Elle m'écoute, émue, et, de temps en temps, rapproche sa chaise; moi-même, mon improvisation m'émeut. Troublée, elle va tout de suite trop vite. Elle lâche sa famille.
- J'aime bien papa et maman, dit-elle, mais je m'aperçois qu'ils pensent mal.
La distinction consiste encore, pour elle, à ne pas vouloir porter de gants de laine par le froid le plus vif et à avoir des bottines vernies si fines qu'on ne puisse pas marcher quand on les a aux pieds.

mercredi 18 janvier 2012

Journal du 18 janvier 1896

Pourquoi demandes-tu des billets de théâtre aux auteurs, puisque tu ne pourras pas leur dire que tu t'es  embêté à leur pièce?

Épigraphe

Épigraphe choisie par Jules Renard pour la première édition des Bucoliques:
"Il faut en France beaucoup de fermeté, et une grande étendue d'esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi et à ne rien faire. Personne presque n'a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle des affaires. Il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille, s'appelât travailler."                                                                       La Bruyère

mardi 17 janvier 2012

Journal du 17 janvier 1894

On se lève, frileux, avec un sourire énigmatique et persistant. Nous n'aimons de façon sentimentale que les femmes de nos rêves, de nos sommeils, celles qui déposent dans notre cœur une petite fleur bleue qui vit encore une heure, une matinée après notre réveil.

Jules Renard expliqué par Stéphane Gougelmann

TDC, la revue des enseignants, a consacré son n° 987 du 1er janvier 2010 à Jules Renard. À cette occasion six interviews de Stéphane Gougelmann (Université Jean Monnet de Saint-Étienne) ont été publiées en vidéo. Pour les écouter, cliquez sur l'un des six titres ci-dessous.
(Les vidéos sont en Flash, il faut donc que votre navigateur internet dispose de flash. Vous pourrez, si vous n'arrivez pas à les lire, les télécharger pour les regarder sur votre ordinateur.)
Les Six vidéos: 
(Source: http://www.cndp.fr/tdc/)

    lundi 16 janvier 2012

    Journal du 16 janvier 1901

    Victor Hugo. Hier soir, lu Dieu. C'est Dieu lui-même jetant, du ciel, des avalanches de beaux vers.

    La Poule

    Pattes jointes, elle saute du poulailler, dès qu'on lui ouvre la porte.
    C'est une poule commune, modestement parée et qui ne pond jamais d’œufs d'or.
    Éblouie de lumière, elle fait quelques pas, indécise, dans la cour.
    Elle voit d'abord le tas de cendres où, chaque matin, elle a coutume de s'ébattre.
    Elle s'y roule, s'y trempe, et, d'une vive agitation d'ailes, les plumes gonflées, elle secoue ses puces de la nuit.
    Puis elle va boire au plat creux que la dernière averse a rempli.
    Elle ne boit que de l'eau.
    Elle boit par petits coups et dresse le col, en équilibre sur le bord du plat.
    Ensuite elle cherche sa nourriture éparse.
    Les fines herbes sont à elle, et les insectes et les graines perdues.
    Elle pique, elle pique, infatigable.
    De temps en temps, elle s'arrête.
    Droite sous son bonnet phrygien, l’œil vif, le jabot avantageux, elle écoute de l'une et de l'autre oreille.
    Et, sûre qu'il n'y a rien de neuf, elle se remet en quête.
    Elle lève haut ses pattes raides, comme ceux qui ont la goutte. Elle écarte les doigts et les pose avec précaution sans bruit.
    On dirait qu'elle marche pieds nus.
    Jules Renard, Histoires naturelles.

    dimanche 15 janvier 2012

    Journal du 15 janvier 1897

    Je ne tiens pas à savoir la musique. Ça me rapporterait peut-être d'avoir le sens du mot bémoliser, mais je m'en passe bien.

    Monument Jules Renard

    Le monument Jules Renard (Chitry-les-Mines). - Le sculpteur choisi pour l'exécution du monument est le statuaire nivernais Pourquet. Nous donnons ci-dessous l'état de la souscription. (Extrait).
    Alapetite, résident général à Tunis, 50. - Romain Coolus, 50. - Mme et M. Maurice Pottecher, 100. - Mme Emile Zola, 50. - Romain Rolland, 20. - Courteline, 20. - Octave Mirbeau, 50. - Goujat, ancien député de la Nièvre, 10. - Henri Bachelin, 10. - Le Mercure de France, 50. - Alfred Vallette, 20. - Mme Suzanne Desprès, 50. - Alfred Athis, 50. - Maurice Le Blond, sous-préfet de Clamecy, 20. - Mme Marthe Brandès, 100. - Edmond Rostand, 300. - Thadée Natanson, 50. - Léon Blum, 50. - Robin, maire de Chitry-les-Mines, 50. - Roy Auguste, instituteur à Chitry, 10. - Sacha Guitry, 50. - Fernand Vandérem, 20. - Alexandre Natanson, 20. - Etc. Total jusqu'à ce jour...2.351, 55.
    Mercure de France, 1er juin 1912, p. 667.

    Marinette

    Sur la page Marinette j'ai ajouté une lettre à  Alfred Massé. (A la suite des lettres à André Vendérem).

    samedi 14 janvier 2012

    Journal du 14 janvier 1907

    Nid à louer. Eau et soleil à toutes les branches.

    Au Théâtre

    Cette pièce, qui n'a pas eu de succès, me charme. Dans la salle, presque personne. Nous aurions l'air d'être entre intimes, si tous les fauteuils vides ne nous séparaient. C'est une pièce que j'aime entendre, accoudé sur le bras du fauteuil voisin. Je passe une bonne soirée de rêverie, et par discrétion je ne veux pas dire à quelle pièce, puisqu'elle n'a point de succès.
    Jules Renard, le Canard sauvage, n°1, 21 mars 1903.

    vendredi 13 janvier 2012

    Journal du 13 janvier 1904

    Maison de Poupée. Que de choses insignifiantes dites avec profondeur! l'accès de liberté de Nora ne mérite peut-être qu'une bonne fessée. Dans cette pièce, tout se dérange aussi facilement que tout s'arrange ailleurs. Une histoire de faux qui se termine par une discussion. Le seul homme, c'est cet employé qui veut garder son petit emploi. Mais tout cela quoique long, mal fait et arbitraire, n'est pas ennuyeux. Ça manque de l'éternel adultère. [...] 
    Le rôle de Nora éclaire le talent de Desprès. il en montre les qualités et les limites. Géniale et entêtée, cette jeune artiste préfère ce rôle à tous les autres parce que jamais elle ne pourra bien le jouer.

    jeudi 12 janvier 2012

    Journal du 12 janvier 1892

    Écho de Paris. Jules Bois, François de Nion, Schwob...
    - Je ferai, me dit Schwob, un article sur l'Écornifleur, long ou court, où je prouverai que vous êtes un mystique.
    - Ce sera dur, dis-je.

    La Chèvre

    La chèvre. Personne ne lit la feuille du journal officiel affichée au mur de la mairie.
    Si, la chèvre.
    Elle se dresse sur ses pattes de derrière, appuie celles de devant au bas de l'affiche, remue ses cornes et sa barbe, et agite la tête de droite et de gauche, comme une vieille dame qui lit.
    Sa lecture finie, ce papier sentant bon la colle fraîche, la chèvre le mange.
    Tout ne se perd pas dans la commune.
    (Jules Renard, Histoires naturelles).

    Consternation

    On lit dans Pariscope de cette semaine: Poil de Carotte. De Jules Renard.
    "Un spectacle pour enfants mais comme c'est de la Comédie-Française, c'est aussi un spectacle pour les adultes qui ont gardé une âme d'enfant".  "Voir rubrique enfant".   Sans commentaire.
    Théâtre de l'Ouest Parisien. Boulogne-Billancourt. du 12 au 17 janvier.
    T.J.

    mercredi 11 janvier 2012

    Journal du 11 janvier 1908

    Mme Danville, cette gracieuse femme, veut avoir des idées générales, fume et rend la fumée par le nez. Avec elle un mari pourrait sans danger tromper sa femme. Celle-ci dirait au mari: "Oh! que tu sens le tabac! " Elle verrait bien qu'il a passé la soirée avec des amis.

    Jules Renard et Jules Renard

    Jules Renard et Jules Renard. Il ne faut pas les confondre, comme faisait, il y a quelques mois, un libraire "expert" dans un catalogue de vente à l'Hôtel Drouot. On peut lire, en effet, dans le catalogue de la vente Ouaché (3 et 4 novembre 1909), la stupéfiante mention que voici: 
    "Renard (Jules). Théâtre. 5 vol. in-12, brochés."
    "Une Noce sur le carré, E. Dentu, 1868. - L'Amour mitoyen, Id., 1870. - Une Femme qui bégaie, Id., 1872. - Le Plaisir de rompre, Ollendorff, 1898. - Le Pain de ménage, Id., 1899. (Éditions originales, sauf la dernière pièce)."
    Sans sourciller, commissaire-priseur et expert procédèrent aux enchères, qui s'élevèrent jusqu'à la modique somme de douze francs.
    Il y eu en effet, un autre Jules Renard que le nôtre, et qui fleurit sous le second Empire. Né à Paris, le 15 mars 1813, il fut d'abord banquier à Versailles, puis à Paris. Enfin il se consacra au théâtre, au vaudeville et à la revue surtout, soit seul, soit en collaboration avec Guénée, de Jallais, Delbès, etc. Une de ses pièces, Un Tailleur pour Dames, du répertoire du Palais-Royal, n'est peut-être pas tout à fait oubliée de nos jours.
    (Comoedia, 25 mai 1912)

    mardi 10 janvier 2012

    Journal du 10 janvier 1906

    Je lis l’Échange de Claudel. Je comprends très bien, et ça ne me fait aucun plaisir.

    L' Homme du jour

    Une lectrice de ce blog me demande: "Peut-être pourriez-vous lâcher quelques infos sur votre attachement pour Jules Renard!" N'ayant, à vrai dire, jamais vraiment réfléchi à cette question, j'ai trouvé la réponse, en tout cas une partie, dans la conclusion d'un article de quatre pages consacré à Jules Renard, en avril 1909:
    "Il faut lire Jules Renard. Si l'on ne trouve pas dans son œuvre ce souffle, cette puissance, cette imagination débordante qu'on apprécie chez d'autres littérateurs, on y découvre, en revanche, une saveur particulière, un don du raccourci, une ironie sentimentale et un sentimentalisme averti, un dessin exact, sans grossissement ni déformation, de la laideur humaine. Mais ce qu'il faut le plus admirer, c'est la forme, impeccable, inimitable, parvenue à la perfection totale, la forme désormais éternelle et fixe, comme un modèle, et qui vaudra à Jules Renard, d'être classé des premiers dans les anthologies de l'avenir."
    Signé Flax, alias Victor Méric, les Hommes du jour, n° 63, 3 avril 1909.
    T.J.

    lundi 9 janvier 2012

    Journal du 9 janvier 1897

    Les amis de Verlaine nous prient d'assister à une messe anniversaire qui sera célébrée, pour le repos de son âme, le 15 janvier 1897, en l'église Sainte-Clotilde, chapelle de la Sainte Vierge, à 10 heures précises, par M. l'abbé A. Mugnier, premier vicaire. C'est pourtant bien clair, mais je ne comprends pas.
    Si nous savions prier, il nous serait permis d'intercéder auprès de Dieu pour Verlaine. Mais quelle drôle d'idée de faire prier des croyants comme nous pour une âme comme celle de Verlaine!
    - Parlez pour vous.
    - Laissez-moi donc tranquille!

    Jules Renard vu par Jean-Louis Trintignant 2/2

    Il y a une grande lucidité aussi dans ce Journal et même parfois de la cruauté. Renard est méchant quand il s'y met..
    Jean-Louis Trintignant: Il a cet esprit à la fois cynique et tendre, acide et poétique. Il écrit par exemple: " Je connais des femmes laides qui sont quand même enceintes", c'est très méchant. Ou encore: "Un coyant en train de se noyer, s'il joint les mains pour prier, il coule". Mais il écrit avec une grande lucidité et en toute franchise ce qui est rare. C'est peut-être un signe de vieillissement, mais je trouve qu'on vit une époque où le mensonge est partout. Tout le monde ment, c'est devenu la chose la plus naturelle du monde. Cela dit le Journal de Jules Renard ne contient pas que des traits brillants ou spirituels. Il y a ce passage où il raconte le suicide de son père, et là ce n'est pas drôle du tout. Mais c'est écrit avec une simplicité, une vigueur telle que j'ai eu envie de rendre compte de cela sur scène. Tenez, encore un mot, sachant qu'il savait qu'il n'en avait plus pour longtemps à vivre - il est mort à 46 ans-, on a demandé à Jules Renard s'il désirait que l'on dise quelque chose à son enterrement, c'est une époque où l'on faisait beaucoup de discours. Il a rétorqué: " Parlez si vous voulez, moi je ne vous répondrai pas". C'est drôle et en même temps c'est tragique, c'est la mort.

    (Interview accordée à l'occasion de la lecture du Journal de Jules Renard au Théâtre du Rond-Point du 14 mars au 19 avril 2008, publiée par www.visiteursdusoir.com)

    dimanche 8 janvier 2012

    Journal du 8 janvier 1902

    Nos lèvres se sont détachées comme deux moitiés d'un fruit mûr.

    Jules Renard vu par Jean-Louis Trintignant 1/2

    Cela fait-il longtemps que vous pratiquez le Journal de Jules Renard?
    Jean-Louis Trintignant: Oui, on peut le dire. C'est un livre auquel je suis très attaché. Le genre d'ouvrage qu'on lit d'une seule traite - il y a plus de 1000 pages - Il y a dans ces notations quotidiennes de Jules Renard un humour un peu désespéré mais quand même assez tendre. Il est parfois cynique aussi. Il parle de lui, de ses rapports avec les gens, de son écriture, mais tout cela reste modeste car il a trop d'humour pour être prétentieux. le Journal, c'est un fourre-tout dans lequel on peut mettre ce qu'on veut. J'aime beaucoup cette forme littéraire parce qu'elle est très ouverte. Moi-même j'ai essayé d'écrire mon journal de 50 à 51 ans, mais ce n'était pas bien. Le Journal de Jules Renard a été publié après sa mort. C'est sa femme qui a apporté le manuscrit à l'éditeur, elle en avait coupé environ un tiers parce que c'étaient des passages qui lui déplaisaient.
    Suite de l'interview demain.

    (Interview accordée à l'occasion de la lecture donnée au Théâtre du Rond-Point du 14 mars au 19 avril 2008, publiée par www.visiteursdusoir.com).

    samedi 7 janvier 2012

    Jules Renard vu par Henry Bataille

            La figure est parfois un grand paysage.
            Voici les champs et l’épi dru qui pousse mal – le défrichage ;
            La tête en forme de haricot, et le double menton
            Des oies vexées. L’œil ni méchant ni bon,
            Mais pareil à celui des paysans attentifs
            Et rempli d’eau de puits bleue, très pure et glacée ;
            Comme ces vieux portraits d’autrefois, et natifs
            De Hollande, - avec dix siècles bruts d’hérédité,
            Paysanne, - il regarde, calme, du fond du passé
            Du sang aux joues, encore fouetté par l’air des routes,
            Et l’oreille, comme celle des lapins dressée
            Pour le silence microscopique des choses, - écoute.

    (Henri Bataille, Têtes et Pensées, librairie Ollendorff, 1901). Texte publié par l'association les amis de Jules Renard, volume 7, année 2006.

    Journal du 7 janvier 1899

    La Fontaine. Individuellement, ses animaux sont vrais, mais leurs rapports sont faux. La carpe a bien l'air d'une commère, avec son dos rond de vieille femme, mais elle ne fait pas mille tours avec le brochet son compère: elle le fuit comme son ennemi mortel.

    vendredi 6 janvier 2012

    Journal du 6 janvier 1892

    Je vis l'écaillère d'huîtres. Elle les vidait de leur eau de mer et y mettait un peu d'eau douce avec une pincée de sel. Le public aime mieux ça, me dit-elle.

    jeudi 5 janvier 2012

    Journal du 5 janvier 1898

    Francis Jammes. Acheté et lu Un jour. 
    "Les mouches  qui ont le bruit de la chaleur... Larges (les oies) elles gonflaient leurs ailes en se précipitant... les sources jouent jour et nuit... Les éperviers aigus volaient sans avoir l'air de bouger... Les piverts volent comme des vagues... Les ânes passeront en frissonnant de mouches."
    A monsieur Francis Jammes. "C'est quelquefois bien désagréable  de répondre à l'envoi d'un livre, mais c'est un plaisir rare que d'écrire au poète d'Un jour: Monsieur, je viens d'acheter vos vers, de les lire, et j'en suis très heureux. si vous ne les connaissiez pas, je vous citerais toutes les délicatesses qui m'ont ravi. Je suis votre obligé d'une heure de vrai joie."

    mercredi 4 janvier 2012

    À propos du « Chieur d’encre »

        Dans une lettre adressée à Lucien Guitry en date du 12 novembre 1902 Jules Renard écrit : « Savez-vous comment ma mère appelle l’auteur de ces trois petits actes : Poil de Carotte, Plaisir de Rompre, Pain de Ménage ? Le Chieur d’Encre. »  Cette  expression reprise par l’un ou l’autre des biographes de Jules Renard n’a jamais  suscité de commentaires particuliers tant elle semble naturelle dans la bouche d’une mère indifférente à la production littéraire de son fils. 
    Feuilletant  par hasard un livre consacré aux chemins de fer du XIX ͤ siècle, il m’est apparu que Madame Renard mère, qui n’était pas une intellectuelle, n’avait peut-être pas inventé spontanément cette trouvaille littéraire sortie d’un cœur réputé  durci. Dans le chapitre sur le vocabulaire employé par les cheminots, l’auteur écrit :
    « Les  ̋ chieurs d’encre ̏
     Le terme est choquant. C’est pourtant  celui par lequel les cheminots, au langage assez rude, ont, jusqu’en 1900, désigné les bureaucrates, les   ̋ gratte-papier ̏.
    Ils voulaient par là, marquer leur dédain sans doute, et leur animosité, car c’était dans les bureaux qu’on élaborait les innombrables circulaires, instructions et autres tracasseries administratives. C’est des bureaux aussi que venaient les punitions, pain quotidiens de la piétaille. Et puis les bureaucrates n’étaient-ils pas de pâles cloportes, maladifs, vétilleux, timorés, hypocrites ? Pouvaient-ils comprendre les gens du grand air ?
    ̋ Chieurs d’encre ̏, oui c’étaient le nom qu’ils méritaient. C’est tout ce que l’on peut dire. »
    (Henri Vincenot, La vie quotidienne dans les chemins de fer du XIX ͤ siècle, Hachette, 1975.)
    Si l’on se souvient que le père de Jules Renard, entrepreneur de travaux publics, construisait des voies ferrées, on devine que le ménage côtoyait quotidiennement les cheminots. Il n’est pas étonnant que l’épouse ait gardé de cette fréquentation, même trente ans plus tard,  un peu de leur vocabulaire.
    Voilà en tout cas une explication plausible sur l’usage de ce terme dans le cas qui nous intéresse. Il y en a peut-être d’autres.                                                                                                           T.J.
         

    lundi 2 janvier 2012

    Journal du 2 janvier 1896

    Chez Sarah Bernhardt. Elle est couchée près d'une cheminée monumentale, sur une peau d'ours blanc. D'ailleurs, chez elle,  on ne s'assied pas: on se couche. Elle me dit: "Mettez-vous là, monsieur Renard." Là? Où? entre elle et Mme Rostand il y a un coussin. Je n'ose pas m'y asseoir, et je m'agenouille aux pieds de Mme Rostand, et les miens dépassent, dépassent, comme dans un confessionnal.

    dimanche 1 janvier 2012

    Un voeu

    Tout homme devrait scier le bois dont il se chauffe. (Jules Renard, Nos frères farouches - Ragotte, 1908)

    Journal du 1er janvier 1909

    "- Hé! que je vas bien travailler! dit Augustine. Ah! j'en ai des jolies étrennes! Une montre, une chaîne! Hé! là, Madame, que je vous aime. Jamais je n'ai été étrennées comme aujourd'hui."

    Jules Renard vu par Rémy de Gourmont 2/2

    On croyait Jules Renard bien portant, et il était très malade ; on le croyait riche, et il était pauvre ; on le croyait heureux, et il avait déjà voulu se suicider ; on le croyait philosophe, et il ne supportait pas l'apparence d'une critique ; on le croyait détaché des vanités politiques, et il soutenait âprement des guerres de clocher ; on le croyait parisien, et il était resté profondément paysan ; on le croyait naturaliste, et il aimait surtout Victor Hugo ; on le croyait sceptique, et il lisait Pascal ; on le croyait gai, enfin, et il était triste. Nous connaissons nos contemporains à peu près comme cela, ce qui ne nous empêche pas de les juger, de leur attribuer des intentions, de mesurer leur esprit, de pénétrer dans leur pensée, de qualifier leur âme.
    Rémy de Gourmont Épilogues .Volume complémentaire, Mercure de France, 1913.